Nîmes vient de se doter de « la plus petite université française ». Bel effort pour une ville dont les étudiants devaient, jusqu'à présent, parcourir plus de 50 kilomètres pour accéder aux lumières de l'enseignement supérieur.
Quel est le sens de la création d’une nouvelle université à Nîmes, une ville de 145 000 habitants située à une cinquantaine de kilomètres de Montpellier et à une centaine de kilomètres d’Aix-Marseille, deux des principaux complexes universitaires européens ? Quel est le sens d’un investissement permettant à moins de 4 000 étudiants de se voir proposer, dans un environnement pittoresque et chargé d’histoire, la même variété de disciplines qu’à Oxford, Harvard ou Stanford (« arts, lettres, droit, économie, psychologie, sciences… ») ? Quel est, pour résumer, le sens de cette nouvelle dispersion d’une partie des capitaux dont la recherche et l’enseignement supérieur français ont tant besoin, leurs performances souffrant de moins en moins la comparaison avec celles des universités américaines ou asiatiques ?
Ne cherchez pas. Cette initiative, propre à assurer la réélection d’Yvan Lachaud, député UDF du Gard et principal promoteur de la transformation d’une vague annexe des facs de Montpellier en véritable « Sorbonne de proximité », n’a aucun sens : aucun sens académique, aucun sens scientifique, aucun sens économique. Il faut dire que le jovial parlementaire avait déjà démontré, par le passé, sa capacité à se fourvoyer avec une impressionnante maestria sur les questions d’éducation en se faisant le champion de l’article 4 de la loi de février 2005 ― texte visant à insister sur « le rôle positif de la colonisation » dans les manuels d’histoire de nos chères têtes blondes.
Jusqu’à la mise en place de Nîmes U. l'Hexagone possédait 85 universités de dimensions variables, judicieusement implantées de manière à satisfaire les jeunes Français désireux d’étudier la matière de leur choix aux environs immédiats du domicile familial. Clairement, la tradition anglo-saxonne faisant du passage par la fac une expérience de vie autant qu’un parcours éducatif via l'insertion du plus grand nombre possible de miles entre un étudiant et sa chambre d'enfant reste, chez nous, considérée comme la première étape vers la précarité néolibérale.
Evidemment, la multiplication du nombre de pôles universitaires généralistes n’est pas la raison principale de leur décadence, même si la détermination des élus locaux à vouloir se doter du kit gare TGV-fac de sciences doit bien avoir joué un rôle dans le processus. Non : sous-investissement, absence d’autonomie, abandon des activités de recherche à une collection de mammouths institutionnels (CNRS, INSERM, CEA, INRETS, etc.), absence de sélection, hostilité à la coopération avec l'univers de l'entreprise, encombrement et développement des filières sans issue font de bien meilleurs coupables... Mais ce saupoudrage à vocation démocratique (vivre et étudier au pays ?), dans un contexte où une puissance moyenne comme la France ne peut probablement pas espérer entretenir plus d’une dizaine de vraies universités de classe internationale, paraît plus apte à achever le malade qu'à le guérir.
Car on voit mal comment le potentiel de recherche du pays pourrait être démultiplié au point de générer, sur 85, pardon 86, points du territoire, les titulaires de médailles Fields et autres prix Nobel sur lesquels une fac qui ne compte pas pour du beurre est censée s’appuyer. Le concept d’une fac « pour tous », au sens où tout un chacun serait en mesure d’étudier n’importe quoi n’importe où n’a de sens que si elle consent à ne plus être qu'un grand lycée ― un endroit où l’on vient recevoir un savoir inventé et développé ailleurs. Mais ce n’est pas le rôle de l’université. Enfin, disons que ce n’était pas le rôle de l’université et que, année après année, réforme après réforme, refus après refus d’affronter la réalité, nos facs, à quelques exceptions près, sont devenues ce « troisième cycle » de l’enseignement secondaire censé réparer les insuffisances des deux précédents.
