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vendredi 04 mars 2005

Commentaires

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ça a l'air de méchament se tenir, mais je reste prudent, à cause de mes opinions, toujours ce souci que j'ai !

Votre analyse est convaincante et elle m'a convaincu !

Au moins on sait ce qu'il nous reste à faire. Qu'y a-t-il de si typically french que nous ne puissions en faire autant ?

Pour ma part, je reste un peu sur ma fin. Blair paré de tous les atouts en matière économique.... est-ce que la mère Thatcher et le fils Major ne lui ont pas un peu facilité la tâche ? A lire votre post, Cher Hugues, Thatcher a détruit les hôpitaux et les trains, Blair a créé la croissance. N'est-ce pas aussi en surfant sur l'incontestable croissance amenée par l'ère conservatrice que Tony Blair réussit ? Est-ce l'explication du "miracle anglais" ne résiderait pas, plutôt, dans la politique thatchérienne, Blair se contentant de saupoudrer quelques aides sociales prises sur les recettes de la gestion de ses prédecesseurs ?

Hum... comment dit-on "specious" en français?

Vous abordez bien des points (et je ne veux pas que ma réponse soit plus longue que l'original!) et certains sont parfaitement valides, valables et étayés.

Reprenons toutefois: "Prononcer le nom de Tony Blair en présence d’un socialiste français « authentique » [énerve]" - c'est sans doute parce que Tony n'en est pas un. Quels que soient ses mérites (et ils sont nombreux) et ses réussites (itou), le taxer de "socialiste" n'évite la condamnation pour diffamation que grâce au laxisme des lois anglaises sur le sujet. (Je commence par un peu de provoc pour l'échauffement des neurones, afin d'éviter le claquage.)

"Le PM, dans la cosmogonie orthodoxe du néo-marxisme gaulois, représente tout à la fois la trahison de l’idéal progressiste, la soumission atlantiste et l’inféodation au grand capital." Certes, certes - mais en Angleterre aussi; demander à Gordon Brown ce qu'il en pense, ou regarder avec beaucoup d'attention la carte des circonscriptions qui votent (ou ne votent plus) "New Labour", et il sera clair que beaucoup de fiefs historiques sont passés aux LibDem, tandis que Tony prenait des sièges aux Conservateurs.

"[...] il est clair que les positions anti-américaines de la France [...] un tropisme national plutôt qu’à une orientation philosophique[...]" - vraiment? Je ne pense pas, pas du tout. Les positions étaient anti-*politique* américaine en Irak, pas anti-*américaines* tout court. Le distingo est subtil? Mais il est important: la France partageait bien plus l'analyse des propres services américains (CIA, etc - hors NSA ou NSC, bien évidemment) que celle des "neocons".

"Du côté anglais, où l’on considère que la « special relationship » vaut souvent davantage que l’intégration européenne, il était tout aussi normal de voir les arbitrages sur ce dossier transcender les options purement politiques": il y aurait beaucoup à dire sur le pourquoi de la prévalence de celle-là sur celle-ci. Cependant, plus grave à mes yeux, est le fait qu'on ait considéré qu'elle "valait davantage" que l'opinion de ses propres citoyens, ce qui, en démocratie, me paraît loin d'être un concept totalement désuet.

"Faire disparaître les files de chômeurs semble être un préalable majeur. Hum, assurément, Tony l’a fait" - à quel prix? Il a facilité les licenciements, et réduit encore les prestations chômage déjà misérabilistes auparavant. Oh! je ne prétends pas que la France fasse mieux - ce serait indéfendable - je mets juste le doigt sur la raison principale de cette baisse, effectivement spectaculaire, du niveau de chômage anglais (et liée, quand même un peu, à la situation économique générale, dont je l'admets, nos voisins ont su mieux profiter que nous.) Bien plus que l'abondance de l'emploi, c'est sa précarité qui est devenu le phénomène marquant (et approchant les USA sur ce point). Vous avez parfaitement raison par contre sur le SMIC et sa relative marginalité en Angleterre.

"D’ailleurs, à ma connaissance, les trains, en Grande-Bretagne, ont toujours été dans un état proche du délabrement" - vous plaisantez, là? Relisez n'importe quel Agatha Christie et vous verrez que les Anglais faisaient plus confiance aux trains qu'à Big Ben pour régler leurs montres, c'est assez dire.

"La santé [...] Et le fait que trois ou quatre patients britanniques aient été envoyés [...] se faire soigner à Lille il y a dix ans" - comme vous, je regrette les clichés. Alors je m'en tiendrai aux faits: ils sont plus que trois, et plus récemment que 1995. De très bons amis habitant Londres (et qui ont décidé de ne jamais revenir, ce qui va dans votre sens) se font régulièrement soigner dans leur ville d'origine (tiens: à Lille, justement!) Elle a accouché une nuit de samedi à dimanche, ç'a été compliqué, et elle a perdu plus d'un litre et demi de sang. Blême et affaiblie, elle a quand même été renvoyée chez elle le dimanche matin, parce qu' "on avait besoin du lit". Dès le lundi matin, elle était ré-hospitalisée parce qu'elle ne tenait plus debout, en pleine crise d'anémie (ce qui est idéal quand on est jeune mère). Elle aurait sans doute dû accoucher dans le privé, à £12'000 - 18'000 la mise bas, elle a y pas pensé, c'est bête hein. (En Suisse, pays peu réputé pour ses politiques sociales, où même les allocs pour chiens de drogués rapportent plus que celles pour enfant, un accouchement en privé démarre à 3'000 euros. Comparez.)

"lorsque les médecins hospitaliers ont lancé leur dernière grande offensive de protestation, c’est en Grande-Bretagne, plutôt qu’en Corée du Nord, qu’ils ont menacé de s’exiler" - rigolo, si, si (j'adore la provocation, je le jure) mais ils n'ont jamais menacé d'aller bosser au NHS (mais bien dans le privé). Rigolo, donc, mais "ultimately irrelevant". La France est très régulièrement dans le peloton de tête des classements de l'OMS sur la qualités des soins publics, y compris (et même moi ça me paraît pas possible!) en rapport qualité/coût. Le Royaume-Uni, lui, non (et les USA bons derniers - mais je suis d'accord, ça n'a aucun rapport).

"Lorsque Tony Blair cèdera la place à, espérons-le, un autre socialiste aussi déterminé et efficace que lui" - il aurait fallu écrire "à un socialiste" (sans "autre", :-))

"Désormais pourvus de parlements locaux [...]" - dont, rappelons-le au passage, le Gallois a quasiment été imposé parce qu'ils n'en voulaient pas, et la version irlandaise a fonctionné au total 3 heures 12 minutes depuis sa création.

"quels meilleurs symboles que les échanges de populations" - j'aurais espéré trouvé un meilleur exemple que l'exportation de nos forces vives mais pauvres en échange de leurs forces riches mais vieilles!

