J'ai toujours soutenu que l'antisémitisme relevait davantage de la pathologie que de l'expression d’une « opinion ». Le rapprochement Dieudonné-Front national en est la meilleure preuve.
Quelles que soient ses filiations simplement « franchouillardes », du boulangisme au poujadisme ; quels que soient ses ressorts « populistes » plutôt que franchement « fascistes » ; quelles que soient les motivations d’électeurs plus souvent désespérés que xénophobes... Bref, quels que soient les termes de l’analyse, le Front national est un parti raciste.
Evidemment, sa dénonciation de l’immigration, du libre-échange et de l’Europe passe rarement par l’expression brutale d’un refus de la mixité ethnique ou culturelle : l’époque ne s’y prête guère. Mais, pour le FN comme pour ses équivalents belges, britanniques ou allemands, l’essentiel est généralement dans le non-dit, dans le suggéré, dans le tacite. Et si les « petites phrases » du chef ou de ses lieutenants sont finalement peu fréquentes, les adhérents qui ne sauraient pas à quoi s’en tenir sur la doctrine sous-jacente du parti ne doivent pas vraiment courir les allées du Bourget au moment de la fête des BBR.
La présence d’un Farid Smahi ou d’un Stéphane Durbec, cautions arabe et noire du Front, aux côtés de Jean-Marie Le Pen pourrait dès lors passer pour surprenante, les deux « militants » étant nécessairement conscients de l’estime en laquelle ils sont tenus par l’immense majorité de leurs, hum, compagnons de route... Elle relève pourtant d’un phénomène assez bien documenté de « haine de soi » ― phénomène sur lequel je ne m’étendrai pas ici, n’ayant ni le temps ni le goût de me pencher sur les drames intimes de ces paradoxes ambulants.
Dieudonné, dont j’apprends qu’il était, ce weekend, en goguette chez les défenseurs de la France monochrome, m’intéresse davantage. Et pour cause : l’ancien humoriste entré en politique par le combat contre le Front national trouve aujourd'hui logique d’aller serrer la main de l’homme qui, il y a peu, représentait jusqu’à la caricature tout ce qu’il assurait détester : la fermeture d’esprit, l’ultra conservatisme, l’archaïsme idéologique, le refus de l’autre.
Mon point de vue est que la dimension obsessionnelle de son antijudaïsme est désormais telle qu’il lui importe davantage de se rapprocher d’un partisan avoué du colonialisme, de la torture et de l’inégalité des races que de s’en distinguer pour exister. Il est, en quelque sorte, passé de l’autre côté, a franchi la barrière morale qui sépare le positionnement politique fondé sur l’argument rationnel pour s’aventurer sur le terrain de la détestation pure et simple...
Depuis quelques années, Dieudonné élabore un discours fondé sur la responsabilité ultime des juifs sur l’ensemble des désordres du monde contemporain, l’oppression historique du Sud par le Nord et, surtout, l’esclavage ! Que le combat ― légitime ― pour la reconnaissance du drame des traites négrières en souffre, ses délires jetant le discrédit sur les artisans d’une vraie réflexion scientifique sur l’une des pires abominations des comportements humains, ne le dérange plus. Il est désormais ailleurs, dans la dénonciation inlassable du « sioniste » ― ce monstre en redingote et papillotes proférant des Isra-Heil en massacrant des petits enfants ―, dans la description du juif en porte-plume de Louis XIV pour la rédaction du Code Noir... Et qu'importe si ces fariboles ne convainquent personne, tant qu'elles permettent de fédérer tout ce que le pays compte d'aigris et d'amateurs de bouc émissaire...
