Cette semaine d’émeutes aux portes de la capitale risque de porter préjudice au prestige international du modèle français. C’est dommage, tout ça n’étant en fait qu’une bête affaire de sémantique inappropriée...
Je n’ai pas beaucoup de sympathie pour Sarkozy, dont les grosses ficelles démagogiques ont été dénoncées ici à intervalles réguliers. Je n’ai pas beaucoup de sympathie pour Sarkozy, donc, mais je n’en ai guère plus pour les pleureuses bien intentionnées dont les sanglots se font entendre depuis le début des émeutes de Seine-Saint-Denis...
Car enfin, alors que les banlieues flambent et que quelques centaines d’encagoulés armés de barres de fer tirent à balles réelles sur des flics éberlués, est-il raisonnable de voir le débat se focaliser sur l’usage d’un vocabulaire insuffisamment diplomatique par notre ambitieux ministre de l’Intérieur ? Et, nonobstant les « Kärcher » et autres « racailles », est-ce vraiment la « sémantique guerrière » du wanabee président qui est à condamner de toute urgence, rue de Solferino comme à Matignon ?
Au moins autant que n’importe quel éditorialiste du Monde Diplo, je suis tout à fait capable de comprendre pourquoi c’est à Clichy-sous-Bois, plutôt qu’à Neuilly-sur-Seine ou à Levallois, que les voitures se révèlent le plus fréquemment combustibles. Un habitat morne et dégradé, un chômage massif et durable, une carence manifeste de l’Etat à remplir ses missions de base, un taux d’échec scolaire phénoménal, une juxtaposition de communautés ethniques et religieuses absurdement antagonistes... Clairement, le potentiel explosif d’un tel cocktail n’étonnera que ceux qui acceptent de l’être. Mais ma capacité à saisir à quel point un environnement aussi délétère est susceptible de conduire à ces débordements ne m’empêche pas d’apprécier pour ce qu’elles sont les opérations commandos des fachos de banlieue – fachos de banlieue dont l’attitude n’a plus grand-chose à voir avec le « malaise confus d’une jeunesse désorientée et rebelle ».
Dans l’histoire du Kärcher, la question de la mort d’un gamin de onze ans, victime d’une balle perdue, avait déjà été escamotée au profit d’un débat sur la volonté de Sarko de passer La Courneuve au nettoyeur haute-pression. Mais se mettre en colère – ou, à tout le moins, feindre de se mettre en colère – en évoquant les barbares qui, lorsqu’ils ont un compte à régler, n’hésitent pas à sortir les fusils, était-il si scandaleux ? Et l’indignation qui prévaut à l’égard de n’importe quel colleur d’affiches du FN assassinant un ado comorien, de n’importe quel skinhead imbibé de Kronenbourg jetant un passant à la Seine, n’était-elle pas de rigueur dans ces circonstances ? Pour Clichy-sous-Bois, c’est à nouveau la référence à un mot dont, rappelons-le en passant, s’affublent eux-mêmes, non sans fierté, les vengeurs masqués des cités, qui serait la racine du problème...
Bernard Tapie, « leader politique » à peu près aussi crédible que le hobereau hongrois des Hauts-de-Seine, avait été le seul, il y a quelques années à exprimer publiquement que les électeurs de Le Pen étaient des « salauds ». A gauche comme à droite, où l’on espérait toujours récupérer un jour ces brebis malencontreusement égarées, il n’était malheureusement pas question de proférer une telle évidence. Pour autant, les sympathiques porteurs de béret-baguette glissant, scrutin après scrutin et en toute connaissance de cause, un bulletin du FN dans l’urne avaient largement épuisé leur capital-indulgence.