Enfin (parce que j'ai bientôt fini, si, si, joie et bonheur) je partage votre analyse (déprimante, soit dit en passant, mais hélas trop vraie) quant à l'incapacité apparente de nos gouvernements successifs (y compris, et surtout, de gauche) à tenter autre chose, à faire preuve d'un peu d'imagination. Oh, "l'imagination au pouvoir", ça date un peu beaucoup (68 - *19*68, mais quand même), mais après tout on n'a jamais essayé...

(Mais je ne partage pas votre enthousiame pour Bridget, préférant quand même Yolande !-)

Paxa,

Thatcher a effectivement détruit le système ferrovaire, qui était déjà presque en lambeaux à son arrivée. Elle a également laissé pourrir la NHS, le système de santé local, qui était l'un des meilleurs du monde, dans le but de promouvoir BUPA, une sorte de sécu privée parallèle.

Elle a également fermé les robinets financiers des systèmes sociaux en permettant aux "volontaires" d'en sortir pour s'assurer ailleurs (ou pour ne pas s'assurer du tout). Mais dans un système collectif, si les riches s'en vont et que ne restent que les pauvres, ça ne marche plus.

Blair a sans doute bénéficié d'une partie de l'héritage thatchérien, notamment face aux pratiques syndicales dont les Français n'ont pas idée, en matière de monopole d'embauche par exemple, mais la gestion de la croissance et la disparition du chômage sont à mettre à son actif. De même que le renouveau des services publics, lesquels emploient moins de gens dans les administrations centrales mais davantage sur le terrain - pour des salaires réllement attractifs. Un exemple : des profs du secondaire à 4 000 euros par mois, soit le salaire d'un cadre en milieu de carrière chez nous, et des directeurs d'école à 150 000 euros par an, soit le salaire d'un Gaymard chez nous. Enfin, d'un Breton, quoi...

Ludovic,

- Qu'est-ce qu'un socialiste ? Blair n'est effectivement pas marxiste mais plutôt social-démocrate, comme la plupart des partis socialistes européens.

- Qui est Gordon Brown ? Un blairiste qui pensait que son tour viendrait plus tôt et qui, comme le prince Charles, fatigue un peu. En tout cas, on aurait du mal à en faire un Emmanuelli...

- Irak. La France alignée sur les analyses de la CIA ? Ah bon... Il me semblait plutôt qu'à l'exception de deux ou trois hurluberlus, la totalité du pays était sur la même position, des sadamistes traditionnels (Chevènement, Le Pen) aux gauchistes, en passant par la droite des familles, le PS et les communistes. Franchement, je ne me souviens pas de les avoir entendu se légitimer via les analyses de la CIA. Par contre, je me souviens de les avoir entendu parler de ces fumiers de Yankees en quête de pouvoir et de pétrole.

- Des Français qui se font soigner en France. Tiens donc, c'est nouveau...

- Au moment de la fronde médicale, Le Monde avait publié de nombreux témoignages de médecins français travaillant dans le service public hospitalier anglais et évoquant la qualité du travail, des équipes, des moyens, des relations personnelles et du respect des patients. Comme disait la pub Opel, faites vous une idée neuve...

- Parlement locaux. Va en en parler aux Ecossais... Ils te diront ce qu'ils pensent de la devolution et du renouveau du pays. Pour les Gallois, ils étaient moins demandeurs mais les choses se mettent en place, notamment au plan culturel (les Bretons sont évidemment jaloux). Pour l'Irlande du Nord, avoue que la situation est "un peu" particulière...

- Echanges de population. Quand 300 000 jeunes chômeurs quittent leur pays pour aller faire les garçons de café à l'étranger, comment appelle-t-on ces mouvements de population ? Je ne me félicite pas de cette situation mais je la constate. Quand aux retraités qui mettent la Bretagne et le Périgord hors d'atteinte des locaux grâce à leurs livre forte, c'est aussi une réalité. Enfin, avec un peu de chance, les jeunes partis à Londres reviendront à leur retraite et rachèteront les maisons...

- Yolande et Bridget : les deux me dépriment. C'est un exemple, une illustration.

Ouf... Any more questions ?

quand Tony a été élu, j'habitais Londres, et c'est vrai qu'il était très énervant parce que pour se faire élire par ces conservateurs d'anglais, il avait réussi à leur faire croire - et à moi aussi - qu'il était l'héritier de Thatcher. Bref, énervant, et en plus cette gueule de jeune premier, quoi.

En plus, toutes les histoires horribles de NHS, de trains vétustes et dangereux étaient vraies. Etc.Et il ne nous aiment pas, mais alors vraiment pas.

Et puis, petit à petit, effectivement, je me suis aperçu que le Blair and Brown show investissait des sommes considérables dans les transports, la santé, l'éducation, et que les choses s'amélioraient. J'abrège sans parler des résultats économiques impressionnants pour dire que, oui, entièrement d'accord. Blair and Brown mennent une vraie politique de gauche qui réussit. Nos orthodoxes français ne rêvent qu'au maintien des avantages acquis. De vrais conservateurs, quoi. La vraie figure du Beauf, c'est eux

Plutôt d'accord avec Paxa.
C'est d'ailleurs l'un des problèmes de la gauche française...

Juste une question : pour gagner le paradis avec les 99 vierges, est-on obligé d'habiter à Londres ? Ou bien pensez-vous sérieusement qu'un socialiste (au sens de social-démocrate bien sûr, pas de gros mot entre nous), qui serait par exemple élu à la prochaine présidentielle, un Tony Blair français quoi (un DSK ?), se mette subitement, sous les vivas d'une majorité éclairée, à détricoter le Code du travail pour faciliter les licenciements et à réduire de manière drastique la durée et le montant des allocations chômage ?

Au fait, pour aller à Londres, l'Eurostar c'est bien le moins cher ?

Ce que vous semblez oublier, cher ami, c'est que la France et le Royaume-Uni (que je respecte infiniment, God save the Queen) présentent quelques différences de culture et de caractéristiques "géo-économiques".

Vous citez la fameuse "special relationship" sans évoquer ses multiples corrolaires économiques (la langue mondiale et européenne, le positionnement comme tête de pont pour les entreprises et les capitaux américains en Europe...).

Les Anglais entretiennent également avec le capitalisme (ou le libéralisme) une relation plus intime, plus franche, plus naturelle et moins schizophrénique que nous autres, Français. Et cela n'est sans doute pas sans conséquence sur l'adaptation au monde d'aujourd'hui.
En revanche, l'attachement aux services publics et à la sécurité sociale par exemple est sans doute plus élevé chez nous que chez nos voisins britanniques.
Ce sont des données dont on doit nécessairement tenir compte, à moins de renoncer complètement à sa culture...

Il ne serait pas honnête non plus de comparer un "socialiste" anglais qui passe après Thatcher (et a fortiori un démocrate américain qui passe après Reagan) à l'éventuel futur président socialiste français qui passerait après Chirac. La marge de correction par rapport à l'excès de libéralisme n'est à l'évidence pas la même.