Jusqu’à présent, pour autant, son obsession passait nécessairement par le truchement d’un discours « progressiste ». Et le combat des Palestiniens pour un Etat, véhicule idéal de rassemblement des gentils (sic), semblait convenir à sa démarche. En prenant langue avec Le Pen, Dieudonné laisse tomber toute prétention à la séduction des gens de progrès. Il abandonne tout recours à cette cause-tampon, à cet alibi consensuel qui permettrait de justifier sa détestation des juifs : il annonce la couleur. Cette couleur, justement, que méprisent ses nouveaux alliés, ceux auxquels il accepte de faire allégeance sans se soucier de ce que cette allégeance signifie en termes d’abdication de sa propre valeur et de reniement de sa propre histoire.
Je tiens moi-même l’esclavage, et pas seulement le commerce triangulaire initié, un temps, par les Européens, pour une tragédie sans nom, évidemment comparable aux différentes incarnations de l’antisémitisme ayant culminé avec la Shoah. Mais il me paraît totalement impossible de s’indigner de l’un sans partager l'horreur de l’autre. Dieudonné, désormais, ne s’indigne plus de rien. Enfermé dans sa rhétorique absurde, il subit même les sarcasmes racistes en souriant, pour peu qu’ils soient émis par ceux dont il croit partager le combat. Pas plus qu’avec Smahi et Durbec, je ne m’essaierai à comprendre les ressorts secrets et intimes de sa démarche. Cette démonstration de haine de soi par procuration, en revanche, n'a guère besoin d'explication.
© Commentaires & vaticinations
P.S. : Les explications fournies par Dieudonné sur son passage par le Canossa du Bourget valant leur pesant de cacahouètes (via Versac), je vous suggère d'y jeter un coup d'oeil en complément de cette note. C'est ici.
Entre Dieudo et Bové l'écolo-pétainiste l'alliance vert-brun-rouge se construit sous nos yeux, encore et toujours sur le dos des juifs.
Rédigé par : all | lundi 13 novembre 2006 à 17:30
Paraît en plus que Dieudonné s'est fait sortir de la fête des BBR sous la pression de militants FN qui lui reprochaient d'être antisémite (et le plus incroyable, c'est qu'ils n'étaient pas forcément hypocrites). Ce n'est pas tout à fait aussi réjouissant que quand Villiers s'est fait éjecter de la manif en mémoire d'Ilan Halimi, mais ça procure quand même une espèce de joie bizarre, genre "Ge-arrosiertarroseurfreude", comme aurait pu dire Freud si son allemand avait été aussi mauvais que le mien.
Ce qui aurait vraiment été rigolo, ç'aurait été que Dieudonné proteste en gueulant "Ma place est bien ici! Je suis aussi breton que Jean-Marie!"
Hâtons-nous de rire des choses avant d'être obligés d'en pleurer.
Rédigé par : Poil de lama | lundi 13 novembre 2006 à 18:17
Et cette coupe de cheveux surtout, quelle faute de goût !
Rédigé par : Vinvin | lundi 13 novembre 2006 à 18:51
c'est ce qu'on appelle enfoncer les portes ouvertes. Quelle prise de position courageuse !
Rédigé par : PY | lundi 13 novembre 2006 à 20:30
On attendait une défense de la vidéo sur les profs de Ségo, contre-pied. Bon post, cela dit, merci.
J'ai vu récemment une vidéo de Dieudonné de retour du Liban avec Thierry Meyssan. C'était très étrange, à la fois interrogeant et pathétique. Comme si on arrêtait une minute de trouver normal l'absurde et qu'on se demandait comment des types comme vous et mois peuvent à ce point partir en couille. Je dois avouer que ça m'interroge toujours. Cela dit, il paraît que Dieudonné fait un carton chez les Noirs (source : un sociologue, Vincent Geisser, dans je sais pas quel journal). Bref.
Rédigé par : Francois | lundi 13 novembre 2006 à 21:05
Cher hugues,
je me permets un leger hors sujet pour, en ce début de semaine politiquement importante.
Hier, Ségolène était au Grand Jury. Je n'arrive pas à trouver d'argument en sa faveur, tellement sa prestation était calamiteuse.
