DSK en appelle à « une riposte unitaire de grande ampleur » contre la « nouvelle provocation » que représente le CPE. Ce sera sans moi.
Ce qu’il y a de bien, avec une mesure comme le Contrat Première Embauche, c’est sa capacité à nous rassurer sur la constance de nos réflexes archaïques. La planète peut bien vaciller sur son axe et les Chinois troquer leur bol de riz quotidien pour une Ferrari, rien ne vaut un bon vieil appel à la mobilisation unitaire contre une bonne vieille mesure socialement régressive pour apaiser nos angoisses existentielles. Pourquoi s’inquiéter, après tout, puisque rien ne change jamais ?
La droite, cet assortiment hétéroclite de suppôts du grand capital, d’héritiers du Comité des forges, de collaborateurs, de bigots, de réactionnaires, d’affameurs et d’exploiteurs s’organise, chaque fois qu’elle en a l’occasion, pour mieux démolir le tissu social et renforcer ses privilèges exorbitants. Mais qu’à cela ne tienne : la gauche, admirable alliance de générosité, d’esprit de partage et de solidarité, saura bien dénoncer l’iniquité de la manœuvre et en appeler à la défense d’un modèle social lâchement agressé.
Chacun sait ça. Les méchants sont méchants et les gentils gentils.
Le CPE, dans ce contexte, est donc le prototype de la mesure méchante. Remettant en question les principes sacrés du Code du Travail, ce véritable nouveau testament laïque, ciblant les « jeunes » et réminiscent de pratiques « anglo-saxonnes », il devra être dénoncé avec la dernière énergie par les forces de progrès enfin rassemblées — du PC à LO, des Verts à la Ligue, du MDC au PS de synthèse…
Ayant moi-même définitivement rejoint le camp des méchants (enfin, pas tout à fait puisque je crois savoir que les rocardo-blairistes peuvent encore être sauvés par un acte de contrition parfaite), je me permettrais de m’étonner qu’un autre méchant putatif puisse se laisser aller à jouer les gentils avec autant d’aplomb. DSK, puisque c’est de lui qu’il s’agit, serait donc sincèrement révolté par l’idée d’un dispositif permettant aux 25% de jeunes Français sans emploi d’en trouver un... Tellement révolté, en fait, qu’il se verrait bien défiler entre République et Nation aux côtés d’Olivier, d’Arlette et de Marie-Georges, une agression d’une telle magnitude valant bien la suspension provisoire de querelles aussi stériles que fratricides.
Come on, Dominique, give us a break… Je ne te crois pas. Et même Olivier, Arlette et Marie-Georges — qui savent bien que, social-traître un jour, social-traître toujours — ne te croient pas non plus. Tiens, demande à Laurent : il te racontera comment il a été reçu à la dernière fête de l’Huma, ses efforts constitutionnels n’ayant manifestement rien donné.
Je ne te crois pas lorsque tu prétends qu’une mesure pareille n’est qu’une « provocation ». Je ne te crois pas lorsque tu soutiens qu’aucune création nette d’emplois n’a été enregistrée grâce au CNE, grand frère du CPE. Je ne te crois pas lorsque tu assures que ces « mauvais contrats » devront être « licenciés sans préavis » si la gauche, hypothèse hautement improbable, revenait au pouvoir en 2007.
Evidemment, le fait que je ne te croie pas ne t’empêchera probablement pas de dormir. Les rocardo-blairistes, tous les sondages l’indiquent, demeurent quantité négligeable et la masse critique ne pourra être accumulée qu’en flattant les amateurs de facteurs joufflus. Le problème est tout de même qu’à force de ne pas convaincre sur ta gauche et de t’éloigner de ceux qui te percevaient comme le plus à même d’amener le PS à s’émanciper, tes options vont finir par se raréfier.
La droite britannique, que l'on donnait pour morte après l'épuisement d'une kyrielle de leaders tous plus médiocres les uns que les autres, est peut-être en passe de se reconstruire depuis qu’elle s’est dotée d’un type ayant décidé d'offrir une « vision nouvelle » — en rupture radicale avec la tradition de démagogie et de conservatisme réactionnaire qui était devenue la marque de fabrique des tories.
Dans un discours surprenant, David Cameron, le leader en question, s'est ainsi affirmé partisan d'une « opposition constructive », capable de « soutenir le gouvernment lorsqu'il fait ce qu'il faut faire », sans pour autant se priver de défendre clairement ses idées et sa vision d'une Grande-Bretagne plus respectueuse des femmes, des minorités et de l'environnement... Excusez du peu.
La droite anglaise, héritière de Thatcher, serait donc en mesure de se remettre en question au point de revisiter son canon anti-blairiste, n'hésitant pas à faire l'impasse sur la frange la plus rassise de son électorat traditionnel, quand un même un DSK resterait incapable de défendre des idées autrefois portées sans complexe ? Ce serait bien dommage. C'est bien dommage.
© Commentaires & vaticinations
Comme tout cela est bien dit ! Moi il me sort par les poils du cul le DSK, et tous les autres malhonnêtes. 2 embauches dans mon agence depuis le CNE. Sans ça on ne pouvait pas... C'est tout.
Rédigé par : Vinvin | mercredi 25 janvier 2006 à 07:58
Au poil, cette analyse (et quelle plume). Merci.
Rédigé par : Richard G. | mercredi 25 janvier 2006 à 08:13
Vous n'inversez pas CNE et CPE là? Le grand frère c'est le CNE, et le petit qui permettra, selon vous, de résoudre le problème du chômage des jeunes, c'est le CPE. Non ?
Rédigé par : pikipoki | mercredi 25 janvier 2006 à 09:38
D'abord, c'est le CNE qui est venu après le CPE.
Deuxio, 50 000 emplois créés depuis juin, un chômage qui recule de 110 000 personnes ... Ca ne choque pas ?
Le nombre de CNE signé a été obtenu par sondage ... et près de 80 % des contrats correspondent d'après le même sondage à des emplois qui auraient été pourvu de toute façon.
Le CNE, comme le CPE, met l'emploi créé à l'essai. Comme disait un chef d'entreprise de ma connaissance (et pas forcément communiste) : quand une entreprise crée un emploi, elle fait des prospective, elle a un plan de développement, elle a déjà financé le poste ou elle est en passe de le faire. Si le capital est rémunéré, et en ce moment, il l'est plutôt bien, c'est pour rémunérer le risque. Avec le CNE CPE, aucun risque, puisque le contrat peut être rompu du jour au lendemain lpendant 2 ans.
Effets pervers prévisibles : au bout de 6 mois de chômage, un chômeur de moins de 26 ans peut signer un contrat exonéré de cotisations pendant 3 ans. Pourquoi une entreprise engagerait elle un jeune ayant moins de 6 mois de chômage (OK elle le faisait pas avant, mais comme je viens de le dire, l'effet induit du CNE est au mieux fortement incertain, au pire nul). Donc en gros, on précarise un peu plus les personnes non ou peu qualifiée (qui n'en avait pas besoin).
Alors évidemment, il y a des mesures qui pourraient être positives (droit à la formation, locapass). mais justement, sans locapasse, je ne vois pas quel bailleur serait suffisamment cinglé pour louer à un titulaire de CPE ...
Comme toujours, l'entrave à la création d'emploi, ce sont les droits des employés. Je crois que Strauss Kahn se souvient aussi qu'il a été ministre d'un gouvernement à qui on a reproché les 35 heures, mais sous lequel (toute la durée de la législature) furent créés 2 000 000 d'emplois, le chômage réduit de 1 000 000, les comptes sociaux équilibrés, et le déficit budgétaire réduit) ... Il est pragmatique, non ??
Rédigé par : Simon | mercredi 25 janvier 2006 à 10:19
Vinvin,
Deux embauches ? Et je suppose que tu te prépares déjà à les virer sans préavis juste avant la fin des deux ans pour en prendre deux autres plus frais... Salaud d'patron ! Vil profiteur !
Richard G.,
Merci en retour.
Pikipoki, Simon,
Effectivement, j'avais inversé deux lettres dans cette histoire de contrat à double détente. Les lecteurs, comme on dit, avaient sans doute rectifié d'eux-mêmes mais j'ai quand même modifié le texte pour plus de clarté.
Autrement, je ne dis pas que le CPE sera la solution ultime au chômage des jeunes. Mais je pense qu'il s'agit d'une tentative de reproduire ce qui marche ailleurs et que les propositions alternatives ne se bousculent pas au portillon.