Enfin, pour m'arrêter là, quand on compare les niveaux de vie anglais et français, cela n'a réellement de sens que si l'on tient compte aussi du coût des dépenses fondamentales des citoyens (santé, éducation, etc.). On n'arrive évidemment pas au même résultat qu'en prenant uniquement les salaires bruts...

Et dire que le paradis était à quelques coups de rame des côtes normandes et que je ne le savais pas... Chérie, sors la barque, on va faire un tour...

Voici un extrait d'une dépêche AFP : à méditer pour ne pas tomber dans l'idolâtrie aveugle du modèle Blair, qui est aussi (Hugues oublie de le dire mais les chiffres officiels ci-dessous le montrent), une formidable machine à fabriquer des inégalités et l'un des paradis fiscaux les plus attractifs du monde. Le seul pays où les 20% les plus pauvres payent au total plus d'impôts que les 20% les plus riches !!! Incroyable mais vrai. Ce n'est pas un cliché, cela ne se passe pas il y a 10 ans, c'est ici et maintenant !

Grande-Bretagne: "les super-riches" encore plus riches avec les travaillistes

LONDRES (AFP) - Les "super-riches" ont vu leur fortune s'envoler en Grande-Bretagne depuis l'arrivée de Tony Blair au poste de Premier ministre, en 1997, affirme le New Statesman, un hebdomadaire politique de gauche.

+ 745% pour Bernie Ecclestone, le grand argentier de la Formule 1, + 81% pour Paul McCartney, l'ex-Beatle, + 700% pour James Dyson, l'inventeur de l'aspirateur sans sac: "les super-riches" sont encore plus riches et la politique économique de Gordon Brown ne les fait pas fuir, selon le magazine britannique, pourtant connu pour sa proximité idéologique avec le parti travailliste.

Selon les chiffres de l'Office national britannique des statistiques (ONS), cités par le New Statesman dans son numéro daté du 7 mars, la richesse globale des 1% de Britanniques les plus riches, soit 600.000 personnes, a doublé à 797 milliards de livres (1.123 md EUR) lors des six premières années au pouvoir du Labour.

La part de la richesse nationale détenue par ces 600.000 personnes serait ainsi passée en six ans de 20 à 23%, celle détenue par les 50% les plus pauvres passant dans le même temps de 10% à 5%.

Ces 1% de Britanniques n'ont jamais détenu une telle part de la richesse nationale depuis les années 1930, confirme Tony Atkinson, professeur à l'université d'Oxford et spécialiste de la question des écarts de richesse en Grande-Bretagne.

En publiant la "Bling Bling list", la liste des "super-riches" britanniques, l'hebdomadaire souligne à quel point la politique suivie par le New Labour de Tony Blair a été favorable aux plus nantis.

"Grâce à la politique suivie --ou non suivie-- par Tony Blair et Gordon Brown, les Britanniques les plus riches donnent à l'Etat une plus faible part de leurs revenus que le reste d'entre nous", accuse le New Statesman.

En tenant compte des impôts locaux et de la TVA, les 20% de Britanniques les plus riches verseraient de fait seulement 34% de leurs revenus à l'Etat, contre 42% pour les 20% les plus pauvres, estime le magazine.

"Londres compterait 40 milliardaires, dont 13 étrangers. Il n'y a pas d'endroit équivalent dans le monde. Ici (London) , ils sont accueillis à bras ouverts. La capitale britannique est devenue le plus extraordinaire des paradis fiscaux du monde", accuse John Kampfner, l'auteur de cet article.

Le New Statesman rappelle les propos de Peter Mandelson, très proche de Tony Blair et actuel commissaire européen au Commerce, selon lequel "le New Labour a toujours été très relax à l'idée que les gens puissent devenir indécemment riches". Et il souligne également l'opposition toute récente du Premier ministre britannique à un super-impôt sur le revenu pour les super-riches.

Avancée par les libéraux-démocrates, le second parti d'opposition britannique, le 28 février, l'idée d'une tranche d'imposition de 50% pour les revenus supérieurs à 100.000 livres (environ 140.000 euros) a été aussitôt qualifiée de "plutôt dangereuse" par le chef du gouvernement travailliste. Selon lui, une telle mesure "concernerait beaucoup de personnes, et pas seulement des super-riches.

Selon les chiffres de l'ONS, avancés par le magazine, cette mesure concernerait pourtant 419.000 Britanniques seulement. Soit 0,9% des contribuables.

Tony Blair n'a jamais caché sa réticence à toucher les hauts revenus. "Ce n'est pas une ambition impérative pour moi de m'assurer que des gens comme David Beckham (le capitaine de l'équipe d'Angleterre de football) gagne moins d'argent", avait-il concédé durant la campagne pour les élections législatives de 2001, conclues par un véritable raz-de-marée travailliste.

Un pays où 600.000 personnes détiennent 23% de la richesse nationale, alors que la moitié de la population la plus pauvre (environ 30 millions de personnes) n'en détient que 5% ?

Un pays où les 20% les plus riches versent 34% de leurs revenus à l'Etat et où les 20% les pauvres en donnent 42% ?

Ces deux chiffres me suffisent pour me prononcer : No thanks !

Hum, voici donc quelques-unes de ces réactions « orthodoxes » auxquelles je m'attendais un peu en postant cette intervention hérétique.

En premier lieu, permettez-moi de préciser que je ne décris pas la Grande-Bretagne comme un nouveau jardin d’Eden mais, plus prosaïquement, comme un pays ayant réussi à résoudre les problèmes sur lesquels nous séchons lamentablement depuis 20 ans.

Tonton, souvenez-vous, avait affirmé avec fatalisme que « tout avait été fait contre le chômage ». Mais des pays sur lesquels son influence était assez faible ne se sont pas souciés de ce point de vue (Suède, Australie, Finlande, Pays-Bas, GB, Espagne même...) et ont entrepris de passer du chômage de masse chronique au plein emploi (chacun empruntant des voies différentes) au cours des dix dernières années.

Personnellement, j'ai plus d'affinités pour les modèles de la sociale démocratie scandinave que pour les méthodes britanniques, mais les divergences de fortune entre la France et Tony Blairland sont impossibles à éluder pour qui accepte de regarder les choses avec un minimum d'honnêteté.

Notre ami « Mélangeons Jean-Luc », par exemple, m’assure sarcastiquement que le seul moyen de parvenir à « imiter » les succès britanniques en matière de chômage reviendrait à « détricoter le code du travail » et à « réduire de manière drastique la durée des allocations chômage ». Clairement, ce n’est pas ce qui s’est passé en Grande-Bretagne, où les allocations chômage ont toujours été une sorte de forfait standard ne tenant pas compte des salaires perçus avant le licenciement et où la faculté de licencier sans difficulté a toujours existé. Ce qui veut dire que le chômage de masse existait dans ce contexte traditionnel de « flexibilité » et qu’il a disparu pour d’autres raisons.