Peut-être pourrais-tu me démontrer succintement qu'effectivement tu es rationnel quand tu dis que tu vas lui donner ta voix, et que moi, par contre, j'y met de la mauvaise volonté.
http://www.dailymotion.com/da93/video/xmw0w_segolene-grand-jury
Merci
Rédigé par : said | lundi 13 novembre 2006 à 21:52
«l’essentiel est généralement dans le non-dit, dans le suggéré, dans le tacite»
Plus exactement, l'essentiel est dans ce qui est dit en petit comité ou quand le fasciste "s'oublie". Il est certain que le "programme" du FN n'est qu'une version hyper édulcorée des intentions véritables du FN.
Mais le comportement d'un Farid Smahi ou d'un Dieudonné n'est pas une question de "haine de soi" pour la simple raison qu'un individu d'extrême droite se considère à la base comme supérieur en tout point à l'humain ordinaire.
Pour que Farid Smahi soit atteint de "haine de soi" il faudrait qu'il se trouve des points communs et ai des sentiments d'empathies avec les victimes du racisme anti-arabe, mais je mettrai ma main à couper qu'il n'en éprouve aucune parce qu'il se considère lui même comme "au dessus du lot".
Honnêtement, je pense que ce que l'on nomme la "haine de soi" est au contraire la marque d'un narcissisme hypertrophié et pervers.
Par contre, le fait que Dieudo soit "passé de l'autre côté", en fait, il n'est PAS passé de l'autre côté.
Non: Dieudo n'a pas quitté le camps des progressistes pour aller dans celui des faschos.
Il y était déjà.
Il y a toujours été.
Faudrait pas oublier que l'un des premiers négationnistes (Rassinier) était un membre de la SFIO qui a viré fascho pour évacuer la frustration de ne pas obtenir d'investiture parlementaire, que le fondateur du FN et éminence grise de Lepen en son temps était troskyste, que les néocons de Bush ont pour beaucoup commencé en se disant de gauche. En fait, il y a toujours eu parmis les progressistes des tartuffes qui se revendiquaient d'une famille de pensée dans l'espoir d'y faire carrière. Dieudonné n'a pas réussi à arriver au sommet en s'opposant à l'extrême droite, alors il a laissé tombé le masque et est parti là où les frustrés de la politique floculent.
Rédigé par : Laurent Weppe | mardi 14 novembre 2006 à 01:54
Où avez-vous pêché que le Front National est "contre le libre échange" ? Le renard libre dans le poulailler libre, Le Pen est pour, bien entendu, simplement à l'intérieur des frontières. Désolé de nuire à votre vision "blanc=libéralisme", "noir=josébové xénophobe antiouverture", mais le programme de Le Pen est parfaitement néolibéral sur le plan économique.
Rédigé par : manu | mardi 14 novembre 2006 à 10:31
@ manu :
Grosse rigolade ! Le Pen a changé 4 ou 5 fois de programme économique, du libéralisme (sauce Martinez) au protectionnisme.
Et le programme économique du FN c'est quoi maintenant ? Ex. Antimondialisation, anti-europe, contrôle des transferts de capitaux, aides massives nationales aux petits exploitants agricoles.
Le discours du FN qui n'a pas changé est celui sur l'immigration, normal, les autres partis n'en parlent pas.
Rédigé par : all | mardi 14 novembre 2006 à 11:32
[suite..]
Lire ce discours de Le Pen.
http://www.presidentiellesparty2007.com/article-4368776.html
Le même discours peut convenir à Pétain, à Bové, ou de marrons pour le 13h de J.P Pernaud.
Merde, quoi
Rédigé par : all | mardi 14 novembre 2006 à 11:40
All,
Sur cette "alliance", restons prudents tout de même. Et en tout cas, Dieudonné en est difficilement le symbole : ce serait lui accorder un peu trop d'importance.
Poil de lama,
Si tu ne veux pas en pleurer, tu sais ce qu'il te reste à faire le 16 !
