La vie politique française semble parfois tirée d’un film de David Cronenberg. Ca la rend sans doute intéressante à commenter, mais il est fatiguant d’y faire de la figuration.
Il est tout de même troublant d’observer qu’un pays qui, de Bagdad à Jérusalem, donne régulièrement à la planète des leçons de gestion consensuelle des crises, soit aussi incapable de régler sereinement ses propres problèmes. Et que le Villepin qui, souvenez-vous, pontifiait à l’ONU sur la sagesse d’une « nation millénaire, ayant connu les invasions, les guerres, les révolutions », se retrouve aujourd’hui englué dans l’affaire du CPE est carrément risible.
Indépendamment du regard porté par les uns et les autres sur la nature du nouveau contrat de travail, sur sa pertinence, sur son efficacité potentielle, force est de constater que l’introduction de dispositifs comparables n’a provoqué nulle part de pareils psychodrames. La Corée du Sud exceptée, peut-être... Et encore. Mais il serait d’ailleurs assez difficile de présenter le pays dit du « matin calme » comme un modèle d’harmonie en matière de relations sociales.
Assurément, notre histoire est ponctuée de jacqueries, de frondes, de révoltes et d’émeutes, sortes de répétitions générales de la mère de toutes les insurrections, la Révolution avec un R en corps 89. Mais, et c’est justement là où le bât blesse, la prise de la Bastille et la possibilité de qualifier d’Ancien le régime aboli à cette occasion n’a absolument rien changé à notre propension à fracasser des vitrines en guise d’échange de points de vue.
La question n’est pas, ici, d’évoquer le droit de se mettre en grève et de manifester sa désapprobation à l’égard de ceci ou de cela — un droit d’ailleurs respecté dans tous les pays comparables à la France en termes de développement économique et de pratiques démocratiques théoriques. Non, il s’agit plutôt de chercher à comprendre en quoi la violence est à ce point « consubstantielle », pour parler comme Jacques Marseille, à notre culture politique. Tellement consubstantielle, en fait, qu’elle est généralement perçue comme légitime par ses éventuelles victimes, lesquelles se projettent avec autant de facilité dans le rôle du casseur qu’elles seront sans doute amenées, elles-mêmes, à casser si l’occasion leur en est fournie.
Lorsque nos viticulteurs décrètent qu’il est impensable de boire du vin étranger, le produit de la vigne étant apparemment un breuvage générique dont la provenance géographique ne s’apprécie qu’en termes économiques, ils fondent sur les supermarchés pour briser les bouteilles de picrate espagnol ou italien par milliers, arraisonnent les poids lourds pour en vider la cargaison honnie dans les fossés et multiplient les menaces en direction du gouvernement qui refuserait de fixer un prix d’achat plancher à leur bibine. Nos pêcheurs, scandalisés par l’idée d’avoir à tenir compte de la diminution des stocks de cabillaud en mer du Nord, n’hésiteront pas à mettre le feu au Parlement de Bretagne si c’est le seul moyen d’obtenir un passe-droit, la question de l’overfishing étant sans doute un mythe technocratique dont ils n’ont pas se soucier. Nos agriculteurs, célèbres pour leur facilité à incendier des piles de pneus devant les préfectures, feront volontiers le coup de poing dans les ministères au moment d’exiger une augmentation des subsides de la PAC. Sans parler de nos routiers, qui bloqueront le pays sans sourciller ; de nos « jeunes » des banlieues, qui hurleront leur haine diffuse en mettant à sac les écoles de leurs petits frères ; de nos étudiants, qui s’en prendront à l’harmonisation européenne des diplômes en explosant quelques cabines téléphoniques ; de nos anti-OGM/pro-roquefort, qui démacdonaldiseront Millau avant d’aller défaire le travail diabolique des chercheurs de l’INRA ; de nos... Ouf, j’arrête là, mais j’en ai d’autres.
J’entendais l’autre matin à la radio des lycéens qui, après avoir été copieusement tabassés et rançonnés par des loubards à l’occasion d’une manifestation, comparaient, outrés, la « violence légitime » des gauchistes radicaux et celle, décrite comme « sans objet », des casseurs du 9-3, oubliant que la question de la légitimité de la violence devient, dès que son principe comme mode de communication est admis, une notion pour le moins mouvante. La vitrine des moquettes Saint-Maclou, place de la Nation, a-t-elle été fracassée dans le cadre d’un projet politique argumenté ou, au contraire, explosée gratuitement par un casseur décérébré ? Question absurde, à mon avis. Comme de l'avis de la vitrine, d’ailleurs.
On pourrait évidemment considérer que notre incapacité à négocier, à discuter autour d’une table ou dans un hémicycle, voire notre refus de plus en plus fréquent d'utiliser un bulletin de vote, sont la marque de notre nature frondeuse et indisciplinée — une sorte de trait de caractère finalement bien sympathique, gaulois, quoi... Mais on pourra tout aussi bien en conclure que cette attitude est essentiellement l’indice d’une absence de confiance dans les institutions démocratiques et, ultimement, dans le principe même d’un Etat de droit — vous savez, ce modèle d'organisation privilégiant le croisement des idées sur celui des manches de pioches... Moi, cette violence ne m’est absolument pas sympathique. Je ne la trouve ni folklorique, ni légitime, ni même efficace, l’absence de résultats concrets étant d’ailleurs la meilleure preuve de son absence de justification (par résultats concrets, et dans le cas du CPE, je pense plus à la réduction du chômage des jeunes qu’à la possibilité de voir Villepin mordre la poussière. Mais à chacun son résultat concret).
Dans le film de Cronenberg dont le titre introduit cette note, un bon père de famille apparemment sans histoire est rattrapé par la violence de son passé, son nouveau mode de vie n’ayant pas réussi à gommer ses errements de jeunesse. C’est bien triste. Mais le personnage placé au centre de cette excellente réflexion sur la possibilité du changement a au moins l’excuse d’être forcé à replonger dans l'univers de brutalité avec lequel il pensait avoir rompu. Notre History of Violence à nous, rien ne nous oblige à la prolonger. Tout nous pousse, au contraire, à la dépasser.
Mais bon, c’est peut-être tout simplement l'effet de l’âge, le plaisir d’aller me colleter avec la police en hurlant le slogan du jour m’étant de moins en moins accessible quand les générations montantes aspirent, elles aussi, à se fabriquer des souvenirs d’anciens combattants. Encore que, ni les viticulteurs, ni les pêcheurs, ni les routiers qui peuplent les pages sociales de nos journaux, n’étant des perdreaux de l’année, l’on puisse se demander si la question de l'influence de l'horloge biologique sur l'assagissement politique est vraiment pertinente...
Parce que mon sentiment profond est que le recours systématique à la violence est une façon archaïque, primitive et anachronique de réagir aux événements, j’exclue toute approche « romantique », voire guévariste, de ce qui se passe régulièrement dans nos rues. La colère des routiers n’ayant aucune chance de faire baisser les cours mondiaux du pétrole, l’ire des pêcheurs n’étant absolument pas susceptible de stimuler la natalité chez les poissons, la rage des étudiants n’étant pas près d’amoindrir l’impact de la hausse de la compétitivité du reste du monde, nos échauffements périodiques sont aussi dérisoires que les crises de frustration d’un gosse de quatre ans refusant de manger ses légumes ou d’aller se coucher à l’heure du marchand de sable. Le moment n'est-il pas venu de s'en rendre compte ?