Bien entendu, la nature ayant horreur du vide, les « grandes écoles » sont venues prendre le relais d’une université en déshérence, braconnant les meilleurs éléments via les prépas. Et de fait, où est le problème ? Ne pourrions-nous pas simplement nous résigner à cette transformation progressive du système, à la coexistence d’une myriade de facs « de proximité » (un DEA de psycho à Aubagne ? Une licence de sport à La Souterraine ?), quand nos têtes bien faites se dirigeraient naturellement vers tel ou tel établissement de prestige ? Pourquoi pas, indeed ? Peut-être parce que ces fameuses filières d'élite, une poignée d’écoles d’ingénieurs exceptée, forment presque exclusivement des épiciers et des attachés de presse sur des cursus courts, là où la fac aurait exploité cette matière grise à d’autres fins.
Nîmes, donc, aura ses facs. Yvan Lachaud sera réélu et briguera même la tête du département s’il se débrouille pour décrocher, je ne sais pas moi, un pôle de compétitivité d’envergure micro-locale où quelque chose dans le genre. Les étudiants qu’une chambre en cité U à quelques centaines de mètres de la place de la Comédie ou du cours Mirabeau effrayait continueront de rentrer à la maison après quelques heures passées sur leur mini-campus. Mais le premier Nobel nîmois, lui, risque de se faire attendre un certain temps…
©Commentaires & vaticinations
Une petite précision, Yves Lachaud n'est pas un député UMP mais UDF.
Rédigé par : Nicolas | dimanche 10 décembre 2006 à 14:09
Bien vu ! Je vois de l'UMP partout en ce moment...
Rédigé par : Hugues | dimanche 10 décembre 2006 à 14:12
Beaucoup d'écoles d'ingénieur ont des labo de recherche en lien direct avec l'industrie. Ca marche plutôt bien mais les doctorants sont relativement peu nombreux du fait de la taille pas très grosse de ces labo.
Mais dire que les écoles d'ingé recrutent les + grosses têtes sans les exploiter à fond est faux. Une grosse tête passe très rapidement à la recherche car le concret l'embête profondément.
Rédigé par : Ankou | dimanche 10 décembre 2006 à 18:28
@ Ankou
Je passerai rapidement sur le joli cliché des grosses tête qui seraient vite "embêtés" par le concret... Je crois qu'il est assez difficile de nier que les lycéens les plus brillants s'orientent prioritairement vers des études les destinant à une carrière d'ingénieurs, et non de chercheurs. Mais peut-être as-tu sous la main des statistiques qui viendraient infirmer cette idée? Je serais très heureux de les connaître...
Plus intéressant, l'idée que la recherche dans nos école d'ingénieurs marcherait "plutôt bien". Allons donc voir ce qu'en dit le SCI, avec ses Essentials Science Indicators, et portons notre attention au nombre moyen de citations par article (pour neutraliser - très rapidement - le biais lié à la taille de l'établissement). L'idée - rien moins qu'originale - étant que que l'établissement est d'autant plus côté scientifiquement que les papiers scientifiques qui en émanent sont lus et cités (que les scientométriciens de passage me pardonne, c'est une analyse à la louche, qui donne cependant une première idée de la brillante situation des GE françaises en matière de recherche).
Commençons par la perle de nos Grandes Ecoles d'Ingénieurs : Polytechnique.
Avec 10142 papiers cités 87916 fois, soit une moyenne de 8.67 par papier, l'EPF est glorieusement classée au 931ème rang des établissements dont la production est supérieure à 900 articles. Sur un total de 1697.
Regardons deux autres établissements prestigieux :
Centrale Paris est classée 1254ème avec 952 papiers cités 6152 fois (moyenne : 6.46).
Ecole des Mines de Paris est classée 1475ème avec 2879 papiers cités 14265 fois (moyenne : 4.95), qui se retrouve ainsi quelques place après l'université de Franche Comté (11235 papiers cités 2192 fois)...
Evidemment, je ne m'étendrais pas sur le cas des école d'ingénieurs de moins grande importance. Elles n'existent tout simplement pas, scientifiquement parlant (il faudrait cependant mettre l'ESPCI à part, mais c'est un cas très spécial).