Le camarade Henri-Manuel I., lui, préfère expliquer que ce sont les différences culturelles entre nos deux pays qui fondent la capacité de rebond des Britanniques. Est-ce que cela implique que notre modèle culturel est plus favorable au chômage que le leur ? Est-ce que les Anglais ont changé de modèle culturel en passant du chômage de masse à la prospérité ? Est-ce que tous les pays qui ont éliminé le chômage l’ont fait en adoptant le modèle britannique (soit le modèle britannique post-baisse du chômage) ? Est-ce que la France, qui connaissait le plein emploi jusqu’au premier choc pétrolier, était alors une sorte de "Grande-Bretagne moderne" ? Moi, je préfère penser que des emprunts aux recettes qui marchent, d’où qu’elles viennent, valent mieux que la résignation ou la poursuite de pratiques inefficaces (cf. : le traitement du chômage à la française, coûteux et peu performant).

Henri-Manuel I. indique également, avec raison, que les revenus plus élevés des Britanniques doivent être mis en perspective d’un coût de la vie local également plus élevé. Mais c’est oublier que c’est en Parité de Pouvoir d’Achat que le PIB par habitant de nos voisins à dépassé le nôtre : leur niveau de vie est donc supérieur au notre après ajustements (impôts et charges sociales compris). Les indicateurs courants de consommation en sont d’ailleurs la preuve la plus patente, du marché automobile (2,6 millions d’immatriculations de véhicules neufs contre 2 pour la France à population égale, dépenses touristiques, consommation textile-habillement, etc.)

Un disciple du nouveau Saint-Just, signant "Arno", me rappelle qu’il y a des "gens riches" en Grande-Bretagne. Il cite aussi Tony Blair, qui ne serait pas prêt à empêcher Beckham de gagner beaucoup d’argent... Mais je crois qu’il s’agit justement là de l’une des grandes différences entre réformistes-hérétiques et orthodoxes. Peu m’importe, en effet, de savoir que des gens riches, voire très riches, poursuivent l’accumulation absurde de biens matériels. Si c’est leur but dans la vie, pas de problème. On les taxera et on redistribuera.

Mais ce qui m’importe, c’est de vivre dans une société où tout un chacun profite du progrès et mène une vie qui vaut la peine d’être vécue. Si tout le monde possède une salle de bain, je me fiche de savoir que Beckham en possède 45 dans ses 12 maisons. Je ne vois pas ça comme un obstacle m’empêchant de jouir de ce que j’ai. Et incidemment, les "revenus supérieurs à 140 000 euros" (phrase à prononcer avec un tremblement sépulcral dans la voix), sont là bas des revenus de cadres, voire de fonctionnaires (c’est même le salaire d’un directeur de collège, comme indiqué plus haut). Taxer ces revenus à 50% est donc, au minimum, discutable. Sauf à considérer qu’un orthodoxe portugais débarquant en France et considérant le différentiel de salaire entre Porto et Lyon, soit dans le vrai s'il exige de taxer à 50% un prof de fac à 3 500 euros (en fin de carrière).

Je ne suis pas à la recherche d'un modèle clé en main. Je me considère comme un progressiste. Mais je suis capable de me rendre compte que notre modèle prend l'eau de toutes parts et que des expériences ont été tentées ailleurs avec succès. Je ne vois pas pourquoi il faut accepter qu'une espèce d'arsenal dogmatique usé jusqu'à la corde nous empêche de regarder autour de nous.

Au final, je trouve assez étrange de constater que les gens qui passent leur vie dans les rues, banderolles en main, hurlant que tout va mal, sont toujours les premiers à défendre le système lorsqu'il est attaqué sur des bases "hors dogme". Mais, bon, c'est la règle du jeu.

Le Royaume-Uni aujourd'hui, c'est aussi "Dirty Pretty Things", et je ne crois pas vraiment que Ken Loach ait changé son fusil d'épaule (ou du moins sa caméra).

Heureux de savoir que vous ne souhaitez pas que la France s'aligne sur le système britannique en matière de facilité de licenciement et d'allocations chômage (un système instauré avant Tony Blair, c'est vrai, que les travaillistes n'ont pas fondamentalement changé, c'est aussi vrai).

Et encore plus heureux que vous souligniez que cette "flexibilité" du marché de l'emploi n'est pas la bonne solution et qu'elle ne fait pas partie des "recettes qui marchent" à emprunter.

C'est pourtant, vous ne l'ignorez pas, un argument rebattu de nombreux chefs d'entreprise (Medef en tête) et des libéraux de la droite (Sarkozy, Balladur, Madelin, etc.). Et à lire votre premier commentaire, un esprit inattentif aurait pu vous situer dans ce cercle de la raison-là. Moi-même, je l'avoue, j'ai failli m'y laisser prendre. Mea culpa. Finalement nous sommes d'accord sur ce point-là : le système britannique de la flexibilité du travail n'est pas le modèle à copier en France.

Cher ami,

Moi non plus, je ne donne pas un sens à ma vie en essayant d'empêcher David Beckham d'avoir 45 salles de bain. Même si vous ne m'empêcherez pas de penser qu'un souci de l'hygiène poussé à ce point extrême doit forcément cacher de graves troubles de la personnalité...

Mais vous avez (délibéremment ?) ignoré l'essentiel de mon post et de la dépêche AFP citée, que le camarade "20-100 payons" avait pourtant pris soin de souligner :

Le Royaume-Uni est un pays où 600.000 personnes détiennent 23% de la richesse nationale, alors que la moitié de la population la plus pauvre, soit environ 30 millions de personnes, n'en détient que 5%. Et cet écart s'est largement creusé sous le gouvernement de Tony Blair. Et vous m'accorderez que c'est un peu gênant pour un "socialiste", n'est-il pas ?

Le Royaume-Uni est également un pays où les 20% les plus riches versent 34% de leurs revenus à l'Etat et où les 20% les pauvres en donnent 42%, ce qui en fait d'ailleurs l'un des paradis fiscaux les plus attractifs de la planète. Alors là, on entre carrément dans l'hallucination pour un socialiste, qu'il soit orthodoxe, moderne, pragmatique, ou même britannique. Et je suis sûr que Tony Blair lui-même ne doit pas être très à l'aise avec ces chiffres s'il daigne se présenter de temps en temps devant les militants du parti travailliste. Et vous, ne trouvez-vous pas cela gênant (que les pauvres soient proportionnellement plus imposés que les riches) ?