Ne briguant moi-même aucun mandat, je n’avais eu aucune pudeur à suivre l’ex-patron de l’OM sur ce terrain (sic). Quelles que soient leurs motivations spécifiques, les électeurs du Front National étaient – et demeurent – d’authentiques salauds appelant de leurs vœux le retour à un ordre dont je préfèrerais me passer. Mais quid des nervis de banlieue, ces fameux sauvageons chers à Chevènement du point de vue desquels photographier un lampadaire est passible de la peine de mort ? Les qualifier de « racailles » serait-il à ce point inapproprié ? Quid des brûleurs de bagnoles, des pourrisseurs de vie, des caillasseurs de bus, des machos de local à ordures, des incendiaires de boîtes aux lettres ? Un froncement de sourcil trop appuyé risquerait-il de les pousser dans leurs derniers retranchements ?
N’en déplaise à mes lecteurs les plus, hum, progressistes, les brutes faisant régner la loi de la jungle sur quelques hectares de béton en bordure de périphérique ne valent pas plus cher que les adorateurs de Jeanne d’Arc trouvant le réconfort dans la vulgate raciste et totalitaire élaborée par un ancien tortionnaire borgne.
Ma fille de neuf ans sait déjà – elle le savait même à trois ou quatre ans – ce que sont un pompier, un autobus ou un facteur. J’ai donc du mal à croire que les « jeunes » qui interdisent l’entrée de leur territoire aux camions rouges surmontés d’un échelle et remplis de types en combinaison ignifugée, puissent interpréter cette intrusion comme une nouvelle tentative de répression de la part d’un Etat policier raciste et brutal. De même, l’idée qu’une fourgonnette aux couleurs d’EDF soit confondue avec un car de CRS me laisse assez dubitatif. Il est pourtant désormais admis qu’un rebelle en Lacoste, assimilant confusément ces différents services aux instruments de la politique répressive du gouvernement, se livre en fait à une critique symbolique de l’oppression des masses lorsqu’il passe à l’attaque.
Même un Daniel Vaillant sait bien, désormais, qu’une délinquance organisée et structurée a tout intérêt à ce que la présence de l’Etat ne vienne plus gêner les trafics variés dont les cités sont le théâtre. Même un Azouz Begag doit avoir été informé de la manière dont les caïds utilisent et orientent la violence des bandes à des fins assez peu sociales. Mais qu’à cela ne tienne, la description frontale, sans fard, de la situation est rigoureusement interdite sous peine de passer pour une crapule, au mieux sarkozyste, au pire lepéniste.
A mon sens, dire ces choses n’est ni l’un ni l’autre. Et s’il fallait s’offusquer de quoi que ce soit au-delà des faits eux-mêmes, de cette transformation d’un département entier en champ de bataille, penchons-nous plutôt sur la terrible hypocrisie de politiciens ne percevant ces émeutes que comme une nouvelle opportunité tactique : légitimation d’un discours musclé pour Sarkozy, Le Pen, ou Villiers ; manière de dégommer l’encombrant prétendant au trône pour le duo Villepin-Chirac ; preuve de l’immense incompétence de la droite pour la gauche...
Mais rappeler aux uns et autres que, d’alternance en alternance, de virages vers la répression en retours vers la prévention, les choses n’ont fait que s’aggraver en trente ans, est à peu près impossible. Constater que les réponses pavloviennes du PS (« Plus de travailleurs sociaux, voyons ! ») et celles de la droite (« Mais non, plus de flics ! ») ne sont que les deux faces d’une même lecture usée, inefficace, grotesque d’une situation que la France est à peu près le seul pays européen à connaître, au grand dam des thuriféraires du fameux « modèle français ».
Alors, que faire ? Un tas de choses, assurément, mais dans le cadre d’un vrai débat qui ne se réduirait plus à la stratégie court-termiste de l’un de nos soixante-douze présidentiables. Un tas de choses commençant sans doute par le refus de cet angélisme hallucinant figeant les personnages de la pièce dans leurs rôles : flic-nazi, loubard-ado en révolte légitime. Un tas de choses commençant surtout par la réalisation qu’un pays sans croissance, empêtré dans son chômage de masse, enfermé dans ses jeux de rôles obsolètes, ne sera jamais capable de répondre à ce genre de défis.
