Les gentils battant le pavé en hurlant leur hostilité au CPE ont toute ma sympathie. Mais je serais sincèrement désolé de voir les méchants leur donner satisfaction.
Si Mots Croisés, l’émission que consacrait hier soir France 2 au chômage des jeunes, est la preuve de quoi que ce soit, c’est bien de l’impossibilité d’instaurer un véritable débat public sur l’économie dans ce pays. Et j’en arriverais presque, à l’issue de cet étonnant dialogue de sourds entre « pros » et « antis » CPE, à absoudre la pusillanimité de DSK, le cynisme de Fabius, voire les mensonges de Chirac, la conquête du pouvoir semblant effectivement inenvisageable hors du consensus démagogique qui forme le socle de notre pensée politique. Enfin, disons que j’en arriverais là si je ne rendais pas, justement, ces derniers directement responsables de l’indigence de la culture économique nationale.
Oh, je n’ai rien contre ces étudiants ou ces lycéens qui, placés en présence d’un « patron » ou d’un « ministre de droite », débitent avec une touchante sincérité ces banalités d’un autre âge sur les « scandaleux profits des entreprises », la « cruauté du système » et la « dérive ultra-libérale de la société ». Je n’ai rien contre eux et, pour dire la vérité, je me reconnais en eux, ayant tenu le même discours creux dans un contexte pourtant très différent — la nature du discours étant clairement plus importante que le contexte au sortir de l’adolescence. Un discours gentil, donc, et généreux. Mais tellement indigent. Tellement vide de sens.
Non, s’il fallait en vouloir à quelqu’un, ce serait plutôt aux vieilles renardes qui les cornaquaient sur le plateau d’Yves Calvi : Elizabeth Guigou ou cette permanente syndicale dont je n’ai retenu ni le nom ni l’affiliation, par exemple. Apportant la caution de leur expérience et de leurs compétences présumées à leurs apprentis-rebelles, nos deux amies avaient manifestement choisi, non pas de dialoguer, mais d’accomplir consciencieusement leur mission de promotion des grandes et belles idées de progrès dont la gauche est porteuse, forcément porteuse. Comme l’égalité et la justice, par exemple. Ou la gentillesse, tiens.
Le patron de service (Geoffroy Roux de Bézieux, The Phone House), apparemment invité pour leur servir d’épouvantail à vecteur de la grippe aviaire, avait beau être des plus conciliants, affirmant avec conviction ne pas être, a priori, favorable à l’instauration de l’esclavage pour les moins de 26 ans, son entêtement à évoquer les contraintes bassement terre-à-terre d’une entreprise disqualifiaient automatiquement ses moindres arguments. « Je suis dans un secteur en forte croissance, mais je n’ai pas beaucoup de visibilité à long terme, expliquait-il ainsi patiemment en annonçant le lancement imminent de son MVNO (opérateur virtuel de téléphonie mobile). Je vais donc recruter 300 personnes en CPE parce que je sais que je peux me planter sur ce coup-là, mais que je veux éviter d’en passer par un plan social — long et couteux — en cas d’échec. Sans cette souplesse, je ne prendrais pas ce risque. Ou alors, je recruterais à Casablanca, comme la majorité de mes compétiteurs ». « Et alors, répliquaient en chœur jeunes et vieux révolutionnaires, qu’est-ce qu’on en a à foutre, de ces salades de nantis, de vos histoires de prise de risque, de concurrence, de nouveaux marchés ! Nous, on sait très bien que les patrons n’embauchent que pour mieux licencier. Que la vocation ontologique d'un patron est de virer des gens, la création d’une entreprise n’étant que le moyen d’assouvir ce désir malsain de générer de la souffrance et de la désespérance chez les gentils, un peu à la manière d'un pédophile choisissant une carrière d'enseignant pour mieux se rapprocher des petits enfants ! » Bon, évidemment, ni Guigou, ni la syndicaliste, ni nos amis étudiants et lycéens, ne se seraient exprimés aussi crûment à la télé, le risque étant tout de même d’être compris trop littéralement et de passer pour d’authentiques crétins (au moins dans le cas des deux professionnelles de la gentillesse). Mais l’idée était là. A fortiori face à un exploiteur à particule ayant fondé sa prospérité sur la démolition d’un monopole public, autre motif de souffrance permanente des forces de progrès.
Le « ministre de droite » (Gérard Larcher, sorte de gros pépère inoffensif et larmoyant) avait beau être plutôt mal casté dans le rôle de la crapule égoïste aux ordres du Comité des Forges, ses allusions à la réalité de la précarité actuelle ou aux mesures d’accompagnement du CPE (ASSEDIC, prime de rupture de contrat, Locapass, jurisprudence prudhommale en cas d’abus...) étaient immédiatement balayées d’un geste méprisant par un lycéen apparemment spécialiste du droit du travail, du logement et du scoring bancaire. Quant à l’économiste (Marc Touati, Natexis) ou au sociologue (Louis Chauvel, Sciences Po) bouclant ce tour de table, leurs points de vue étaient tout aussi rapidement invalidés par leur manque crasse de gentillesse (encore !) et leurs raisonnements si prosaïquement et désespérément statistiques — cette obstination ridicule à s'adosser à des faits, à des chiffres, à des comparaisons internationales, merde...
Mais clairement, et la chose était frappante face à un tel aréopage de méchants, personne, ni le patron, ni le ministre, ni l’économiste, ni le sociologue, ni même votre serviteur, ne défendait le CPE per se, au sens où ce contrat constituerait un progrès, la précarité devenant une fin en soi. Mais tous tentaient en revanche (à l'exception de votre serviteur, qui n’a pas pour habitude de parler à sa télé) de rappeler que la probabilité de faire avancer le schmilblick avec ce moindre mal était suffisamment élevée pour le rendre indispensable.
Mon ami Michel B. s’étonnait, dans un commentaire pourtant suscité par mes performances de sportif clandestin, de me trouver parmi les derniers supporters de cette terrible mesure réactionnaire, seuls 31% des Français considérant encore qu’elle puisse avoir un impact positif sur le chômage des jeunes. Dont acte. Mais est-ce si étonnant, après tout, au vu des nombreuses conversations que nous avons pu avoir au sujet de nos degrés respectifs de rébellion et de résistance au conformisme ? Faire partie d’une minorité, ce n’est manifestement pas se situer dans un courant de « pensée unique ». Et si je ne me sens aucun point commun avec le gouvernement que nous subissons, dont le nationalisme économique antieuropéen procède de la même indigence intellectuelle que la vision binaire des gentils évoqués plus haut, je sais reconnaitre une initiative lorsque j’en vois une.
Mitterrand disait que, contre le chômage, tout avait été essayé. Tout... sauf ce qui semble être efficace ailleurs. Je me range donc aux côtés, sur ce point, de ceux qui pensent que la fin du monde n’est pas pour demain et que la France a encore quelques cartes à jouer avant de sortir de l’Histoire. Maintenant, si c’est au risque de remettre le dogme en question et de passer pour un « fasciste » (le terme utilisé ce matin par des étudiants au sujet de leurs camarades préférant aller en cours plutôt qu’à la manif), so be it.
© Commentaires & vaticinations
Koz, sors immédiatement du corps de Hugues !
Rédigé par : L'exorciste | mardi 07 mars 2006 à 17:11
L'exorciste, je te somme de décliner ton identité ! Mais tu as failli me faire repérer au boulot parce que j'ai explosé de rire en lisant ton commentaire après la lecture attentive du billet d'Hugues.
D'autant que, dans un de mes derniers billets au sujet du contrat unique, je modérais mon "soutien" au CPE. Probablement sous l'effet de la pensée unique évoquée par Hugues. Mais bon, si les gauchistes se mettent à soutenir ce contrat, moi, dont le fascisme n'a jamais été remis en cause, il va falloir que je m'y remette !
Rédigé par : koz | mardi 07 mars 2006 à 17:53
Comme au bon vieux temps !!! j'ai regardé aussi cette émission. Pathétique. Le lycéen et la syndicaliste... terribles. des émotions négatives. l'impression d'un payss malade. D'un grand dialogue de sourds qui n'auraient pour seul signe qu'un doigt tendu... P'tain, ça et la grippe aviaire, ça donne envie de se barrer garder des moutons dans la montagne de Brokeback...
Rédigé par : Vinvin | mardi 07 mars 2006 à 18:06
Entre deux "pensées uniques", celle de la droite libérale et du Medef d'une part et celle de la gauche, des syndicats et des étudiants d'autre part, tu as donc clairement choisi ton camp.