Ce classement est bien sûr plus que discutable. En particulier, il dépend des domaines de recherche, et de fait les premières places sont trustées par les biotech et la santé, généralement très citées. Mais regardons le rang de quelques établissements universitaires assez réputés, pour se faire tout de même une petite idée :
Harvard : 53ème avec 2361115/88506=26.68 citations par article.
UCLA : 56ème avec 887948/34362=25.84 citations par article.
ENS Ulm : 437ème avec 87250/6685=13.05 citations par article.
CNRS : 623ème avec 531768/47143 = 11.28 citations par article.
Paris 11 : 689ème avec 218507/20271 = 10.78 citations par article.
Paris 6 : 765ème avec 250544/25053 = 10.00 citations par article.
Alors évidemment, tout cela fleure bon l'évidence : une école d'ingénieurs n'est pas prioritairement un établissement de recherche. Mais c'est précisément le problème!
Bien cordialement,
EL
PS : plutôt d'accord avec ton diagnostic, Hugues, à ceci près : "l'hostilité à la coopération avec l'univers de l'entreprise". C'était vrai il y a 20 ans. Ce n'est plus aujourd'hui qu'un cliché qui ne correspond que de très loin à la réalité. Il suffit pour s'en convaincre de jeter un oeil sur les textes de la CPU.
Rédigé par : EL | dimanche 10 décembre 2006 à 19:52
même topo chez hugues de what's next
Rédigé par : edgar | dimanche 10 décembre 2006 à 19:54
Désolé pour les énormités orthographiques. Promis, je vais aller me faire diagnostiquer ma dyslexie…
EL
Rédigé par : EL | dimanche 10 décembre 2006 à 19:58
En quoi la quantité fabrique-t-elle de la qualité ? Small is beautifull était un slogan des années 1970.
Pourquoi cette volonté de vouloir regrouper, centraliser très autoritaire ?
Il y a une logique et aujourd'hui avec l'Internet est t -il nécessaire de créer des équipes démesurées en un seul lieu ? Les échanges sont à mon avis beaucoup plus bénéfique à la recherche alors oui à une université répartie et arrêtons les querelles de chapelle et la constitution de bastions, c'est cela la démocratie !!
Rédigé par : bruno | dimanche 10 décembre 2006 à 20:28
@Bruno
"Pourquoi cette volonté de vouloir regrouper?"
1) Parce que la recherche moderne coûte cher, et qu'une grosse université à plus de moyens pour s'acheter les équipements de pointes, s'abonner aux grandes revues ou se constituer une bibliothèque digne de se nom.
2) Parce que la visibilité, ça compte, que cela soit pour inviter de grosses pointures ou pour attirer les entreprises.
3) Parce, lors des négociations des contrats de Plan Etat-Région, comme dans toute négociation, c'est mieux de peser un peu.
4) Parce qu'une grosse université, c'est aussi un gros vivier de futurs doctorants.
5) Parce qu'un campus important permet de développer une vie étudiante stimulante.
6) Parce que plus on a l'occasion d'échanger avec un grand nombre de collègues, moins on risque de sortir des âneries...
Je m'arrête sur ce point (mais je pourrais en trouver d'autres) pour commenter le lieu commun de l'internet qui dispenserait de réunir physiquement les chercheurs. Je vais la faire rapide : c'est n'importe quoi (et c'est une rengaine qui devient assez usante à la longue...).
L'internet ne permet pas (encore?) d'offrir un espace où pourrait se déployer des discussions suffisamment denses pour satisfaire les scientifiques. Essayez donc de transposer par écrit une discussion courante, ne serait-ce qu'une discussion entre deux personnes, avec toutes ses hésitations, ses digressions... De surcroît, les relations par internet font disparaître des éléments essentiels des échanges courants : l'intonation, les regards, les postures corporelles ... toutes ces informations sont fondamentales pour interpréter un discours. Alors bien sûr il y a la vidéo-conférence, mais outre que cette technologie est encore sacrément limitée, on repassera question spontanéité (on va pas organiser un video-call à chaque fois qu'on veut demander une précision sur une manip à un collègue!). Donc, non, l'internet n'est pas près de se substituer au regroupement physique, et d'ailleurs ça n'en prend pas le chemin. On en recausera le jour où les espaces virtuels seront vraiment au point…
Bien cordialement,
EL
Rédigé par : EL | dimanche 10 décembre 2006 à 21:01
Ou pouquoi ne pas regrouper les grandes ecoles entre elles et faire des poles de competences ?