© Commentaires & vaticinations
clap clap clap
Rédigé par : Eolas | jeudi 03 novembre 2005 à 20:19
Un pays qui continue aussi a se raconter des belles histoires comme quoi il n'y a pas de minotités ethniques en France et que la France est uniquement composée de Français... Une belle hypocrisie afin de toujours écarter une approche réaliste et pragmatique de ce genre de problème. C'est à dire une approche qui tiendrait compte de l'existence de "communautés" ethniques, notamment. Mais ça, c'est encore une hérésie...
Rédigé par : Jules | jeudi 03 novembre 2005 à 23:20
D'accord avec ton commentaire, mais quand tu dis les banlieues, quand la presse dit "les banlieues", c'est de la région parisienne qu'il s'agit. Le reste de la France ne connaît pas encore l'intifada c'est un problème parisien, depuis 8 jours.
Rédigé par : all | vendredi 04 novembre 2005 à 08:23
Je ne suis pas sûr de bien suivre ta dialectique. Tu expliques substantiellement qu'on ne doit pas considérer que les individus qui caillassent des camions de pompiers sont en agression symbolique envers l'État. Mais tu enchaînes aussitôt sur l'affirmation qu'en fait cette violence a bien pour but d'évincer toutes les représentations de l'État du territoire de ces bandes violentes. Ça me semble hautement contradictoire.
Rédigé par : Thomas | vendredi 04 novembre 2005 à 10:46
Thomas,
Je ne comprends pas de quelle contradiction tu parles. Je considère que la violence "ordinaire" des caillasseurs n'est pas "politique", au sens où elle est sans projet spécifique et n'est qu'abusivement attribuée à une hostilité à l'égard des symboles de l'Etat. Ainsi, elle touche sans discrimination la police, les pompiers, les entreprises, les commerces, les immeubles d'habitation, les voitures des gens du coin...
Il s'agit d'une violence gratuite, quasiment ludique, même si elle est légitimée a posteriori par les analyses creuses de ceux que je me suis amusé à qualifier de "pleureuses" (ce à quoi les caillasseurs, qui regardent la télé, sont sensibles).
Mais à un second niveau, et lorsque cette violence est instrumentée par les caïds, elle peut effectivement être dirigée contre la présence concrète d'une autorité susceptible de gêner ou d'empêcher le business.
Rédigé par : Hugues | vendredi 04 novembre 2005 à 11:20
Hugues, pour continuer le shmilblik,
En raisonnant selon la logique de Clausewitz, cette violence étant gratuite, "quasiment ludique", elle ne poursuit donc aucun objectif politique. Une violence qui ne poursuit aucun objectif politique ne répond donc à aucune stratégie. Contrairement à ce que dit Sarkozy, il n'y a là rien de prémédité ni d'organisé (puisque absence de stratégie). Par conséquent ces évènements relèvent purement et simplement du maintien de l'ordre public.
A cet égard, il est intéressant de constater la stratégie de Nicolas Sarkozy qui privilégie l'approche par "l'ennemi interieur". En gros, il chercher à expliquer que cette violence n'est pas gratuite (car cela signifierait l'échec de bon nombre de politiques sécuritaires et/ou sociales, de droite et/ou de gauche), mais qu'elle est l'instrument de "groupes organisés", qui ont donc une stratégie, qui cherchent a destabliser la paix sociale en France.
C'est une approche absolument malhonnête qui vise, une fois de plus, a ne surtout pas prendre le problème à la racine.
Rédigé par : Jules | vendredi 04 novembre 2005 à 11:52
Très bon.
Un bémol cependant : « hobereau hongrois des Hauts-de-Seine », n'est-ce pas ramener NS à ce qu'il n'est pas, n'a jamais été : un hongrois. Le stigmatiser comme "autre", comme "étranger" qui jamais ne s'est senti comme tel, n'est-ce pas une forme de xénophobie ?
Rédigé par : sk†ns | vendredi 04 novembre 2005 à 12:06
All : c'est un problème français depuis trente ans au moins.