Vinvin,
Surtout pour fréquenter les crânes rasés...
PY,
Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée...
François,
Pour la vidéo sur les profs, je me suis déjà épanché en commentaire chez Versac (http://vanb.typepad.com/versac/2006/11/le_temps_de_tra.html#comment-25161266). Et il ne me semblait pas utile d'en rajouter.
Said,
Moi, j'étais au gymnase Japy hier et j'ai pu juger sur pièces. L'enthousiasme du public était assez surprenant pour ce type de meeting. Et sans vouloir en tirer le moindre enseignement, je constate que les gens présents sont très différents des supporteurs de DSK : plus de femme, plus populaire, plus de très jeunes, plus de vieux...
Laurent Weppe,
Moui, ce n'est pas parce que des gens de gauche finissent à l'extrême droit qu'il s'agit d'une sorte parcours type. Dieudonné ne me semble pas vraiment typique de quoi que ce soit.
Manu,
Le FN est néolibéral ? Ah oui, j'oubliais : néolibéral, libéral, Sarkozy, Le Pen, Bayrou, capitalisme, économie de marché, entreprise, fascisme, MEDEF (Ségolène ?)... Tout ça veut dire la même chose. C'est bien ça ?
Rédigé par : Hugues | mardi 14 novembre 2006 à 11:48
@ All et Hugues : quelle fougue ! J'ai agité le chiffon rouge (hihi) semble-t-il.
Une suggestion : si vous preniez le temps de lire ce que j'écris ?
Allez, je vous la refais :
"Le renard libre dans le poulailler libre, Le Pen est pour, bien entendu, **simplement à l'intérieur des frontières** ": le libre patron de Vichy entretenant de libres relations avec ses salariés. Est-ce assez explicite ?
Quant à la pathétique équivalence J-P.Pernaud/Bové/Le Pen (et ce sera ma transition vers le commentaire de Hugues, qui m'accuse finement d'amalgame) dois-je précisément vous rappeler qui est le patron de J-P.Pernaud ? Ah oui, Bouygues. La bonne droite classique et patronale...ça alors.
Enfin, cher Hugues (oui, car combien me coûte votre protection sociale de journaliste CSP+ ?), qui espérez-vous convaincre ou même amuser avec votre gloubigoulba "économie de marché (laquelle?) /Bayrou/libéralisme (lequel?)/entreprise...(laquelle?)"?
Et pour rester au niveau de All, qui atteint des sommets d'analyse politique avec son "merde quoi", je répondrai "mange, quoi".
Bonne journée à vous, amis semi-habiles.
Rédigé par : manu | mardi 14 novembre 2006 à 13:39
@ Manu:
Keynes était un libéral, et se revendiquait comme tel; Le Pen n'est pas libéral (ni même néo ni ultra), ni conservateur: c'est précisément un réactionnaire (ultra).
@ All:
libéral (au sens strictement économique) ne s'oppose pas à protectionniste mais à collectiviste, protectionniste s'oppose plutôt à libre-échangiste... Merci de ne pas tout mélanger.
Rédigé par : melchior griset-labûche | mardi 14 novembre 2006 à 13:58
Manu,
Combien te coûte ma protection sociale de "journaliste CSP+" ? Pas si cher en fait : 7 650 € par an (sur une base forfaitaire), plus les abattements sur mes cotisations sociales qu'il faut bien trouver ailleurs.
Mais tu ne vas tout de même pas me reprocher mon régime spécial et mes avantages acquis, ça ne serait pas cohérent : http://hugues.blogs.com/commvat/2005/09/fiscalit_les_ch.html
Rédigé par : Hugues | mardi 14 novembre 2006 à 14:31
@ Hugues : c'était pour rire. Pour vous montrer que dans une certaine logique (la vôtre, par exemple) on est toujours le corporatiste de quelqu'un.