Un petit commentaire rapide pour rappeler qu'en dehors de la difficile répartition des mérites de la situation actuelle de la GB (factuellement au dessus de celle de la France, même si ce n'est pas l'idéal) entre Thatcher et Blair, il faut se souvenir qu'un 3° larron a joué et joue encore un rôle important: les ressources pétrolières et gazières de la mer du Nord.
En France non seulement les idées semblent en panne, mais en plus on a toujours pas trouvé de pétrole

Je ne peux pas croire que 30 millions d'anglais detiennent moins de 5% de la richesse du pays. Je me méfie énormément de cet article. Je ne remets pas en cause l'idée générale, mais je pense sincèrement que le journaleux qui a pondu la dépeche maitrise mal les % et les données brutes.
Il serait intéressant de lire l'article en anglais, je suis convaincu qu'on verrait des différences sensibles.
A force on finit par créer des légendes urbaines (comme la phrase de Poutine a propos de Tchetchenes ou alors de ces reportages durant la premiere guerre du golfe ou l'on parlait de mains coupées). Dans les cas précités il s'agissait deja d'erreurs de traduction flagrante.
Rien ne vaut le texte en version originale...

Le New Labour plait tant, que certains syndicats ont décidés de ne plus soutenir ses candidats aux élections.

"La différence n'est pas entre la conception réformiste et la conception révolutionnaire mais entre deux conceptions révolutionnaires qui en effet sont radicalement différentes" Léon Blum, Congrès de Tours.
"Révolution, cela signifie (...) transformation d'un régime économique fondé sur la propriété privée en un régime fondé sur la propriété collective ou commune" (idem)

J'aime le terme "ortodoxe". Comme le terme "droitier", il permet de jeter l'anathème sur un frange de nos camarades pour discréditer la totalité de leurs discours. Dans une autre intervention, Léon Blum déclarait que certains socialistes étaient plus tournés vers un idéal, et d'autres vers l'action, ce qui ne signifiait aucunement que les uns ou les autres fussent plus ou moins socialiste, mais juste différemment socialistes, et que cette différence nous enrichissaient.
La richesse du débat devrait nous honorer et non nous diviser. C'est unie que la gauche apportera à la France.

A part cela : si je ne me trompe pas, il y a 3 taux d'imposition sur le revenu au Royaume Uni, et les plus démunis sont imposés. Je souhaiterais un commentaire sur cet état de fait :
pour qu'il y a redistribution, il faut une faible imposition pour ne pas "désinciter" l'investissement, mais si l'imposition est faible, il y a peu à redistribuer ...

Hugues, je te trouve pesque à ma droite sur ce sujet ! Ce serait le comble, moi qui ne prétends pas faire partie du "peuple de gauche", même si j'aspire comme toi à un gouvernement de gauche non conservatrice.

Ceci pour dire que :
1. Blair n'a pas mené une politique exempte de défauts. Il n'a pas progressé sur tous les plans, et avait un certain avantage en venant après Thatcher : la dame avait généré une période de croissance générale, mais qui avait laissé de côté quelques sujets majeurs : des "services publics" en très mauvais état, et des crises sociales régionales majeures, par exemple. Blair a eu l'intelligence de ne pas repartir totalement dans le sens inverse, en prenant ce qui était bon, et en corrigeant ce qui ne l'était pas. Cette conduite, en France, serait illisible, où les gouvernement s'attachent à dire que ce qu'a fait l'autre est 100% mauvais, tout en faisant grosso-modo la même chose.
2. Quand j'entends une partie de la gauche dire que "raffarin, c'est l'ultra-libéralisme, la mort des services publics, etc...", je me demande ce qu'elle a en tête une fois arrivée au pouvoir ! Ce qui nous manque, en fait, c'est peut-être un gouvernement ultra-libéral qui nous casse un peu tout ces services publics auxquels les français sont si attachés, pour qu'on puisse les rebâtir par la suite.Blair, en un sens, a eu cette chance... (c'est une proposition ironique)

3. Sur les statistiques récentes, annoncées par le new statesman et reprises avec joie en France (comme toute analyse confirmant que les anglais se trompent), il suffit d'aller sur le site :
http://www.statistics.gov.uk/focuson/socialinequalities/default.asp
On se rend compte que l'analyse du NS et de l'AFP sont très partielles (partiales ?), et que, oui, il y a moins de pauvres et d'exclus au pays de sa très gracieuse majesté qu'auparavant, même si les très riches gagnent plus. Que le pourcentage de pauvres parmi les retraités a baissé très largement, etc...
A lire aussi, un doc de son cabinet stratégique, j'aimerais bien que Raffarin ait ce type d'analyses également... : http://www.strategy.gov.uk/output/Page7185.asp

Non, Blair n'a pas tous les mérites, n'a pas résolu tous les problèmes, n'est pas irréprochable, mais je défie n'importe lequel de nos Premiers Ministres passés de présenter un bilan qui lui arrive à la cheville.

Ma foi, Versac, moi, je ne me trouve absolument pas « de droite » dans cette affaire, bien au contraire. J’ai même le sentiment de défendre le bilan d’un vrai parti de gauche qui, s’il s’est appuyé sur des transformations de la société initiées avant lui, aurait été bien stupide de ne pas le faire.

Comme tu le rappelles, nos gouvernements préfèrent passer leur temps à démolir ce qui a pu être fait par l’équipe précédente. Et compte tenu du goût pour l’alternance des Français, ça ne fait pas vraiment avancer le schmilblick. Le débat sur les 35h00 est le meilleur exemple de ce fonctionnement débile. La gauche a passé des années à mettre la RTT en place, la droite entend les démolir sur la durée… Et l’on nous promet d’ores et déjà le détricotage des micro-réformes sur les retraites dès l’arrivée d’Emmanuelli à l’Elysée…

En tout cas, je tentais simplement d’être pragmatique en me demandant quels pourraient être les buts ultimes d’un gouvernement de gauche. Le plein emploi et l’augmentation du niveau de vie me semblant être des objectifs plutôt honorables, je n’allais pas me priver de dire tout le bien que je pense de Tony Blair. Bien évidemment, ce dernier étant généralement considéré comme plus à droite que Raffarin, lequel passe déjà pour « ultra-libéral » (ce qui rend d’ailleurs difficile la description d’un libertarien à l’américaine : nazi ? fasciste ? assassin ?), je ne vais pas me faire des amis dans les Landes en parlant du New Labour comme d’un parti authentiquement social-démocrate.

Maintenant, en ce qui concerne les stats régulièrement diffusées par l’AFP sans vérification préalable, décrivant généralement la Grande-Bretagne comme le siège mondial de la misère et des inégalités, il suffira de relire le début de mon papier pour savoir ce que j’en pense (on pourra également suivre les liens que tu proposes ou, pourquoi pas, aller faire un tour à Londres pour constater les ravages de l’horreur économique). M’est avis que certains de mes détracteurs n’ont qu’une expérience limitée de la traversée de la Manche. Ce n’est pas un reproche, juste un vague sentiment…

De droite, Hugues ? Que nenni ! Mais à mille lieues de la vision du monde d’un orthodoxe standard, qu’il soit postier à Neuilly ou député des Landes (puisqu’il semble que les différences entre les deux se soient considérablement estompées). Si l’augmentation des impôts, les recrutement massifs de fonctionnaire, la préservation de monopoles corporatistes déguisés en services publics et le refus de tout changement vous semblent les seul moyens de trouver le bonheur, rappelez-vous tout de même que cette orthodoxie-là a déjà été tentée…

Attention, Monsieur, vous êtes absolument libre de gloser indéfiniment sur le paradis britannique (si près, si loin) mais, de grâce, n'attaquez pas les Landes. Je crois savoir d'ailleurs que vous passâtes un jour d'agréables vacances à chevaucher d'impétueux destriers sur les dunes de la Côte d'Argent...