à notre hôte : ton article comporte énormément de clichés et de préjugés, que je ne vais pas relever un par un ici. Mais au-delà de ça, sa limite essentielle est qu'il en reste à la pure indignation morale et ne contient aucune analyse politique du phénomène ; il ne permet donc pas de sortir de l'alternative des « les deux faces d’une même lecture usée, inefficace, grotesque », lecture dont ton billet ne sort pas, parce qu'il continue à traiter les « banlieues » comme un ensemble séparé de la France, et à assimiler implicitement émeutiers, truands, loubards, galériens et mères de famille (catégories qui ne sont absolument pas étanches ! on peut être tout à la fois, ou relever seulement d'une, ou deux, ou plus…). Or ce sont bien des mères de famille qui ont été insultées par les C.R.S. (avant le gazage de la mosquée) ; ce sont bien évidemment les plus violents de leurs enfants — et donc proportionnellement les plus délinquants bien sûr — qui ont réagi par l'émeute.
Rédigé par : Cobab | vendredi 04 novembre 2005 à 13:09
petite précision avant de me faire traiter d'islamogauchiste : je partage évidemment ton indignation morale (bien que dans sa formulation elle renvoie je trouve trop facilement dos à dos fafs et émeutiers). Mais, comme on me l'a suffisament seriné à propos du FN, justement, elle ne mène à rien qu'à radicaliser davantage ceux qu'elle condamne.
Rédigé par : Cobab | vendredi 04 novembre 2005 à 13:12
Cobab,
Il est regrettable que tu ne prennes pas le temps de m’expliquer, dans le détail, l’inanité de mon point de vue. Si mes préjugés, plutôt que mon expérience et ma capacité d’observation, fondent ce papier, tu pourrais avoir la courtoisie de me remettre les idées en place. Me laisser comme ça, tout seul, dans le noir, avec tous mes clichés, c’est un peu limite.
Ceci dit, et en ce qui concerne « l’indignation morale » qui me servirait d’ « analyse politique », permets-moi, justement, de revendiquer la possibilité de m’indigner sincèrement, en fonction de valeurs éminemment morales. Entre les deux concepts, je n’ai pas à choisir au nom de la supériorité que tu sembles accorder à la froide analyse fonctionnelle et mécaniste...
Mais où es-tu allé chercher cette idée, dans mon texte, d’une assimilation entre « émeutiers, truands, loubards, galériens et mères de famille ». Mon souhait est précisément d’appeler un chat un chat, les loubards des loubards, les racailles des racailles, et certainement pas de jouer de l’amalgame. Je ne savais pas, d’ailleurs, que des mères des familles avaient été coincées en train de brûler des bagnoles. Mais si cette information venait à tomber, il faudrait effectivement que je prolonge mon analyse (si j’en suis capable, évidemment).
Donc, oui, je suis clairement en faveur d’une répression ferme lorsqu’il est question de la violence gratuite de crapules que leur parcours difficile ne légitime pas, sauf à considérer, ce que font certains, que toutes les crapules devraient voir leurs crapuleries légitimées par leur enfance malheureuse (Dutroux ? Saddam Hussein ? Adolf Hitler ? Thierry Paulin ?). Je suis également --qui en doute ?-- partisan d’une approche sociale et d’un travail de longue haleine permettant de faire avancer les choses. Mais je crois justement sortir de l’alternative obsolète que je dénonce en suggérant de regarder au-delà de ces colmatages inefficaces.
Loin de considérer que les banlieues ne sont pas en France (quelle idée...), je crois justement qu’elles résument, et même caricaturalement, tous les problèmes de ce pays. Ce dont les banlieues ont besoin, comme le reste des Français, c’est de croissance et d’emplois et ce genre de stimulant n’est pourtant proposé par personne, l’idée que ce libéralisme qui nous fait si peur fasse partie de la solution confinant à l’anathème.
Enfin, sur la question de ton « islamo-gauchisme » présumé, là encore, c’est une affaire entre toi et toi : je ne me souviens pas, en effet, d’avoir introduit la question religieuse dans mon analyse, en dépit de mon manque de rigueur politique et de mon aveuglement moral.