Et lorsque j'entends que seuls "20%" des emplois déjà créés via le CNE sont des créations nettes, hors effet d'aubaine, je me demande si nous habitons sur la même planète. D'abord parce que le chiffre en question est plus près des 30% d'après Fiducial, et ensuite parce que sur les quelque 250 000 contrats concernés, ça représente tout de même la bagatelle de 70 000 jobs. Une paille, quoi... (http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0,50-733934,0.html)
Et soutenir que ce nouveau contrat précarise les jeunes revient à oublier qu'il faut désormais près de 11 ans avant de décrocher un emploi qui ne soit ni un stage ni un CDD dans ce pays. La précarité, c'est la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui.
Rédigé par : Hugues | mercredi 25 janvier 2006 à 10:42
Hugues, je t'aime bien, mais tu m'embrouilles aves les gentils et les méchants, je ne sais plus qui est qui, je suis perdu, sans ressources ni repères.
Et je te suis, je viens d'ailleurs de mettre ailleurs (mais où, dis, mais où ?) un commentaire reprenant les déclarations de DSK, auxquelles je ne crois pas plus que toi. Il veut absolument se mettre en position de rassembler toute la gauche mais, Domi, c'est perdu d'avance. Tu ne connais pas bien tes petits camarades : certains te haïssent encore plus qu'ils ne détestent un type de droite, toi, le social-traître. Et je ne dis pas ça en l'air : ceux-là existent, j'en ai rencontré.
100% ok avec ça : "Et soutenir que ce nouveau contrat précarise les jeunes revient à oublier qu'il faut désormais près de 11 ans avant de décrocher un emploi qui ne soit ni un stage ni un CDD dans ce pays. La précarité, c'est la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui."
Et merci Vinvin pour le témoignage.
Rédigé par : koz | mercredi 25 janvier 2006 à 11:16
On a commencé dans le grivois avec Vinvin, je continue dans le trivial : Ils me font tous chier, les gentils et les méchants.
Le Villepin qui court comme un dératé après la courbe de l'emploi sans prendre le temps de se retourner pour voir s'il court dans la bonne direction.
Le DSK tartuffe qui ne pense pas un mot de ce qu'il raconte.
Les chômeurs me font chier aussi, je ne sais qui pas qui a l'occasion de recruter mais grand est le nombre de gens qui n'ont pas envie de travailler : Le RMI et un petit service au black le soir chez le restaurateur à 19,60% (tiens aux aussi ils me font chier, les restaurateurs, et leur psychodrama chiraco-européen), vous comprenez monsieur c'est l'ANPE qui m'envoie, alors remplissez le papier que je me casse, j'ai à faire.
Les jeunes me font chier, bougez vous le cul au lieu de rester collés à la XBOX.
Et Bernard Thibault qui flirte avec les lycéens et étudiants ah! ah! ah! ah! ah! Mannes de nos ancêtres gauchistes bolossés par le service d'ordre de la CGT reposez en paix.
BARROSO président !
Rédigé par : all | mercredi 25 janvier 2006 à 11:52
On voit effectivement bien l'intérêt des entreprises dans cette nouvelle forme de contrat, caractérisée, je le rappelle, par la possibilité durant deux ans de licencier n'importe quand et sans motif le salarié "embauché".
On voit également bien la précarité qui en découle pour le salarié, à la merci chaque jour durant deux ans d'un licenciement sans cause réelle et sérieuse. On devine facilement l'état de subordination et de soumission à l'employeur qui en résultera de fait. Et on imagine aisément les difficultés que rencontrera ce salarié pour emprunter ou même louer un appartement dans ces conditions. Contrairement à ce qui dit Villepin, c'est effectivement pire qu'un CDD (qui, je le rappelle, sauf cas particulier, ne peut être rompu avant son terme).
Tous les risques pour les salariés et aucun pour les entreprises : comment peut-on croire qu'un système aussi déséquilibré puisse harmonieusement fonctionner ?
Comme pour la baisse des charges hier, on n'a aucune garantie de l'effet significatif de cette mesure sur l'emploi. Sachant que le sondage évoqué indique aussi que seulement 43% des entreprises ayant recours à ce type de contrat affirment avoir l'intention de conserver le salarié au terme des deux ans d'essai (un chiffre qu'il ne faudrait pas oublier si l'on se réfère à ce sondage Fiducial, qui, de toute façon, étant fondé uniquement sur du déclaratif, n'a pas grande signification). Cela aurait mérité à tout le moins une évaluation, comme d'ailleurs Villepin s'y était engagé. Retenant l'adage de son mentor ("les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent"), le premier ministre fait volte-face au nom de l'urgence. On se rappellera aussi avec amusement ou écoeurement (au choix) que la droite avait reproché au gouvernement Jospin l'absence de dialogue social...
Au train où vont les choses, le "Contrat Nouvelle Embauche" (j'adore cette expression, ça fait moderne et optimiste, une excellente trouvaille marketing pour prendre les gens pour des cons) va clairement être généralisé sans évaluation et sans concertation à toutes les catégories d'entreprises et à toutes les catégories de salariés, comme le demande le Medef (et on le comprend, dans sa vision uniquement à court terme). Il va devenir la norme.
Ce que l'on voit moins, à mon avis, ce sont les conséquences à plus long terme. Cette mesure va profondément modifier la relation employeur-salarié. L'engagement des salariés sera proportionné à celui des entreprises, à savoir de moins en moins fort. La cohésion sociale va en prendre un sacré coup !
"Justifiés au nom d'un réalisme résigné et défensif", comme le dit Eric Dupin sur son blog, "ces nouveaux contrats n'ont pas fini de générer rancoeurs et désillusions".
Comme toi hier, Hugues, je pense que c'est la gauche qui a les solutions. Je pense qu'un projet de société partagé par le plus grand nombre est le meilleur socle pour la croissance (remember les années Jospin). La purge libérale qui s'amorce n'est pas le seul horizon. Et si la gauche a le même programme que la droite, à quoi sert-elle ? Qu'est-ce qui justifie son existence ?
Ah oui, j'oubliais le fameux couplet de l'idélogie dominante, du "cercle de la raison" autour duquel nous devrions tous danser en rond : DSK, Hollande et même Bayrou sont les otages de l'extrême-gauche archaïque et ils ne disent pas ce qu'ils pensent... J'espère bien que si !
Rédigé par : Michel B. | mercredi 25 janvier 2006 à 12:58
A lire aussi l'article de Laurent Mauduit dans Le Monde : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-733906,0.html
A moins que Le Monde (et l'INSEE par la même occasion) soit, lui aussi, otage de l'extrême-gauche archaïque...
Rédigé par : Michel B. | mercredi 25 janvier 2006 à 13:15
Bravo Michel B. pour cette réaction, je suis en tout point d'accord avec vous.
Les rhéteurs de la droite, de la rupture, semblent en passe de l'emporter sur la plupart des mentalités.
Résignez-vous mes amis, comme le disait Margaret à ses concitoyens, résignez-vous car nous ne pouvons faire autrement que de nous adapter en flexibilisant notre marché du travail au maximum.
Si les entreprises n'embauchent pas, c'est parce que les contrats de travail sont trop rigides, trop sociaux, trop pesants.
Mais bien sûr. Puisque notre pays est toujours en crise (remarquez, ça semblait s'arranger avec Jospin et sa croissance pour la redistribution, pour l'amélioration du niveau de vie, pour l'économie sociale et le dynamisme associatif), il faut recourir aux vieilles solutions, relire les néoclassiques, alléger le travail, alléger le droit du travail.
Je refuse cette défaite de la pensée. Je refuse ce que l'on veut me faire croire : qu'il n'existe plus de solution, que seule la dérégulation est une réponse.
Créer un contrat de travail unique, former les jeunes, anticiper les besoins, réformer le service public de l'emploi incompétent, nullissime, favoriser le secteur associatif pour inclure les populations en difficulté dans une dynamique de développement territorial... les solutions 'alternatives' existent. Alternatives au système dominant, qui n'est pas libéral, mais bien capitaliste (tous les rapports sur le développement l'indiquent : de partout le fossé entre les plus riches et les plus pauvres se creusent, où est la justice dans tout ça ?).
Je ne suis pas contre une opposition qui soutient intelligemment le pouvoir en place (même si il peut y avoir un effet pervers : montée des extrêmisme sur le mode du tous pourris), mais là, avec la direction choisie par la droite depuis 2002, que peut-on soutenir ? où est la justice sociale ? Où est-elle ?
Rédigé par : Praxis | mercredi 25 janvier 2006 à 15:01
Un seul mot : bravo ! Bravo pour votre billet qui démasque magnifiquement la démagogie du PS. Chacun commence à le savoir en effet et DSK ne peut l'ignorer : il n'y a pas d'autre solution pour combattre le chômage, dynamiser notre économie et enrayer le déclin de la France que de remettre en question notre modèle à bout de souffle, hérité des "30 glorieuses". L'adaptation au monde moderne de notre Code du travail désuet est un premier pas.