Le problème, c'est que même si la première se targue de "pragmatisme", de "sens des réalités", de "modernité", de "réformisme", d'"initiative", d'"ouverture au monde" et autres poncifs du même style, elle reste une idéologie qui présente les chiffres qui l'arrangent et au besoin les falsifie pour mieux vendre des mesures néfastes (voir la fameuse tirade villepinesque sur "il faut entre 8 et 11 ans à un jeune en moyenne pour décrocher un CDI", ce qui est absolument faux, comme l'ont montré L'Express et le Nouvel Obs).
Au-delà des discours romantiques des étudiants, le bien-fondé du CPE ne résiste pas à l'épreuve des faits et des vraies statistiques sur l'emploi des jeunes. La plupart des spécialistes s'accordent sur ce point. Et ta caricature des "bons" et des "méchants" ne change rien à l'affaire.
En simplifiant, il y a deux types de jeunes sur le marché de l'emploi : une grande majorité de qualifiés et une petite minorité de non-qualifiés. Les seconds n'ont pratiquement rien à gagner avec le CPE : quel que soit le type de contrat disponible, une entreprise n'embauchera pas un jeune qui ne sait rien faire. La seule solution, c'est la formation.
Et les premiers (les diplômés et les qualifiés) ont tout à perdre. Car même si les chefs d'entreprises ne sont pas des ogres dévorant leurs salariés comme le montre ta caricature, même s'ils n'embauchent pas que pour mieux licencier, leur objectif n'est pas de créer des emplois, mais de faire des profits (ce n'est pas une caricature, c'est la logique même de l'entreprise). S'ils ont le choix avec ce nouveau contrat de limiter leurs risques, ils n'auront aucun état d'âme à le faire. Et de nombreux CDI se transformeront en CPE ou en CNE. La seule raison qui pourra leur faire préférer le CDI, c'est la peur de perdre des recrues très demandées. On peut donc penser, je l'admets, que les polytechniciens ou les HECiens par exemple échapperont au CPE. Mais les autres ? Et demain tes enfants ?
A l'appui de cette démonstration sommaire, je me permets de rapeller quelques chiffres, officiels (Insee et Cereq) : en 2005 plus de 70% des 18-24 ans, toutes qualifications confondues (non qualifiés compris), ont décrcohé un CDI quatre ans après la fin de leurs études. Et s'il faut "entre huit et onze ans", comme dirait notre play-boy de premier ministre, dont le bronzage et la superbe risquent de pâlir un peu sous l'effet des derniers sondages, c'est pour que quasiment tous les jeunes aient un CDI (plus de 90%, soit la même proportion que l'ensemble de la population).
Oui, il faut lutter contre le chômage, des jeunes en particulier, oui, il faut agir, mais pas en adoptant des mesures idéologiques et inefficaces, qui feront plus de mal que de bien.
Au-delà de ces réalités, il y a aussi une question de principe : comment peut-on accepter de laisser aux entreprises la possibilité de licencier sans motif ? Je suis proprement halluciné que tu n'y trouves rien à redire. Cela remettrait en cause les fondements mêmes de la relation employeur-salarié, dont on ne peut pourtant pas dire qu'elle soit aujourd'hui déséquilibrée en faveur des salariés. As-tu bien réfléchi à toutes les conséquences de cette contre-révolution qui laisserait libre cours à tous les arbitraires ? Je pense même que cette nouvelle donne serait au final contre-productive pour les entreprises. Quel peut être en effet l'engagement d'un salarié qui sait qu'il peut être viré du jour au lendemain sans justification et sans possibilité de recours ?
Enfin, je remarque que tu es très fort pour railler l'angélisme des jeunes et la démagogie de la gauche et des syndicats, mais que tu ne trouves rien à redire aux contre-vérités at au discours non moins démagogue du gouvernement... Bizarre...
Rédigé par : L'observateur | mardi 07 mars 2006 à 18:20
Je suis surpris que tu sois parvenu à regarder l'émission jusqu'à son terme. ;-)
Enfin... Je te suis sur l'essentiel, même si je partage l'objection de "L'observateur" : les promoteurs du CNE adoptent également des postures.
Il me semble qu'on pourrait s'épargner les lycéens (qui, manifestement, n'entendent pas grand chose à l'économie, ni au droit), les politiques (qui semblent n'y entendre guère davantage), et, malheureusement, les syndicalistes (dont la compétence semble le céder aux délices de la dénonciation).
Avec quelques universitaires, on pourrait obtenir une émission plus informative... Peut-être moins vivante, également.
Au fait, quelqu'un peut-il m'expliquer pourquoi les membres de la fonction publique, aujourd'hui, faisaient grève contre un régime de précarité auxquels ils échappent ?
Et encore, "précarité" est-il un gros mot ?
Rédigé par : jules | mardi 07 mars 2006 à 18:53
Dépêche AFP : "Le Premier ministre, Dominique de Villepin, a perdu 17 points en deux mois dans le tableau de bord politique de l'institut Ifop pour Paris Match... Il perd 14 points à gauche, 6 à droite et plus encore chez les électeurs sans sympathie partisane".
Commentaire : les Français ne connaissent vraiment rien à l'économie ! Ils ne savent pas, à la différence de Hugues, "reconnaître une initiative lorsqu'ils en voient une" ni accepter "ce qui marche ailleurs". Pauvres béotiens, irréductibles petits gaulois accrochés à leurs acquis sociaux, aveuglés par les sirènes de la pensée unique gauchisante, qui ne voient pas que le monde bouge autour d'eux. Dans une démocratie moderne, seuls devraient avoir le droit de vote ceux qui comprennent les réalités de l'entreprise et du monde moderne... Je propose désormais de demander, en plus de la carte d'électeur, la preuve d'un abonnement à The Economist... Ou mieux, tiens, seuls pourront voter ceux qui votent à droite. Ce sera plus simple et la France pourra enfin enrayer son déclin et aller de l'avant !
Rédigé par : Sauvons la France | mardi 07 mars 2006 à 19:38
Raisonnons en manager deux minutes :
Point 1) En tant que manager, embaucheriez-vous quelqu'un qui accepterait de se faire [bip][bip] à sec avec du gravier sans se défendre bec et ongles par un premier ministre incapable de légiférer en procédure normale ?
Point 2) En tant que manager, si vous avez un poste à offrir et qu'un candidat accepte de coûter moins cher (par abattement de charges) qu'un autre, lequel des deux prenez-vous ? Question subsidiaire :
Point 2-bis) Si un candidat que vous seriez prêt à embaucher en CDI, donc, *sans exonération de charges* "tellement qu'il est bon" vous demande, voire, exige un CPE plutôt qu'un CDI et une partie de l'exonération de charges sous le forme de primes, options,, bonus, etc., que faites-vous ?
Rédigé par : Gus | mardi 07 mars 2006 à 19:41
- Le CNE/CPE sont injustes car ne s'appliquant pas à toute la population. Donc risque de trappe à précarité pour les populations visées.
- Sinon je ne comprend pas la logique qui veut que le nirvana pour le travailleur soit qu'il qu'il garde ont job quoiqu'il arrive. Naïvement, stupidement, bêtement, ce qui compte c'est de gagner des sous. Si possible dans un job pas trop contraignant, voire épanouissant, non ?
- Dire peu ou prou au travailleur prenez un job, et gardez le, ce n'est pas très émancipateur, non ?
-Bref le pb n'est pas de perdre son job, mais de ne pas réussir à en trouver un autre (meilleur si possible).
- Là (la gauche/la droite) on joue aux chaises musicales, simplement en définissant la quantité de glue dont on se farci le fondement. Vachement "progressiste".
Rédigé par : Eviv Bulgroz | mercredi 08 mars 2006 à 00:06
Internet est grand, et on y trouve de tout. Entre autre des gens qui écrivent avec talent les tirades qu'on aurait aimé rédiger soi-même :)
Ce qui est frappant, c'est cette attitude qui consiste à dire "les statistiques, les chiffres, les faits, c'est de l'arnaque, seules comptent les intentions qui doivent être pures. Et de Gauche". Si les chiffres sont faux, réfutez-les ; si les exemples vous semblent biaisés, trouvez-en d'autres.
Sinon, c'est juste du déni de réalité.
