Jacques Chirac vient d’obtenir, au nom de tous les Français et dans la perspective du référendum, la mise au frigo de la directive Bolkestein. C’est un bon début mais il s’agit désormais d’exiger le démantèlement de la Turquie, l'interdiction de l’expression « économie de marché » et le rétablissement des Travaux Personnels Encadrés dans les classes terminales pour que nous renoncions à faire exploser l’Europe…
Mon ami Michel B. est révolté par le concept même du projet de « directive Bolkestein », dont il dénonce le caractère « ultra-libéral ». Il n’est d’ailleurs pas seul à le faire, l’unanimité française sur la question nous ramenant quelque deux ans en arrière, à l’époque du déclenchement de l’intervention américaine en Irak. Il était alors, rappelons-le, à peu près aussi difficile de dénicher un discours dissonant sur ce thème en Hexagonie qu’un apologue de la pédophilie aux environs d’Outreau.
Il semble en effet que l’ancien commissaire néerlandais se soit laissé emporter par son enthousiasme intégrateur, allant jusqu’à suggérer que les entreprises d’un pays appartenant à l’Union européenne puissent proposer librement leurs services dans un autre Etat-membre. Rendez-vous compte du scandale : une Europe au sein de laquelle les biens, les personnes et les services pourraient circuler librement comme elles le font généralement à l’intérieur d’un seul pays ! Une sorte de grand marché unique ! L’horreur, quoi !
Hum, voyons voir… Le projet européen n’est il pas, précisément, de permettre à l’ensemble des citoyens des pays ayant fait le choix d’un destin commun de se promener à leur guise et de s’installer où bon leur semble ? Le Traité de Rome lui-même n’avait-il pas affirmé, dès 1957, que la suppression progressive des restrictions à la circulation des services était un préalable à toute union véritable ?
Nous n’en sommes plus là, apparemment, à en juger par la levée de bouclier hexagonale contre une proposition pourtant signée sans sourciller, en d’autres temps, par MM. Barnier et Lamy d’une part, et par l’ensemble des représentants nationaux à la Commission d’autre part. Bon, il est normal de se poser des questions sur les implications exactes du texte de l’ami Frits, un homme dont le nom, pour son malheur, rime avec celui du monstre de Mary Shelley.. Après tout, cette histoire de prééminence du droit de l’Etat où est immatriculée l’entreprise est objectivement alarmante et il ne saurait être question d’accepter une éventuelle institutionnalisation du dumping social.
Mais enfin, s’il est inconcevable d’accroître le budget de l’Union pour accélérer le développement de nos dix nouveaux amis (« Il faut bien faire des économies… »), s’il est inacceptable de voir nos entreprises installer des capacités de production en Pologne ou en Hongrie (« Halte aux délocalisations ! »), s’il est inadmissible de les laisser assouplir leur régimes fiscaux (« Dangereux déséquilibre ! ») et s’il ne leur est pas non plus possible de venir travailler chez nous (« Concurrence déloyale ! »), on ne voit plus très bien ce que l’adhésion à l’Europe comporte d’avantages pour ces pays tout juste sortis de l’impasse collectiviste…
Car la question n’est plus, semble-t-il, de modifier les passages les plus ambigus de la directive pour calmer les inquiétudes françaises. Non, il faut tout simplement évacuer l’idée même d’une concurrence entre « nous » et « eux », ces va-nu-pieds aux langues gutturales et aux mauvaises manières. « Qu’ils se dotent d’abord de systèmes sociaux qui ressemblent aux nôtres ! Qu’ils acceptent de calquer leur fiscalité sur celle qui nous réussit si bien ! Qu’ils élèvent leurs coûts salariaux au niveau des nôtres et alors là, oui, on pourra commencer à discuter ! » clament les orthodoxes gaulois. « Ok, répondent humblement les Tchèques et autres Slovènes, mais en attendant, que fait-on ? »
– En attendant, ben vous continuez comme avant…
– C'est-à-dire ?
– C’est-à-dire qu’au lieu de venir directement chez nous avec vos entreprises de maçonnerie ou de menuiserie, entreprises soumises à on ne sait quel droit du travail primitif, vous continuerez à nous envoyer des ouvriers au noir, lesquels proposeront leurs services à des donneurs d'ordres bien de chez nous mais désireux d’économiser sur les charges et sur la TVA…
– Mais c’est idiot. Nous ne paierons pas d’impôts chez vous et la concurrence avec vos propres entreprises sera encore plus déloyale…
– Peut-être, mais c’est comme ça !