© Commentaires & vaticinations
Mille bravos.
Mais,… cette manie de me piquer les idées que je n'ai pas eu le temps de mettre en forme ni, même, en fait, de penser réellement va finir par m'énerver.
Ecrit avec talent en plus, pffff...
Rédigé par : aymeric | jeudi 30 mars 2006 à 14:05
L'enfant de quatre ans : c'est assez bien vu. Je ne doute pas de la réalité de la colère voire du bien fondé de celle-ci, par exemple pour les routiers ou les viticulteurs. En revanche je suis exaspérée par l'unique porte de sortie proposée, totalement, foncièrement puérile : "donne-moi ce que je veux ou je casse tout".
Je me demande si nous n'avons pas un rapport totalement infantile au pouvoir, ici en France. On adore se faire mater par l'homme providentiel, et on adore aussi aller tout casser. Y a un truc psy là, franchement...
Rédigé par : coco | jeudi 30 mars 2006 à 14:12
L'image de l'enfant de 4 ans laisserait finalement penser à une certaine "immaturité" chez ceux dont tu parles (avec un talent certain). Pourrait-on se laisser aller à parler d'un pays immature qui n'a pas encore digéré la fin de guerre froide et se complait dans une sorte d'idéalisme bon-enfant et irréel ?
Rédigé par : Jules | jeudi 30 mars 2006 à 15:03
Je n'ai vu pour l'instant aucune "histoire de violence" dans les manifestations pacifiques des étudiants, lycéens et salariés contre le CPE ; les casseurs (qu'ils soient anarchistes, d'extrême-gauche, d'extrême-droite ou du 9-3) se situant clairement en marge de ce mouvement.
A moins de considérer la manifestation comme une forme de violence en elle-même. Mais quelle serait alors l'alternative face à une mesure inadaptée et inacceptable pour la majorité, imposée sans aucune concertation ? La résignation ?
Enfin, je me méfie des clichés caricaturaux sur la prétendue violence "consubstantielle" de la culture politique française, par opposition à l'esprit de consensus que l'on retrouverait partout ailleurs. Je signale d'ailleurs à ce sujet qu'il y a actuellement des grèves et des manifestations en Grande-Bretagne et en Allemagne, pour ne citer que ces deux exemples.
Malheureusement, ton commentaire pèche peut-être seulement par anticipation. L'autisme, le mépris et les provocations répétées du pouvoir actuel, qui semblent s'intensifier malgré la force du rejet, pourraient en effet faire basculer ce mouvement, jusqu'ici raisonnable et non-violent vers une pente dangereuse...
Rédigé par : Michel B. | jeudi 30 mars 2006 à 15:06
Jules,
Moi je me demande carrément si notre pays a tout simplement digéré la révolution et la disparition de l'Ancien Régime.
Michel B,
Personne ne dit que les djeunz sont les casseurs. Je n'ai pas du tout compris le message d'Hugues comme cela en tout cas.
Par ailleurs, le côté "ils sont violents parce que le pouvoir l'a bien cherché", c'est typiquement révolutionnaire ça. Pour parler de déconnexion avec le pays dit "réel", pourquoi, alors, si peu de violences dans les sièges des syndicats français? Vous savez qu'ils sont présumés "représentatifs", et que, à ce titre, un syndicat minoritaire en fait peut signer un accord collectif qui a des effets à l'égard de l'ensemble des salariés. Un accord collectif qui peut être extrêmement négatif et impopulaire. Pourquoi jamais de violences contre ces autismes syndicaux? Réponse : parce qu'ils ne constituent pas un symbole "du" pouvoir, ils ne sont pas associés, dans note imaginaire, à l'autorité. C'est pourquoi expliquer la violence par le seul "autisme" du pouvoir en place, me semble tout à fait inapproprié.
Rédigé par : coco | jeudi 30 mars 2006 à 15:36
Michel B.,
Sauf erreur de ma part, les étudiants qui ont investi la Sorbonne n'étaient pas ce qu'on qualifie habituellement de « casseurs » alors qu'ils ont tout de même fait certains dégâts (notamment sur d'innocents livres, quelle que soit leur valeur) et jeté des chaises et des extincteurs sur des CRS (ce qui ne doit pas faire du bien, même avec un bouclier).
Je trouve assez dommage et anormal que ces faits soient aussi peu condamnés par l'opinion publique.
Rédigé par : OB | jeudi 30 mars 2006 à 16:25
Coco,
1. Je n'ai absolument pas dit que Hugues disait que les jeunes sont des casseurs. Je m'étonnais simplement qu'il évoque la violence à propos de manifestations pacifiques. Et je maintiens mon étonnement.
2. Puisqu'il n'y a pas de violence (en dehors de celle des casseurs qui n'a rien à voir avec le mouvement anti-CPE et à laquelle je ne trouve pas d'excuses), je n'ai donc pas cherché à la justifier avec les arguments que vous me prêtez. Je dis simplement que dans un avenir proche, le risque de radicalisation n'est pas nul compte tenu de la manière catastrophique dont le pouvoir gère cette crise. Cela me semble malheureusement une crainte réaliste. Mais j'espère évidemment que cela ne sera pas le cas.
3. Votre remarque sur les syndicats me paraît ici hors sujet, dans la mesure où ceux-ci, en l'espèce, n'ont pas eu droit à la parole.
4. Enfin, contrairement à mai 68 par exemple, ce mouvement ne me semble rien avoir de "révolutionnaire". Les jeunes demandent simplement à ne pas être traités plus mal que le reste de la population. Ils ne veulent pas changer le monde, ils veulent s'intégrer, accéder à un emploi dans des conditions acceptables, etc.
5. Question subsidiaire : considérez-vous que Hugues n'est pas assez grand pour se défendre lui-même pour que vous voliez systématiquement à son secours ? Je plaisante, je sais que quand on est "fan", on a du mal à maîtriser sa passion...
Rédigé par : Michel B. | jeudi 30 mars 2006 à 16:42
Michel B,
Insinuer que ce texte conteste l'idée même de manifestation est un petit peu de mauvaise foi, non ?
Un peu quand même.
Presque autant que de prétendre que les manifestations, "grèves" et occupations étudiantes se sont déroulées sans violence aucune.
Je vous rejoindrais par contre sur un point : la France n'a certainement pas le monopole de ce genre de débordements (qu'on songe aux black blocs allemands par exemple) peut-être y rajoutons simplement un soupçon de complaisance, ce coté : la France, pays de "caractère" (on peut noter que c'est un qualificatif également utilisé par certain parents dédouanant leur infect petit rejeton ; l'analogie avec les caprices d'un enfant de 4 ans est décidément très bien vue).
Rédigé par : aymeric | jeudi 30 mars 2006 à 16:58
Vous semblez ne considérer comme «violent» que des actes physiques et faire l’impasse sur la «violence» psychologique qui est dans notre société nettement plus généralisé.
On pourrait d’ailleurs dans le domaine social considérer la violence physique comme l’arme du pauvre, du faible, de l’isolé, de l’exclu, du «fou» car le « coupable » est facilement identifiable et donc punissable.
Rédigé par : Quoique | jeudi 30 mars 2006 à 17:33
Hé ho, les gars, tout va bien, pas de violence sous une note appelant à la paix et à la fraternité entre les hommes et les femmes de bonne volonté !
Mais évoquer la violence de nos rapports sociaux n'est tout de même pas complètement absurde. Et les exemples fournis(pêcheurs, routiers, viticulteurs, etc...) me semblent assez pertinents.