A Marseille, je decouvre qu'il y a deux universites concurentes, installees dans des locaux proches avec des chercheurs travaillant sur les meme sujets mais ne communiquant pas. Cela parait plus que cliche!
Rédigé par : paquita | dimanche 10 décembre 2006 à 22:07
Paquita,
Aix-Marseille I et II ont des problèmes de redondance d'enseignement, mais pas de sujets de recherche. Et même en admettant que la concurrence en recherche soit un problème, celui-ci se poserait de la même façon à l'intérieur d'une même institution, ou à 1000km.
Sinon: merci El pour l'excellent tour d'horizon des impacts des institutions. Qui est No 1?
Rédigé par : Wavrill | dimanche 10 décembre 2006 à 23:33
Tu y vas carrément sur les grandes écoles : "Peut-être parce que ces fameuses filières d'élite, une poignée d’écoles d’ingénieurs exceptée, forment presque exclusivement des épiciers et des attachés de presse sur des cursus courts".
N'est-ce pas un peu excessif et, pour tout dire, en décalage avec la réalité, les écoles d'ingénieurs notamment étant nettement plus qu'"une poignée"...
Rédigé par : Franck | dimanche 10 décembre 2006 à 23:50
@Wavrill
Le n°1 est le Cold Spring Harbor Laboratory (avec 1572 papiers cités 105700 fois, soit 67.24 fois par article) :
Founded in 1890, CSHL is a private, non-profit institution with research programs in cancer, neuroscience, plant genetics, genomics, and bioinformatics and a broad educational mission.
Mais à nouveau, cela signifie surtout que les papiers dans ce secteur sont très cités par les revues retenues par le SCI, qui lui même est biaisé du côté de la bio. La comparaison entre les grandes institutions permet cependant d'intuiter quelques enseignements.
La première grande institution généraliste est Harvard, suivie de l'UCSF, et non de l'UCLA comme indiquée par erreur. L'UCLA est 193ème, juste après Oxford.
Rédigé par : EL | dimanche 10 décembre 2006 à 23:53
Dites donc, voici une petite institution super efficace! Nimes pourrait devenir le nouveau CSHL :-)
Rédigé par : wavrill | lundi 11 décembre 2006 à 00:08
Bouh, un établissement supérieur qui se spécialiserait, mais qu'est ce que vous allez nous chanter là wavrill ! En France, toutes les universités doivent proposer tous les parcours, hein. :-)
merci EL pour ces commentaires tres instructifs.