Mais on peut et on doit aller plus loin. Si l'on suit la logique, qui s'impose avec la force de l'évidence, selon laquelle tout vaut mieux que le chômage et que tout doit être tenté pour combattre ce mal qui gangrène notre société, il y a beaucoup d'autres choses à faire, qui marchent ailleurs.
Partons d'abord des contraintes incontournables qui s'imposent à toutes les économies partout dans le monde :
1/ Les entreprises doivent servir à leurs actionnaires 15 à 20% de rentabilité sur les capitaux investis. C'est comme ça : comme les autres, les entreprises françaises ne peuvent y échapper sous peine de voir fuir les capitaux et les créateurs de richesse.
2/ Les dirigeants de ces entreprises doivent être rémunérés à leur juste valeur et de ce point de vue les sociétés françaises sont plutôt en retard par rapport à celles d'autres pays (je rappelle que le patron le mieux payé du monde, celui de Yahoo, gagne 14.000 Smic et ce n'est que justice au regard de la réussite de sa société). Nous avons donc du chemin à faire, si nous voulons éviter la fuite des élites et des cerveaux (dans le même ordre d'idée on ne pourra pas maintenir la fiscalité confiscatoire qui caractérise notre pays).
3/ Il faut également provisionner pour chacun de ces dirigeants quelques dizaines de millions d'euros qui leur serviront de parachute en cas de départ prématuré (compte tenu de la difficulté de leur tâche, c'est inévitable et c'est comme ça partout dans le monde, donc on n'a pas le choix).
4/ Les salariés lambda n'ont pas par contre la possibilité de se délocaliser si facilement : pourquoi dans ces conditions leur faire des cadeaux qui handicapent notre économie ? Au contraire, c'est là que se trouve la principale variable d'ajustement.
Allons plus loin, osons la suppression du Smic ! C'est clairement un frein à l'emploi et comme tout vaut mieux que le chômage, pourquoi maintenir cet archaïsme qui pénalise nos entreprises ? Je connais de nombreux chefs d'entreprise qui n'embauchent pas parce que le Smic est trop élevé. Si on divisait le Smic par 4 par exemple, pour un salarié embauché au Smic, on pourrait en embaucher 4. CQFD. Ce serait un moyen très efficace de lutte contre le chômage. C'est simplement du bon sens et du pragmatisme. Et à la gauche archaïque, qui ne manquera pas, avec ses réflexes stéréotypés et son manichéisme, de poser l'inévitable question "comment on fait pour vivre avec un quart de Smic ?", nous répondrons tous ensemble, nous les modernes, les gens ouverts sur le monde : "il n'y a de pire précarité que le chômage".
J'avais pensé également au rétablissement de l'esclavage mais je ne mesure pas bien l'acceptation sociale d'une telle mesure. Peut-être suis-je trop timoré ? Qu'en pensez-vous ?
Rédigé par : C'est Ronald qui régale | mercredi 25 janvier 2006 à 15:01
Koz,
Arrête de dire que tu es d’accord avec moi, ça va me porter préjudice auprès de mes amis gentils. Ou alors utilise un pseudo...
All,
Je ne suis pas nécessairement en phase avec tout ça mais, puisque tu en parles, j’ai entendu Barroso ce matin à la radio au moment où il enguirlandait nos chers députés et j’avoue que j’ai bien aimé sa sortie (http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3224,50-734276,0.html ). Mais de là à en faire un président...
Michel B.,
Yo Michel B., tu viens de te faire un copain grâce à moi... En tout cas, tes commentaires, comme ceux de Praxis et de Ronald, démontrent qu’il s’agit bel et bien d’un combat à mort entre gentils et méchants. Car, et c’est une évidence pour les gentils, le CPE n’est qu’un nouveau moyen pour les actionnaires de stimuler la rentabilité stratosphérique de leurs actions et, pour le patron de Yahoo, de s’augmenter de quelques milliers de smics l’an prochain... C’est exactement ça et les méchants comme moi ont bien besoin qu’on vienne leur rappeler ces quelques vérités de base.
Et d’ailleurs, c’est certain, le détricotage du code du Travail se poursuivra bientôt par la suppression du smic. Que Blair lui-même ait instauré un smic en GB et qu'il soit désormais supérieur à celui des Français ne devrait d’ailleurs être interprété que comme une manœuvre dilatoire dont nul ne peut être dupe.
Au-final, il me semble que les arguments des uns et des autres sur cette question sont désormais « gravés dans le marbre » (sic):
- pour les « antis », il s’agit simplement de pousser les salariés vers une misère toujours plus grande en accroissant les profits mirifiques d’une microscopiques oligarchie.
- pour les « pros », il s’agit essentiellement de tester des méthodes ayant donné de vrais résultats en matière de réduction du chômage, dans des pays aussi différents que la Grande-Bretagne, le Canada, la Suède ou la Finlande, plutôt que d’en rester aux méthodes nous ayant conduit au chômage de masse sur 25 ans.
Mais juste une dernière pour la route. Il y a quelques semaines, le groupe allemand Fenwick, un fabricant de chariots élévateurs détenant 17 usines en Europe, demandait à chaque établissement de se débrouiller pour économiser 15% sur ses charges salariales sous peine de délocalisation. L’usine française, la presse en a pas mal parlé, a donc dû renoncer aux 35h00. Mais c’est la citation par Le Monde d’un délégué FO qui, il me semble, valait son pesant de cacahouètes :
« Pour améliorer sa compétitivité, le groupe Linde s'est donc fixé comme objectif de gagner 15 % sur ses charges salariales. Les 17 usines européennes du groupe ont dû trouver un moyen d'y parvenir. "Sauf le Royaume-Uni, où le taux de chômage étant bas, une baisse de salaire aurait entraîné des difficultés à recruter de la main-d’œuvre", précise Alain Ducros, délégué syndical FO de l'usine Cenon. »
Salaud d’Anglais. Ils n’en feront jamais d’autre. Pas de chômage, pas de réductions de salaires, pas de menaces de délocalisations. What makes them so different ?
http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3234,50-725477,0.html
Rédigé par : Hugues | mercredi 25 janvier 2006 à 16:10
L'art et la manière de donner de mauvaises réponse aux bonnes questions ...
Le chômage des "séniors" (l'âge moyen de cessassion d'activité en France est de 58 ans) ? Cumulons emploi et retraite (le problème n'est pas que la retraite soit trop basse ou l'effet pervers des mises en préretraites subentionné ... ).
Les emplois à temps partiels subis ? Possibilité de cumuler, vive la liberté ...
Comme le dit Michel B, même le CDD est protecteur vis à vis du CPE. Mais avouons le, le CPE deviens trop contraignant (notons au passage qu'il porte mal son nom puisque l'on peut en signer plusieurs) au bout de deux ans. Supprimons le salariat et revenons au contrat journalier tacitement reconduit ...
Effet pervers prévisible : on aura bientôt du chômage des plus de 26 ans en masse. On ne peut pas dénoncer les effet de seuil (10 employés, 20 employés ...) qui gênerait les entreprises ... Et les actifs concernés ??
Enfin, je reviens sur les 11 ans pour trouver la stabilité professionnelle. Je me réjouis bien sur du droit à la formation ouvert par le CPE. Mais pourquoi ne pas mettre plus l'accent sur la dite formation pour tous (et sur la formation initiale au lieu de créer une orientation précoce) ?
Deuxio, qui dit que le CPE et le CNE ne seront pas trop contraignant dans 6 mois ou un an ? Pourquoi ne pas revenir des maintenants aux contrats journaliers ?
Comment une femme pourra t'el se prévaloir de son droit au congé parental durant la période de deux ans, ou comment faire valoir ses absences de droit (deuil familial par exemple). La liberté syndicale déjà souvent bafoué a t'elle encore un sens dans ces cas là. Une entreprise ne sera t'elle pas tentée de recourrir à des CPE successifs comme il y a déjà des CDD successif ?
Je trouve que ce CPE pose plus de problèmes qu'il n'en pose. Le droit du travail est là pour rééquilibrer (un peu) une relation par nature deséquilibrée entre employeur et salarié, le premier ayant autorité sur le second, qui ne peut par exemple pas refuser de faire des heures supplémentaire, par exemple (ce qui peut se comprendre si celle ci était toujours payé, mais je pose encore une question : l'ammendement Fourgous sur la généralisation du forfaitr jour est elle un progrès ?). Où est l'équilibrage dans le CNE et le CPE ?