Rédigé par : hmmm | mercredi 08 mars 2006 à 07:51
Les jeunes qui manifestent contre le CPE, à la rigueur ; mais tu peux m'expliquer pourquoi des bus de Marseille était en grève ? Et dans la manif des retraités de la fonction publique ?? Récupération tartuffique.
Le CPE est avantageux pour l'employeur, peut-être même un "free lunch" puisqu'il n'y a pas de contrepartie immédiate exigée. Les économistes sont partagés. Mais pour savoir s'il y a aura un effet bénéfique sur l'emploi des moins de 25 ans (les moins qualifiés on oublie tjrs de le dire) il faut attendre, donc laisser vivre le CPE et modifier ou supprimer dans deux ans s'il le faut. Et puis s'il y a 22% de jeunes chômeurs, ça représente 78% qui trouvent du travail, soyons positifs.
Rédigé par : all | mercredi 08 mars 2006 à 08:09
L'intervention sur ce blog plus haut de "l'observateur" me paraît un bon résumé des arguments rationnels, non passionnels, contre le CPE.
Ajoutons sur la méthode: un premier ministre qui décide le CPE sans concertation, après avoir pris l'engagement après le CNE "d'en faire le bilan avant de l'étendre"....
D'accord avec Hugues: j 'ai regardé ce débat il était difficile à suivre,... il vaudrait mieux moins d'invités, mieux dirigés par l'animateur, pour faire le point sur les questions une par une, avec peut-être un universitaire "référent" pour donner non une opinion mais le droit.. difficile?
seul argument "pour":
n'est ce pas le rôle du gouvernement de tester quitte à se prendre des claques...en fait maintenir le CPE, surtout s'il est inefficace, va sans doute ouvrir un boulevard à la gauche...
Rédigé par : François | mercredi 08 mars 2006 à 11:48
J'ai manifesté hier contre le CPE bien que mon âge ne me situe pas parmi ceux que cette mesure touche directement, et j'ai constaté les dégâts "collatéraux" que pouvait produire le CNE dès cette été.
Arrivant tardivement ici, je ne vais pas revenir sur CPE et CNE ni même sur la « gentillesse » ou les « méchants » mais sur un point qu’Hugues n’a abordé qu’en filigrane ici mais dont je sais que lui et une partie des commentateurs ci-dessus sont friands : la ringardise des syndicats.
A lire régulièrement les billets de nos brillants blogeurs lecteurs de « the économist » (qui vient de perdre son patron voulant à 49 ans se consacrer à l’écriture de livres !), je me demande quand l’un d’entre eux ou un équivalent non-blogueur va se décider à mettre en pratique en créant un nouveau syndicat capable de briller par sa modernité et de réformer le discours et la pratique syndicale.
C’est de la et non pas de l’école que peut venir une pédagogie apportant un regard différent sur l’économie. J’ai toujours entendu et encore récemment qu’il fallait des interlocuteurs représentatifs pour ne pas risquer un embrasement incontrôlé pouvant déboucher sur une réaction du style « terreur » avec des têtes au bout des piques.
Alors qui est candidat ?
Rédigé par : Quoique | mercredi 08 mars 2006 à 12:12
Avant d'endosser le rôle du méchant "gentil", laissez moi me démasquer. J'ai 23 ans, je suis dans une école d'ingénieur suffisamment prestigieuse pour que mon banquier me fasse la court et me propose un prêt étudiant à un taux dont mes parents n'oserait même pas rêver pours leurs prêts à la consommation ... Donc en gros, le CPE, je pourrais très bien m'en taper, parce que le mec qui me propose un CPE en sortie d'école, si je le rencontre un jour, je lui rirais bien à la gueul et j'irais voir ailleurs ...
Donc je suis une crapule égoïste, vous l'aurez compris, de refuser la seule solution pour le chômage des jeunes ... Merde, moi qui croyait que c'était la formation ...
Pour répondre au patron pré sité, je voudrais savoir pourquoi on rémunère le capital de son entreprise, si ce n'est pas pour le risque pris ?? Je croyais que dans ce que l'on appelle le "capital-risque" et dont il est convenu chez certains de penser que son non essort en France est une cause de la mauvaise santé nationale, il y avait "risque". je ne dois pas savoir lire ..
Bien que la position exprimé par Hugues soit éminemment respectable, et que le CNE et le CPE seront en partie vidé de leur sens par les prudhommes, je ne peux m'empâcher de penser que l'on attaque le problème sous un mauvais angle.
La loi pour l'égalité des chances crée l'apprentissage à 14 ans. Donc une possibilité de sortie précoce du systême éducatif. C'est une non réponse. Le patronat se plaint depuis longtemps que le problème en France est la non adaptation du systême éducatif à la réalité de l'entreprise. Si je ne suis pas d'accord avec la création d'un Mastère "microsoft", il me semble que l'enjeux est bien de permettre une formation, suffisamment technique pour permettre une insertion dans le milieu professionnel, mais aussi suffisamment théorique pour ne pas créer des OS ne pouvant pas faire autre chose. En un ("gros") mot : adaptable. Bien sur, l'emploi à vie n'existe plus. Soit dit en passant, la rigidité des formes sociales qui l'accompagnait ne devrait pas faire envie à grand monde, saufe éventuellement aux cendres de l'immortel Staline, qui prépare peut-être, à l'instar de Jospin, son retour.
J'ai la faiblesse de croire, avec l'étendue de ma globale incompétence en économie, que c'est l'activité qui crée l'emploi. Sous Jospin, les règles étaient strictes, mais il y a eu des création d'emploi. Malgré les 35 heures ... Je me méfie des sondages, mais l'un d'entre eux disait à l'époque que les entrepreneurs étrangers considéraient les lois sociales française comme faisant partie du décor, et qu'il fallait bien faire avec ...
Je ne comprends donc pas cette forme de raisonnement qui viendrait à considérer que la seule charge du risque doit peser sur le salarié. Je ne suis pas suffisamment naïf pour croire que, malgré leurs énormes profits, l'Etat puisse s'attaquer frontalement aux grandes entreprises multinationales. Mais pourquoi ce prise du code du travail ? Il n'a aucun courage dan cette action qui mécontentera plus ceux qui devaient l'être qu'elle ne contenter ceux à qui elle était destinée. Le gros problème serait à mon sens que l'université prétenduement démocratisée ne l'est pas. Je ne vais pas vous réécrire les héritiers de Bourdieu. Mais quel intérêt à la prétendue non selection en fac, si la fac ne mène pas à une possibilité d'emploi. Aux USA (exemple indigne de la vrai gauche, que certains puristes me pardonnent), les orientations de fac ne sont pas aussi spécialisée qu'en France. A quoi sert-il de produire 2000 ingénieurs chimistes (et je passe les Masters) quand il n'y a pas de place pour eux, et qu'ils doivent souvent se recycler en Informatique ...
Comment permettre aux "classes populaires" d'accéder enfin massivement à l'enseignement supérieur ? Comment mettre en cohérence les formations et ne plus laisser subsister des orientation cul de sac (comme les STAPS dont ceux qui ne seront pas prof finiront à plus ou moins coup sur dans la mouise ...) ? Comment permettre aux "jeunes de banlieue" de valider enfin leurs BTS, leurs DUT, leurs DUP ... en trouvant enfin des stages ??? Quand arrêtera t'on de ne faire que parler des passerelles entre filière, créera t'on enfin cette fameuse école de la deuxième chance, favorisera t'on vraiment la VAE ... ???
Le problème me semble ailleurs. Je ne nie pas que certaines de mes réponses mettraient sans doute les mêmes dans la rue ... Mais elle règlerait sans doute plus surement les véritables problèmes qui se pose en France, et aux enjeux de l'économie actuelle.
Rédigé par : Simon | mercredi 08 mars 2006 à 12:15
Simon,
"J'ai la faiblesse de croire, avec l'étendue de ma globale incompétence en économie, que c'est l'activité qui crée l'emploi. "
C'est une phrase qui n' aucun sens. L'activité c'est quoi? Et ça vient d'où?
Hugues,
ne faites pas trop d'angélisme avec le CPE / CNE. Tant qu'il n'y aura pas d'assurance chômage plus intéressante (notamment pour ceux qui ne travaillent pas assez longtemps), ce sera un piège. Il faudrait accepter un deal social plus musclé sur ce plan, mais personne ne veut s'y risquer (parce que ça supposerait iune augmentation des prélèvements obligatoires à mon avis)
Cela dit il y a un point sur lequel je suis bien d'accord avec vous : la gentillesse c'est sympa pour l'égo, le temps d'une émission télé, mais sinon c'est foncièrement malhonnête cette pose de "gentil".