Après ce clin d'oeil touristique, revenons-en au fait :

Jusqu'à preuve du contraire, l'AFP est une agence de presse sérieuse, qui ne saurait être arbitrairement taxée d'anti-britannisme primaire, fût-ce pour les commodités d'une démonstration pour le moins hasardeuse.

De plus, pour ceux qui ont bien lu, la dépêche AFP incriminée ne fait que reprendre des informations publiées par le New Statesman, un hebdomadaire politique de gauche britannique, qui cite lui-même les chiffres de l'Office national britannique des statistiques (ONS), ainsi qu'un certain Tony Atkinson, professeur à l'université d'Oxford et spécialiste de la question des écarts de richesse en Grande-Bretagne.

Comme "stats régulièrement diffusées par l’AFP sans vérification préalable, décrivant généralement la Grande-Bretagne comme le siège mondial de la misère et des inégalités", on fait mieux !

Alors, comme on dit chez moi, dans les Landes, Adichat !

Henri-Manuel I.,
Les Landes sont un département magnifique et galoper sur la plage est un plaisir qu'Emmanuelli, qui préfère dévorer des ortolans la tête recouverte d'une serviette, ne m'enlèvera pas. Mais pour l'AFP, il me semble que sa tendance à privilégier l'info "insolite" ou la reprise d'infos non validées n'est un secret pour personne - ce en quoi elle ne se différencie guère des agences concurrentes. En ce qui concerne la dépêche issue du New Satesman, qui empêchait le journaliste d'aller faire un tour sur le site des stats britanniques pour aller vérifier ( www.statistics.gov.uk ). Après tout, il suffirait à Reuters de lire Le Figaro pour expliquer aux Anglais que Gaymard a été injustement débarqué sous des prétextes populistes...

Gugues : je rigolais ! Je partage ton souhait de voir une gauche s'inspirer de ses modernes amis européens, qu'ils soient britanniques, danois, suédois ou néerlandais... et abandonner une fois pour toute ses prismes collectivistes et ses mythes sur le service public, qui n'appartiennent qu'à elle.
Quelques petits tous sur le site de policy network font le plus grand mal à qui partage cet idéal, vu la faiblesse de la représentation française dans ce think-tank européen. Guigou, membre de policy network, a été hier d'un niveau nul à la tévé.

Pour l'AFP, il ne fait pas de doute que l'agence n'est pas anti-britannique. Mais il ne fait pas de doute non plus que l'homme qui a pondu la dépêche n'a pas cherché longtemps les informations à la source, se contentant de reprendre quelques éléments très partiels pris dans l'article de new scotsman.

Versac, no problemo. Fondons donc notre propre parti social démocrate, voire la branche française du New Labour. Encore que... Il nous suffira peut-être d'attendre la scission que nous prépare le bouffeur d'ortolans pour voir le paysage s'éclaircir.

Hugues : d'où vient ce chiffre de 22 000 £/an et que recouvre-t-il? Je ne le trouve pas sur statistic.gov.uk.

http://www.statistics.gov.uk/cci/nugget.asp?id=285

"The median annual pay for women increased by 5.3 per cent in 2004 to £18,531. Median annual earnings for full-time employees for the 2002-03 tax year stood at £22,060, up 4.2 per cent on the previous year. Males earned £24,236, up 3.8 per cent."

Merci. En fait, je me pose la question de savoir comment comparer avec les chiffres français (sachant que le PIB/habitant est assez similaire, avec un léger avantage pour le RU, mais qui dépend de la méthode de comparaison en PPA).

En 2002, d'après l'INSEE le salaire annuel brut *moyen* en France (pour un plein-temps) était de 27 852 €. La même note donne le salaire médian, mais en net (17 142 €). A supposer que le rapport moyenne/médianne soit le même pour les chiffres bruts et nets, le salaire brut médian serait d'environ 22 370 €. Soit grosso modo la même chose que le chiffre en *livres* au RU. Et le salaire médian britannique serait un peu en dessous du top 20% français (que je calcule, par approximation, à environ 33 700 €), ce qui confirme ton intuition.

http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/IP980.pdf

Je suis très sceptique, quand même, à propos d'un tel écart (plus de 40% d'écart!), qui cadre mal avec le faible écart des PIB/h (et des chiffres comparables pour la productivité par tête). En fait, je pense que les périmètres différents faussent la comparaison. Il faudrait trouver des données standardisées.

Je ne pense pas qu'il soit possible de comparer niveaux de revenus et PIB par habitant. Il faut aussi tenir compte de la pression fiscale et sociale, notoirement forte en France. Les salaires directs sont ainsi parmi les plus faibles d'Europe en dépit de coûts salariaux particulièrement élevés (plus encore qu'en Grande-Bretagne, à salaire net-net égal). Là encore, c'est juste une constatation, pas une opinion.

Votre étude est très intéressante. Je suis étonné par un chiffre : le salaire que vous annoncez pour un directeur de collège. S'agit il de collèges comparables à nos CES, ou de public schools ? Où avez vous trouvé ce chiffre ?

Merci d'avance

Bien cordialement,

Il s'agissait de l'équivalent d'un lycée (et d'un salaire maximum). Ce chiffre vient d'un article récent de The Economist. Je ne parviens pas à le retrouver via le site du journal mais je viens de localiser un document officiel avec les grilles de salaires des profs (page 26 et suivantes de http://www.teachernet.gov.uk/_doc/7102/ACF3966.doc ). Il faut regarder la qualification de HeadMaster et le maximum est en fait de 96 450 livres par an à Londres (un peu moins en province).

Mais les salaires de simples profs ne sont pas mauvais non plus, comme vous le découvrirez dans ce document...

sur le salaire des Headmasters.

Je me souviens en fait de cette histoire. Ne rêvons pas, chers adhérents du SNES et enseignants avides, tous les headmasters ne sont pas payés 150 KEUROS.

En fait, ce qui s'est passé, c'est que le gouvernement Blair a décidé de s'attaquer sérieusement à la question des écoles et lycées publiques (au sens français, pas britannique) dont les performances scolaires étaient anormalement basses par rapport à ce que l'on pouvait prévoir (failing schools). Leur idée était qu'en mettant le paquet financièrement, ils arriverait à attirer des équipes hors pair qui règlerait le problème (celà a marché). D'où le fait que certains (certains seulement) headmasters gagnent de petites fortunes. Mais encore une fois, tous ne gagnent pas ces sommes, et du coup le deficit public anglais est encore assez loin des 200% de PIB.

trés bon article comme d'hab Hugues.