Où est le dialogue social tant vanté par ce gouvernement, et où est la négociation ? Ce n'est une fois de plus qu'une fiction.
Alors, vive ce grand progrès social qu'est le CPE, et quand le surrendettement des titulaires de CPE ne pouvant plus rembourser leurs emprunts, et le non paiement de loyers (heureusement il y a le locapass) se multiplieront, certains ouvriront peut être les yeux.
Rédigé par : Simon | mercredi 25 janvier 2006 à 16:21
Il est superbe ce Hugues ! J'envie ton intelligence supérieure qui te permet, en quelques sarcasmes de ne pas répondre aux arguments des méchants-gentils et de montrer à quel point tu ne baignes dans aucune idéologie.
Pour moi, tu as renoncé à penser sur cette question, tu adoptes un point de vue volontairement polémiste.
Je ne sais pas pourquoi je suis intervenu. Je ne savais pas que l'auteur de ces pages n'avait aucune autre intention que la déconnade (c'est vrai que, en ces temps difficiles, un bonne déconnade, ça fait toujours du bien).
Allez, salut monsieur le méchant-gentil !
Rédigé par : Praxis | mercredi 25 janvier 2006 à 17:02
Il fallait lire, à la fin :
"monsieur le gentil-méchant"
sinon c'est un contre-sens.
Rédigé par : Praxis | mercredi 25 janvier 2006 à 17:04
Praxis,
Des sarcasmes ? Mais le salaire du PDG de Yahoo ou la suppression du smic sont-ils des arguments sérieux pour définir le CPE ?
Figure-toi que je fais moi-même partie des gens qui auraient bien aimé poursuivre l'expérience Jospin. Et admet que ce sont ceux qui ont le plus "efficacement" contribué à son éviction qui se désolent aujourd'hui des mesures prises par un gouvernement dont ils ont plus que facilité l'arrivée ( http://hugues.blogs.com/commvat/2005/03/vous_avez_aim_l.html ).
Villepin, Chirac, je ne leur ai pas demandé de venir. Mais ils sont là et s'ils lancent quelque chose qui peut marcher, je me dis "pourquoi pas ?". Je ne considère pas a priori que ces crapules sont incapables de voir la réalité en face et ne visent qu'à saboter le cadre social du pays.
Et je ne dirais évidemment pas la même chose si les mesures proposées me semblaient stupides ou dangereuses : en l'occurence, il s'agit de méthodes inspirées des pays dont les modèles sociaux démocrates sont les plus aboutis au monde (Suède, Danemark, etc).
Maintenant, que l'autre partie du deal scandinave ne soit pas au menu (la garantie d'une stabilité des revenus des gens perdant leur emploi, etc.) me pose problème. Mais l'on voit bien que le débat ne porte pas sur les carences du dispositif mais sur ce qu'il symbolise au plan politique.
Rédigé par : Hugues | mercredi 25 janvier 2006 à 17:34
Hugues,
Pour reprendre le ton de ta caricature un peu simpliste (qui ne répond d'ailleurs en rien à mes objections), admettons que "les arguments des uns et des autres sur cette question sont désormais "gravés dans le marbre" (sic):
- pour les "pros", il s'agit simplement d'admettre comme horizon indépassable celui de la rhétorique libérale (une idéologie qui avance masquée derrière le visage avenant et rationnel de la modernité, du pragmatisme, de l'efficacité et des best practices) et de se résigner à la précarisation généralisée, au mépris des générations futures (personnellement, le CNE ou le CPE, de toute façon, il ne passera pas par moi, mais je n'en veux pas pour mes enfants)... Et de renoncer au passage au progrès social, à l'innovation et à l'imagination.
- Pour les "antis", il s’agit simplement de refuser une modification profonde des relations salarié - employeur au détriment des salariés qui, si elle entraînera à coup sûr un effet d'aubaine pour les entreprises et de multiples difficultés et désillusions pour les individus, n'offre aucune garantie en matière d'emploi, d'autant que son extension ne se fonde sur aucune évaluation (comme jadis la baisse des charges qui nous a été présenté depuis 30 ans comme l'alpha et l'oméga de la création d'emplois, on voit le résultat).
Quant à la fameuse "flex-sécurité" qui devrait paraît-il nous servir de modèle, on voit bien venir la "flexibilité" mais pour l'instant la "sécurité" se fait attendre, tu en conviendras.
Pour finir, je tiens à remercier chaleureusement Tony Blair d'avoir créer un Smic au Royaume-Uni. Il nous enlève une sacrée épine du pied et la suppression du Smic en France (prônée ironiquement par l'un de tes lecteurs) n'est donc pas pour l'instant d'actualité, je te le concède.
Rédigé par : Michel B. | mercredi 25 janvier 2006 à 17:43
Bon. S'il le faut.
Hugues, ton analyse est vraiment rapide, simpliste et navrante. Ton opinion, comme les précédentes que tu as pu exprimer, me répugne.
Sale gauchiste.
Rédigé par : koz | mercredi 25 janvier 2006 à 18:28
Merci Koz. Et si tu veux que je vienne t'insulter sur ton site pour améliorer ta crédibilité droitière, n'hésite pas à demander. Si, si, ça me fera plaisir.
Rédigé par : Hugues | mercredi 25 janvier 2006 à 18:37
DSK ou Le syndrome de Guy Mollet. (Honnetement je croyais qu'il n'en n'était pas atteint.)
Rédigé par : Tlön | mercredi 25 janvier 2006 à 19:10
D'où sort le chiffre de 11 ans en moyenne pour trouver un emploi stable ?
Il semble contradictoire avec cette étude de l'INSEE (http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/es378-379e.pdf) :
"Les salariés ayant une faible ancienneté sur le
marché du travail sont ceux pour lesquels
l’emploi stable est le moins développé : avec
plusieurs points bas au-dessous de 50 % au
cours des deux décennies précédentes, l’emploi
stable n’est plus une norme lors de la première
année de présence sur le marché du travail ; ce
n’est qu’à partir de cinq ans d’ancienneté sur le
marché du travail que ce type d’emploi devient
largement dominant, avec une part moyenne
d’un peu plus de 80 % depuis 1990".
Rédigé par : Poil à gratter | mercredi 25 janvier 2006 à 21:14
C'est vrai ça, quelles sont les sources d'Hugues sur ce point?
Sinon je me permets d'émettre quelques hypothèses qui pourraient peut-être expliquer cette contradiction apparente.
L'INSEE dit : "à partir de 5 ans d'ancienneté 80% ont un 'emploi stable'"
L'INSEE ne dit pas "le temps moyen avant de trouver un emploi stable est de 5 années"
Hugues dit "11 ans en moyenne de Stages et CDD avant le CDI"
Hugues ne dit pas "à partir de 11 ans d'ancienneté 80% ont un emploi stable"
- Il se peut que les 20% restant attendent encore plus longtemps (d'où moyenne supérieure à 5 ans)
- il se peut qu'INSEE et Hugues ne parlent pas de la même chose (Hugues incluant les stages dans son analyse)
Rédigé par : coco | mercredi 25 janvier 2006 à 21:41
Hugues, j'admire toujours autant ta plume facile et ton regard éguisé face aux contradiction des uns et des autres. En soi cela ne me choque pas du tout n'ayant pas au fond la fibre tellement humaniste... Mais il est bon de sortir du salon de temps en temps pour renouveler ses expériences.
Je me permet de te proposer le texte d'un petit billet publié sur quoique :
Contrat nouvelle embauche CNE : le bonheur au bout du chemin
J'ai déjà longuement raconté l'histoire de l'accompagnement de Mathieu pendant ses trois années d'apprentissages. La conclusion de cet apprentissage était sa réussite au CAP maçon et son embauche en CDI dans le cadre d'un contrat initiative emploi (CIE) par son patron. Depuis j'avais eu quelques bonnes nouvelles de son évolution dans l'entreprise jusqu’à ce que, récemment, Mathieu vienne me voir pour me raconter ses difficultés.
Encouragé par son entourage proche, il a accepté l'offre alléchante d'une autre entreprise, lui proposant une bonne augmentation de salaire et divers autres avantages. Il a donné son préavis et signé un contrat nouvelle embauche (CNE) avec ce patron qui ne pouvait qu'être bien et mieux puisqu'il payait plus !
Après quelques semaines de travail, sans explications, on lui a dit qu'il n'était pas utile qu'il se présente à l'embauche le lendemain
Depuis plus de trois mois Mathieu recherche un emploi, ses difficultés personnelles sont de nouveaux au premier plan, plusieurs essais ont été des échecs. Retour à la case départ avec mise en place d'un accompagnement spécifique «handicap».
Bonne soirée et encore félicitation pour ton texte.