D'ailleurs, c'est même ce sentiment d'une violence permanente qui me faisait exclure l'idée que l'on puisse qualifier d'ethniques ou de religieuses les émeutes des banlieues en novembre dernier (http://hugues.blogs.com/commvat/2005/11/racaille_politi.html).
Pour moi, et aux antipodes de ce qu'en disait Finkielkraut, ces émeutes s'inséraient parfaitement dans la logique française de ces révoltes aveugles dont le projet est d'obtenir la satisfaction des exigences d'un groupe quelconque par l'Etat -- sans souci des conséquences pour l'intérêt collectif. En ce sens, elles étaient une assez bonne preuve en creux d'intégration, les "jeunes" se comportant comme des agriculteurs beaucerons.
Mais sur la violence des manifs contre le CPE, et sur la violence des manifestants eux-mêmes, la Sorbonne, l'EHESS ou le centre ville de Rennes en savent quelque chose. Il y avait d'ailleurs un excellent papier d'universitaire dans Le Monde de samedi, dénonçant la propension d'une partie de la gauche à faire de cette violence une sorte de mythe révolutionnaire légitime (http://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=938859). Malheureusement, le papier n'est plus en accès libre mais il était très intéressant sur ce point.
En tout état de cause, et contrairement à ce que tu dis, Michel, les jeunes ne demandent pas "seulement d'être traités comme tout le monde". Ils se tournent vers l'Etat pour lui dire : "fais en sorte que rien ne change dans le monde, que tout reste pareil, qu'il suffise d'augmenter les impôts et de recruter des fonctionnaires pour que rien ne nous menace. Dis nous que le vieillissement de la population, les déséquilibres démographiques, la question des retraites, la montée en puissance de la Chine, la transformation des sociétés modernes en économies de services compétitives et flexibles, tout ça... Dis nous que ce n'est pas vrai. Que nous sommes les gentils. Que les autres sont des menteurs et des méchants. Que les Anglais souffrent et sont tous au chômage. Que les Danois doivent accepter des jobs de merde ou sont privés de leurs allocs. Que nous pouvons tous être fonctionnaires ou intermittents..."
Ouf, je m'emballe. Mais voilà ce qu'ils disent, les jeunes, en balançant des pavés sur des flics-fonctionnaires au smic...
Rédigé par : Hugues | jeudi 30 mars 2006 à 17:41
"En ce sens, elles étaient une assez bonne preuve en creux d'intégration, les "jeunes" se comportant comme des agriculteurs beaucerons."
Au moment des émeutes, Timothy Garton Ash (http://www.guardian.co.uk/Columnists/Column/0,,1638807,00.html) avait eu une réflexion similaire qui à l’époque m'avait fait sourire et un peu rassuré par son aspect "à quelque chose malheur est bon" ou "en fait tout n'est pas si terrible".
On se raccroche à de ces choses...
Rédigé par : aymeric | jeudi 30 mars 2006 à 17:55
Michel B,
Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii je suis faaaaaaaaaaaaaaaaaaan et j'assume mon statut de midinette ;-)
Concernant les syndicats, je ne suis pas d'accord avec vous. Je pense que, quand on se fonde sur le prétendu "autisme" des autorités pour expliquer le recours (passé ou à venir) à la violence, alors, on doit aussi inclure dans son raisonnement l'"autisme" des syndicats minoritaires qui décident à la place et parfois contre les salariés.
Et pour répondre à la deuxième moitié de votre réponse sur les syndicats, entendre FO pousser des cris parce qu'ils n'ont pas été consultés, quand on sait que, en tant que minoritaires, ils se battent becs et ongles contre la remise en question de la présomption légale de représentativité, c'est, de mon point de vue, à se taper la tête contre les murs.
Rédigé par : coco | jeudi 30 mars 2006 à 18:02
Les exemples présentés notamment les pêcheurs et les viticulteurs (plus globalement les paysans) sont des cas particuliers avec une histoire, ils défendent (éfendaient ?) leur survie sans avoir trouvé une solution de rechange. Leur «métier» est (était) aussi un style de vie, remis en question par un monde extérieur qui n’était pas invité.
C’est le gentil chien qui mord lorsqu’il n’a plus de possibilité de fuite et qu’il ne comprend plus ce qu’on veut de lui.
Rédigé par : Quoique | jeudi 30 mars 2006 à 18:26
Le suicide est une cause de mort « violente » importante (en nombre) et l’on en parle peu alors qu’il est souvent la face visible d’une violence psychologique insoutenable. Posons nous la question, pourquoi la violence physique fait la une des médias ? Peut-être parcequ’il n’est pas possible de « vendre » de la souffrance psychique qui est de l’ordre de l’invisible (médiatiquement parlant).
Rédigé par : Quoique | jeudi 30 mars 2006 à 18:40
Qu'il est rassurant de voir que, manifestement, tous les lecteurs de ce blog sont de ces gens qui imaginent que la véritable misère, celle du ventre, celle du froid et de la faim, a attendu l'invention des restos du coeur pour exister. Coluche était-il visionnaire ou simplement citoyen lucide de son époque ?
Qui donc se souvient des propos de Balavoine interpellant le candidat Fraçois Mitterand au sujet de la détresse de la jeunesse ? N'y-a-t-il donc personne qui se souvienne dans quelles circonstances sociales exactes François Mitterand était devenu président de la république ? Hé bien, les enfants de "l'inverse de la courbe des revenus des générations montantes" sont désormais grands : ils ont 40 ans, s'en sont à peu près sortis, et font tourner le pays pour quelques années encore.
Mais qu'il est donc émouvant d'entendre ces gentils étudiants, cette élite de la réflexion sociale de notre pays qu'est l'EHESS supplier la Police d'intervenir pour protéger leur école des méchants graffiteurs....
Les émeutes de l'hiver ont montré que certaines formes de manifestations sont interdites à ceux, français ou non, dont la mine est peu cathodique.
Quelle autre solution qu'instrumentaliser les préjugés de la société contre elle-même ? Après tout, la police prendra toujours bien plus de gants avec un groupe de lycéenne qu'avec une bande de trois zyavs pour lesquels parler mal finit par être un rite d'identification.
Rédigé par : Tiens, j'ai vomi | jeudi 30 mars 2006 à 19:12
Dans pas longtemps, je sens que certains 68ards vont réclamer le rétablissement du service militaire.
Personne ne semble faire attention à ce que dit Quoique, et qui est fort juste: la misère est une violence.
Sans l'excuser, il faut tenir compte de ce que les jeunes du 93, comme beaucoup d'autres laissés-pour-compte, assistent impuissants au spectacle de ce qui leur est à jamais interdit mais demeure vaguement possible aux autres (croient-ils).
Et si Hugues a en partie raison en disant que les jeunes manifestants (non-violents) voudraient en gros que tout le monde soit fonctionnaire en oubliant que l'Union Soviétique et l'Albanie D'Enver Hojda se sont un peu écroulées, il n'en reste pas moins que vingt-trois ans (suivez mon regard:le choc pétrolier)de lâcheté politique sont en train d'être facturés.
Ouf, je me repose un coup, là.
Rédigé par : leblase | jeudi 30 mars 2006 à 19:27
Coco,
Ma foi, merci pour l'enthousiasme. Peut-être devrais-je enregistrer un disque alors...