Quelques nuances: le ps ne se résume heureusement pas à Emmanuelli et Mélenchon (mais tu le sais) même si ils font régner un terrorisme intellectuel de mauvais aloi.Il convient de renforcer les rangs du ps pour le tirer vers le réformisme.

Le labour laissera, quoi qu'on en dise un bilan social positif.Il est tout de même à regretter certains choix (Auquel les gauchistes amateurs de procés politiques résument Blair) comme les frais de fac (auparavant gratuite) ou la baisse de l'indemnisation des handicapés.

Pour le reste, ce gouvernement a a permis de fortes avancés, bien plus fortes que les autres gouvernements labour avant: salaire minimum(qui mériterait toutefois un p'tit coup de pouce, il n'a pas été revalorisé depuis sa création), priorité à l'éducation, baisse du chomage.

L'interessant en politique c'est le résultat, pas se payer de mots.

Excellent post que je découvre avec retard. Un point concernant les inégalités de revenu et de patrimoine : elles ont certes augmenté en Grande-Bretagne au cours des 20 dernières années; mais elles n'ont pas augmenté suffisamment pour rattraper... le niveau d'inégalité français.
Rappelons aussi que dans le système social français, 15% de la dépense va aux 20% les plus pauvres, alors que 25% de la dépense va aux 20% les plus riches. Les inégalités ne sont pas toujours là ou on le croit...

Bonjour, tout le monde,

Lis ce blog régulièrement avec intérêt, merci pour tout :-)

Alexandre, tu pourrais sourcer tes statistiques, qui me semblent intéressantes effectivement ?

Sur les inégalités :

http://www.geocities.com/gspaul_8047/inprog/draft1.pdf

Sur la dépense sociale :

http://www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/0521605202/qid=1111856851/sr=8-1/ref=sr_8_xs_ap_i1_xgl/402-7304658-0039333

Ok merci, j'ai de la lecture maintenant :-)

Quitte à parler nationalités des réalisateurs/trices,
d'aucuns se vexeraient que vous priviez ainsi Yolande de la sienne
mais personnelement je trouve ça plutot flatteur que la première réalisatrice francophone à laquelle vous pensiez soit une ptite belge ;-).

Bah, les Wallons sont des Français honoraires ; ils ont même un mouvement « rattachiste ». Mais de toute façon, le film en question est franco-belge et la Belgique est largement aussi déprimée que la France…

La Belgique je sais pas mais la Wallonie, ça c'est sur.
Et Bruxelles avec un taux de chômage de 20% et une inflation immobilière galopante fait une bien pâle capitale européenne.

Merci pour le "Français honoraires" ;-). Mais je ne suis pas sur que vous trouviez plus d'amateurs qu'il n'y a eu d'électeurs en faveur du parti dont vous parlez (RWF-RBF) aux dernières élections (26000 votes sur 2.8 millions d'électeurs).

http://elections2004.belgium.be/fr/wal/results/results_graph_etop.html
http://elections2004.belgium.be/fr/bru/results/results_graph_etop.html

Et au temps pour moi à propos du film.

réaction tardive à cet article posté il y a longtemps :
c'est roboratif!! L'auteur devrait venir au PS, ça nous changera du camp du Bien, du Bon et du Juste! On n'en peut plus!!

Hugues, je viens encore de démasquer un honteux article de propagande anti-Blair dans notre très sérieux quotidien du soir...

http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3214,50-745959,0.html

Vu sur le site
http://www.actuchomage.org

Plus d'emplois créés en France qu'en Angleterre en 15 ans


En quinze ans, de 1990 à 2005, la France a créé davantage d'emplois (2 520 000 : +11,25%) que l'Angleterre (1 520 000 : +5,82%). Le modèle libéral britannique n'est donc pas supérieur au modèle social français.

Les deux pays ont une population totale équivalente (60 millions d'habitants) et une population en âge de travailler voisine (37 millions). La population active (ayant un emploi ou au chômage) est un peu plus importante en Angleterre qu'en France (29 contre 27,6 millions).

De 1990 à 2005, la France a créé 2 520 000 emplois (+11,25%) contre 1 520 000 au Royaume Uni (+5,82%). Dans le même temps, la population en âge de travailler (de 15 à 59 ou à 64 ans) a augmenté d'une valeur équivalente dans les deux pays.
...

Pour résumer, devant une augmentation semblable de la population en âge de travailler dans les deux pays, la population active a beaucoup diminué en Grande Bretagne (1 210 000) du fait d'un retrait massif d'activité (préretraites et surtout invalidité), permettant une diminution du chômage de 580 000 personnes. En France, la population active a davantage augmenté que la population en âge de travailler (690 000) du fait d'une importante demande d'emploi, entraînant une augmentation du chômage de 520 000 personnes.

Ainsi, si la différence dans le nombre de chômeurs a augmenté en quinze ans entre la France et l'Angleterre, cela n'est pas du aux prétendus mérites du modèle libéral britannique mais à la mise à l'écart d'une partie importante de la population active. Les chômeurs ont surtout été transformés en invalides.
...

Un emploi à temps partiel dont la durée moyenne est de 23,2 heures en France et de 15,7 heures en Angleterre n'a pas la même valeur qu'un emploi à temps plein dont la durée moyenne est de 39,0 heures en France et de 37,2 heures en Angleterre.

L'emploi à temps partiel est beaucoup plus développé en Angleterre, avec des salaires réduits en conséquence. En 2005, 25,5 % des emplois anglais sont à temps partiel comparé à 17,2 % des emplois français.
...

Le nombre d'heures travaillées chaque semaine (environ 910 milliards) est identique en France et en Grande Bretagne, malgré un nombre d'emplois différent. Cela s'explique encore mieux en comparant la durée réelle du travail (ensemble des emplois à temps complet et à temps partiel) : 31,72 h en Angleterre et 36,28 h en France (par semaine).

Les statistiques sont plus tenaces que certains discours.

Voir plus de détails, avec tableaux statistiques, à cette adresse :

http://travail-chomage.site.voila.fr/britan/emploi_15ans.htm

(le texte complet peut être imprimé ... pour en faire bon usage d'ici 2007).


Un autre article est en préparation "Durée du travail : 32 heures en Angleterre" sur le même site :

http://travail-chomage.site.voila.fr/index2.htm

La duperie du modèle danois

Vu sur le site
http://www.actuchomage.org

Danemark et chômage : le modèle danois n'a aucun mérite

En 2004, le Danemark a plus de préretraités (187 200) que la France (139 700) pour une population active dix fois plus faible. Avec les autres mesures de marché du travail, le nombre réel de chômeurs est 2,52 fois le nombre officiel. Le taux de chômage réel devient 14,65 % au lieu d'un taux officiel de 6,38 %. La tromperie est dévoilée.
Avec une évolution de sa population active identique à celle du Danemark depuis quinze ans, non seulement la France n'aurait plus aucun chômeur officiel, mais le chômage réel serait résorbé pour l'essentiel. Et cela sans introduire une plus grande flexibilité des contrats de travail.