Rédigé par : Quoique | mercredi 25 janvier 2006 à 23:10
Ce fil de commentaires est bien déprimant. Que les politiques n'aient pas envie d'évaluer sérieusement les politiques de l'emploi pour s'arrêter à des pétitions de principe et des a priori, cela peut s'expliquer, à défaut de le justifier. Mais visiblement, beaucoup de gens en France n'ont pas envie de savoir ce qui marche et ce qui ne marche pas. Le CNE et autres dispositifs ne seront pas évaluables avant plusieurs années (trois au minimum, pour évaluer l'impact de la fin des périodes probatoires). Mais finalement, c'est reposant pour les économistes : pas besoin de se fatiguer à faire des évaluations, les gens savent déjà tout. Quand c'est une politique menée par la gauche, c'est (cochez la mention inutile) "une courageuse extension du progrès social" ou "une ruineuse mesure qui empêche nos entreprise de se battre dans la guerre économique mondiale"; quand c'est une mesure de droite, c'est soit "une terrible régression antisociale qui annonce la liquidation du code du travail et le retour du labeur des enfants" ou "une courageuse mesure pour moderniser la France, lutter contre les archaismes, rétablir notre compétitivité".
Clap clap. Continuons donc comme cela. les français ont décidément les dirigeants qu'ils méritent. Les derniers des mohicans qui veulent être un peu pragmatiques doivent constater tous les jours que l'ignorance fait la force.
Rédigé par : econoclaste-alexandre | mercredi 25 janvier 2006 à 23:38
Poil à gratter, Coco,
Ce chiffre sort directement de chez Villepin et a été largement repris. Il a été évoqué dans la conférence de presse du 16 janvier et reste visible sur le site de Matignon :
"Les jeunes sont les laissés pour compte de notre société", a-t-il déclaré, en indiquant que 618 000 jeunes étaient aujourd’hui sans emploi, et que les jeunes mettaient "8 à 11 ans avant de trouver un emploi stable", alors que "dans le reste de l’Europe, c’est deux fois moins". http://www.premier-ministre.gouv.fr/information/actualites_20/dominique-villepin-presente-deuxieme_55109.html
Je n'ai pas moi-même vérifié si Villepin bidonnait et j'avoue que je ne me suis pas posé la question. En tout cas, aucun média n'est venu remettre ce chiffre en question.
Quoique,
Mais je ne passe pas ma vie dans mon salon et j'ai moi-même été confronté au chômage. J'ai donc un certain nombre d'expériences pratiques à opposer aux théories exposées ici.
Mais j'avais lu ce que tu avais raconté sur ce Mathieu (j'en profite d'ailleurs pour recommander la lecture de ton blog aux passants du jour) et je ne vois pas bien le rapport avec le CNE puisque ce garçon aurait pu être remercié de la même façon au cours d'une période d'essai standard.
Alexandre,
Mais c'est exactement ce que je dis ! Les propositions ne se sont jamais observées pour ce qu'elles sont mais rejetées ou acceptées a priori en fonction de leur origine partisane. Du coup, il est devient impossible d'affiner quoi que ce soit.
Le CNE et ses dérivés sont censés être une réinterprétation de la flexisécurité à la danoise. Ok. La gauche devrait donc commencer par reprocher au gouvernement de se concentrer sur le "flexi" et d'oublier la "sécurité". Le dispositif pourrait alors être modifié et amélioré dans le cadre d'un débat pragmatique raisonnable. Au lieu de ça, elle condamne immédiatement le concept même d'un système inventé par des sociaux démocrates sous prétexte qu'il est importé par Villepin. Je trouve ça con et désolant.
Rédigé par : Hugues | jeudi 26 janvier 2006 à 09:58
Hugues,
tu sembles présupposer qu'il existe un 4eme pouvoir en France, ce que l'expérience dément à mon sens. Depuyis quand les chaînes de télévision et, globalement la presse, exerce-t'elle un pouvoir critique sur le gouvernement ? Pas depuis 2002 en tout cas.
De toute façon, dans un pays où le seul journal d'opposition un temps soit peu crédible est le Canard Enchaîné, que peut on attendre ?
Rédigé par : Simon | jeudi 26 janvier 2006 à 10:10
Selon l'INSEE, environ deux tiers des jeunes actifs de 15 à 29 ans (soit environ 3 millions de personnes) ont un CDI. Qu'auront-ils demain si le CPE devient la norme ?
Même en admettant que le CPE ait un impact réel et significatif sur l'emploi des jeunes actuellement au chômage, en intérim ou en CDD (ce qui reste à démontrer), les jeunes actifs qui décrochaient un emploi "stable" (il y en a) ont beaucoup à perdre dans cette histoire. Mais de cela, personne ne parle...
Rédigé par : Michel B. | jeudi 26 janvier 2006 à 11:12
Fabius et Bayrou sur la même longueur d'onde face au dogme libéral.
Fabius : "Beaucoup de gens se résignent et acceptent cette idée, complètement fausse, qu'il faut plus de précarité pour avoir une meilleure situation de l'emploi".
Bayrou : "L'UDF s'oppose à l'idée que ce soit la précarité qui soit la clé de l'emploi". (Un dangereux gauchiste, ce Bayrou)
Rédigé par : Anonyme | jeudi 26 janvier 2006 à 11:22
- Mon dieu 11 ans de CDD etc. en moyenne ? J'ai déjà dépassé la date de péremption depuis 2 ans :-). En fait je crois qu'avoir un emploi stable est quelque chose qui me fait peur. Va bien falloir que je m'y résigne un jour. Bon je dois être un pervers anormal.
- Pour revenir sur le débat, c'est con effectivement. Personne ne s'interresse une seconde à ce qu'est l'emploi. Ni aux mécanismes réels conduisant à la pauvreté. On se contente d'afficher des postures, de tenir des discours du type dominants/dominés.
- C'est d'autant plus déspérant, que très sincérement, un discours plus construit, proposant des solutions sans doute pas miraculeuses mais évaluables (et donc améliorables) passe bien. Mais il y a un déficit de l'offre politique. Une peur du "quant dira t'on gauchiste" pour causer le Rocard. C'est très très net quand on milite au PS. C'est l'explication de la fuite en avant de DSK (j'ai bien remarqué le ? dans les liens, Hugues). Mais ça ne la justifie pas. Et c'est d'une inefficacité grave. On en revient sur l'affaire bolkestein (c'est précisément là que les sondages ont donné le non gagnant pour la première fois). Plutot que d'expliquer, DSK et d'autres ont préféré crier au scandale. Facile après pour les Jennar and co...
- Le CPE and co, je suis contre. Ca ne casse pas assez le code du travail. Faut sortir : comment peut on dire qu'actuellement, il fonctionne correctement ? Un seul exemple, l'état (que ce soit CNRS/CHU/FAC/Collectivités locales etc...(pour évoquer uniquement ce que je connais)s'assoit tous les jours sur ses propres réglements tellement c'est lourd et ingérable. Notamment sur le nombre et la durée des CDD (me semble que l'UE vient de planter la France sur ce sujet?). Mais quelle hypocrisie !!! Et il vaudrait mieux que ce soit la gauche qui fasse le boulot,non ?
- Quoique. je connais pas mal de gens en galère. En grosse et ça s'arrange pas. Pour la plupart il suffirait vraiment de pas grand chose pour que la situation s'améliore considérablement, qu'elles sortent de leur "trappe à pauvreté", avec les soucis psy que cela engendre. Tiens, je pense à 2 copines musicos, par exemple. C'est pas un boulot stable qu'elles cherchent. Bien au contraire. Mais ne pas galérer des semaines à trouver un job entre les moments où elles exercent leur art. Bon ce message est trop long, je ne développe pas tout. Je trouve admirable ce que tu fais. Justement c'est bien parcequ'il y a des gens qui ont besoin d'être aidé qu'il ne faut pas aider tout le monde. Une amie super-mega-ultra-brillante envisageait récemment de s'arréter si on augmentait l'allocation "femme à la maison". Arghhh. Ce n'est pas ça le social. C'est donner un max de blé, sur des programmes efficaces comme le tien. En fait, on millite pour que des gens comme toi (ou ma niéce qui se lance là dedans) puisse mieux agir.Vraiment.
Rédigé par : Eviv Bulgroz | jeudi 26 janvier 2006 à 11:39
Hugues et Econoclaste :
Vous voilà résignés. C'est dommage.
Pour approuver les orientations idéologiques (qui parle de pragmatisme, vous êtes pas naïfs tout de même ?) de ces nouveaux contrats, il faudrait certainement explorer ce qui existe, ce qui est possible de faire dans ce domaine. Quelles sont les solutions possibles et imaginables.