Quoique,
Les gens dont je parle ne sont pas forcément des désespérés abandonnés de tous. Les viticulteurs s'opposent à l'importation de vin étranger quand les exportations de vin français n'ont jamais été aussi importantes. Des millions de personnes dans le monde s'ouvrent au vin depuis quelques années et la France dispose des avantages comparatifs les plus importants pour profiter de ce boom (notoriété, qualité, infrastructures, aides à l'export, etc.). Si nos viticulteurs préfèrent se concentrer sur un marché saturé dont les consommateurs boivent moins, mieux et découvrent des goûts nouveaux venus de l'étranger, que proposes-tu ? Accepter leurs diktats où leur suggérer de se prendre en charge ? Ce n'est pas un discours froid et cynique, c'est l'expression d'une réalité. Sauf à décider que le pinard fait désormais partie de la longue litanie des trucs et des machins qui "ne sont pas des marchandises" et doivent donc également échapper aux cruels mécanismes économiques.
Pour les pêcheurs, si la surpêche crée une situation, réelle, concrète, ils n'en deviennent pas pour autant incapables de la prendre en compte. La pêche finlandaise ou islandaise reste prospère et s'adapte. Mais l'idée de comparer les gens confrontés à des changements à des "chiens qui mordent" sans se rendre compte de ce qu'ils font est à la limite de l'insulte. La force d'un pays riche, c'est justement de pouvoir assister les mutations sans abandonner les gens. Mais ce n'est pas de faire semblant que rien ne va changer. Et, oui, le poisson EST une marchandise. D'autre part, le "monde extérieur" en question étant la mer qu'ils ont parfois volontairement refusé de gérer en tant que ressource fragile, ils portent une part de responsabilité dans la situation. Rien n'est jamais univoque et le corporatisme égoïste est aussi une réalité, au-delà de la réalité des difficultés d'un tas de gens.
Leblase,
Bien sûr qu'il y a une facture à payer. Payons-là donc, mais faire l'autruche ne nous mènera nulle part.
Rédigé par : Hugues | jeudi 30 mars 2006 à 20:41
Hugues
Heu...Oui, mais je ne suis pas sûr qu'on parle de la même chose.
Quant à faire l'autruche, ce n'est certes pas sain, en ces périodes de grippe aviaire (tiens au fait, où est-elle passée celle-là depuis qu'on a le CPE?)
Rédigé par : leblase | jeudi 30 mars 2006 à 20:57
Tiens, c'est vrai... La grippe aviaire ? Et le chikunguya ? Et l'Irak ? Et l'Afghanistan ? Et tous ces trucs, le Darfour, machin... Bof, ça devait pas être si important. Il vaut mieux se concentrer sur les déclarations de Bruno Julliard, ce jeune vieillard.
Rédigé par : Hugues | jeudi 30 mars 2006 à 21:01
A Coco, OB, Aymeric et Hugues,
Nos petites joutes oratoires suite au billet de Hugues se résument en fait en grande partie à la question : en quoi est-il pertinent d'évoquer la violence au sujet du mouvement anti-CPE ? Ou, autrement dit, en quoi les manifs anti-CPE sont-elles violentes ?
Posons comme première hypothèse que l'on parle de violence "physique", sur les biens ou les personnes.
Vous serez tous d'accord avec moi pour ne faire aucun amalgame entre la quasi-totalité des manifestants étudiants, lycéens et salariés d'une part et les "casseurs" d'autre part (qu'ils soient anarchistes, d'extrême-gauche, d'extrême-droite ou du 9-3). Même le gouvernement de droite, pourtant coutumier du fait, ne s'est pas amusé cette fois-ci à cette basse manipulation, à part peut-être Eric Raoult (ce qui ne veut pas dire qu'il ne sera pas tenté de la faire, si le conflit se durcit, après l'annonce de la promulgation de la loi par Chirac demain, pour déplacer la crise du terrain social à celui de l'ordre public, où il se sent beaucoup plus à l'aise).
Il y a eu quelques débordements sporadiques, c'est vrai (en cherchant bien, Hugues cite la Sorbonne, l'EHESS ou le centre ville de Rennes). Soit. Mais ces événements ne sont absolument pas représentatifs de l'ensemble du mouvement. Ce que l'on retient avant tout, ce sont des cortèges impressionnants certes, mais pacifiques, voire même bon-enfant.
Première conclusion : on ne peut donc raisonnablement pas parler pour l'instant de manifestations "violentes" à propos de la contestation du CPE.
Puisqu'il ne s'agit pas (à quelques exceptions près) de violence "physique", l'opposition anti-CPE serait donc, nous suggère Hugues, une nouvelle illustration de la "violence" des rapports sociaux en France (deuxième hypothèse). Même s'il ne conteste pas le droit de manifester, qui fait partie des libertés accordées dans toutes les démocraties comme il le dit lui-même, notre propension à transformer toute discussion en "psychodrame" serait en cause, incapables que nous sommes de nous mettre autour d'une table pour trouver un consensus.
Mais là, pour le cas qui nous occupe (le CPE), je dis stop, les amis. Pour discuter, il faut être deux. Et pour être autour de la table, il faut y avoir été invité. Personne ne pourra prétendre que dans ce cas, il y a eu la moindre concertation avec les syndicats lycéens, étudiants et de salariés. Je dirais même qu'il faut être vraiment con (je ne vois pas d'autre mot), quand on veut réformer le Code du travail, pour se mettre à dos d'emblée la CFDT, "le" syndicat réformiste en France. Donc si violence dans les rapports sociaux il y a dans le cas du CPE, on sait, sans aucune ambiguïté, d'où elle vient.
Enfin, je rappelle la revendication de ce mouvement, elle est simple et claire : retrait du CPE. Pas de CPE, pas de manif. Plus de CPE, plus de manif. Donc, contrairement à ce que tu dis, Hugues, ce que les manifestants demandent, c'est effectivement de ne pas se voir proposer un sous-contrat sous prétexte qu'ils sont jeunes. Ce qu'ils refusent, c'est l'institutionnalisation de la précarité, déjà bien réelle (avec les CDD, l'intérim, les stages, etc.). Ils veulent que leurs diplômes et leurs capacités soient reconnus, ils veulent s'intégrer, accéder à un emploi dans des conditions acceptables, même s'ils savent qu'ils devront en changer plusieurs fois dans leur vie et qu'ils l'acceptent.
Effectivement, Hugues tu t'emballes, en nous récitant tout le prêt-à-penser de la pensée unique libérale. Où as-tu vu que les manifestants demandaient à augmenter le nombre de fonctionnaires ou les impôts ? Où as-tu entendu qu'ils exigeaient l'emploi à vie ?
Je maintiens donc que, contrairement à mai 68, il ne s'agit absolument pas d'un mouvement "révolutionnaire", mais au contraire d'une demande d'intégration et d'autonomie, que, pour ma part, je trouve à la fois légitime et, pour tout dire, plutôt encourageante pour notre pays.
Malheureusement, comme je le disais, je ne suis pas sûr qu'une radicalisation ne se produise pas dans les prochains jours, dans la mesure où notre cher président (élu avec 82% des voix il y a quatre ans et auquel aujourd'hui 80% des Français ne font plus confiance) s'apprête à promulguer cette loi inadaptée et inacceptable, ignorant, sans doute pour des raisons personnelles, l'opposition très majoritaire qu'elle suscite...