Le principal problème à mon avis que cause la gauche de la gauche est qu'elle tient des discours marginaux, mais que ces discours, soutenus par une forme d'abus de minorité, ont pour effet d'inhiber tout le monde.
C'est à dire : critiquer, beaucoup, en mettant les partis de gouvernement dans la position d'accusés permanents (ce qui a pour effet de bloquer le débat), mais ne rien proposer comme alternative crédible, ou bien faire une proposition dont on sait qu'elle ne sera jamais appliquée, avec pour avantage qu'elle ressemble à 'demain on rase gratis', ce qui a pour effet de rendre le syndicat ou le parti assez populaire; corrélatif : s'arranger pour ne jamais prendre de responsabilités (car cela aurait pour effet de mettre la proposition magique à l'épreuve et de porter atteinte à l'égo du partisan/syndicaliste).
Rédigé par : coco | mercredi 08 mars 2006 à 12:44
Un peu de politique... On a absolument le droit d'être pour le CPE (même si c'est à mon avis une grave erreur) mais on ne peut pas, par contre, demander au PS et aux syndicats de salariés de ne pas être contre. S'ils acceptaient sans rechigner ce type de mesure, qui représenterait les Français qui comme moi (et beaucoup d'autres) sont farouchement contre ? L'extrême gauche seule ? Que serait, sur des sujets économiques et sociaux aussi importants, une démocratie sans opposition ?
Même si cette "science" (ô combien expérimentale) prétend de plus en plus régenter le monde et les relations humaines, il n'y a pas de vérité unique en économie. Ni de vérité immuable. Il y a une foultitude de chiffres et de statistiques, une multitude de facteurs, dont la complexité globale est difficile à interpréter. Il y a des théories qui ont plus ou moins la cote selon les périodes. Il y a des modèles à la mode : hier les modèles allemand et japonais, ou néerlandais ; aujourd'hui les modèles britannique et scandinave ; demain peut-être le modèle français, s'il réussit à concilier performances et solidarité, en créant la croissance par la confiance et l'adhésion à un projet partagé et en investissant massivement dans l'éducation, la formation, la recherche, l'innovation.
Non, je pense qu'il est sain, pour une démocratie, d'avoir deux projets de société en présence (même si c'est un bien grand mot pour qualifier les différences droite / gauche qui tendent depuis 15 ans à s'amenuiser considérablement). Ensuite, à chacun de se déterminer en fonction de l'offre politique.
Petite parenthèse : DSK vient de proposer un débat à Villepin pour confronter les différentes solutions proposées pour combattre le chômage des jeunes. Ce dernier n'a même pas daigné répondre. Pourquoi ? Parce qu'il y aurait une solution unique, "moderne", "rationnelle", "en phase avec les réalités économiques", "ouverte sur le monde" de type CPE et que les autres ne mériteraient même pas d'être entendues ? Ou tout simplement parce qu'il sait bien que son "initiative" ne tient pas la route ?
Rédigé par : L'observateur | mercredi 08 mars 2006 à 13:03
Je regrette de ne pas avoir vu cette émission, ça devait être quelque chose ; mais je sais d'avance que j'aurais été frappé par les deux postures, celles des gentils donnant des leçons d'économie, et celle des méchants patrons et autres représentants du comité des forges.
Parce que le systeme Villepon, c'est le package. Exoneration pour tout le monde qui embauche un jeune (le free lunch cité plus haut), et cadeau d'une flexibilité "putain deux ans" dont on voit mal à quoi elle peut servir ; au passage, je félicite les organisateurs de l'émission pour avoir trouvé un patron qui peut économiquement justifier le CPE (un nouveau lancement, un vrai risque) ; parce que sinon, deux ans c'est soit trop long (pour tester un gars), soit trop court (pour etre à l'abri des fluctuations).
Enfin il ne faut pas sanctifier le débat d'expert ; les faits et les chiffres présentés peuvent être parfaitement biaisés, et l'expérience de la discrémination concrete anti précaire (= touche toi pour ton logement) est forcément plus forte que les bonnes intentions du locapass (suffit de se mettre à la place d'un proprio pour s'en douter).
Donc innover, why not, mais que la seule option soit ce dispositif foireux, c'est quand meme ennuyeux.
Rédigé par : Guillermo | mercredi 08 mars 2006 à 14:42
@ coco
comme j'ai la faiblesse de ne pas croire que vous êtes stupides, je pense que vous aurez compris que cela signifie que je pense, et cette affirmation n'est sans doute pas valide, n'étant pas prix nobel d'économie, que c'est l'expension économique, la prise de part de marché, les découvertes innovantes, qui permettent la création d'emploi.
Mais j'admet que la phrase n'a pas grand sens ... Si c'est votre seule critique de mon propos, c'est qu'il n'est pas si stupide ...
Rédigé par : Simon | mercredi 08 mars 2006 à 16:12
Pour ou contre le CPE ? Difficile de se faire une idée là dessus tant les arguments sont d'abord simplistes. Les lamentations des étudiants sur l'achat de la bagnole et la location du deux pièces, pitoyable. Ils sont ensuite impossibles à mettre face à face. On dit qu'on va réduire le chômedu des jeunes (pas très clair), on parle de simplifier le droit du travail (le CPE, une subtilité de plus), on déporte la solution hors du statut de ces contrats (ce qui compte c'est la formation, la sortie du système éducatif etc.).
Bref, pas trop net. Ce ne sont pas les débats qu'on entend qui contribuent - des deux bords - à y voir plus clair.
Par contre, il m'apparait très curieux que les gros bataillons de défenseurs du droit des jeunes soient constitués de fonctionnaires (Julliard, très drôle, indiquant hier qu'il "y avait au moins un tiers d'étudiants dans le cortège"), peu susceptibles d'être touchés directement par le CPE.
On ferait peut être une vraie économie stratégique en s'attaquant au statut de la fonction publique,verrou absolu qui s'impose même quand il n'est pas concerné, plutôt que d'essayer cet incompréhensible "démentèlement" du droit du travail.
Rédigé par : Thierry | mercredi 08 mars 2006 à 16:54
J'ai vu l'émission, et les propos de l'entrepreneur expliquant que le CPE allait lui permettre d'embaucher sans prendre trop de risque m'inspirent cette question : cette défense du CPE n'est-elle pas une ode à la déresponsabilisation des patrons? Seront-ils vraiment plus enclins à conduire leurs entreprises avec intelligence si une part des risques consécutifs à une mauvaise gestion disparaissent? Ne seront-ils pas encouragés à mener leurs barqeus de façon plus hasardeuse?
Rédigé par : EL | mercredi 08 mars 2006 à 17:43
Au risque de me faire insulter par les chantres de la vérité scientifique :
La sociologie des sciences a démontré que la "vérité" scientifique était une construction sociale, objet de débat entre différents acteurs aux intérêts divergeants. Ainsi, à la fin des années 70 et aux débuts des années 80, des associations de défenses des droits des homosexuels se sont battu contre la découverte du SIDA qui était alors plus communément appelé le cancer homosexuel, de peur qu'elle ne produise une stigmatisation de la communauté. De même l'église a t'elle soutenu Pasteur défendant l'existence des bactéries, parce que la génération spontanée génait l'église comme seule représentante sur Terre de Dieu après la Création. Un excellet livre de sociologie démontre même que Pasteur n'avait pas beaucoup de preuve de sa théorie, qui par la suite s'est avérée exacte, mais cela n'avait pas grand chose à voir avec le débat de l'époque ...
Contrairement au mythe français (soutenu par le mythe de l'expertise légale impartiale, dont certains évènement récents ont démontré l'inanité) sur l'expert, apotre de la vérité, il n'y a pas LA vérité, surtout pas dans les sciences sociales, et surtout pas dans l'économie qui reste éminemment politique, et toujours assez expériementale. De plus,quand on voit l'échec des méthodes "rationnelles" d'aide à la décision produits par les sciences politiques dans les années 50-70 et leur grandiose échec, on peut être amener à avoir des doutes sur l'économie, nouvelle doctrine indépassable du 21eme siècle ...
Rédigé par : Simon | mercredi 08 mars 2006 à 18:44
@simon
je ne comprend rien à ce que tu raconte ?
Des groupes d'intérêts tentent de s'accaparer le discours (pas la méthode...) scientifique pour justifient leur dire, certes.
Le cliché du "réel" que produit la méthode scientifique est variant, non figé. Certes. c'est compris dans l'énoncé même.