Après, et après seulement, il est possible de donner un avis sur la politique de l'emploi de ce gouvernement.
Pour quelqu'un comme moi qui se souvient des années Jospin, et de ses résultats dans une conjoncture plus compliquée que maintenant, qui avait redéfini une nouveau contrat social, plus redistributif en faveur de l'économie sociale, il est impossible d'approuver ce qui se passe.
Il existe d'autres solutions que CPE et CNE, qui ne sont pas forcément des dérégulations et qui maintiennent la cohésion sociale.
Les emplois-jeunes, qui s'en souvient ? certainement pas ceux qui accusent maintenant la gauche de ne rien avoir à proposer pour les jeunes dans ce pays.
J'ai obtenu mon premier emploi, il y a de celà un moment, grâce aux emplois-jeunes. Un emploi valorisant, sur une mission difficile, qui m'a permis ensuite, et immédiatement après, d'obtenir un CDI plus rémunérateur (mais mon emploi-jeune était déjà un CDI !) !
De qui se moque-t-on ? Où est la justice sociale dans ce pays ?
Où est-elle depuis que la gauche plurielle n'est plus ?
Nous verrons bien ce qui va se passer dans ce pays avec ce genre de réformes. Je parie sur de nouveaux embrasements à venir.
Rédigé par : Praxis | jeudi 26 janvier 2006 à 14:48
Bonne emission sur le sujet avec Cahuc pour ceux qui n'ont pas encore lu "chomage, fatalite ou necessite" :
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/rumeur/
Moralite, il faut aller encore plus loin !
Rédigé par : Scope | jeudi 26 janvier 2006 à 21:07
Hugues. Tu as raison n'importe qu'elle période d'essais aurait mis Mathieu au tapis. Le problème est plus subtile, ce patron débaucheur voulait 'piquer" un bon ouvrier en profitant de l'opportunité du CNE. Je ne crois pas qu'il imaginait les difficulté qu'il allait trouvé, mais du fait de cette opportunité il a offert plus pour convaincre et comme il n'y a plus d'accompagnement après la fin de l'apprentissage (nous avons demandé de le faire mais il y a un refus ...). Mathieu n'est pas armé pour se défendre ... Doit-on lui mettre un signe distinctif sur sa veste ? En fait face à une jungle je me demande si on ne devrait pas tous les encourager à rester dans le milieu protégé... Le prix sera lourd si on veut qu'ils aient une vie correcte.
Je ne pense pas que les dispositifs quel qu'ils soient seront adaptés à tous mais c'est ce que les gens en font qui peut poser problème et plus on change vite plus les personnes en difficultés seront difficiles à repérer avant qu'il ne soit trop tard pour elles. Pour les économistes comme dit éconoclaste il leur faut du temps pour évaluer mais pour nous le retard pris dans l'assistance ne se rattrape jamais, c'est pour cela que je ne suis pas partisan des ruptures.
Rédigé par : Quoique | jeudi 26 janvier 2006 à 21:12
Cher Hugues
Quoi de surprenant à ce que les Tories envisagent de collaborer avec le Labour ? Ils ne sont que les deux faces d’une même médaille. Si je puis me permettre un jeu de mots facile, Mrs Tatcher à labouré le champ où Tory Blair fait pousser le libéralisme. L’adoption d’un SMIC Grand-Breton n’est qu’une mesure garde-fous retardant un peu l’avènement du « libertarisme » dont M. Blair doit bien se douter que les conséquences politiques et sociales seraient funestes pour sa carrière.
Quoi de surprenant à ce qu’un cadre du parti socialiste réagisse comme le fait DSK ? En fait il n’a le choix qu’entre - préconiser un grand rassemblement centriste autour de sa personne et de M. Bayrou – ou – se radicaliser à gauche.
Il a besoin d’une « étiquette », d’un logo, pour se faire reconnaître du bon peuple, et l’estampille « Socialiste » lui colle à la peau depuis si longtemps qu’il ne peut plus la renier sans risquer de perturber gravement les électeurs potentiels. Son attitude n’est rien moins qu’électoraliste.
Donc, il se radicalise. Mais en apparence, seulement. Rassurez-vous, porté au pouvoir il appliquerait sans sourcilier le moins du monde les bonnes recettes libérales prônées par le FMI et autres gendarmes internationaux.
Quand à votre billet, j’en admire les qualités littéraires, mais son contenu me répugne.
Vous méritez la palme d’or des chiens de garde au sens ou l’entendrait Paul Nizan.
Je m’étais juré de ne plus intervenir sur votre blog ni d’ailleurs sur aucun autre mais je ne puis rester sans réagir devant une pensée aussi « petite bourgeoise ». désolé, ma maigre culture ne me permet pas de trouver d’autre qualificatif.
Juste une question : dans l’hypothèse (que je ne vous souhaite pas) où vous perdriez à nouveau votre job et où vous galéreriez plus d’une année pour en retrouver un autre, accepteriez vous un poste d’agent de propreté dans une grande surface à un salaire inférieur de 30 à 40% à vos allocations de chômage et avec une période d’essai de deux ans? Si vous répondez OUI au nom du principe que « tout vaut mieux que le chômage », vous êtes un héros.
Bien à vous.
Rédigé par : MAD | vendredi 27 janvier 2006 à 15:50
Nouvel exemple de ce qu'est la défaite de la pensée en France.
Droite et gauche, c'est la même chose.
Votons aux etrxêmes. Là, pour le coup, nous aurons une politique différente.
Pauvre France.
Rédigé par : Praxis | vendredi 27 janvier 2006 à 18:26
je suis moi aussi scandalisée, le combat
politique doit être rude,
mais loyal.
je fais référence aux insultes à l'égard de DSK.
Rédigé par : brigitte | vendredi 27 janvier 2006 à 18:38
Mad,
Mes idées sont donc "répugnantes"? Le fait d'exprimer un avis dans un contexte démocratique est "répugnant". Non, vraiment, je ne pense pas être répugnant.
Par ailleurs, je subodore que vous ne savez pas grand chose de la Grande-Bretagne, au-delà de certains clichés rebattus. Le Labour ne collabore pas avec la droite et je n'ai absolument pas dit ça. J'ai cité un discours du leader tory expliquant qu'il était prêt à ne pas s'opposer aux décisions avec lesquelles il ne serait pas en désaccord,ce qui me semble la moindre des choses.
Parler du "libertarisme" de Blair n'a aucun sens, et là encore, je ne pense pas que vous sachiez de quoi vous parlez (en ce qui concerne Blair, bien entendu, mais également au sujet des libertariens). Je constate d'ailleurs que vous semblez mettre DSK dans le même grand sac de personnes et d'idées qui vous répugnent, ce qui laisse supposer que vous faisiez partie de "l'avant-garde" du 21 avril l'ayant éjecté avec Jospin pour mieux installer Chirac au pouvoir. Je me trompe ?
En ce qui me concerne, j'ai voté Jospin avec enthousiasme. J'ai même voté deux fois, tiens, puisque l'on m'avait confié une procuration...
Praxis,
Droite et gauche, c'est pareil ? Qui dit ça ? Pas moi en tout cas. Je me contente de considérer qu'il est temps de s'accorder sur les constats, pas sur les solutions et les initiatives. Mais j'ai aussi l'impression, en lisant certaines réactions, en entendant certains propos, que le concept de démocratie est assez mal en point lorsque l'idée même qu'un constat puisse être identique à gauche et à droite est suspecte.
Quant à l'invitation à voter aux extrêmes, je ne pense pas que vous l'ayez trouvée ici. Bien au contraire. Allez faire un tour sur ces liens si vous en doutez :
http://hugues.blogs.com/commvat/2005/02/une_autre_gauch.html
http://hugues.blogs.com/commvat/2005/03/vous_avez_aim_l.html
http://hugues.blogs.com/commvat/2006/01/oops_i_did_it_a.html
Brigitte,
Je ne me souviens pas d'avoir insulté DSK. Peut-être pourriez-vous préciser votre pensée, ça me serait assez utile...
Rédigé par : Hugues | vendredi 27 janvier 2006 à 21:24
Je reporte un commentaire que j'ai fait sur le blog de Koz, pour voir si les supporteurs du CPE ont quelque chose à dire (chez Koz, silence radio) :
En Allemagne, le patronnat et les syndicats allemands contingentent les postes de formation professionnelle. Le lien entre l’école et l’entreprise est rationnalisé.
Ca, c’est une piste sérieuse.
Villepin a aussi lancé le cheval de bataille de l’alternance, des contrats de professionnalisation.
Ca, c’est une autre piste sérieuse.
Dans les pays nordiques, le service de l’emploi offre à ses bénéficiaires un suivi individualisé, un marquage à la culotte.