Rédigé par : Michel B. | jeudi 30 mars 2006 à 21:46
Michel,
Juste en passant : "72% des 15-17 ans, contre 75% des 18-24 ans et 78% des 25-30 ans" rêvent de devenir fonctionnaires d'après l'IFOP. Certains de ces jeunes-là devaient bien être dans ces manifs, non ?
http://www.ifop.com/europe/sondages/opinionf/jeunesfonctionpubl.asp
Mais pour le reste, je parle de la violence en général. De la violence qui prend régulièrement le pas sur les processus démocratiques.
Rédigé par : Hugues | jeudi 30 mars 2006 à 21:57
@quoique
quoique (?) tu en pense dans le suicide, il y a une part de libre arbitre.
Il y a des différences formelles entre violence physiques et psy. Je ne nie à aucun moment les violences psy, mais elles sont plus difficiles à estimer pratiquement : un gnon dans la tronche, une cote cassée etc c'est "quantifiable".
Mais surtout la violence psy de "la société qui est méchante tout plein" est un refuge facile. Que la dite société soit "pleine de méchancheté" ou pas, d'ailleurs. Faudrait connaître les taux sous Mao, par exemple. Mais surtout, on peut absolument tout mettre derrière, tout justifier avec. En d'autres termes c'est un propos parfaitement creux car non évaluable. Juste un préconçu autour des notions de dominants/dominés.
Et ça m'énerve PROFONDEMENT de tout mettre ainsi sur le dos du déterminisme "sociétale". Des gens qui vivent mal parfois jusqu' au hara-kiri ou à la balle dans la tronche j'en connais aussi. Du moins ont ils eu la décence de ne pas faire état de «violence» psychologique sociétale :-)
Une balle ça tue, la famine et la chiasse aussi.
Rédigé par : Eviv Bulgroz | jeudi 30 mars 2006 à 22:21
Hugues: une remarque de fond : je n'ai pas le sentiment que le million-de-manifestants selon-la-police-trois-millions selon-la-CGT sont susceptibles de se considérer collectivement comme des cons ou d'écouter ceux qui écartent d'un revers de main ce qu'ils peuvent avoir à dire dans toute l'inévitable diversité d'opinions que cache un tel effectif.
J'entendais ce matin Ségolène expliquer à son honorable contradicteur "mais si, le service militaire, vous avez trouvé ça très bien". Revendiquer la connaissance d'un vécu particulier alors qu'on affiche en argument de différentiation un critère par lequel on affirme ne pouvoir matériellement en aucun cas jamais avoir éprouvé le vécu qu'on commente est-il autre chose que le plus évident signe d'aveuglement ?
Ha, mais j'oubliais que cet aveuglement est nécessaire au bon exercice de cette profession qui consiste très précisément à parler de tout. De Villepin l'autiste à Ségolène bidasse réincarnée, nous voilà bien.
Rédigé par : Flaff | jeudi 30 mars 2006 à 22:57
Hugues, j'admet volontier tes arguments. Il y a des personnes comme tu les décrits mais je t'assure qu'il y en a aussi comme celles que je défends.
Eviv, que voulez vous que je vous dise... désolé de vous indisposer, ne prener pas froid.
Rédigé par : Quoique | jeudi 30 mars 2006 à 23:15
Hugues,
Même si cela n'a rien à avoir avec "la" revendication des manifs anti-CPE, je suis d'accord avec toi pour trouver un peu désolant que tant de jeunes aspirent à devenir fonctionnaires. Mais quelle est l'explication, à ton avis ? C'est à l'évidence le résultat d'une forte angoisse pour leur avenir professionnel et d'un certain rejet, compréhensible, du monde de l'entreprise tel qu'il évolue. Ils sont nés avec le chômage de masse ne voient aucune amélioration à l'horizon. Ils voient se développer autour d'eux la précarité et les licenciements. Le monde de l'entreprise privée, qui considère de plus en plus les individus comme des unités de productivité et des variables d'ajustement, leur paraît de plus en plus inhumain. Et dans ce contexte, le statut de fonctionnaire apparaît comme une valeur refuge, pour construire sa vie avec un minimum de sérénité et s'éclater en dehors du boulot. C'est triste mais ça se comprend.
Et je pense que des mesures comme le CPE ne vont sûrement pas stimuler l'engagement des jeunes dans les entreprises. Quand tu sais que tu peux être virer sans motif du jour au lendemain, tu peux avoir peur, certainement, mais tu ne peux pas raisonnablement t'impliquer comme s'il s'agissait d'une relation durable...
A ce sujet, voici le témoignage un peu provoc d'un pigiste trentenaire du Nouvel Obs :
"Le fait qu'une grosse proportion de jeunes souhaitent rejoindre la fonction publique déclenche invariablement des commentaires navrés : ne recherchent-ils qu'une "planque" ? Mais c'est oublier ce que beaucoup de jeunes fonctionnaires savent : que la vraie vie est ailleurs qu'entre les murs d'une entreprise, dans un groupe de rock, un business perso ou une association. Si l'on ne peut pas vivre de sa passion, alors on la vivra après le travail. "L'entreprise ne veut pas de nous ? Qu'elle se rassure : on ne veut pas d'elle !", dirait Coluche s'il était né après 1970".
Rédigé par : Michel B. | jeudi 30 mars 2006 à 23:45
@quoique
dsl
j'ai pas été gentil. mais les grilles de lecture univoque, ç grand coup de malheur me mette en rognent..
Re-dsl et bonne nuit
Rédigé par : Eviv Bulgroz | jeudi 30 mars 2006 à 23:45
Voici, dans un autre domaine, des chiffres de l'Insee qui donnent également à réfléchir : en 1975, 35% des garçons de plus de 24 ans vivaient encore chez leurs parents ; en 2005, ils sont 65% ! (pour les filles, les chiffres sont passés sur la même période de 20% à 50% !). Le fameux syndrome Tanguy... Hallucinant !
Tiens, tant que j'y suis, en voici d'autres (source Eurostat) concernant le pourcentage de salariés (pas seulement les jeunes) ayant un CDD ou un contrat temporaire : 34,4% en Espagne, 15,8% aux Pays-Bas, 14,9% pour la moyenne européenne, 14,3% en Allemagne, 14,2% en France, 12,3% en Italie, 10,2% au Danemark, 9% en Belgique, 5,9% au Royaume-Uni.
Et pour la route, je te conseille, si tu ne l'as déjà fait de lire l'excellent point de vue d'Eric Favereau sur le CPE dans Le Monde, intitulé "CPE : le vaccin qui tue" : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-756237,0.html
Rédigé par : Michel B. | jeudi 30 mars 2006 à 23:48
Sorry : il ne s'agissait pas d'un article d'Eric Favereau mais d'Olivier Favereau, un professeur d'économie qui ne s'inscrit apparemment pas dans la pensée unique des élites libérales. Mais sans doute lui aussi, comme tous les jeunes cons qui manifestent, n'a-t-il rien compris à l'économie, ce qui est, tu l'avoueras, particulièrement gênant pour quelqu'un qui enseigne cette discipline...
Rédigé par : Michel B. | jeudi 30 mars 2006 à 23:55
Ok pour parler de violence, cher Hugues, mais permettez ...
Licencier sans motif, n'est pas violent (si ce n'est physiquement, au moins moralement ...) ??
Faire des profits faramineux et en même temps licencier ?? Voler des heures sup en ne les payant pas ?? Sous-payer des employers ?? Radier des aides sociales ?? ... Toutes ces violences de lasociété, du monde du travail, des entreprises, que vous ne condamnez pas ...