Quoi qu’il en soit, tenter d’expliquer le bien fondé de la logique, sinon des modalités, de la directive Bolkestein est devenu totalement impossible. Aussi impossible que d’expliquer que voter Oui au traité constitutionnel ne signifie pas que Paul Wolfowitz va devenir président de l’Union, voire d’affirmer que l’évolution des salaires au mérite à la SNCF n’est pas exactement comparable au rétablissement de la peine de mort…
Mais mon ami Michel B., dont le magnifique appartement vient d’être rénové par un team de Roumains (« Mais ça n’a rien à voir ! Tu mélanges tout ! La boite est inscrite au registre du commerce ici… ») à des prix défiant toute concurrence, reste hostile, quoi qu’il arrive, à la pente ultra-libérale sur laquelle nous sommes censés glisser… Moi, franchement, je trouve que ça ne glisse pas tant que ça.
© Commentaires et vaticinations
salut cousin,
pas encore lu tout le message, mais rien que les qques lignes sur Chirac m'ont bien fait rire !
bravo.
a+, le tof
Rédigé par : Tof | jeudi 24 mars 2005 à 17:22
Ben faut lire le reste, cher cousin, car ce n'est pas si rigolo en fait...
Rédigé par : Hugues | jeudi 24 mars 2005 à 17:32
« Affirmer que l’évolution des salaires au mérite à la SNCF n’est pas exactement comparable au rétablissement de la peine de mort…“
N'avez-vous pas l'impression de débiter des clichés ? Avez-vous récemment été dans un hôpital public, dans une maternité, dans un établissement scolaire, une gare ?
Connaissez-vous le salaire d'une infirmière dont dépend la vie des autres ? Croyez vous vraiment que l’on puisse être agent SNCF et faire mal son métier et dans ce cas avoir des salaires différents ?
Agent SNCF est un métier dangereux qui demande un grand sens du devoir et les méthodes libérales de l’Europe, que vous vouliez nous construire, n’aurons pas raison du « spirit » de cette entreprise merveilleuse.
Rédigé par : NON | jeudi 24 mars 2005 à 17:53
Non, je n'ai pas l'impression de débiter des clichés. Je suis même convaincu d'écrire des choses assez éloignées de ce qui se dit le plus fréquemment sur les sujets que j'aborde. Mais je suis peut-être présomptueux...
Par ailleurs, je ne vois pas vraiment le rapport entre une infirmière et la SNCF mais, oui, je pense qu'il est possible d'être agent ferroviaire et de ne pas "bien" faire son travail (je crois en fait qu'il est possible de travailler n'importe où en étant dans cette situation).
Mais si je peux me permettre, là n'était pas vraiment le sujet de ma note...
Rédigé par : Hugues | jeudi 24 mars 2005 à 18:04
Tu ne comprends rien, il faut préserver le modele social européen (sous entendu français): 10% de chomeurs, 15% d'illetrés, des bagarres de rue à cractère ethnique etc.....
Rédigé par : Tlön | jeudi 24 mars 2005 à 20:32
Ben bêtement j'ai pas grand chose à rajouter, mais suis content. Aller si c'est pomme C/pomme V de choses écrites ailleurs sous le coup de l'émotion...
Braquer le projecteur comme certains le font sur Bolk, ça me fait plus que peur. Agiter le chiffon rouge de ces travailleurs étrangers qui viennent nous piquer notre job, détruire notre couverture social et notre culture, on connaît. Revoir cet argument délétère revenir par tribord, sous couvert de lutte contre la finance et le libre échange, me fait plus que mal au tréfond. Au delà de la simple théorie du complot (version Cassen dans le Monde diplomatique par exemple) et de la propagation de rumeurs un peu nauséeuses (dont e prototype reste cette "l'affaire" Bolkstein), l'astuce suprême et initiatrice consiste à confondre l'UE et OMC. L'Europe et la Mondialisation. On est là face à un vrai problème. La construction européenne est effectivement, par définition même, l'élaboration d'une zone de "libre échange" (idées, biens, marchandises, éducation, humains, enfants, canaris) : on estompe petit à petit les frontières. Pas que pour des raisons de "basses" économies, mais est il nécessaire de développer ce point ?
On peut discuter des modalités, de la vitesse, du comment, également du pourquoi, du bien-fondé, évaluer les effets pervers etc. Mais tendre à faire croire, utiliser comme argument implicite (enfin il est explicite ), que l'objectif ultime (mais heureusement démasqué à temps) est que la finance internationale importe à bas prix des travailleurs polonais (le polack fait peur, c'est toujours de lui dont il est question, hein, puis à cause de lui l'avortement va être interdit, oui mr ) qui permettront, les pauvres c'est pas de leur faute après tout, à ces salopards de capitalistes de casser la structure de notre beau pays et de revenir au doux temps de Zola, : non je ne peux pas.