Rédigé par : Hugues | vendredi 04 novembre 2005 à 15:16
Les français sont de brillants intellectuels. Depuis 40 ans, c'est celui qui fait le plus beau discours qui a raison. Et le citoyen applaudit l'artiste... comme un soir de 14 juillet les feux d'artifice. Mais voilà, la réalité ne se laisse pas soumettre aux mots, et les problèmes ne font que croitre tandis que tel ou tel ministre, de droite ou de gauche, nous pond un nième "plan pour la ville". Il faudrait commencer par voir la réalité en face ( pas besoin d'un cent cinquantième rapport !): que nos politiques aillent VIVRE dans une banlieue, qu'ils se frottent un peu avec le quotidien des gens, que l'état fasse son boulot au lieu de s'occuper- très mal- de ce qui ne le regarde pas. Je suis persuadé qu'on prendrait vite des mesures pratiques; pas forcément "novatrices" ou "modernes" , mais efficaces. Il a fallu du temps pour que la situation des ces banlieues se dégrade à ce point et il en faudra aussi pour les réhabiliter... mais si on ne commence pas maintenant, qu'est-ce que demain nous réserve?
Rédigé par : zebulon2 | vendredi 04 novembre 2005 à 17:21
La France n'est pas le seul pays Européen à avoir des problèmes sérieux d'intégration de ses populations immigrées ou issues de l'immigration.
Tout en gardant en mémoire que c'est ici que l'on compte la plus grande population musulmane d'origine Arabe et qu'un effet de masse rend la chose plus visible, n'oublions pas les affrontements extrêmement violents à Londres entre les Pakistanais et les Jamaïcains; la violence d'une jeunesse manipulée pas des tenants d'un islamisme étroit en Hollande, où une députée musulmane est obligée de vivre en exil, sa vie étant clairement en danger.
A l'inverse, les Danois surréagissent et se mettent petit àpetit à appliquer des politiques ouvertement ségrégationnistes.
A propos de ségrégation, je trouve, Hugues, que vous occultez l'aspect racial des violences en France (même si vous nous renvoyez à un article du monde).
Il est plus difficile pour un jeune Beur de faire sa place dans notre société soi-disant égalitaire, que pour un From (Céfran) de base.
C'est ainsi et ce n'est pas négligeable.
N'ironisons pas trop sur le thème de la "jeunesse désorientée et rebelle".
Il s'agît d'une jeunesse, parquée, humiliée, stigmatisée et donc rebelle. Tout ceci n'est pas sans rapport avec les émeutes de Watts à Los Angeles dans les années 60: mêmes causes, mêmes effets, ou après l'affaire Rodney King.
Franchement, que feriez-vous si vous étiez un petit Beur de 16 ans, qui voit passer la vraie (croit-il) vie à la télé parsemée de pubs vantant sans cesse l'inaccessible?
Mais un point(au moins;-) sur lequel je suis absolument d'accord avec vous: on ne peut pas tout mettre sur le dos du Sarkokarcher, que j'aime autant que vous.
Rédigé par : leblase | samedi 05 novembre 2005 à 21:30
Des centaines, des milliers de jeunes de banlieue n'ont pas appris d'autres règles de vie en société que celles de l'honneur et de la loi du plus fort au sein de leur bande.
On voit le résultat aujourd'hui comme on l'a vu hier à Strasbourg et avant hier à Vaux en Vélin
Et tout ce que les hommes politiques trouvent à faire, c'est d'essayer d'instrumentaliser ces événements au profit de leur avenir personnel ou collectif de parti.
Il est vrai que Sarkozy a su affirmer la nécessité de rétablir l'autorité de l'Etat comme celle de promouvoir la discrimination positive.