Rédigé par : Matthieu | lundi 11 décembre 2006 à 01:23
Franchement prendre le taux moyen de citation par article pour évaluer la qualité de la recherche dans les grandes écoles, c'est vraiment n'importe quoi. Cet indicateur favorise énormément les sciences de la vie où les articles ont un taux de citation bien plus grand que dans tous les autres domaines. Or c'est précisément dans ce domaine que les GE sont totalement absentes. La recherche qui est faite dans les grandes écoles est généralement de qualité mais souvent loin du fondamental (sauf pour les ENS, l'X, et qq écoles de chimie). Le problème est qu'en effet, la plupart des élèves ingénieurs ne s'orientent pas vers la recherche (ou même plus simplement vers la thèse) après leur diplôme d'ingénieur. En France (et c'est à ma connaissance le seul pays au monde qui fonctionne comme ça), une thèse de doctorat est moins reconnue sur la marché de l'emploi qu'un diplôme d'ingénieur pourtant censé être de niveau moindre. Il faut vraiment être passionné pour, étant ingénieur, se lancer dans des études longues et incertaines avec comme ligne de mire un poste au CNRS à 30-32 ans payé 1800 euros par mois... Sinon pour en revenir au sujet, je ne pense pas qu'il soit scandaleux qu'il existe des petites facs. Le problème étant plutot qu'il n'existe pas en France de poids lourds résultat d'un regroupement. Imaginons par exemple (utopie totale) que l'on regroupe sous un même bannière tous les instituts scientifique du 5ieme à Paris. On aurait : jussieu + paris V (pharma et médecine) + ulm + escpi + agro + ENSCP + Institut Curie + Mines de paris + collège de france). Cet ensemble serait comparable à une grande université américaine. Je pense que le problème n'est pas qu'il existe trop de petites fac locale qui formeraient essentiellement des bac+3 ou bac + 5 mais que les endroits où la recherche de qualité se fait sont trop dispersés dans diverses structures institutionnelles. L'ambition n'est pas de faire à Nimes un Harvard. La recherche ne va pas être très développée (comme dans beaucoup de State University aux US), il s'agit plus de former que de chercher...
Rédigé par : benjamin | lundi 11 décembre 2006 à 01:29
La création de cette université est effectivement très irritante : quand on voit la somme d'énergies que nécessite la "réunification" des universités strasbourgeoises, on se dit que cette nouvelle création n'est pas seulement une erreur, elle est la source programmée de difficultés lorsqu'il sera nécessaire d'éffectuer une mise en cohérence de l'offre universitaire du Sud de la France.
Rédigé par : Frédéric Rolin | lundi 11 décembre 2006 à 09:21
@benjamin
"Franchement prendre le taux moyen de citation par article pour évaluer la qualité de la recherche dans les grandes écoles, c'est vraiment n'importe quoi. Cet indicateur favorise énormément les sciences de la vie où les articles ont un taux de citation bien plus grand que dans tous les autres domaines."
Je crois avoir pris soin d'apporter cette sorte de mise en garde, avant d'expliquer (en peu de mots il est vrai) en quoi ce classement pouvait être parlant.
La prochaine fois, prenez donc la peine de lire les commentaires plus attentivement avant de prendre ce ton irrité, cher maître.
Bien cordialement,
EL
Rédigé par : EL | lundi 11 décembre 2006 à 10:14
Et rien n'empeche les ingénieurs français de se comparer avec les ingénieurs étrangers sur ce critère d'impact moyen. Ca nous changerait de l'auto-satisfaction qui prevaut généralement dans les grandes écoles. Je ne sais pas, Benjamin, si "La recherche qui [y] est faite est généralement de qualité".
Rédigé par : wavrill | lundi 11 décembre 2006 à 14:08
Sciences Po forme :
- des hauts-fonctionnaires (ENA, Quai d'Orsay, Assemblée, Santé, IRA, collectivités locales)
- des universitaires (en socio, sc po, éco, histoire, relations internationales)
- des épiciers (de toutes les espèces : RH, audit, finances, etc.)
- des attachés de presse (certes), des journalistes, mais aussi des urbanistes, des juristes, des futurs magistrats...
Une excellente école pour avoir un bon emploi, avec plus de 25% d'étudiants étrangers (et des boooooonnes), et des étudiants de toutes sortes (des Marie-Chantal, des Pierre-Aymeric, des provinciaux en pagaille, et même quelques banlieusards issus des ZEP).
Rédigé par : Défense de chapelle | lundi 11 décembre 2006 à 15:41
En complément et par anticipation, billet et commentaires très intéressants comparant les pratiques de la recherche en France et aux Etats-Unis par Tom Round, doctorant expatrié :
http://tomroud.blogspot.com/2006/12/quelques-considrations-subjectives-sur.html
Rédigé par : Denys | lundi 11 décembre 2006 à 19:22
@EL : dois-je vous appeler esclave ? ;-) Désolé pour le ton "irrité". J'avais parfaitement lu votre message et noté que vous évoquiez ce problème. Pour moi c'est totalement rédhibitoire et ce classement ne veut absolument rien dire. Se baser là dessus pour évaluer la qualité relative des écoles d'ingénieur et d'autres organismes n'a tout simplement aucun sens même avec tous les bémols que vous pourriez mettre. Comparez des chiffres entre eux sans qu'ils n'aient aucune signification n'a fait pas avancer grand chose.