Mais "La sociologie des sciences a démontré que la "vérité" scientifique était une construction sociale,"
Non seulement il y a une contradiction logique interne, mais de plus c'est vraiment, excuse moi te le dire, de la bouillie pour chat.
Rédigé par : Eviv Bulgroz | mercredi 08 mars 2006 à 19:34
Valider trop vite :
en d'autres mots un argument relativiste qui permet de justifier tout, de la terre est plate au créationnisme (cf dernier post chez moi).
Rédigé par : Eviv Bulgroz | mercredi 08 mars 2006 à 19:36
je ne voudrais pas faire ici un cours de socio des sciences, ce n'est pas vraiment le lieu, et ça n'a pas grand chose à voir avec le schmilblick, mais je ne veux pas laisser passer un discours acréditant l'idée que cette discipline est un club de relativistes. La sociologie des sciences est aujourd'hui bien loin de l'opposition caricaturale entre (gentils) constructivistes et (méchants) "positivistes".
@Simon
non seulement les constructivistes n'ont rien "démontré", mais les thèses de Callon et Latour (auteur du bouquin cité, pour les non initiés) sont loin d'être acceptées dans le milieu (ce qui ne signifie pas que leur apport soit négligeable, ni que le constructivisme soit à rejeter). Je crois que votre lecture de ces auteurs est un peu datée, et également un peu superficielle (aucun sociologue, pas même Latour, n'affirme aujourd'hui que la vérité scientifique est une construction sociale : c'est un peu plus compliqué). Ce qui peut être remis en cause, c'est une certaine idée de la rationalité et de la vérité (en particulier la théorie de la "vérité correspondance"), mais cela n'impose pas d'abandonner la vérité en tant qu'idéal régulateur. Et si ce genre de discussion peut remettre en question le rôle des experts, et amener à proposer plus de démocratie dans le débats, cela ne signifie pas que les experts disent n'importe quoi.
Mais je m'emporte, et je vois que je suis déja trop long. Je terminerai donc par un conseil de lecture, pour mieux saisir l'état des débats en socio des sciences aujourd'hui : "Controverses sur la science" de Pascal Ragouet et Terry Shinn, chez Raison d'Agir.
Bonne lecture,
EL
Rédigé par : EL | mercredi 08 mars 2006 à 19:48
Oh la la, quel boulot…
L’exorciste,
Trop tard, je suis complètement contaminé. Bientôt, je réciterai Das Kapital à l’envers.
Koz,
Fais gaffe, tu risques de te faire virer de ton CPE pour manque de sérieux. Encore que, si ton boss est malin et réalise à quel point tu es en phase avec le MEDEF, il pourrait plutôt de filer une promotion.
Vinvin,
Alors comme ça, le CPE te donne envie d’aller batifoler avec des cowboys dans les montagnes du Wyoming… Même Villepin n’avait pas prévu ça !
L’Observateur,
Le bien-fondé du CPE serait plus facile à établir s’il était permis de le tester. Le CPE, finalement, c’est un peu comme les expériences OGM. Mais les Bové du social ayant décidé, une fois pour toutes, d’en faire un casus belli, c’est l’arrachage des plants qui est à la mode.
On aurait pourtant pu s’attendre à un vrai débat sur les aspects de sécurisation des salariés sur le modèle danois, prenant ainsi au mot Villepin et ses amis sur la question de l’origine social-démocrate de leur projet. Mais non, pas question, trop de remises en question…
Jules,
Nous ne sommes sans doute pas en désaccord sur le fond, mais je ne prône pas non plus un débat réservé aux seuls experts. Simplement, je me dis qu’un apprentissage minimal et non-partisan des mécanismes économiques ne serait pas du luxe. Les jeunes qui étaient sur le plateau n’étaient évidemment pas stupides, mais ils ne savaient clairement pas de quoi ils parlaient. Les vieux comme Guigou, eux, le savaient mais étaient manifestement dans un trip chiraquien de lutte en carton contre la fracture sociale.
Sauvons la France,
Oui, votons à droite ! Comme les Espagnols et les Anglais, quoi…
Gus,
Visiblement, tu sais vraiment bien raisonner en manager.
Eviv,
Précisément. Pouvoir retrouver un autre job et quitter celui qui n’a aucun intérêt, a fortiori si son manager a été formé par Gus. Mais il semble que les gens n’imaginent même plus qu’il soit possible de travailler dans un endroit que l’on aurait, écoutez-bien ça, choisi !
Dans ce contexte, un emploi, un vrai, ne peut être qu’un poste dans la fonction publique ou dans une grande entreprise qui fabrique des trucs en dur avec de grosses machines et permettant de partir en préretraite à 55 ans. Toute autre hypothèse relève de la précarité et de l’ultralibéralisme et devra donc être combattue avec la dernière énergie…
Hmmm,
C’est sans doute qu’un autre monde, là quelque part, on ne sait où, est possible.
All,
Les fonctionnaires de Marseille ne loupent jamais une opportunité de se mettre en grève, histoire de conserver à la cité phocéenne cette magnifique réputation de ville frondeuse : http://hugues.blogs.com/commvat/2005/02/ramassage_des_o.html
François,
Que Villepin ait procédé sans concertation est une évidence. Mais avec qui allait-il se concerter ?
Quoique,
La CFDT avait voulu, au moins pendant l’époque Notat, jouer le jeu du syndicalisme réformiste. Elle était régulièrement traitée de « collabo » (ce qui est logique dans un pays où les étudiants qui ne sont pas contre le CPE sont des « fascistes »). Un tas de fédés locales ou de branches, notamment dans les transports ont alors « démissionné » pour rejoindre la CGT.
Mais pendant ce temps, chez les sauvages de la social-démocratie scandinave, 80 à 90% des salariés sont membres d’une poignée d’organisations puissantes et progressistes. Qu’un pays comme la Suède (6 millions d’habitants) ait plus de syndiqués que la France (60 millions), ça donne à réfléchir, non ?
Simon,
Beaucoup de choses, dans ce tu dis. Mais tu serais effectivement assez près d’être toi-même traité de facho par les étudiants grévistes si tu leur tenais ce genre de discours. Former moins de chimistes si le marché ne peut pas les absorber, tiens, c’est une idée. Mais que fais-tu des STAPS, les profs de sports qui refusent les numerus clausus mais manifestent pour que des postes sans affectation soient créées. Encore que, dans le cas des chimistes, il y ait certainement des choses à faire d’un peu plus dynamique. Former des milliers de chercheurs pour qu’ils s’expatrient faute de postes (dans le public ou dans le privé), ça nous mène où ?
Coco,
Je ne fais pas d’angélisme. Je n’arrête pas de répéter qu’il fallait effectivement attaquer Villepin sur cette question de la sécurité sociale salariale plutôt que de considérer que le CPE était l’œuvre du Malin. Si les entreprises veulent de la flexibilité, ok, pourquoi pas. Mais il nous faut alors les contreparties danoises.
L’Observateur,
Deux projets de société ? Et même davantage. Mais où sont-ils, ces projets ? Si la réponse est, en gros : interdisons les licenciements, augmentons les impôts, et offrons des emplois aidés à tous les chômeurs, combien de temps avant la cessation de paiement à l’Argentine. Pour distribuer des richesses, il faut d’abord les créer. Je veux bien que l’économie ne soit pas une science exacte, mais je te mets au défi de contredire ce minimum.
Guillermo,
Je ne comprends pas pourquoi on continue à parler des deux ans du CPE comme de la période nécessaire à tester quelqu’un. Non, évidemment, il ne faut pas deux ans pour tester qui que ce soit et l’idée n’est certainement pas là. Les entreprises sans visibilité à moyen-long terme refusent de s’engager si elles pensent que le rapport coût-bénéfice est déséquilibré. En gros, un artisan refuse un chantier qui l’obligerait à recruter un type qu’il ne peut pas licencier s’il ne conserve pas une charge de travail identique à la fin de ce chantier.
S’il sait qu’il peut licencier, il accepte le contrat et, hopefully, il en décroche un second et pérennise le poste. C’est aussi con que ça. Même si des salauds pourront effectivement licencier sans motif de cet ordre.
Thierry,
Méfie-toi, si les étudiants non-grévistes sont des fachos, un type qui remettrait le statut des fonctionnaires serait quasiment l’antéchrist (ce qui nous ramène d’ailleurs à cet exorcisme de début de thread).