@ Melchior : puisque vous semblez friand de précisions, en voici quelques-unes :
1/"liberal" en anglais signifie "progressiste", voire "de gauche". Le (néo)libéral économique - madelinien (ou strauss-kahno-royaliste sous sa forme édulcorée)- est, lui, un adepte du "laissez-faire economics". Donc attention à la définition que Keynes donnait de lui-même.
2/ qu'est-ce qu'un "réactionnaire" (ultra ou pas) ? Ce terme passe-partout, utilisé aussi bien pour l'extrême droite que pour l'altermondialisme, peut s'appliquer à tout et n'importe qui, puisque les opinions politiques se conçoivent bien souvent *en réaction* à quelque chose. Alors, de la précision s'il vous plaît : Le Pen est un vichyste, à la tête d'une coalition hétéroclite dont le (seul) point commun semble être le désarroi et une certaine étroitesse d'esprit (la haine et l'aigreur n'étant pas très loin derrière).
Rédigé par : manu | mardi 14 novembre 2006 à 14:54
Si c'est Royal, c'est tout bénéfice", selon Sarkozy
AFP
"Elle me protège depuis plusieurs mois, car le phénomène "tout sauf Ségolène" empêche le phénomène "tout sauf Sarkozy" ", a affirmé le président de l'UMP devant quelques journalistes français à la résidence de l'ambassadeur de France à Alger, où il était en visite officielle en tant que ministre de l'Intérieur.
Pour Nicolas Sarkozy, si le candidat du Parti socialiste était Laurent Fabius, "on aurait une campagne violente, parce que c'est un homme violent, le risque pour moi est beaucoup plus grand qu'avec une campagne apaisée".
"Quelqu'un d'irascible et dur"
A cet égard, "Si c'est Ségolène Royal, c'est tout bénéfice", a-t-il jugé. Selon lui, Ségolène Royal "nous impose malgré tout un processus de modernisation", mais elle est "en totale décalage avec son électorat et elle aura beaucoup de mal à assurer un rassemblement des voix à gauche".
Enfin, a ajouté Nicolas Sarkozy, "je pense qu'elle montrera sa vraie nature, qui est quelqu'un d'irascible, dur et, quand ça ne va pas, qui se crispe". Les trois candidats à l'investiture PS pour 2007, Laurent Fabius, Ségolène Royal et Dominique Strauss-Kahn, seront départagés par les adhérents de leur parti, lors d'un vote les 16 et 23 novembre, si un deuxième tour est nécessaire. Quant aux adhérents de l'UMP, ils choisiront le candidat qui sera soutenu par leur parti en 2007, lors d'un congrès le 16 janvier, selon toute probabilité, ce devrait être Nicolas Sarkozy.
http://tf1.lci.fr/impression/51/66/0,,3355166-e0NIQUlORV9JRCBSVUJfSUQgVU5WX0lEIElCTF9JRH0gezE3NzE4NTIgMTc4NTYzNCAxIDYyMDAxfQ==,
Rédigé par : socdem | mardi 14 novembre 2006 à 15:42
C'est marrant, certains commentateurs ont l'air de detester Ségolène encore plus que Le Pen ou Dieudonné. Ca promet.
Rédigé par : Fin stratège | mardi 14 novembre 2006 à 16:04
@ Manu: mais Keynes était libéral en économie ! D'autre part si vous faites l'amalgame entre Madelin (qui est en économie à peu près aussi libéral que Jirinovski (qui se dit "libéral-démocrate"), et est en fait un partisan de la concentration du capital financier) et SR et DSK, alors, allez jusqu'à Fabius, qui a signé le même programme que les deux autres ... Un réactionnaire est quelqu'un qui, au-delà du conservatisme, veut revenir à un état de fait (de structures sociales) antérieur. En Russie, les national-communistes sont des réactionnaires, qui oeuvrent au retour au pouvoir (politique et social) de la nomenklatura.
@ Socdem: si Nicolas S. veut goûter à son tour aux joies de la ligature de trompe sans anesthésie, c'est son problème.