Mais quand deux jeunes meurent, il n'est pas normal de commencer à affirmer que les policiers n'y sont pour rien
La norme dans un état de droit devrait être de lancer une enquête sur toutes les causes de l'accident mortel, en désignant le responsable et en expliquant les mesures qui vont être prises pour que la lumière soit faite sans à priori sur tous les aspects de l'affaire
Ce n'est qu'à cette condition que l'on pourra progressivement montrer la supériorité de l'Etat de droit sur les communautarismes ou les méthodes des bandes
Rédigé par : Verel | samedi 05 novembre 2005 à 22:57
Je vois beaucoup de personnes dans ces commentaires qui utilisent le mot "Beur". Ce mot n'est aujourd'hui utilisé par personne dans les banlieues et sonne vraiment ridicule. Il sonne très bobo parisien qui n'a jamais mis les pieds en banlieue. Je rappelle donc que beur vient du verlan du mot "arabe" (arabe->beura->beur). A la mode dans les années 80, "beur" a été remplacé il y a une dizaine d'années par "reubeu" (verlan de beur: beur->reubeu). Veuillez donc utilisé "arabe" ou "reubeu", mais plus "beur" svp. Dès que quelqu'un utilise le mot beur (un journaliste, homme politique, ou personne quelconque croyant faire "chébran"), vous pouvez être sur que vous avez affaire à un type qui ne connait rien à la situation du terrain.
Bien le bonsoir.
Rédigé par : Vocab | dimanche 06 novembre 2005 à 00:05
Ceux qui pointent l'échec de la politique sécuritaire de Sarkozy n'ont rien compris. Si notre fringant ministre de l'Intérieur a décidé d'organiser ce concours de brûlage de voitures, c'est pour réduire à la fois l'insécurité routière et la pollution automobile. Et ça marche : d'abord expérimentée sur le département pilote de la Seine-Saint-Denis, cette méthode originale a été étendue, suite au succès de l'opération, à l'ensemble de la région parisienne et à la France entière, avec la réussite que l'on sait. Moins de vieilles voitures = moins d'accidents et moins de pollution. CQFD. Il fallait y penser. Cela permet en outre de stimuler le marché automobile (au moins celui des véhicules d'occasion) et donc de relancer la croissance. Alors moi je dis : vive l'imagination en politique ! Bien sûr, certains esprits chagrins pourront faire remarquer qu'un Le Pen aurait pu obtenir plus de participation et de meilleurs résultats en empruntant des expressions comme "sales bougnoules" plutôt que de se contenter du terme "racaille" (un peu léger), il n'empêche : nous sommes sur la bonne voie de la sécurité routière et du développement durable.
Rédigé par : Cobalt | dimanche 06 novembre 2005 à 13:15
Pour infos cobalt, des voitures brulaient en banlieue bien avant sarkozy place beauvau...C'est même devenu la tradition de la saint sylvestre depuis une dizaine d'années...
Sarko est peut-être le seul à appeler un chat un chat et à vouloir faire changer les choses. Ce que n'aiment pas les "sauvageons"....Un type qui brûle des voitures est une racaille. Ce n'est pas un ange.
Parions que sous peu des militaires israeliens viendront former notre armée à des méthodes de pacification en milieu urbain...
Rédigé par : Lili | dimanche 06 novembre 2005 à 14:22
Lili, c'est assez grave de comparer la situation en France à celle en Israël. Tu veux dire que le problème c'est que la population de ces banlieues est musulmane dans une grande proportion ? Ou peut-être que l'Etat mène une politique d'occupation militaire dans ces quartiers ? Prones-tu la construction d'un mur ou des assassinats ciblés ?
La délinquance violente est rarement le fait des plus priviliègés. Si tu rajoutes les préjugés que tu véhicules et qu'une bonne partie de l'opinion pense comme toi, y'a de quoi péter un plomb et bruler des voitures.
Rédigé par : François | dimanche 06 novembre 2005 à 16:24
A part renvoyer tout le monde dos à dos et traiter tout le monde de médiocre dans un style ampoulé, vous proposez quoi ? Ah oui il suffit de sortir de ces jeux de rôle obsolètes, de relancer la croissance et de renoncer au chômage de masse. Et pour ça on fait comment docteur ?