Y a 15 ans on aurait pu manifester avec les tenants du non-de gauche contre ce genre de glissement, il me semble : ce n'est pas moi qui est bougé, d'abord :))
Rédigé par : Eviv Bulgroz | jeudi 24 mars 2005 à 21:57
Hugues scriptsit : "un homme dont le nom, pour son malheur, rime avec celui du monstre de Mary Shelley"
Euh... non, pas dans la prononciation néerlandaise ! Décidément, entre Barnier, Raffarin et de Villiers, on n'en trouve pas un pour rattrapper l'autre en matière de langue étrangère (en matière du reste aussi d'ailleurs).
Rédigé par : François | vendredi 25 mars 2005 à 04:59
Justement, le prochain pas après la suppression de la directive Bolkestein, pour réaliser quand même le grand marché intérieur des services, consiste à obliger les néerlandais à parler français (ça diminue les coûts).
Rédigé par : Anaclet de Paxatagore | vendredi 25 mars 2005 à 08:08
D'ailleurs, ça s'appelera la directive toubonstein.
Rédigé par : Anaclet de Paxatagore | vendredi 25 mars 2005 à 08:08
Dans Frankestein Junior (Young Frankenstein), le film de Mel Brooks, Gene Wilder s'appelle Frankenstein mais passe son temps à reprendre les gens qui prononcent "chtaïne" en précisant qu'il faut dire "stine". Mais bon, ça ne prouve rien puisque le bossu du film, Marty Feldman, n'arrête pas de faire passer sa bosse de droite à gauche...
Mais il est vrai que toutes histoires européennes seraient résolues si, comme le propose Paxa, les étrangers parlaient français comme tout le monde. D’ailleurs, la meilleure solution serait peut-être de faire l'Europe à nous tous seuls si les 24 autres persistent dans leur isolationnisme…
Rédigé par : Hugues | vendredi 25 mars 2005 à 09:27
Comme tout ce qui est excessif, cette note est insignifiante. Car que s'agit'il au fond ? De dire que les adversaires de la directive sur la libéralisation des services sont racistes ? De dire que le marché libéré est le seul vecteur de progrès social (alors que même un apologue du capitalisme, Joseph Stiglitz en dénonce certains méfait) et de traiter tous les autres d'archaïques ?
Tu réalises un dangereux amalgame : je pense que ceux qui refuse cette europe libérale sont tout à fait favorable à l'augmentation des aides régionales. Tout comme nous sommes favorables à ce que les nouveaux entrants protègent les secteurs sensibles de leurs économie.
Je suis autant ulcéré en lisant ta note que lorsque l'on m'explique que si je ne suis pas pour la poursuite de la colonisation des territoires occupés, je suis antisémite.
La question n'est pas si l'europe va exister. Mais posons nous la question : ll'expression "l'europe" est elle intouchable, inattaquable, un dogme de même nature que l'infaillibilité Pâpale ?
La concurrence "entre eux et nous" n'existe pas : la plupart des délocalisations ont lieux entre pays du Sud, et quand une entreprise fait de la concurrence entre la France et la Slovaquie (exemple) c'est plutôt l'entreprise française qui prend le marché slovaque, ou rachête l'entreprise slovaque.
Il n'y a pas de concurrence non plus au niveau des investissements : bien que la France soit un enfer, elle est tout de même le premier pays hote d'investissement direct à l'étranger (et paradoxalement aussi un des pays les plus gros exportateurs de fond, ou inversement).
Je note que l'isolationnisme français est moindre que le suédois, qui demandais le retrait du projet de directive, alors que notre gouvernement ne proposait que la remise en cause profonde du texte.
Bon je suis trop énervé, je complèterais plus tard.
Rédigé par : Simon | vendredi 25 mars 2005 à 12:50
Hum, le terme "insignifiant" étant sans aucun doute lui-même "excessif", comment qualifier ta réaction ? Mais je plaisante, bien sûr...
Sur le fond : non, je ne dis évidemment pas que les adversaires de la directive sont des racistes et je suis parfois fatigué d'avoir à repréciser en commentaire ce que JE NE DIS PAS dans mes notes. Mais, oui, je perçois bel et bien la possibilité de circuler et de faire du commerce comme une liberté véritable, dont les bénéfices peuvent être équitablement répartis.
Je ne comprends pas (c'est une formule, en fait, je comprends tout à fait) les procès d'intention qui peuvent m'être faits sur la base de présupposés à la con comme ce parallèle incongru avec la colonisation des territoires palestiniens. Encore une fois, ce que JE pense des sujets dont je parle EST dans la note.
