Le Monde et Libération rapportent, au sujet d’un ouvrier agressé par ses collègues de travail de chez Osram (Molsheim, Bas-Rhin), une histoire assez incroyable.
Pour faire court, un Camerounais de quarante ans, régulièrement en butte aux sarcasmes et aux injures racistes de certains salariés de cette usine d’ampoules électriques, a été attiré dans une sorte de guet-apens en janvier 2003. Son service terminé, il s’est retrouvé ligoté à un pilier au moyen de plusieurs mètres de ruban adhésif, ses assaillants se faisant alors complaisamment photographier à ses côtés…
L’un des clichés, publié par Le Monde daté du 8 novembre mais malheureusement introuvable sur le Net, évoque irrésistiblement les images d’Abou Graib. On y voit la victime à demi-suspendue à son poteau, entièrement recouverte de scotch d’emballage, et un homme dont le visage a été « flouté » en train de manipuler (ou de dessiner) quelque chose sur le sol à ses pieds.
Mais alors que les agresseurs, d’après les journaux, n’étaient que quatre, toute l’usine semble avoir été au courant de cette histoire, l’épreuve publiée par la presse ayant circulé dans les ateliers. C’est d’ailleurs parce qu’elle passait de main en main que la victime a pu s’en emparer pour la présenter à l’un de ses chefs, lequel lui a demandé « d’oublier cela et de déchirer la photo ».
L’affaire étant désormais devant la justice, la LICRA et la CFDT ayant porté plainte aux côtés de l’ouvrier, il est probable que des responsabilités seront établies et que des sanctions prises. L’affaire n’en reste pas moins hallucinante.
Que les insultes racistes pleuvent sur un Africain, on est habitué. A Molsheim, le dénommé Théodore avait été rebaptisé, au choix, « sale nègre », « gorille » et « sale race » et en avait apparemment pris son parti. Mais que certains salariés se sentent suffisamment à l’aise dans leur racisme ordinaire pour organiser une mise en scène pareille dans l’enceinte même de l’usine, pour se faire prendre en photo à visage découvert et pour faire circuler les photos dans les ateliers oblige à se poser des questions sur l’atmosphère générale de l’endroit.
L’histoire ne dit pas, évidemment, entre combien de mains ces clichés sont passés, mais sur un site employant « 900 personnes dont 500 à la production », on imagine qu’il s’est trouvé pas mal de gens pour se pousser du coude en admirant la vanne faite au négro de service. Qu’il ne soit pas trouvé une personne pour intervenir et dénoncer cette situation, que la hiérarchie n’ait vu, dans toute cette histoire, qu’une sorte de « fête » ou de « troisième mi-temps » bon enfant, est simplement ahurissant. Que l’ouvrier camerounais, « devenu dépressif », ait failli être viré pour « absences et retards », au lieu d’avoir été soutenu par un encadrement théoriquement soucieux de préserver la réputation du groupe ou par les représentants du personnel, est également inimaginable.
Chez Osram, on affirme pourtant « n’accepter aucune discrimination de quelque type que ce soit ». Nous voici donc rassurés.
© Commentaires & vaticinations
Nous prendrons un jour le dessus et cela fera très mal. On n'a assez de vos injures. Nul ne sais d'où il vient car c'est Dieu qui donne la vie; cela dit, aussi la couleur et le continent de son choix. Alors que ces blancs nous lâchent les lacets.
Rédigé par : Anonyme | dimanche 16 avril 2006 à 13:10
le commentaire ci-dessus est aussi raciste que l'évènement relaté dans le mail...
Rédigé par : G*lles | lundi 12 septembre 2011 à 15:37