El,
Les patrons ne sont pas plus ou moins responsables. Ce sont des agents économiques à la recherche de profits. Tu leur donnes un environnement favorable à la poursuite de leurs objectifs de rentabilité, ils sont contents. Tu leur dopnnes des incitations à l’embauche, ils embauchent. Tu fais en sorte qu’ils gagnent de l’argent, seul moyen de les taxer pour redistribuer et tout le monde est content. Mais dans le cas du type de l’émission de France 2, sans CPE, il lui suffit effectivement de démarrer sa nouvelle activité à Casablanca où il trouvera de jeunes francophones parfaitement opérationnels pour une fraction du coût français. En revanche, si le risque est gérable en France, il est susceptible de tenter le coup.
Ouf, je reviens plus tard pour finir…
Rédigé par : Hugues | mercredi 08 mars 2006 à 20:26
Etrange, ta question, Hugues : avec qui Villepin aurait-il dû organiser la concertation ? Avec les partenaires sociaux d'abord. Avec l'opposition éventuellement. Et même, soyons fous, directement avec les citoyens de ce pays.
Sous-entendrais-tu que comme personne n'aurait été d'accord, il fallait squeezer la concertation comme il l'a fait ? Et qu'il doit continuer à maintenir cette mesure dont personne ne veut ? "Droit dans ses bottes" ?
Tu dis aussi que les syndicats et l'opposition auraient dû profiter de cette mesure pour proposer d'ajouter le volet sécurité qui manque cruellement. Encore eut-il fallu que la porte soit ouverte à la discussion. Cela n'a manifestement pas été le cas. Villepin a décidé quasiment seul de cette mesure (comme nous l'a appris Le Monde), sans doute pas uniquement par idéologie mais aussi pour droitiser un peu son image face à son rival Sarkozy, et maintenant il joue la fermeté et le "courage".
Après tout pourquoi pas ? Qu'il continue dans son autisme, ne daignant même pas répondre à DSK qui lui propose un débat, qu'il impose cette mesure de résignation... Non seulement il est en train de se griller tout seul mais aussi, j'espère, il va griller son copain Nicolas et ouvrir un boulevard à la gauche, qui s'empressera dès 2007 de supprimer ce contrat qui ne peut être accepté en l'état.
Rédigé par : James | mercredi 08 mars 2006 à 20:49
Une première observation, Hugues : évite de caricaturer les positions de tes adversaires, ça facilite le débat (je dis ça à la lecture non seulement de tes réponses à certains commentaires, mais aussi à celle de certains de tes posts).
Je voudrais réagir à l'une de tes réponses à L'observateur (j'espère que l'intéressé ne m'en tiendra pas rigueur). Je trouve en effet assez léger d'écrire que "Le bien-fondé du CPE serait plus facile à établir s’il était permis de le tester". Doit-on tout essayer pour décider de ce qui est bon et de ce qui ne l'est pas? Bien sûr que non, et tu seras d'accord avec moi sur ce point. Alors pourquoi faudrait-il essayer le CPE? Parce que tu supposes que cette mesure ne peut, au pire, pas faire grand mal. Mais il se trouve que c'est précisément cette supposition qui est en débat! En conséquence, en écrivant qu'il faudrait essayer le CPE, loin d'entrer dans le débat, tu l'évacues! D'où la légereté.
Concernant ta réponse à mon commentaire, j'aimerais comprendre ce que tu entends lorsque tu écris que "Les patrons ne sont pas plus ou moins responsables". Ces agents économiques sont-ils de simples robots réagissant mécaniquementà des influx informationnels? Je te trouve bien sévère : ce sont aussi des êtres humains, parfois... Dotés de leur libre arbitre. Je me moque, je me moque, mais je comprends ta réponse, ou plutôt ta non réponse : tu m'expliques que le CPE va arranger les patrons, que ce sera une "incitation à embaucher". Mais outre que cela se discute (avec le problème de l'effet d'aubaine), cela reste une non réponse, car sans lien avec ma question : le CPE risque-t-il ou non de les encourager à une gestion plus aléatoire si le poids de la responsabilité des CDI ne pèse plus sur leur épaules?
Mais de manière plus fondamentale, j'ai le sentiment que tu oublies un point important : ces incitations économiques peuvent avoir un coût social (et donc... économique!). La question n'est donc pas seulement, ni même premièrement, de savoir si ces mesures, dont le CPE, sont des incitations économiques (ce qui est tout de même probable), mais de décider du caractère acceptable ou non de leur rapport bénéfice économique/coût social (ou contre-coût économique). Et c'est bien ce qui est en débat aujourd'hui.
Cordialement,
El
Rédigé par : EL | mercredi 08 mars 2006 à 21:17
Pendant que j'y suis, je voudrais également mettre mon grain de sel dans une autre de tes réponses. Tu écris : "Qu’un pays comme la Suède (6 millions d’habitants) ait plus de syndiqués que la France (60 millions), ça donne à réfléchir, non ?" La réponse est non, lorsqu'on connaît un peu la différence de système : dans les pays en question (et dans beaucoup d'autres), il faut passer par ces syndicats pour bénéficier de certains droits. Pas en France, on l'on peut bénéficier des droits collectifs sans être adhérants de syndicats. ça fait tout de même une sacrée différence!
Rédigé par : EL | mercredi 08 mars 2006 à 21:35
Paroles sages et lucides du député UMP Hervé de Charette (la voix de Giscard ?), qui dit exactement ce que je disais plus haut à propos de Villepin, de la consultation nécessaire et de la prochaine présidentielle pour la droite (dépêche AFP).
Le député UMP du Maine-et-Loire, Hervé de Charette, qualifie d'"échec" le contrat première embauche (CPE) et prédit la défaite de l'UMP à la présidentielle de 2007 si le gouvernement persiste à vouloir l'imposer. "Le CPE, c'est un échec qui peut, si le gouvernement s'obstinait, nous coûter l'élection présidentielle", dit-il dans un entretien à paraître jeudi dans Le Parisien. "On ne va tout de même pas jouer la présidentielle à la roulette russe!... Beaucoup de parlementaires pensent la même chose que moi mais n'osent pas le dire", assure-t-il.
A ses yeux, Dominique de Villepin avait "jusqu'ici (...) fait un parcours remarquable, quasiment sans faute. Mais sur ce projet, il y a peut-être eu trop de précipitation et peut-être aussi la fatigue gouvernementale a-t-elle joué", dit-il.
S'il dit comprendre "la détermination" du gouvernement, il dénonce néanmoins "l'orgueil" qui serait "mauvais conseiller". "L'humilité impose aujourd'hui de donner enfin la priorité à l'écoute", estime-t-il, appelant le gouvernement à "mettre le pied sur le ballon" et à "suspendre le projet CPE et ouvrir la porte au dialogue avec les jeunes, les syndicats et bien entendu, les groupes parlementaires".
Prié de dire si le CPE est "sauvable", il répond: "J'ai les plus grands doutes, mais il est trop tôt pour le dire. On verra." L'ancien ministre des Affaires Etrangères constate que "l'exercice solitaire du pouvoir, ça n'est pas dans le style d'aujourd'hui". "Le passage en force, ça ne marche pas."
Je salue également au passage la réponse de El à la réponse de Hugues au premier post de L'Observateur (avec lequel je suis d'accord à 100%). Hugues "sait reconnaître une initiative quand il en voit une". Mais on ne peut pas dire qu'il faut absolument essayer une mesure si elle est mauvaise et risque de causer beaucoup de dégâts sans apporter de bénéfice significatif, au seul prétexte que son objectif serait de lutter contre le chômage des jeunes. C'est d'ailleurs toute l'argumentation de l'UMP. Mais si l'on suit ce raisonnement, on pourrait faire vraiment n'importe quoi, du moment qu'il s'agit d'une nouvelle expérience. Soyons sérieux...
On dirait quand même que l'union de l'UMP se lézarde et que la pression des députés sur Villepin (et sur Chirac, donc sur Villepin) va monter au rythme des sondages et des manifs. Je suis près aujourd'hui à parier que ce texte ne sera pas appliqué en l'état. Et si je me trompe, je prends immédiatement un autre pari : que le(la) candidat(e) PS gagnera la prochaine présidentielle.
Rédigé par : James | jeudi 09 mars 2006 à 02:22
Marc Touati un économiste ?!!