Ca, c’est une énième piste sérieuse.
Les emplois-jeunes dans le public et l'économie sociale, encore une piste à creuser (déjà creusée mais tellement intéressant et innovant).
Le contrat unique dans le secteur marchand, avec une période d'essai allongée à 6 mois, et une durée du travail variant du mi-temps au plein-temps, encore une piste.
Vous l'aurez compris, il existe des pistes sérieuses pour l'emploi (notamment des jeunes mais pas seulement), qui s'insèrent dans une vision globale et cohérente. Il n'y a pas urgence.
Alors, les amis, franchement, quand on voudrait vous voir vous précipiter sur le CPE, franchement, vous ne sentez pas qu’on vous prend pour des andouilles, des abrutis, des gobe-tout ?
C’est mon sentiment. J’espère que les média feront preuve de pédagogie en montrant ce qui se passe ailleurs.
La dérégulation et la flexibilité du marché du travail, en France, ne sont pas forcément une très bonne solution.
Rédigé par : Praxis | vendredi 27 janvier 2006 à 21:28
Je répondais à Mad Hugues, je ne pense pas que vous en soyez réduit à déclarer que droite et gauche c'est pareil : vous avez tout de même voté deux fois pour Jospin, vous devez bien réaliser la différence avec ce gouvernement et les précédents : Juppé, Balladur, Raffarin, Villepin...
Rédigé par : Praxis | vendredi 27 janvier 2006 à 21:31
Quel scientifique pourrait raisonnablement affirmer et prouver que parmi tous les critères en jeu (structure de l'économie, structure de la population active et inactive, démographie, avantages et désavantages concurrentiels spécifiques, tradition culturelle, politique d'éducation et de formation, régime d'imposition et de taxes, allocations chômage, prise en charge des demandeurs d'emploi, code du travail, poids et rôle des syndicats, etc., etc.) celui qui expliquerait le chômage moindre de certains pays serait ce que l'on appelle la flexibilité du marché du travail et qui correspond à la facilité accordée aux entreprises pour licencier ?
Quel scientifique pourrait raisonnablement affirmer et prouver que l'unique solution pour réduire le chômage en France est d'augmenter la flexibilité du marché du travail qui correspond concrètement, je le rappelle, à la facilité accordée aux entreprises de licencier ?
Soyons sérieux. Ceux qui affirment cela y ont un intérêt économique ou politique qui n'est pas de faire baisser le chômage ou sont des extrémistes religieux ou simplement des élites et des masses endoctrinées et résignées...
Rédigé par : Devinettes | samedi 28 janvier 2006 à 03:20
Un autre son de cloche, une autre thèse qui se défend au moins autant que celle des défenseurs du CNE et du CPE : "Ce n'est pas la flexibilité qui permet l'embauche, c'est la croissance (...) Ce n'est pas non plus la précarité qui crée l'emploi (...) La sécurité fait la compétitivité et la productivité". C'est celle que reprend le PS par la voix de son premier secrétaire. Une alternative ? A chacun de faire son choix mais, de grâce, qu'on en finisse avec le totalitarisme de la solution unique des intégristes libéraux et des esprits paresseux !
Rédigé par : François H. | dimanche 29 janvier 2006 à 21:07
Devinettes,
"Quel scientifique pourrait raisonnablement affirmer et prouver que parmi tous les critères en jeu (...) celui qui expliquerait le chômage moindre de certains pays serait ce que l'on appelle la flexibilité du marché du travail et qui correspond à la facilité accordée aux entreprises pour licencier ?"
Il me semble que vous faites dire à Hugues ce qu'il ne dit pas. Je ne vois pas où il réduit les explications au chômage à ce seul facteur. Simplement, il n'y a pas de raison de ne pas s'intéresser à ce facteur, et en France depuis très longtemps cet aspect des choses est systématiquement éludé.
Rédigé par : coco | lundi 30 janvier 2006 à 11:36
Bonjour,
Déjà, je trouve un peu facile de partir du principe que la position de DSK ne relève que du positionnement politique. Ben oui, il lui arrive peut-être de penser, voire de dire ce qu'il pense, non?
Et puis la recherche de flexibilité qui est derrière le CNE, c'est un peu comme la réduction des coûts pour les entreprises. Une méthode unique et infaillible pour gagner. Ben voyons. C'est surtout un constat d'échec masqué sous de beaux atours. Les jeunes mettent en moyenne 11 ans (chiffre plus que douteux) pour trouver un emploi stable? Alors créons un contrat qui officialise leur précarité! Et pour être sûr que les petits chanceux qui parvenaient à faire baisser la moyenne soient de la partie, proposons des exonérations sociales aux entreprises qui optent pour le CPE! Comme ça, celles qui embauchent de toute façon (BTP p. ex.) n'auront plus aucune raison pour offrir un CDI.
Pour trouver du boulot, on nous a d'abord dit qu'il fallait nous former par de longues études. Du coup, à bac+4 on galère pour trouver un job à 2 sous. Dans certains pays voisins, où on a toujours facilité l'apprentissage, on voit des jeunes commencer à travailler très tôt tout en bénéficiant de formations continues.
Après, on nous a dit qu'on devait acquérir de l'expérience. C'était la mode des stages. Du coup, on s'est retrouvés à les collectionner, sans avancer, et à glisser lentement dans un système où le CDI est comme un rêve inaccessible.
Alors du coup, qu'est-ce qu'on nous dit maintenant? Faut être flexibles! Mais pas juste mobile, dispo à toute heure et tout, hein! Il faut supporter le besoin de flexibilité de l'entreprise, ses risques, toutes ses misères!
Parallèlement, on déplore que tant de jeunes préfèrent pointer que bosser. Jusqu'ici, le faible écart de rémunération entre le chômage et certains jobs les faisaient hésiter. Alors pour les aider à se décider, on crée le CPE. Comme ça, ils savent que s'ils veulent de la stabilité et des certitudes, c'est dans le chômage qu'ils les trouveront...
Après les banques qui ne prêtent que si le risque est nul, maintenant on a l'embauche à risque zéro. Trop fort!
C'est marrant, il y a peu, on se congratulait parce que l'économie française s'en sortait mieux que l'allemande grâce à la consommation. Alors c'est sûr qu'avec une TVA béton et des contrats de travail qui nous privent de toute sécurité financière, ça va aller de mieux en mieux!
Rédigé par : Mathieu | lundi 30 janvier 2006 à 17:03
DSK persiste et signe. Invité du "Vrai Journal" sur Canal + dimanche et de France Inter ce matin, il confirme que le CNE/CPE est une "mauvaise solution". Selon lui, ce contrat n'est pas "mieux que rien" mais "pire que tout". Au-delà de la formule, il explique que ce "transfert total du risque sur le salarié n'est pas raisonnable et ne peut que miner la confiance, nécessaire à la croissance"... Et regrette que l'on puisse en revenir au contrat journalier du milieu du XIXème siècle. "C'est le droit du travail et la sécurité donnée aux salariés qui a fait toute la croissance et le développement du XXème siècle"... Merde, il a l'air de penser ce qu'il dit. Serait-il tout simplement de gauche ?
Rédigé par : Domino | lundi 30 janvier 2006 à 18:29
François H,
"Ce n'est pas la flexibilité qui permet l'embauche, c'est la croissance (...) "
Oui totalement d'accord mais là certains vont t'objecter que la croissance ne sort pas d'un chapeau, c'est la croissance , vous rappellera-t-on, de la somme des valeurs ajoutées des entreprises, or, si les entreprises sont confrontées à un trop grand nombre de freins, la croissance de leur valeur ajoutée peut être sérieusement obérée.
c'est aussi comme cela qu'il faut comprendre qu'il n'y a pas TOUJOURS contradiction entre politique favorable aux entreprises et politique favorable aux salariés, vous ne croyez pas?
Peut-être que ce CPE sera l'occasion de décoincer la décision d'embauche, et peut-être que cette occasion est à saisir, qui sait? pourquoi ne pas tenter le coup, avec pour complément, biensûr, que le chômage ne se réduit pas au droit du travail et que, comme Praxis l'a expliqué, il y a d'autres pistes à creuser.
Quand la gauche a fait les 35 heures, la droite a hurlé, au lieu de se dire "pourquoi pas?", et c'est vrai, pourquoi fallait-il s'opposer par principe à une tentative de résoudre le chômage? Réciproquement, on peut concevoir que ce CPE participe d'une réelle volonté d'essayer quelque chose de nouveau, non?
j'ai connu 2 ans de chômage et de précarité - comme tout le monde de mon âge en fait - avant d'entrer vraiment dans la vie active, et avant cela, ce n'étaient que stages sur stages. A l'époque déjà j'avais l'impression d'une totale rigidité de l'approche de mes camarades, pour qui le chômage n'était qu'une question de mauvaise volonté des employeurs qui ne voulaient pas partager leur bénéfice, et donc renonçaient à recruter! Je ne connais pas de vision plus sotte, si, la vision très à droite qui veut que le chômage soit volontaire (les cons de chômeurs ne voudraient soi-disant pas travailler)...