Il me semble donc légitime de poursuivre les objectifs d'intégration européenne sur la base des fédéralistes initiaux. Si les Européens de l'Est ont été intégrés, il faut bien leur donner les moyens de se développer et la possibilité d'échanger des biens et des services est le meilleur moyen de le faire. Je te rappelle que lorsque l'Espagne est entrée dans la Communauté, nos sympathiques agriculteurs brûlaient allègrement tous les camions qui traversaient les Pyrénées au nom de la concurrence déloyale. Aujourd'hui, l'Espagne s'est développée et est l'un des marchés les plus dynamiques des entreprises françaises.
Je suis par contre favorable à ce que des garde-fous soient établis, notamment en matière de respect des réglementations du pays d'accueil de l'entreprise tierce. Au-delà de cet aspect (majeur), je pense que le principe de la directive, fidèle à l'intégration, est une bonne chose.
Bon, il faut que j'y aille. J'espère que tu t'es calmé. Regarde un peu dehors, il fait beau, les oiseaux chantent et la vie est belle.
Rédigé par : Hugues | vendredi 25 mars 2005 à 14:30
Ce qui apparaît de plus en plus nettement, tant dans les débats sur la directive Bolkestein que sur le referendum à venir, c'est que la vraie question de fond n'a jamais fait l'objet de discussions, ni d'analyses. Cette question de fond est pour moi l'adhésion de nouveaux membres à l'Union Européenne, mais pas celle de la Turquie ou de l'Ukraine, celle des 10 derniers entrants. Quelles conséquences, quels risques, quels atouts, quels objectifs, quels moyens pour assurer leur intégration ? Je n'ai entendu aucun débat sérieux à ce sujet qui aurait permis de déminer les peurs et les fantasmes qui fleurissent actuellement.
Rédigé par : Philippe[s] | vendredi 25 mars 2005 à 17:23
Ce qu'il faut préciser, quand même, c'est que Frankenstein est le docteur, pas la créature (la faute classique). Et qu'il est assez malhonnête de citer les exemples de Barnier et Lamy pour prouver l'hypocrisie française : je rappelle que, statutairement, les commissaires ne sont PAS les représentants de leur Etats respectifs à Bruxelles, mais les défenseurs (plus ou moins zélés, mais c'est un autre problème) de l'intérêt général européen.
Bon, c'est du coupage de cheveux en quatre, parce que le reste de la note est excellente.
Rédigé par : Emmanuel | vendredi 25 mars 2005 à 19:05
en fait, j'ai bien l'impression qu'on est tous d'accord. La directive FRankenstine dérive de la stratégie de Lisbonne qui voulait originellement éliminer les obstacles BUREAUCRATIQUES à la circulation des services. En gros, si vous allez fournir des services pour quelques jours dans un autre pays ou bien si vous les tele-fournissez, il serait bien de ne pas avoir à passer par 500 guichets pour faire les formalités. Voilà, c'était l'esprit original de la déclaration de Lisbonne. Pour le reste, il m'a toujours paru évident que l'approfondissement doive précéder l'élargissement. Vive Schäubble-Fischer-Fabius, à bas Védrines !
Rédigé par : bernard1 | vendredi 25 mars 2005 à 19:28
Propose tous travaux, maçonnerie, menuiserie, plomnberie, électricité, peinture, babby sitting, chant aquatique, poirier, etc.
Prix : 2.20 euros de l'heure. Discrétion assurée.
Pose pas de questions. Travaille vite et pas plus de 8 jours sur le même chantier (officiellement mais je peux camper dans la cave sinon).
Contacter Trevor Zigoniek, Varsovie.
Rédigé par : Trevor | vendredi 25 mars 2005 à 20:53
T'embête pas Trevor, je te prend à 3,01 euros de l'heure pour 2 mois et on évite toute la paperasserie : ok ?
Puis non ! Marre des polacks, on entend qu'eux, vais rester fidèle aux marocains.
Rédigé par : Eviv Bulgroz | vendredi 25 mars 2005 à 21:48
La phrase qui tue...
"Le sort de la France, le sort des Français, comme le sort des Européens en général, se jouent de plus en plus au terme d'une discussion entre les dirigeants"
Jacques CHIRAC (Tokyo, 27 mars 2005)
Chirac a très bien résumé ici la dérive anti-démocratique de la mondialisation politique. Fini les peuples qui, par leurs suffrages, décident de leur avenir. Leur sort est désormais aux mains des vrais décideurs : les dirigeants et autres bureaucrates éclairés.