T'as une manière de présenter les choses...C'est plutôt une machine à débiter toutes les idées recus patronnales sur l'économie. Me dit pas que t'avales tout ce qu'il raconte sinon je te vois mal placé pour parler de désinformation du public en la matière. Et sur Louis Chauvel aussi. Ce mec est très fort, je sais pas si t'as remarqué il finit par être toujours d'accord avec tout le monde.
Rédigé par : el ryu | jeudi 09 mars 2006 à 06:33
Simon,
Pour moi, dire que l'emploi dépend de l'activité, c'est tout simplement une tautologie (et quand il fait beau il n'y a pas de nuages). C'est-à-dire, je ne vois pas en quoi on a résolu le problème une fois qu'on a dit ça. Ta réponse m'a éclairé sur ce point.
Quant à moi j'ai la faiblesse de penser que "l'activité" est créée par les entreprises, et que tenir compte de leur vision des choses n'est pas nécessairement être complice du méchant-patronat.
Pour ce qui est de la sociologie des sciences, je ne peux que renvoyer à "Impostures Intellectuelles" de Sokal et Bricmont (et ce dernier devrait te plaire : il est farouchement anti-américain :-)), qui taillent un costard à Latour notamment.
Latour et les partisans du "programme fort" de sociologie des sciences ne réalisent même pas qu'ils nagent en plein paradoxe : car, pour démontrer que leur thèse est valide, par quoi doivent-ils en passer? Ils se fondent sur la "légitimité" scientifique de leur travail pour dégommer... les sciences.
Cherchez l'erreur (on ne peut pas se prévaloir de la science pour démolir la science, un petit peu facile quand même, sauf à copnsidérer que, par un coup de baguette magique, seule la sociologie des sciences soit une véritable "science" objective, et là je me marre). Ce vice disqualifie leur entier travail selon moi, il tend, de surcroît, à me faire douter sérieusement de leur honnêteté intellectuelle.
Rédigé par : coco | jeudi 09 mars 2006 à 10:12
Hugues, j'ai l'impression que la gauche que tu appelles désormais de tes voeux, celle qui applaudirait à l'enterrement du code du travail et aux privatisations des services publics, celle qui serait plus proche des chefs d'entreprise que des salariés, celle qui refuserait toute explication sociologique à la révolte des banlieues, etc., elle existe...
En France, elle s'appelle tout simplement la droite.
Alors, dis-toi que la droite en France (ce pays archaïque et gauchiste), c'est comme la gauche dans les pays modernes, par exemple les démocrates aux Etats-Unis ou le labour de Tony Blair. Et tu pourras voter Sarko sans état d'âme et être en accord avec tes nouvelles idées...
Rédigé par : Franck | jeudi 09 mars 2006 à 10:38
@coco
Hors sujet, mais tellement amusant. Sans doute la connaissez vous mais j'adore.
Il y eu des rumeurs d'affaire Sokal bis... en science "dure". Grace à nous gentils petits français.
En effet les frèrer Bogdanoff décidèrent de passer une thèse. Fait du prince via je ne sais plus quel ministre de la recherche.
Ils ont donc publié un papelard... qui a été perçu par de méchants étrangers comme un hoax, une nouvelle tentative à la Sokal. Le plus rigolo était la défence des frérots comme quoi leur travail était sérieux :-)
The Bogdanoff Affair
http://math.ucr.edu/home/baez/bogdanoff/
Rédigé par : Eviv Bulgroz | jeudi 09 mars 2006 à 11:31
Il me pararaîtrait intéressant de revenir aux fondamentaux du droit du travail: il est en principe interdit à l'employeur de faire porter au salarié le risque d'entreprendre.
Et il me semble que la direction prise par les "réformes" récentes (à supposer que cela mérite ce nom, car tout ça sent le manque de travail en amont) va dans le sens de faire peser de plus en plus le risque sur les salariés.
Et là dessus, désolé mais il est quand même intéressant de rapprocher cela des profits des entreprises.
Rédigé par : De passage | jeudi 09 mars 2006 à 12:35
Petit retour rapide pour prendre (un peu) la défense de Hugues : je souscris à son analyse lorsqu'il dénonce cet "esprit gentil" qui peut gravement nuire à l'intelligence de la gauche. Ceci étant dit, il faut se méfier de l'agacement qu'il suscite, toute critique d'une mesure de droite pouvant être interprétée comme la manifestation d'une telle "gentillesse", sans que cela soit nécessairement le cas. On nage alors en plain procès d'intention.
A propos de la socio des sciences, je ne veux pas non plus m'étendre, mais ferai plusieurs petite remarques (à l'adresse de coco en particulier) :
1) Le programme fort, c'est de l'histoire ancienne (années 1980).
2) Le programme fort est effectivement un sociologisme, qui suppose que la sociologie dit le dernier mot en matière de vrai.
3) Latour n'était pas "fortiste", il était même très critique à l'endroit de ce programme.
4) Le paradoxe évoqué par coco n'a évidemment pas échappé Latour, Bloor, Woolgar et les autres. Ce fut au coeur de tout le débat sur la question de la "symétrie".
5) Les errements et les provocations d'un Latour (car il s'agit bien de cela, un peu comme Feyerabend) ne disqualifient pas les travaux des constructivistes, qui restent encore très stimulants et utiles pour l'analyse des innovations.
6) Le bouquin de Sokal et Bricmont, et le canular dont il est la suite, m'ont bien fait marrer, mais le contenu théorique ne casse pas trois pates à un canard grippé. Il s'agit d'une resucée d'un positivisme naïf qu'un auteur aussi peu relativiste que Quine avait proprement exécuté.
7) A la différence de Sokal, les Bogdanov semblent sincères. En cela c'est plus un équivalent de l'affaire Teissier (l'astrologue). Pour un résumé assez drolatique de cet épisode peu glorieux de l'histoire de la physique, voir http://ybmessager.free.fr/wp/
C'est effectivement complètement hors-sujet, mais tellement poilant!
Rédigé par : EL | jeudi 09 mars 2006 à 14:32
"le contenu théorique ne casse pas trois pates à un canard grippé. Il s'agit d'une resucée d'un positivisme naïf "
?? je ne suis pas d'accord du TOUT.L'accusation de positivisme est habituellement creuse : une simple manière de disqualifier ;-). On en revient sur la séparation du factuel et du théorique...
Bon je ferais une note chez moi sur Bricmont (demain ?) . Pas (encore)polluer le CPE de Hugues ...
Rédigé par : Eviv Bulgroz | jeudi 09 mars 2006 à 15:30
Le contenu théorique qui "ne casse pas trois pattes à un canard", non, je reste assez dubitative sur cette formulation.
Ce n'est pas parce que les auteurs n'inventent rien que leur propos est sans intérêt. Et même, j'ai tendance à penser que par les temps qui courrent, malheureusement, certaines évidences ne sont pas inutiles à rappeler (quitte à passer pour des abrutis de postivistes - j'aime la légère touche de condescendance attachée à ce terme, lequel terme quant à moi ne me dérange nullement).
A propos du regard porté par les sociologues sur les sciences, d'intéressantes analyses "qui ne cassent pas trois pattes à un canard" chez Jacques Bouveresse ("prodiges et vertiges de l'analogie").
Rédigé par : coco | jeudi 09 mars 2006 à 16:03
Au fait Eviv Burgoz, "chez vous", c'est un site Internet? Vous nous signalerez la parution du billet?
Rédigé par : coco | jeudi 09 mars 2006 à 16:05
BULGROZ bon sang! Un peu de respect, sabre de bois! Pardonne leur, Eviv, ces jeunes n'ont plus de références. De mon temps...
Rédigé par : EL | jeudi 09 mars 2006 à 17:35
Euh oui sur le lien.
Mais bon j'ai échaudé un plan dans chtite tete, mais l'écriture va s'avérer complexe et le résultat médiocre, je le crains...
Rédigé par : Eviv Bulgroz | jeudi 09 mars 2006 à 18:41
@Eviv
J'aime bien le lapsus "échaudé" pour échafaudé !
serait-il significatif ?
Bien a vous
Rédigé par : MAD | jeudi 09 mars 2006 à 21:09
Moi, « petit patron » de TPE, employant 5 personnes dont 3 de moins de 26 ans, je trouve cette fracture entre « patrons » et « salariés » absolument tragique. Personne ne parle jamais des petits patrons qui, mine de rien, constituent une bonne partie du tissu économique de ce pays. Et pourtant !
La précarité, beaucoup la connaissent.