@warvill : c'est chiffres ne permettent en aucun cas de comparer quoi que ce soit. Je parle d'expérience personnel. Pour avoir (un tout petit peu) côtoyer la recherche dans quelques grandes écoles parisiennes, j'ai le sentiment que la recherche qui y est faite est de bonne qualité. Mais la qualité en recherche n'est pas une mince affaire et ne peut se résumer qu'à des facteurs d'impacts...
@denys : post très intéressant en effet ainsi que le commentaires
Rédigé par : benjamin | mardi 12 décembre 2006 à 01:10
Benjamin, j'ai une idée: chaque matin se lever et répéter 10 fois "j'ai le sentiment que la recherche qui y est faite est de bonne qualité". Ca vaut tous les benchmarks!
Rédigé par : wavrill | mardi 12 décembre 2006 à 09:43
Travailler dans un laboratoire, rencontrer les gens, discuter avec eux, assister à des séminaires etc... oui ça vaut certainement mieux que de gober n'importe quel chiffre n'ayant absolument aucune signification. Mais bon, encore une fois c'est mon avis personnel, maintenant si vous trouvez des chiffres qui me prouvent par A+B que la recherche qui est faite dans les écoles d'ingénieur est pourrie je suis preneur. Je dis simplement que les chiffres présentés par EL ne veulent rien dire. Prendre des chiffres qui vous arrangent pour étayer une thèse dont vous vous êtes auto persuadé selon je ne sais quel critère, ce n'est pas très loin de la méthode Coué non plus...
Rédigé par : Benjamin | mardi 12 décembre 2006 à 10:46
Ankou,
Non seulement les ingénieurs formés en écoles ne s’orientent pas vers la recherche, mais en plus, ils abandonnent rapidement les fonctions techniques dans les boîtes qu’ils intègrent s’ils veulent évoluer, être reconnus et gagner de l'argent. Seuls le management et les fonctions commerciales permettent de faire une vraie « carrière » dans la plupart des boîtes employant des ingénieurs en masse...
El,
Moi, je te suis sur le classement via les citations ou les publications. Il faut bien des moyens d’évaluer, tout de même. Et l’on sait bien que l’évaluation n’est pas notre fort...
Mais en ce qui concerne la relation avec l’entreprise, je pensais plutôt à la possibilité de financement direct de projets de recherche ou de chaire « à l’américaine », une option évoquée par DSK pendant la précampagne d’investiture PS. Autrement, évidemment, il existe déjà des passerelles entre l’entreprise et la fac. Heureusement. Encore que ces passerelles soient généralement vécues comme simplement utilitaires. Je ne verrais aucun inconvénient au financement d’une chaire de littérature par la fondation pour le mécénat d’une entreprise quelconque. L’argent rentrerait et on ne pourrait certainement pas accuser Peugeot ou Sony d’orienter la recherche en fonction d’intérêts capitalistes crapuleux.
Bruno,
La quantité ne fabrique pas de la qualité par essence. Mais le regroupement géographique permet d’atteindre une sorte de masse critique, induit des rencontres, du partage de connaissances, etc. C’est tout l’enjeu des pôles de compétitivité, des clusters à l’italienne, de la Silicon Valley, de la City, etc, soit l’accumulation locales de compétences. Le Net, c’est bien, mais ce n’est pas un environnement qui permet au gens de se rencontrer et d’échanger de la même manière, sauf à imaginer que la qualité des rapports humains soit la même via un écran que dans la vraie vie.
Une fac dans chaque village, avec une connexion haut-débit ? Non, ça ne fabrique pas une recherche haut de gamme.