Rédigé par : melchior griset-labûche | mardi 14 novembre 2006 à 16:16
"Keynes était libéral en économie !"
Si vous voulez dire que Keynes n'était pas communiste, naturellement. Sinon, ne venez pas me raconter que les actuelles politiques économiques, libérales "tempérées" certes, sont keynésiennes. Il y a des limites au n'importe quoi.
Idem pour Madelin : si lui n'est pas libéral (économique), il va falloir sérieusement discuter des dimensions spatio-temporelles dans lesquelles vous vivez. Et quel rapport avec Jirinovski ??
En revanche, si vous voulez me faire dire du mal de Fabius, ou en tous cas exprimer ma méfiance vu son CV, aucun problème.
"Un réactionnaire veut revenir à un état de fait antérieur". Oui. Lequel ? Celui de 1936, de 1941, ou de 1945-46 ? (pour ne prendre qu'un exemple). Allez, encore un effort, nous allons y arriver.
Rédigé par : manu | mardi 14 novembre 2006 à 17:01
Je suis désolé d'interrompre le trolling in progress de notre ami Manu, mais je me permets de ramener ce thread sur les aventures de Dieudonné, qui s'explique directement sur sa présence chez Le Pen :
http://www.dailymotion.com/visited/search/dieudonne%20le%20pen/video/xn50e_dieudonnesurfn12112006dbbr
Un film qui se passe de commentaires, comme on ne dit pas sur les blogs.
Rédigé par : Hugues | mardi 14 novembre 2006 à 17:32
@ Manu:
Juste une petite remarque sur la forme:je crois que vous vous laissez piéger par les étiquettes. Que veut dire "radical" dans le paysage politique français d'aujourd'hui ?(exactement le contraire du dictionnaire !) Vous savez que feu Milosevic était le chef du parti "socialiste" serbe, et que les dirigeants birmans se disent encore "socialistes"... Et "progressiste" désignait naguère les compagnons de route du PCF: pas grand chose à voir, en définitive, avec un quelconque progrès...
Quant à Keynes, je maintiens que c'était un partisan de l'économie de marché, qui voulait la protéger, la moduler, la réguler par l'action des pouvoirs publics, la mettre à l'abri des requins de la finance et "euthanasier le rentier". Il n'aurait pas poussé les hauts cris, lui, en voyant que l'Europe voulait inscrire dans son texte fondateur la "concurrence libre et non faussée" qui convient si peu aux momopoleurs privés et aux monopoleurs d'Etat. Mais je m'énerve un peu. Cool, Melchior...
Sur "réactionnaire", je ne sais pas jusqu'où Le Pen veut redescendre, mais il n'est pas nécessaire d'aller chercher à l'extrême-droite, quand la droite villepino-sarkosienne s'en prend au Code du Travail (Ministère du Travail créé en 1906, début de codification en 1911 je crois). Hugues, on n'abuse pas ?
Rédigé par : melchior griset-labûche | mardi 14 novembre 2006 à 17:55
"Hugues, on n'abuse pas ?"
Ben si, un petit peu.
Il me semble qu'il est effectivement extrêmement important de connaître vos points de vue sur le sens de ces mots valises (libéral, conservateur, yaourt au bifidus, etc.), mais que l'idée initiale était d'évoquer la dérive (ou la stratégie) de Dieudonné. Mais bon, ce que j'en dis. Je vais mettre le lien vers la vidéo en note de bas de page de l'article. Ca sera toujours ça.
Rédigé par : Hugues | mardi 14 novembre 2006 à 18:04
@ Melchior : il va effectivement vous falloir rester cool, sous peine de surchauffe.
Comme je venais de vous démontrer le manque de précision de votre usage du terme "libéral" (c'est vous qui aviez commencé, rappelez-vous), vous me déclarez maintenant que je me laisse "abuser par les étiquettes". Commode. Avec une fluidité pareille, vous devriez être dans le staff de DSK ou de Royal.