Chirac ne fait que confirmer ici l'importance démocratique du référendum (une chance unique d'expression du peuple sur un sujet majeur), et la nécessité de dire NON à la globalisation politique qui dilue les démocraties nationales dans un cadre euro-mondialiste de plus en plus large. Plus le cadre politique européen s'élargit, plus les européens se trouvent éloignés des centres de décision et plus leur capacité de décider de leur sort se trouve réduite. La bureaucratie et la globalisation politique européennes tuent la démocratie. Merci à Chirac de l'avoir dit si clairement. On pensait que Bayrou était le OUI-OUI le plus nul, mais à bien y réfléchir Chirac apparaît comme un sérieux challenger... Il sait trouver les mots justes pour convaincre de voter NON à la constitution européenne !
http://www.network54.com/Forum/284117
Rédigé par : bravo-chirac | lundi 28 mars 2005 à 01:49
Tu dois avoir raison. Il faut supprimer toutes ces instances trop vastes qui nous coupent de la vraie vie (du "pays réel", comme disent une autre catégorie d'amateurs du Non). Pourquoi ne pas en revenir à la votation sur la place du village, à main levée. Toi aussi, comme Chirac, tu sais vraiment trouver le mot juste et emporter les convictions...
Rédigé par : Hugues | lundi 28 mars 2005 à 11:41
Il ne me semble pas absurde de lutter pour le rétablissement des Travaux Personnels Encadrés même si ils ne vont pas changer la face du monde mais c'est un travail collectif et il sensibilise au travail de recherche (un peu comme ton travail sur Bolkenstein).
bonne continuation
Rédigé par : Scalp' | mardi 29 mars 2005 à 20:45
A moi non plus, il ne semble pas absurde de « lutter » (même si le mot me semble un peu fort s'il doit également être appliqué aux combats contre le racisme, le fascisme, la faim dan le monde) pour la possibilité de faire des exposés en terminale...
Mais, clairement, l'enjeu est assez faible en regard de la mobilisation quasi existentielle des lycéens qui, après avoir exigé la fin du contrôle continu, semblent prêts à mourir pour les TPE. Chaque génération est passée par son combat contre la réforme truc ou machin. Comme le bac, en France, il s’agit d’une sorte de rite de passage. Une initiation au conflit urbain. Je l’ai fait, tu l’as fait, mes parents l’ont fait, mes gosses le feront. Mais en dépit de la sympathie que je peux avoir pour cette étape de l’éveil à la conscience politique, je ne me sens pas particulièrement réac en relativisant les motifs de la grogne. Deux lycéens sur trois n’ont d’ailleurs qu’une idée assez vague de la réforme Fillon, qui est juste perçue comme un truc de méchants visant à provoquer des inégalités. C’est un fait.
Rédigé par : Hugues | mercredi 30 mars 2005 à 11:57
Tu as raison simplement les moyens financiers mis en place ne permettront pas non plus de réduire les inégalités.
C'est un peu comme si tout le monde faisait semblant au final...
Rédigé par : Scalp' | mercredi 30 mars 2005 à 14:20
Le discours français que tu dénonces (notamment celui de ton pote Michel) laisserait peut-être une place un véritable débat si le référendum avait été amené autrement: tu vois beaucoup d'explications claires et exactes sur les enjeux de la Constitution européenne? Et la suite en cas de refus français, a-t-elle été prévue à un moment ou à un autre?
Pour ma part, je vais sans doute voter oui, mais je regrette vraiment d'entendre plus parler dans les médias des tensions au sein du PS que des articles de la Constitution. Ca commence un peu (notamment là: http://www.lemonde.fr/web/vi/0,47-0@2-3214,54-637624,0.html), mais c'est dommage d'attendre que tout le monde ait un avis bien partisan avant de lancer un vrai débat.
Je comprends aussi assez bien que l'Europe "de Bruxelles" suscite une certaine méfiance: tous ceux qui ont voté pour Maastricht ont de quoi être déçu: ils n'ont jamais pu s'exprimer sur l'élargissement à l'Est (qui n'est pas qu'une légère adaptation du tableau européen, il me semble...) et ce qu'ils voient de l'Europe va dans un sens que le discours politique autour de Maastricht ne laissait pas forcément prévoir.
Alors ajoutez à cela le contexte menaçant de mondialisation/délocalisation, et comprenez que certains soient méfiants devant ce référendum "à sens unique".
Même si le refus n'est pas ici une solution, on y courrera tout droit tant que les électeurs ne seront pas honnêtement informés du fonctionnement et des enjeux de la construction européenne.
Rédigé par : Mathieu | mercredi 13 avril 2005 à 18:04