Rédigé par : coco | lundi 30 janvier 2006 à 20:05
Domino, pourquoi ne nous expliques-tu pas pourquoi DSK a tellement tort en disant que ce "transfert total du risque sur le salarié n'est pas raisonnable et ne peut que miner la confiance, nécessaire à la croissance"?
Coco, es-tu bien sûr qu'à long terme, la stabilité des salariés soit un frein pour les entreprises? Est-ce que les salariés ne constituent pas la première richesse des entreprises? C'est précisément ce CPE qui oppose les intérêts des uns et des autres. D'ailleurs, l'idée de devoir faire des sacrifices pour avancer a toujours été plutôt de droite, à mon avis. C'est d'ailleurs pour ça que la droite s'est tellement opposée aux 35 heures.
Pour moi, ce contrat reste un sacrifice très important qui n'apportera sans doute pas grand-chose, si ce n'est une certaine facilité de gestion à court terme pour les employeurs. A un niveau plus global, ce sacrifice coûtera peut-être bien plus à l'économie qu'il ne lui aura apporté.
Mais peut-être doit-on aussi se réjouir de la manière dont il a été imposé, tant qu'on y est?
Rédigé par : Mathieu | lundi 30 janvier 2006 à 21:07
Pile ou face ? je réponds ou non ? pas de chance, c’est pile. Donc je réponds.
D’abord à Praxis.
S’il suffisait d’avoir voté deux fois pour Jospin pour obtenir un brevet de socialisme, je devrais l’avoir au moins avec palmes ! Pensez donc, depuis ma majorité (21 ans en 1969) c’est ce que je fais à chaque scrutin. Et en plus, réflexe conditionné, c’est sans doute ce que je referai en 2007.
Mais ça n’empêche pas d’être lucide et de constater qu’au fil des années le PS à considérablement réduit ses ambitions dans le domaine « social ». Où sont donc passées les belles intentions du programme commun et du candidat Mitterrand ?
Vous me direz, oui mais le monde à changé, les conditions économiques, le chômage de masse, la mondialisation…. Et je vous répondrais : justement, notre espoir en ces temps oubliés c’était que ces changements puissent se faire en faveur des hommes, des « prolos » si ce terme a encore une signification pour vous, et non pas contre eux… vieux con idéaliste je reste.
Mais la différence droite/gauche, n’espérez pas me l’apprendre !
Hugues. Vous avez raison, répugnant, c’est mal. J’aurais dû écrire que vos propos me révulsent. Cela aurait évité votre diatribe facile. Révulsant permet moins de fantaisies littéraires… Ceci dit, je ne retire rien. A propos qu’avez vous répondu à mon petit sondage individuel, si vous avez lu mon post jusqu’à la fin ? êtes vous un héros, oui ou non ?
La précarisation généralisée ne peut pas être une alternative Socialiste.
Question subsidiaire :
Que penseriez vous, en ces jours de gesticulation médiatique sur l’OPA de MITTAL, de la proposition de DSK (voir son blog que vous citez en lien) d’une « nationalisation » temporaire des entreprise en péril ?
Bien à vous
Rédigé par : MAD | lundi 30 janvier 2006 à 21:53
"Que penseriez vous, en ces jours de gesticulation médiatique sur l’OPA de MITTAL, de la proposition de DSK (voir son blog que vous citez en lien) d’une « nationalisation » temporaire des entreprise en péril ?""
j'ose même pas dire ce que j'en pense.
la sensation que la gauche est foutue, soit à ne pas comprendre comment les choses foctionnent, soit à raconter n'importe quoi genre DSK pour de stupides raisons electoralistes.
Rédigé par : Eviv Bulgroz | lundi 30 janvier 2006 à 22:35
"nationalisation de Mittal", "arrêt du Dakar"...pauvre DSK, réduit au café du commerce. Et les café ferment lentement...
Rédigé par : mongka | lundi 30 janvier 2006 à 23:04
Eviv, Mongka, renseignez-vous avant d'écrire: déjà Mongka, personne n'a parlé de nationaliser Mittal. Et à juste titre, vu qu'ils sont Indiens. Je crois que ça passerait mal si on les nationalisait :-)
Concernant la proposition de DSK, on ne peut pas la réduire au "slogan" de nationalisation temporaire. Il s'agit de créer une sorte d'agence publique de capital-investissement qui interviendrait lorsque une entreprise stratégique (il citait l'exemple de la dernière boîte française produisant des ampoules de verre pour les caténaires d'EDF, dont la fermeture nous rendrait dépendants de producteurs étrangers) a besoin de liquidités.
Concernant l'arrêt du Dakar, rien à voir, mais on peut effectivement se poser la question quand on voit ce que c'est devenu (2 enfants morts et Alphand qui déclare sereinement que ça va pas gâcher son bonheur), on peut se poser la question. Lire l'article de Jacques Attali à ce sujet peut aider à trouver la réponse...
Rédigé par : Mathieu | mardi 31 janvier 2006 à 10:39
Mathieu,
"Coco, es-tu bien sûr qu'à long terme, la stabilité des salariés soit un frein pour les entreprises? Est-ce que les salariés ne constituent pas la première richesse des entreprises?"
100% d'accord mais là j'ai l'impression d'un dialogue de sourds...
Aucune entreprise n'apprécie l'instabilité de ses salariés, mais généralement, les employeurs craignent 1° de tomber sur des personnes incompétentes dont ils ne pourraient pas se délester facilement, 2° en période de difficulté économique, de ne pas pouvoir "dégraisser" quand cela pourrait sauver leur boîte et 3° de ne rien comprendre à ce qu'ils peuvent ou ne peuvent pas faire.
Je pense que les intérêts des salariés et des employeurs, pour être souvent antagonistes, peuvent se rejoindre de temps en temps. Et, permettre à l'entreprise de débloquer la décision d'embauche, pourquoi pas? C'est mon seul propos.
"C'est précisément ce CPE qui oppose les intérêts des uns et des autres."
Je n'en suis pas sûre. Actuellement il y a une précarité énorme chez les jeunes, et c'est peut-être pour cela qu'ils se disent, en majorité, que le CPE peut apporter quelque chose de différent par rapport à cette précarité.
D'ailleurs, je constate qu'il y a aussi une précarité énorme du côté des TPE, qui ont le nez collé à leur carnet de commandes, bien souvent, et l'anxiété au ventre : et si untel ou untel me lâche? C'est une préoccupation permanente. Le sens de l'incertitude et de la précarité n'est pas l'appanage des salariés malheureusement. Je découvre cela depuis quelque temps, en assistant juridiquement des toutes petites boîtes. Tu n'as pas idée du caractère anxiogène de la réglementation pour elles, de l'impression que tout peut se casser la gueule du jour au lendemain, aussi. Il n'y a pas que des méchantes-multinationales en France.
"D'ailleurs, l'idée de devoir faire des sacrifices pour avancer a toujours été plutôt de droite, à mon avis. C'est d'ailleurs pour ça que la droite s'est tellement opposée aux 35 heures."
Les 35 heures, ça a été considéré comme un "sacrifice" pour certaines TPE et PME.
"Pour moi, ce contrat reste un sacrifice très important qui n'apportera sans doute pas grand-chose"
Perso je ne vois pas en quoi ce serait pire que les CDD et stages à répétition. Si j'avais eu le choix, il y a trois ans, entre stage imposé et CPE, j'aurais choisi le CPE sans hésiter une seconde et sans me dire que je faisais un sacrifice.
"si ce n'est une certaine facilité de gestion à court terme pour les employeurs."
La gestion à court terme c'est le lot des précaires, soit, de nombreuses petites entreprises qui ne peuvent pas savoir de quoi sera constitué leur carnet de commandes dans un an. On ne peut pas les obliger à réfléchir à 10 ans alors qu'elles ne le peuvent pas.
"Mais peut-être doit-on aussi se réjouir de la manière dont il a été imposé, tant qu'on y est?"
Je crois - d'après ce que m'a dit un collègue- que la procédure prévue par la constitution n'a pas été respectée. Alors je ne sais pas, il est possible que le mode d'adoption du texte soit retoqué par le conseil constitutionnel.
Rédigé par : coco | mardi 31 janvier 2006 à 11:06