Paquita,
Oui, on pourrait faire des regroupements, mais c’est justement les bastions, les fiefs, dont parle Bruno en demandant finalement qu’ils perdurent, qui bloque ces initiatives. On le voit avec les guéguerres au sein de « Paris Tech », une initiative néanmoins positive et qui finira par fonctionner : http://www.paristech.org/
Franck,
Les écoles forment moins de 30 000 ingénieurs par an : http://media.education.gouv.fr/file/10/5/3105.pdf . Les Chinois en forment 600 000. Je ne dis pas que nous devrions nous comparer numériquement avec un pays de 1,5 milliard d’habitants, mais peut-être serions-nous bien inspirés de nous intéresser à la tendance en développant les filières d’ingénieurs universitaires au lieu d’en faire des diplômés de deuxième ordre par rapport à ceux d’une « poignée » (je persiste) d’écoles. Mais de toute façon, là n’était pas mon propos, qui portait surtout sur l’atomisation des ressources universitaires.
Frédéric Rollin,
San parler des difficultés à regrouper l’ANPE et l’ASSEDIC, de deux débouchés majeurs de nos étudiants après obtention d’un diplôme : http://hugues.blogs.com/commvat/2005/01/lutte_contre_le.html
Au final, la seule logique de cette atomisation serait de créer un système à l’américaine, où des « colleges » prépareraient des étudiants à un vrai parcours universitaires dans de vraies universités, elles mêmes devenues de vrais pôles majeurs d’enseignement et de recherche.
Rédigé par : Hugues | mardi 12 décembre 2006 à 10:55
J ai etudie au canada et en france, et j ai visite pas mal de facs americaines.
Pour le cote frenchy completment d accord, notre enseigment superieur est a la derive. Sans compter l etat des batiments de nos facs, etc... Enfin bref, nos universites sont complement coupe du marche et des entreprises. Seules les ecoles d ing resistent (pour former) mais avec 150 eleves par promo on va pas bien loin. Sans compter qu elles mangent enormement de budget -j en etais-)
Ce qui frappe tout de suite aux US, c est les moyens. C est vraiment incroyable. Le detail c est le stade de l universite, 40 000 places en moyenne couvert. Et puis sur chaque batiment y a le nom d un ancien eleve qui a fait fortune et qui a paye le batiment
La difference la bas c est que c est privee et autonome. Ca marche vraiment bien.
Apres il y a aussi les mensonges. J ai ete frappe par la diversite de personnes dans les facs americainnes. Il y a enormement d etrangers par exemple.
En suede aussi l education et la recherche marchent tres bien. Ils ont d ailleurs adopte la reforme de Milton Friedman, il y quelques annees, soit automonie des etablissements et subvention des eleves pas des profs.
Enfin voila mon experience
cordialement
nicolas
Rédigé par : nicolas | mardi 12 décembre 2006 à 14:22
Hugues,
30 000 ingénieurs par an, ce n'est pas si mal... A 100 élèves par promo, ça doit faire quelque chose comme 300 écoles d'ingénieurs en France. Effectivement, "une poignée", qui se compte sur les doigts d'une grosse (très grosse) main... Et tu persistes ? Il est vrai que les chiffres n'ont jamais été ton fort...
Par contre, je t'approuve à 100% quand tu dis que ces ingénieurs, s’ils veulent évoluer, être reconnus et gagner de l'argent dans leur entreprise, devront rapidement abandonner les fonctions techniques pour les fonctions commerciales et de management, aujourd'hui nettement surévaluées par rapport à la conception, à la création, à la recherche, à la technique, à la production.
C'est un vrai problème de valeurs de notre temps... Mais inverser cette "idéologie de marché" nous emmènerait sans doute vite à remettre en question beaucoup trop de choses...
Rédigé par : Franck | mardi 12 décembre 2006 à 14:41
Ton amie Ségolène va-t-elle enfin porter, au nom du PS, un projet global et volontariste de "la France de l'intelligence" ?
Le paquet sur l'éducation, l'enseignement supérieur, la recherche, la formation professionnelle ! De la crèche à la présidence de l'Université, en passant les écoliers en difficulté, les apprentis, les étudiants, les enseignants et les chercheurs ! Un vrai plan Marshall !