À 52 ans, je suis gérante de mon entreprise depuis 7 ans, je gagne 2500 euros par mois, travaille 70 heures par semaine – et le fait avec bonheur. En tant que gérante, si mon entreprise dépose le bilan, je ne pourrai pas prétendre aux allocations Assedic.
Je pense pouvoir témoigner de ce qu’est la précarité.
Que croyez-vous qui me pousse à travailler autant ? Le profit, vraiment ? Non, notamment, la précarité. Je sais que je n’ai pas le choix : mon entreprise doit vivre jusqu’à l’heure de ma retraite. (Par ailleurs, je ne suis pas convaincue que la « sécurité » soit absolument l’objectif d’une vie.)
Ce qui m’anime le plus : la fierté de mener à bien ce que j’ai entrepris, l’enthousiasme d’avoir de nouveaux clients qui ont entendu parler de la qualité de mon travail, la joie de conserver les anciens parce qu’ils sont contents des prestations de mon entreprise, le plaisir de faire ce que j’aime. Et enfin, quoi que certains en pensent, le sentiment de responsabilité à l'égard de mes collaborateurs.
À côté des grands patrons du CAC 40 (qui, je vous le rappelle, sont par définition 40), nous sommes ainsi des milliers de « patrons » passionnés par notre métier, par l’aventure et le combat quotidiens pour faire vivre notre entreprise et ceux qui y travaillent. Sommes-nous autant de « salauds » ?
Que gagnera cette société à faire de nous des épouvantails malfaisants ?
S’il est aussi simple et enrichissant d’être un « patron », pourquoi tout le monde ne le fait-il pas ? La chance ? Pour beaucoup d’entre nous, la chance n’a aucune place dans notre parcours. L’argent ? On monte aujourd’hui une SARL avec 1 euro. Les diplômes ? Je suis, comme beaucoup d’autres, une autodidacte.
Je crains que la paranoïa qui consiste à dire « patron-salaud » et « employé-victime », outre qu’elle est pour le moins simpliste, soit peu productive – elle est, par ailleurs, très triste. N’y a-t-il pas d’autre solution ?
M’accusera-t-on d’angélisme ou me mettra-t-on au pilori ?
Rédigé par : sylvie | vendredi 10 mars 2006 à 15:11
@sylvie
Plusieurs remarques :
1) sauf dans les franges les plus douteuses de l'extrême gauche ou de l'altermondialisme, le discours "patron = salaud" et inexistant. Et les critiques adressées aux gouvernement à propos du CPE ou du CNE ne sont pas absolument pas de cet ordre. Rappeler que les intérêts des patrons et des salariés peuvent sérieusement diverger à certaines occasions, ce n'est pas stigmatiser les patron! Ce n'est tout de même pas scandaleux de dire qu'en période de disette un patron peut avoir intérêt à licencier tandis que ses emplyés ont intérêt à garder leur travail?!!! Jr crois qu'en interprétant les discours critiques comme la manifestation d'une pure bêtise quasi raciste, tu ne te laisse aller à un simple reflexe de défense. C'est juste regrettable. Ecoute plutôt les arguments sans a priori, et sans faire de procès d'intention.
2) Tu parles de précarité, mais de précarité choisie! Je suis bien placé pour connaître les avantages d'une telle situation, étant moi-même, d'une certaine façon, un précaire volontaire. Mais il ne me viendrait pas à l'esprit de décider que mon choix de vie devrait être celui de tout le monde! Si d'autres préfèrent une certaine sécurité, je respecte parfaitement leur décision. Or c'est bien ce vers quoi on s'oriente : une précarisation imposée. Où est la liberté de choix?
3) Tu évoques ce qui t'anime en tant qu'entrepreneur(se?), pour expliquer que tu n'es pas une rapace poussée par la recherche de profit. A nouveau, personne (sinon ceux que j'évoque en début de ce commentaire) ne dit le contraire! On rappelle simplement que le profit est la première condition de succès d'une entreprise, et que les patrons doivent se soumettre à cet impératif. J'ai presque hont d'écrire une telle tautologie. C'est tout de même extraordinaire de passer pour un dangereux gauchiste en rappelant cette vérité élémentaire. Tu peux être aussi amoureuse que tu veux de ton travail, si pour une raison ou une autre tes profits chutent, alors d'une façon ou d'une autre il faudra les faire remonter, parfois en allant à l'encontre d'une certaine éthique de travail.
4) Tu écris que la chance n'as que très rarement à voir avec la trajectoire d'entrepreneur. C'est d'un aveuglement sidérant! Déjà, il faut se rappeler que la chance n'est pas forcément "d'avoir" mais parfois "d'échapper à". Echapper par exemple à la misère. Ensuite, une entreprise réussie, c'est aussi des histoires de rencontres opportunes, qui ici apporte un soutien bienvenu, là ouvre un marché. Ces rencontres, certains ne les font pas. Alors bien sûr, la chance peut se créer et doit être saisie. Mais de là à écrire que "la chance n’a aucune place dans notre parcours."
5) Après la chance, l'argent. Et là tu sors l'exemple de la SARL à un euro! Toutes les boîtes de ce type (TOUTES) sont une manière valorisante de dissimuler un emploi de domestique précaire. La France crève de ces minuscules "entreprises" qui ne pourront JAMAIS se développer et sont surtout bonne à faire descendre les chiffres du chômage. Une entreprise (sans guillemets) que l'on souhaite faire marcher, il lui faut un capital de départ. Et si ça se chiffre pas forcément en millions, ça dépasse tout de suite le millier d'euros. La fourgonette pour la baraque à fritte, l'ordinateur et les logiciels pour la nouvelle start-up de la mort, le petit local au fond de la cour pour le nouveau magasin de fringues à la mode...
Au bout du compte, il faudrait cesser d'agiter cet épouvantail des méchants "anti patrons" dès qu'on sort une critique de mesures telles que le CNE. Sylvie, essaye plutôt d'écouter les arguments, plutôt que d'y déceler une énième version du fascisme rouge.
Rédigé par : EL | vendredi 10 mars 2006 à 16:30
"! Ce n'est tout de même pas scandaleux de dire qu'en période de disette un patron peut avoir intérêt à licencier tandis que ses emplyés ont intérêt à garder leur travail?!!!"
C'est LA question.
Pourquoi faire supporter cette charge au (petit ou non) patron ? Le risque est qu'il ferme boutique ou ne prenne justement aucun risque d'embauche.
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Ce risque doit être mutualisé par la société, c'est d'ailleurs peu ou prou ce qui se passe (assurrance chomage). On eput également responsabiliser le patronnat (taxes selon le taux d'embauches et de renvoies.
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La précarité faudrait quand même la définir. Pour moi ce n'est à aucun moment de quitter, volontairement ou non, un job. C'est de ne pas trouver de solutions de rechange.
Rédigé par : Eviv Bulgroz | vendredi 10 mars 2006 à 17:09
À l'intention de El
• Echapper par exemple à la misère. Ensuite, une entreprise réussie, c'est aussi des histoires de rencontres opportunes, qui ici apporte un soutien bienvenu, là ouvre un marché. Ces rencontres, certains ne les font pas.
Tu parles de précarité, mais de précarité choisie!
Que savez-vous de mon parcours pour dire cela ?
• Jr crois qu'en interprétant les discours critiques comme la manifestation d'une pure bêtise quasi raciste, tu ne te laisse aller à un simple reflexe de défense. Ecoute plutôt les arguments sans a priori, et sans faire de procès d'intention.
Qui fait un procès d’intention, sinon vous, en l’occurrence ? À qui ai-je fait un procès d’intention ?
• C'est tout de même extraordinaire de passer pour un dangereux gauchiste en rappelant cette vérité élémentaire.
Auquel de mes propos répond cette phrase ?
• Sylvie, essaye plutôt d'écouter les arguments, plutôt que d'y déceler une énième version du fascisme rouge.
Là, vous faites de l’auto-allumage. Y a-t-il à quelque endroit que ce soit une référence à une couleur politique ?
• C'est d'un aveuglement sidérant!
El, quelle violence pour quelqu’un qui me demande d’ « écouter» !
• Tu écris que la chance n'as que très rarement à voir avec la trajectoire d'entrepreneur.
Relire ma phrase.
Je peux accepter toutes les critiques, même être frappée d’alignement. En revanche, je pense que si vous m’avez « écoutée », vous ne m’avez pas comprise. Ce qui, une fois de plus, montre bien à quel point les passions sont exacerbées et le vacarme infernal et peu constructif.
Rédigé par : sylvie | vendredi 10 mars 2006 à 19:10