Rédigé par : bandito | lundi 07 novembre 2005 à 14:26
Prais ne brûle pas, ce n'est pas la guerre civile même s'il s'agit peut-être des troubles de l'ordre public les plus importants depuis Mai68
Remarqu'on qu'il n'y a aucun mouvement de gréve et aucun mot d'ordre de la part des syndicats... pas de complot gauchiste, mais des voyous et des paumés qui "jouent" au bras de fer avec la police, les autorités quitte à faire beaucoup de dégâts collatéraux.
que faire? des actes symboliques*, de la répression, et surtout pas de "bavure" qui acroîtrait l'aura des incendiaires...
*le premier ministre pourrait aller tenir une réunion publique en banlieue, ou n débat à la télé en plus de l'assemblée...
Rédigé par : François | lundi 07 novembre 2005 à 15:07
Applaudissements nourris sur les bancs-- on ne saurait mieux dire.
La démagogie de ceux qui dénoncent Sarko est au moins égale à celle d'Iznogoud.
L'électoralisme qui cible les djeunz est aussi affligeant que l'électoralisme qui a les bons bourgeois en ligne de mire.
Les débordements vocaux de tout poil (l'autre droitier de l'UMP dont j'ai oublié le nom et qui appelle à la création de brigaes répressives, tout comme les socialistes bêlants qui appellent à la démission de Sarko) n'appellent que mépris.
Des banlieues brûlent, c'est entendu. Les types qui les font brûler n'ont pas eu toutes les chances dans la vie, nous sommes d'accord. Mais notre société repose sur un autre modèle que "ceux qui ont moins de chance peuvent tout casser" (ou alors j'ai dormi trop longtemps).
Et légitimer la violence, même de gens déshérités, c'est ouvrir la porte à tous les abus. "Je suis jeune blanc éduqué intégré BAC+7, je travaille dans une boîte, mon boss préfère le type d'à côté parce qu'il trouve que je raisonne de travers, et je perds mon boulot. Bang! J'incendie la boîte, c'est normal, les travailleurs sociaux n'ont pas fait leur boulot".
Rédigé par : Octavo | lundi 07 novembre 2005 à 16:52
Bandito,
Comment on fait ? Disons, dans un style moins ampoulé et plus accessible, qu'on peut faire comme les autres, c'est à dire comme les pays qui se sont donnés les moyens de sortir du chômage de masse. Les recettes sont assez connues, de la Suède au Danemark, de la Grande-Bretagne à l'Australie. Et que le pays qui se trouve dans un tel état, en quasi guerre civile, ne vienne pas expliquer que ces méthodes ne sont pas adaptées à notre fabuleux modèle social.
Rédigé par : Hugues | lundi 07 novembre 2005 à 17:32
On vous l'avait bien dit : tout ca, c'est la faute au rejet de la constitution européenne ;-)
Rédigé par : Aucune importance | lundi 07 novembre 2005 à 17:55
C'est un peu simpliste, je crois, de dire qu'en l'absence de stratégie politique claire, la violence est « gratuite ». En disant cela, on balaie son étiologie sous le tapis. En la considérant comme « une question de maintien de l'ordre », qui se traite seulement par la fermeté, on recherche seulement la cure du symptôme. Or, je crois que la nécessité à laquelle toute la société républicaine doit faire face aujourd'hui, la question qui nous est posée à tous, c'est précisément celle des *racines* du mal. La violence ne sort pas de nulle part, elle résulte d'un climat délétère durable et profond.
Comme tu le dis toi-même, d'ailleurs, la seule réponse efficace est une réorganisation de fond du tissu social, passage obligé pour réintégrer ceux qui, actuellement, veulent casser tout ce qui ressemble à la société structurée en général (l'État, mais pas seulement : aussi les services publics, les écoles, les voitures des gens, les magasins de proximité) dans le contrat social.
Rédigé par : Thomas | lundi 07 novembre 2005 à 23:16