Mais je plaisante : finalement, vous abondez dans mon sens, en rappelant que le sinistre psychopathe Milosevic s'intitulait "socialiste" - vous soulignez ainsi l'importance de ne pas se tromper - ni être trompé - sur les étiquettes. Merci donc.
Keynes en faveur de l'économie de marché ? Mais naturellement, relisez-moi cinq secondes, je venais de le dire. Je vous repose donc la question : quel rapport entre l'"économie de marché" voulue par Keynes, et que vous ne décrivez pas trop mal, et la vaste jungle néolibérale qui envahit notre monde ?
En revanche, je trouve votre manière de faire parler le cadavre de ce grand homme éminemment douteuse, pour ne pas dire émétique.
Enfin, quel rapport entre un monopole privé comme Microsoft et un monopole public comme la Poste ou la Sécurité Sociale ? (sauf le statut de monopole bien sûr). Pour parler comme le gang de Rosanvallon, les choses ne seraient-elles pas un peu plus complexes ?
Et vous, cher Melchior, à titre personnel, avec qui êtes-vous en concurrence ?
Ah, et puis désolé d'être un troll en progrès. Je croyais qu'il s'agissait d'un débat où toutes les opinions étaient admises. D'un débat libéral (au sens politique), en quelque sorte.
Me serais-je trompé ?
Rédigé par : manu | mardi 14 novembre 2006 à 19:43
@ Manu: "troll in progress": ce n'est pas de moi, mais du maître des lieux... A bientôt j'espère.
@ Hugues: désolé, j'ai découvert ton rappel à l'ordre juste après avoir posté mon commentaire. Il faudra quand même que je livre un jour mon analyse du yaourt bifidus (le mot et la chose). Mais je sentais bien qu'on était un peu hors sujet...
Pour en revenir à Dieudonné: ton analyse psychologique est tout à fait plausible; mais n'y a-t-il pas aussi un coup de pub, et une part d'histrionisme, de m'as-tu-vuisme, n'importe quoi pourvu qu'on parle de lui ? Autre élément à ne pas négliger: le racisme est très répandu dans les banlieues (des maghrébins à l'égard des noirs, des noirs à l'égard des asiatiques, des uns et des autres à l'égard des roms,des arabes à l'égard des berbères et des turcs à l'égard des kurdes -pardon pour les majuscules où il en faudrait - etc.), et de ce point de vue-là Le Pen n'est pas toujours perçu comme anormal ou bête immonde, mais considéré avec un vif intérêt... On se méfie de son racisme parce qu'on peut en être victime, mais on ne le lui reproche pas d'un point de vue moral, parce que le racisme est chose ordinaire, généralement partagée, "normale". En outre, concrètement, le racisme du FN en tant qu'organisation est resté jusqu'à présent presque toujours virtuel, nominal, potentiel, (et masqué), alors que les exactions policières ou les discriminations des braves gens dans diff"rents domaines sont bien réelles, concrètes, vécues et éprouvées.
Rédigé par : melchior griset-labûche | mardi 14 novembre 2006 à 21:19
Je vous conseille "La Tentation Obscurantiste" de la journaliste Caroline Fourest. Voici une conférence qu'elle a donnée, résumant son point de vue:
http://www.gabrielperi.fr/fourest/index.php
Voir le rapprochement FN-Dieudonné à la lumière de son analyse pourtant ancienne est édifiant. Espérons que cela constitue un déclic pour ceux qui doutaient encore du caractère nauséabond du bonhomme.
Rédigé par : Corbu | mardi 14 novembre 2006 à 22:20
Dieudonné est, effectivement, un type étrange, dont les "idées", les suppositions de moyens d'action, évoluent. Dans cette situation ce week-end, il me semble qu'il marche dans les pas de... Socrate. Qui, faut-il le rappeler, connaissait tout le monde à Athènes, parce qu'il allait au devant des autres, y compris et surtout parce qu'il allait vers ceux avec lesquels il n'était pas d'accord ou qui l'inquiétait (je pense à Alcibiade). Et dans ses explications, Dieudonné a bien fait comprendre que son déplacement au Bourget, et son "souhait" que Le Pen devienne, éventuellement, président, s'expliquait par une démarche révolutionnaire. C'est intéressant.