Je sent que vous aller me rappeler que tous les patrons ne sont pas des voyous. Merci, je sais ...
Mais 50% des heures sup ne sont pas payées dans ce pays. Des entreprises (principalement du BTP exploite une mains d'oeuvre immigrées en situation irrégulière ...).
sauf que là, vous trouvez des excuses à CES VOYOUS ci !!! trop de charges, marché du travail inadaptés ... Excuses très belles et très "IN" ...
Oui, je regrette les casseurs quand il d'en prennent à des manifestants, et à l'outil de travail de personnes qui ne sont pas dans une beaucoup meilleurs situation qu'eux ... , Mais ça n'empêche, qu'il réponde à une violence sociale par une autre violence. La leur n'est pas légitime, mais la violence sociale l'est elle ??
Condamnez un peu celle du camps des "pas-si-méchant-que-ça" (le patronat, qui en effet n'est pas composé que de salaud, loin de là), vous gagnerez en crédibilité ...
Vous jouez tant contre votre camps supposé (enfin pour ma part, j'ai mon idée là dessus), qu'on finirait par se poser des questions ...
Rédigé par : Simon | vendredi 31 mars 2006 à 00:12
Faire des profits faramineux et en même temps licencier ??
http://fr.wikipedia.org/wiki/Destruction_créatrice
Rédigé par : Eviv Bulgroz | vendredi 31 mars 2006 à 00:28
Je vous lis assez régulièrement sans intervenir, le français n’est pas ma langue maternelle…
On parle beaucoup de démocratie, d’un état de droit en France. Ceux qui s’en réfèrent le plus sont souvent ceux qui les transgressent le plus allègrement.
Autant que je sache nous avons un parlement élu démocratiquement pour 5 ans. 2007 n’est plus très loin et la possibilité de changer la donne, y compris le CPE.
Je ne comprends absolument pas l’hystérie de la gauche et encore moins les blocages et autres violences antidémocratiques. Le parlement a voté, le C.C. a donné son feu vert, pourquoi des menaces,des ultimatums, pourquoi une épreuve de force contre un gouvernement régulièrement constitué ?
Pourquoi certains français ne respectent-ils pas le jeu démocratique ?
Oui, je pense que beaucoup de français n’ont pas la maturité nécessaire au bon fonctionnement d’une démocratie parlementaire.
Rédigé par : margit | vendredi 31 mars 2006 à 00:38
@Zorglub
Bien d'avoir wikipedia comme référence, moi c'est l'almanach verbault ...
Plus sérieusement, vous ne répodez pas à ce que je dis ... Si je conçaois que le R&D soit une réponse à long terme, que faites vous des OS de 50 ans ??
@Margit
Discuté par le parlement, ça reste à voir ... Chacun sait que le CC est aux ordres ... et sa composition le confirme ...
Quand au droit de pétition, à celui de manifestation, à celui de faire grêve, ils sont reconnus respectivement depuis 1798 et 1884 ... Quoi d'anti-démocratique ???
Je crois me souvenir qu'un certains Chirac fût élu en 1995 pour réduire la fracture sociale (heureusement que Jospin a sauvé son bilan ...) et dans un réflexe démocratique en 2002 (qu'en a t'il fait ??).
Mais vous avez raison : " Oui, je pense que beaucoup de français n’ont pas la maturité nécessaire au bon fonctionnement d’une démocratie parlementaire", ce qu'il noyus faut, c'est une bonne dictature ... éclairée, bien entendu !! Je suis sur que vous êtes candidates ... Je dois demander l'asile politique où ??
Rédigé par : Simon | vendredi 31 mars 2006 à 01:59
Michel B.: clap, clap, clap.
Vous devriez aller faire un tour sur debat2007.fr .
Rédigé par : Flaff | vendredi 31 mars 2006 à 09:07
« Quand au droit de pétition, à celui de manifestation, à celui de faire grève, ils sont reconnus respectivement depuis 1798 et 1884 ... »
Ne déformez pas mes propos ! J’ai parlé de blocages et autres violences antidémocratiques. Je n’ai pas mentionné le droit de manifester pacifiquement !
Le caca nerveux de la gauche et son soutien du blocage et l’irrespect de ceux qui souhaitent travailler et cela à quelques mois d’une échéance électorale prouve pour moi deux choses :
1) le virage du PS en se joignant et en cautionnant les agissements de la CGT et ces satellites est de plus en plus nettement en direction de l’extrême gauche anti-démocratique.
2) l’extrême gauche par ses méthodes prouve encore une fois, si besoin en était, qu’elle n’a rien à faire du respect du jeu démocratique, de la loi et des libertés de chacun. Comment peut-on parler de démocratie quand on casse, quand on menace, quand on agresse et quand on empêche de travailler ceux qui ne souhaitent pas suivre le mouvement?
J’ai souvent hésité de sauter le pas, de me joindre au PS. Mais cette fois c’est fini. Je ne serai jamais aux côtés de ceux qui soutiennent une telle pagaille antidémocratique, alors qu’ils sont des élections et la possibilité de s’exprimer dans les urnes dans quelques mois.
Prenez garde, 2002 pourrait se renouveler et être bien pire en 2007 ! Car l’immense majorité des français qui reste silencieux et ne participe pas à ce déferlement hystérique pourrait exprimer dans les urnes une réponse aux antipodes de ce que souhaitent dans leur délire quelques révolutionnaires en herbe dirigés habilement par ceux qui pensent pouvoir se hisser au pouvoir grâce à eux…
Rédigé par : margit | vendredi 31 mars 2006 à 09:25
@simon
- Je croyais qu'on parlait du pb des jeunes ?
-Y a un pb des "vieux" travailleurs. Ca fait même parti de sujets préoccupant sur lesquels l'UE planche. "Personne" ne veut plus miser un kopeck sur eux, c'est vrai. Pour autant doit on figer le monde à leur convenance ? Décréter que l'âge d'or c'est eux et, disons, la sidérurgie ? Progressiste comme vision.
-On peut tenter d'avoir une vision plus sociale de la chose en trouvant des mécanismes (voire des financements...) leurs permettant de rester dans le jeu. Me semble plus intéressant que d'appauvrir tout le monde en fermant la société à toute évolution ....
Enfin, non pas que je sois un fan transi de wikipedia, mais il m'amuse beaucoup de constater combien certains refusent a priori d'en entendre parler, de considérer la chose comme acceptable. Rendez vous compte une horrible construction libérale où chacun apporte sa petite pierre à l'édifice, sans trop de hiérarchie et dans un débat constant. Le tampon des autorités, de l'académie, n'est pas là, c'est le MAL :-)
Rédigé par : Eviv Bulgroz | vendredi 31 mars 2006 à 09:28
Bonjour,
Certains se plaignent -les media français surtout- de la mauvaise retranscription de nos évènement nationaux uniquement programmés sous le mode "violence". Ils voudraient que CBS et BBC retiennent quoi d'autre ? Ce qui ce passe ici est incompréhensible, ubuesque quand il s'agit de ranger les casseurs en catégories suivant la motivation.
Plus grave (beaucoup), ce déni de parlementarisme qui se répand et qui relève du trouble de la pensée plus que de l'inculture politique : Les députés voteraient des lois qui ne représenteraient pas les "aspirations du pays" (Maurras si tu nous regardes). Alors là ça craint énormément ; ce sont les manifestants qui font le droit ? Les sondages ? Les vaticinations de France2 ? pourquoi pas la blogosphère tant que nous y sommes.