Si de plus la France avait eu recours à la même proportion de préretraites que le Danemark (6,78 % de sa population active), le chômage réel aurait entièrement disparu et beaucoup d'emplois à temps partiel seraient redevenus des emplois à temps plein.
Inversement, si la population active du Danemark avait augmenté dans la même proportion qu'en France (+12,1%), tout en créant aussi peu d'emplois (43 600 en quinze ans), le nombre de chômeurs aurait augmenté de 372 500 et le taux de chômage réel serait devenu 24,0 % de la nouvelle population active (après son augmentation).

Comme l'on voit, le succès apparent du Danemark ne doit rien à la flexicurité, mélange de flexibilité et de sécurité (discours bien connu). En fait, le modèle danois n'a aucun mérite pour résoudre le problème du chômage, une fois enlevés les artifices qui cachent le chômage réel et encore moins en tenant compte de la démographie de l'emploi.
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Au Danemark en 2004, pour un nombre officiel de 176 400 chômeurs, 268 300 personnes étaient enregistrées dans les "mesures de marché du travail" (labour market policy measures), des préretraites pour l'essentiel. Le chômage réel était donc de 444 700 personnes.
La population active étant de 2 766 300 personnes, le taux de chômage officiel était de 6,38 %. Mais, en réintégrant les 268 300 faux inactifs (préretraités ...) dans la population active, celle-ci devenait 3 034 600 personnes et le taux de chômage réel 14,65 %. Ce taux est un minimum, car ne prenant pas en compte les "invalides" pour raisons sociales.

En France en 2005, pour 2 420 000 chômeurs au sens de l'Anpe (catégorie Defm 1) et 2 717 000 chômeurs au sens de l'Insee, le nombre réel de chômeurs en équivalent temps plein était de 4 092 000, soit un taux de chômage réel de 14,53 % (compte tenu de la correction sur la population active) . Pour rester comparable aux données danoises, l'équivalent en chômage des emplois à temps partiel n'est pas pris en compte ici.
Voir l'article "Chômage officiel et chômage réel (2005)" sur le même site http://travail-chomage.site.voila.fr/chomage/chom_reel2005.htm.
----

Le modèle français est le plus honnête en matière de chômage, ou le moins habile pour en cacher l'étendue, comparé au modèle danois, anglais ou hollandais. Le recours aux préretraites massives est utilisé au Danemark, l'invalidité pour raisons sociales (sans réelle invalidité médicale) est la mesure principale en Angleterre (Royaume-Uni) et aux Pays Bas, ce qui n'empêche pas l'utilisation d'autres mesures pour cacher l'importance du chômage. Dans ces trois pays, le chômage réel est de deux à trois fois plus important que le chômage officiel et se trouve comparable au chômage réel en France.
----

Enfin, le Danemark produit et exporte du pétrole et du gaz, ce qui arrange beaucoup les finances publiques et permet de payer un nombre considérable de préretraites pour faire baisser le chômage apparent en diminuant la population active.
----

Voir http://travail-chomage.site.voila.fr/danois/dk_merite.htm

pour un document trés complet et de grande qualité, avec des tableaux statistiques et les sources utilisées. D'autres aspects y sont aussi abordés : indemnités de chômage, coût du travail, durée effective du travail.

> En effet, cela vaut vraiment la peine d'aller voir le document original car tout est bien expliqué avec des informations sérieuses et issues des sources officielles (citées). Le texte peut être imprimé avec tous les traitements de texte (rtf)
.

¤
( Vu sur le site http://www.actuchomage.org )

Durée du travail : 32 heures en Angleterre

La durée moyenne du travail, pour l'ensemble des emplois à temps complet et à temps partiel, est de 32 heures par semaine en Grande Bretagne et de 36,28 heures en France.

Ainsi, les français travaillent quatre heures de plus que les anglais chaque semaine.

La durée moyenne du travail en Angleterre est de 32 heures par semaine pour l'ensemble des personnes actives occupées : salariés (employee), indépendants (self-employed), aides familiaux de l'agriculture ou du commerce et autres personnes.

En valeur ajustée des variations saisonnières, la durée hebdomadaire est en moyenne de 32,1 heures pour l'ensemble des travailleurs britanniques, soit :
37,2 heures pour l'emploi à temps complet,
15,7 heures pour l'emploi à temps partiel.

Une proportion non négligeable des emplois anglais ont une durée inférieure à quinze heures par semaine et même à six heures par semaine. Pour le même coût, vous avez six travailleurs au lieu d'un, ce qui améliore les statistiques de l'emploi et diminue, en apparence, l'importance du chômage.
...

Les laudateurs du libéralisme économique voudraient nous faire croire que l'importance du chômage en France est due à la faible durée du travail dans notre pays. Le discours souvent répandu est aussi de faire croire que l'on ne travaille que 35 heures en France contre beaucoup plus dans les pays qui "réussissent" dans la lutte contre le chômage.

La durée du travail n'est pas de 35 heures par semaine en France mais de 39,0 heures pour le travail à temps complet ou de 36,3 heures en moyenne pour l'ensemble des emplois à temps complet et à temps partiel. En effet, la durée moyenne des emplois à temps partiel est de 23,2 heures et ceux-ci représentent 17,2 % de l'emploi total. Le calcul se fait donc en tenant compte de l'importance relative de chaque type d'emploi.

...

Mais, dirons les libéraux, avec tous ces congés payés et ces jours fériés, les français travaillent moins sur l'année entière que les anglais. Et bien non, la différence est seulement d'une semaine de congés payés et de trois jours fériés en moins en Angleterre, lorsque les jours fériés sont en semaine (ni samedi, ni dimanche).

Sur l'année, pour 45,4 et 47,0 semaines respectivement, la durée moyenne est :
- en France : 36,3 h x 45,4 = 1 648 heures annuelles,
- en Angleterre : 31,7 h x 47 = 1 489,9 heures annuelles, soit 10,6 % de moins.

Pour les seuls emplois à temps plein, vision partielle (partiale) de la réalité, nous avons :
- en France : 39,0 h x 45,4 = 1 770,6 heures annuelles,
- en Angleterre : 37,2 h x 47 = 1 748,4 heures annuelles
...

Plus de précisions à cette adresse :

http://travail-chomage.site.voila.fr/britan/32h.htm

(le texte complet peut être imprimé ... ).

Visiteur,

il y a un truc que je ne pige pas : si les anglais ont créé moins d'emplois, pourquoi leur taux d'emploi est-il plus élevé que le nôtre?? (on doit être à un peu plus de 60% et eux, à plus de 70%)

J'ai raté un truc là.

oups. la source :
http://abonnes.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-823161@51-822306,0.html

et au danemark c'est le même topo d'ailleurs :
http://www.fenetreeurope.com/php/page.php?section=actu&id=6459

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