Sur l'antisémitisme de Dieudonné, est-il possible que l'un ou l'une d'entre vous me fasse connaître une des déclarations de Dieudonné qui acterait cette accusation ? Sincèrement, je n'ai pas étudié le sujet, et cela m'avancerait, si...
Rédigé par : grellety | jeudi 16 novembre 2006 à 11:13
Oui d'après la vidéo de Dieudonné, il veut une révolution. IL le dit bien : si Le Pen était au pouvoir il ne pourrait gouverner.
Souvent on a vu des communistes devenir anti-connunistes, des frontistes devenir Anti-Le Pen pourquoi pas l'inverse ?
Rédigé par : Fabrice Trochet | jeudi 16 novembre 2006 à 20:02
Et le même jour ,au même endroit ,la fête des BBR,la LDJ était invitée....(Canard enchainé du 15/11/06).....au rendez-vous des marioles ...glosons
dieudonné n'est qu'un saltimbanque qui doit assurer pour son spectacle ,ne lui accorder pas d'importance...Que fait la LDJ aux BBR?
Ceci mériterait une analyse des tendances actuelles de l'extréme -droite européenne soit anti-juive ,soit antimusulmane et oui il existe des rapprochements "objectifs" sulfureux.au bonheur des combinaisons!Bonne Nuit
Rédigé par : amstramgram | jeudi 16 novembre 2006 à 23:53
Mmmm... Dites, j'auraai assez la curiosité (malsaine) de savoir les explications foireuses de dieudonné, mais avec mon net qui déconne comme ça devrait pas être permis (je suis pour l'encadrement militaire des actionnaires d'orange >_<) tout ce qui ressemble de prêt ou de loin à une vidéo mais 23 siècles à se charger
Rédigé par : Anonyme | vendredi 17 novembre 2006 à 16:21
Ne pas oublier l'histoire du parcours de Dieudonné et ses amitiés, de + en + affirmées et étendues, avec négationnistes, fascistes, antisémites, via son "antisionisme" archarné voir sur http://wikipedia.un.mythe.over-blog.com
Dieudonné-Le Pen ce qu’il ne faut pas dire
Le parcours est éclairant et ne laisse guère de doute sur sa position, sur laquelle il essaye d'entraïner les Noirs : Dieudonné le Farakhan français.
Rédigé par : alithia | jeudi 30 novembre 2006 à 14:52
Impossible de traiter de l'antisémitisme sans en aborder la cause fondamentale dénoncée par Spinoza, puis Freud : la circoncision, qui vaut pour les noirs et les musulmans. Voici un petit poème qui tente de situer la question là où elle se trouve, dans la dimension de l'affect :
POEME POUR LES DROITS DE L'ENFANT
Je suis l'enfant, ton roi,
Je suis l'éphémère,
Je suis l'Eternel en toi,
Celui qui te rappelle à l'ordre
Quand tu déroges à la vertu,
Quand tu t'abîmes dans les comptes.
Je suis celui qui est, celui dont tu t'amuses,
Celui dont tu uses et abuses,
Celui que tu gardes d'entendre
Car tu n'écoutes que toi-même,
Et que tu manipules,
Celui à qui tu mens,
Celui que tu pièges et harcèles,
Que tu censures et défigures,
Celui que tu cognes et meurtris,
Que tu tortures et crucifies,
Celui que tu mutiles et tues,
Opérant des rites barbares
Contre ses droits les plus sacrés.
Je suis l'enfant que tu fabriques à ton image
Pour être ta victime.
Rédigé par : Sigismond | samedi 12 mai 2007 à 16:50