Rédigé par : all | vendredi 31 mars 2006 à 09:49
Bon billet, Hugues. J'ai eu des échos hier soir de faits de violence dans des lycées de banlieue parisienne - et pourtant pas des plus chaudes - et il faut que ça cesse. La violence n'est pas une théorie. Et quand elle s'applique, elle ne distingue pas les personnes des biens.
Rédigé par : koz | vendredi 31 mars 2006 à 09:53
Ainsi donc, par maturité politique et au nom du respect dû à notre belle démocratie représentative, il faudrait accepter le vote du Parlement sans rien dire. La loi a été votée par la majorité élue démocratiquement, circulez, y a rien à voir.
Au risque de me faire encore des amis sur ce blog, je me risque à poser la question qui tue : quelle est aujourd'hui la légitimité "réelle" de cette majorité ?
Une majorité élue dans la foulée d'une élection présidentielle transformée par les circonstances en plébiscite pour la démocratie et contre l'extrême-droite. Une majorité qui a accumulé depuis les gifles électorales (régionales, cantonales, européennes). Une majorité maintenue par un président qui s'est accroché au pouvoir malgré son échec au référendum sur l'Europe. Une majorité de godillots qui ne se respecte pas elle-même en acceptant d'être bafouée par le 49-3. Une majorité, enfin, qui si elle soutient le CPE, massivement rejeté par les Français, n'est pas en phase pour le coup avec le pays.
De plus, cette majorité n'a pas été élue sur un contrat de gouvernement incluant clairement le CNE/CPE et la remise en cause de principes de base du Code du travail. Il y a eu en quelque sorte tromperie sur la marchandise.
J'ajouterai que les 50% de jeunes qui ne votent pas ne doivent pas trop se sentir représentés à l'Assemblée. C'est leur faute, certes, mais c'est comme ça : je ne pense pas qu'ils soient, dans ces conditions, très sensibles à l'argument. Idem pour tous les électeurs qui votent à l'extrême-gauche ou à l'extrême-droite (ils devaient être ensemble environ 25% au 1er tour de la dernière présidentielle).
Enfin, même s'il ne s'agit pas de contester le principe de la démocratie représentative, je pense qu'aujourd'hui, au XXIe siècle, celle-ci doit s'accompagner d'une dose de démocratie participative.
En conclusion, je pense donc qu'en la circonstance tous les arguments du type "ce n'est pas la rue qui gouverne" tombent à plat.
Rédigé par : Michel B. | vendredi 31 mars 2006 à 12:05
Michel B.,
Si les 50% de jeunes qui ne votent pas ne se sentent pas représentés par le parlement, qu'ils votent !
Posons que le CPE est une mesure "de droite" (ce qui est discutable, mais bon...). Cette mesure a été prise par un gouvernement "de droite" composé par un Premier ministre "de droite" nommé par un président "de droite" -- tous légitimes.
Elle a été votée par des députés "de droite" détenant une majorité qui leur avait été confiée par les électeurs. Elle a été validée par le Conseil constitutionnel (de droite ?).
Il est donc logique de voir "la gauche" s'opposer à une mesure "de droite". Dans les pays démocratique, si l'opposition n'est pas satisfaite d'une mesure prise par la majorité et qu'elle réussit à rallier
l'opinion à sa cause, elle gagne les élections et change les choses. Elle ne remet pas en cause la totalité du processus démocratique par frustration et impuissance.
Rédigé par : Hugues | vendredi 31 mars 2006 à 12:29
Le camarade Lang fait des siennes.
http://liberation.fr/page.php?Article=371339
Mon cher Hugues je te souhaite bon courage à ta prochaine réunion de section !
Rédigé par : Tlön | vendredi 31 mars 2006 à 12:47
"loi scélerate"... Avec Jack, on est jamais déçu...
Rédigé par : âne | vendredi 31 mars 2006 à 13:27
On a retrouvé le fils caché d'Alain Duhamel et de Daniel Schneidermann !
Rédigé par : cahincaha | vendredi 31 mars 2006 à 15:27
Michel B,
je ne me référais pas tant que ça aux manifs anti-cpe à vrai dire. J'évoquais plutôt la facilité avec laquelle nous avons recours à la violence (et je ne m'exclus pas de ce phénomène, d'ailleurs).
Le sentiment d'impuissance explique probablement, bien souvent, le recours à la violence, mais il ne l'explique pas complètement.
D'abord, pourquoi ce sentiment d'impuissance? Pourquoi nous figurons-nous toujours que rien n'est plus possible? Parce que, je crois, nous avons une grile de lecture verticale de la réalité (tout est toujours dans la relation peuple / pouvoir). Avec une grille de lecture plus "horizontale" (sans mauvais jeu de mots merci), je crois que nous serions moins désespérés. Il y a des tas de manières de se tirer d'un mauvais pas, et qui ne proviennent pas toutes de l'Etat.
Concernant l'absence de concertation préalable à l'adoption de la loi, je reste sur ce que j'ai déjà écrit : je suis très réservée quant à l'honnêteté intellectuelle de syndicats non représentatifs (bien que présumés tels) qui réclament la discussion à cors et à cris. A vrai dire même ça me fout la rage. Je ne parle pas ici de la CFDT, ok, ni de la CGT, mais d'organisations comme FO. Alors je m'emballe c'est vrai mais je m'étonne qu'on ne demande jamais aux centrales d'où elles parlent, alors qu'elles mêmes réclament toujours des gages de légitimité aux institutions politiques qui font des choix qui leur déplaisent.
Les corps intermédiaires en France sont malades et rachitiques, et cela, ce n'est quand même pas de la faute des méchants-politiques. C'est un autre sujet je m'égare mais j'y reviendrai sûrement à l'occasion.
Quant à la violence dans les rapports sociaux : je suis dubitative sur cette expression. Je ne connais pas de régime, de système, de civilisation qui ne connaisse pas une forme ou une autre de "violence" sociale, la question est plutôt de savoir de quoi on parle et jusqu'à quel point on peut l'admettre. Veut-on parler du rapport de salariat, foncièrement inégalitaire? Mais alors, supprimons le salariat. Pour mettre quoi à la place? Veut-on parler de l'autorité conférée à la puissance publique?
Quant à l'institutionalisation de la précarité que vous dénoncez, elle est faite depuis longtemps, il me semble, le cpe ne changera pas grand chose à cette différence près qu'il peut créer des emplois (ok le débat est ouvert). Mais je préfère la précarité avec le plein emploi (ce qui reviens à limiter, en réalité, la précarité par la modification du rapport de force salarié / employeur).
Le droit du travail trop rigide, c'est un pré carré pour les 30-50 ans en cdi, et la galère pour tous les autres. J'ai la rage vous savez. Contre ces syndicalistes bien installés qui profitent à fond les ballons de leur cdi, de leur paritarisme, etc, et qui n'ont pas la moindre envie de céder certains de leurs avantages pour ouvrir le système aux plus jeunes. Ils mentent effrontément aux gamins en leur faisant croire qu'on leur rend service en conservant un marché du travail ultra rigide. C'est une ancienne galérienne du travail qui écrit cela, je n'ai aucun problème à assumer ces propos.
Moi je la vois ici la violence : on sait que ces rigidités sont génératrices de chômage et rendent difficile l'intégration des jeunes, mais on fait tout pour les conserver. je ne supporte plus de voir des patrons de centrales syndicales jouer du violon misérabiliste quand pratiquement aucun d'entre eux n'a connu l'exclusion et la précarité. Je ne coirs absolument pas en leur sincérité dans ce débat. En 2002 déjà ils ont tout fait pour empêcher la réforme des retraites, merci pour les jeunes, vraiment merci. C'est nous qui allons payer LEUR facture, mais ils s'en cognent. je ne vois rien de bien à gauche dans cette attitude, je n'y vois aucun souvi de justice sociale. Alors voilà vous voyez vous n'avez pas le monopole de l'indignation et du sentiment d'injustice. Simplement nous ne les exprimons pas au même endroit...
(et ne racontez pas qu'il suffirait de ponctionner les profits du cac 40 pour résorber les dettes énormes que vont nous laisser nos aînés, on sait que ça ne tient pas la route d'un point de vue purement arithmétique).
Rédigé par : coco | vendredi 31 mars 2006 à 15:32
NB pour Hugues : je vous rassure je n'entretiens pas de culte obsessionnel de votre personnalité, mais Michel B a pu le croire, pour des raisons que je m'explique pas.
Rédigé par : coco | vendredi 31 mars 2006 à 15:37
J'espère bien. Le culte de la personnalité est mort avec Staline et Mao. Même Kim Jong-il a du mal à se faire respecter.
Rédigé par : Hugues | vendredi 31 mars 2006 à 17:15
Coco,
Je vous taquinais sur votre côté "fan", c'était juste une boutade, parlons plutôt, si vous le voulez bien, d'une "communauté de pensée" avec Hugues sur de nombreux sujets...
Pour ce qui est des syndicats, je sais bien qu'il y a du vrai dans ce que vous dites. Mais dans le cas du CPE, je pense que s'il n'y avait pas cette opposition massive (qui selon moi est compréhensible et légitime) des jeunes, de leurs parents et de leurs grands-parents, ni les syndicats, ni la gauche, ni l'extrême-gauche n'aurait pu créer ou orchestrer cette impressionnante mobilisation. C'est le principe du licenciement sans motif qui est inacceptable. Comme l'ont fait remarquer eux-mêmes le Medef, plusieurs grands patrons et même Sarkozy, si le motif de licenciement est légitime au regard du droit, pourquoi éviter aux chefs d'entreprise de l'exposer, au risque de laisser se développer tous les arbitraires (que l'on voit déjà poindre avec les premières résiliations de CNE) ?
Enfin, vous serez intéressée, comme Hugues, par le débat qui démarre en Suède, une démocratie scandinave pourtant apaisée, mature et épargnée par le chômage de masse, sur le même sujet que le CPE, l'opposition de droite voulant s'en inspirer et la majorité de gauche et les syndicats s'opposant à cette mesure... Tiens, tiens, nous n'aurions pas le monopole des débats "archaïques" ? Lire l'article du Monde : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-734511,36-756560@51-734977,0.html
Rédigé par : Michel B. | vendredi 31 mars 2006 à 17:38
Michel B,
Je ne suis pas convaincue par cet article, pour une raison simple : le même journal (Le Monde, donc) publie le résumé suivant du droit du travail suédois en matière de rupture du contrat de travail :
"Dans ces deux pays, la législation présume que les parties sont libres de mettre fin à un contrat de travail lorsqu'ils le désirent sans indemnités de licenciement sauf accord particulier. Les fonctionnaires sont généralement soumis aux mêmes règles que dans le secteur privé. En contrepartie, les accords collectifs, qui tiennent une place prépondérante avec des syndicats représentant environ 80 % des salariés, prennent le relais pour prendre en charge les salariés licenciés.
En Suède, l'employeur n'est tenu de se justifier pour un licenciement que si l'employé le demande. "
http://abonnes.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-734511,36-753048@51-725561,0.html
Selon moi la gauche suédoise ne se rend pas compte du degré de rigidité de notre marché du travail et ne réalise pas l'abysse qui sépare notre système du sien.
D'ailleurs en France la complexité de la législation a atteint des sommets, le code du travail grossit tous les ans (environ +10% je crois en 2004 en volume...), les obligations qui pèsent sur l'employeur innombrables, et l'on ne s'en choque guère : "s'il a voulu être employeur, il n'a qu'à en assumer les conséquences". Mais on ne "veut" pas être employeur, quand on se lance dans une affaire et il semble que bien de gens aient envie d'entendre ce discours.
Rédigé par : coco | vendredi 31 mars 2006 à 18:08
Coco président pour mille ans!!!!
Rédigé par : Tlön | vendredi 31 mars 2006 à 19:46
Jusqu'à preuve du contraire, notre constitution s'appuie sur le bicamérisme ...
En effet, le projet de loi est passé devant l'Assemblée Nationale et a fait l'objet de débats au Sénat!
De plus, même si le projet de loi sur l'égalité des chances a été adopté en ayant recours au "49-3", il n'en reste pas moins que le CPE avait fait l'objet d'un vote!
Le Sénat n'est pas moins légitime que l'Assemblée mais moins médiatique car plus pondéré dans ces décisions ...
Et puis, par pitié, arretons de parler à tort de ce mythe de la "démocratie participative", formidable instrument de destruction de la société démocratique.
Si l'ensemble des démocraties s'appuie sur des élections représentatives, il doit y avoir un minimum de raisons pour ça, comme éviter l'arbitraire, non?
Ce pays se berce des chimères du passé et se complait dans la nostalgie au lieu de regarder avec lucidité que la France a l'impérieuse nécessité de se réformer!
Rédigé par : Briavel | samedi 01 avril 2006 à 06:46
A Briavel et Hugues, au sujet de nos échanges précédents sur la légitimité de la majorité parlementaire actuelle sur le CPE et du fameux argument "ce n'est pas la rue qui gouverne"...
Juste quelques extraits (ci-dessous) de l'Edito de Colombani dans Le Monde d'aujourd'hui qui semble plutôt pencher dans mon sens (même si ce n'est évidemment pas une preuve absolue que j'ai raison)...
"De ce point de vue, on ne dira jamais assez que l'usage de l'article 49.3, dans un régime de surpouvoir - exécutif doté d'une majorité absolue - ne peut être perçu que comme un déni de démocratie.
En outre, toute démocratie nécessite un minimum de respect du calendrier : ce gouvernement est issu d'un désastre, le référendum perdu sur la Constitution européenne ; à aucun moment on ne pouvait tirer de ce désastre un mandat pour réformer. Ce mandat ne pourra venir que de la prochaine échéance présidentielle.
Enfin, l'art de gouverner selon M. de Villepin ne correspond pas à un mode de réforme souhaitable ni, on le voit bien, souhaité par le pays. Dans un système où le Parlement ne joue pas son rôle, la négociation constitue le niveau minimum de fonctionnement démocratique qu'il faut préserver. C'est bien parce que nos systèmes intermédiaires sont faibles, Parlement aussi bien que syndicats, que la manifestation est devenue, depuis longtemps, un élément et un moment de la négociation...
Au reste, la rue contre le gouvernement est un grand classique dans un régime d'esprit et, hélas, de pratique monarchiques. Ce fut aussi un classique du gaullisme, qui était un pouvoir fort sachant céder (comme ce fut le cas en Mai 68, où les concessions faites par Georges Pompidou permirent sa victoire de 1969). Ici, nous avons un pouvoir fort de ses prérogatives, faible politiquement, mais qui entend résister pour montrer qu'il est encore un pouvoir".
Rédigé par : Michel B. | dimanche 02 avril 2006 à 02:50