Comme peut-on avoir des désirs d'avenir dans des facs délabrées et des campus glauques, en gagnant le Smic et en peinant à trouver un logement après Bac+7, en allant pleurer plusieurs fois par an pour que l'Etat honore les crédits de la recherche ?
La réussite économique et le bon-vivre en France sont à ce prix.
Ce volet de "la France de l'intelligence" devant évidemment s'accompagner d'un volet "socialiste" sur le thème "personne ne sera oublié sur le bord de la route de la mondialisation" ("zéro SDF", un minimum vital pour chacun, de fortes sécurités en cas de licenciement, l'augmentation du pouvoir d'achat des classes populaires et des classes moyennes inférieures, la réduction des inégalités, le maintien de la protection sociale et des services publics, etc.).
Rédigé par : Bourbaki | mardi 12 décembre 2006 à 14:58
Hé hé, "Franck", les chiffres ne sont peut-être pas mon fort, mais j'ai la chance d'avoir tout un collectif de matheux à ma disposition au-dessus de ce commentaire. L'histoire des ingénieurs est une digression par rapport à l'idée de ce post. Une université généraliste à Nîmes, pour 4 000 étudiants, en quasi banlieue de Montpellier et de Marseille : voilà le problème.
Nicolas,
Les moyens des facs américaines ne seraient pas ce qu'ils sont sur les seuls fonds publics. Les grandes facs disposent de fondations qui investissent comme des entreprises, sont éditeurs de presse, font du fund raising auprès des entreprises et des anciens élèves, font de la recherche appliquée en partenariat avec le privé et, last but not least, font payer les étudiants. Il est simplement impossible, en France, de reproduire ce schéma. Mais l'on pourrait tout de même réfléchir à deux ou trois moyens de s'en rapprocher : Nîmes U n'est certainement pas le moyen de le faire.
Bourbaki,
Je ne sais pas si Ségolène fera tout ça, mais si j'étais à sa place, ça ferait partie de mon plan (et même plus, en fait).
Rédigé par : Hugues | mardi 12 décembre 2006 à 15:08
Cette "université" a nimes je n en pense que du mal.
Effectivement aux US comme partout l état intervient. Je remarque aussi que la bas tu réussis très bien sans aller a l université.
Alors au final je fais les comptes:
Des universités impressionnantes
Une recherche (cette année presque tous les prix nobels)
Les étudiants payent, c est un fait, mais ils ont des bourses, rembourses rapidement leurs prêts d étudiant(et gros salaires a la sortie), travail pendant leurs études, stages, et boulots sur le campus.
On remarquera que pendant ce temps ils ne font pas la grève chaque année, et ne forment pas 36000 profs de philo, sociologue, énarque et compagnie.
Je pense que l education en france est handicape par son etatisme. Et justement la reforme comme en suede de friedman a donne ces resultatc. Elle consiste a mettre ne concurrence les etablissements et les profs, tout en subventionnant l eleve.
Rédigé par : nicolas | mardi 12 décembre 2006 à 15:32
On semble donc d accord, c est pourquoi la suede ayant quelques points communs avec la france (notamment un modele social - je n en pense que du mal-), cette reforme me semble interessante. Elle permetterai de mettre de la concurrence. Mais elle n est pas parfaite aussi.
Et tout a fait d accord les fac US sont fortes car le prive y investit beaucoup. Mais pour ca faut il encore avoir de l epargne pour investir. Et ave 53% de prelevement obligatoire on comprend pourquoi les francais ne peuvent investir dans la recherche ou l education
Rédigé par : nicolas | mardi 12 décembre 2006 à 15:46
\begin{comptoir et petit jaune}
bien d'accord avec vous Nicolas, à quoi ça sert de former des profs de philo, de socio et des enarques ?? je te les foutrais au boulot tous ces socialo-communistes qui font que critiquer les US et faire la grève pour embêter les vrais gens qui travaillent vraiment...
\end{comptoir et petit jaune}
Rédigé par : benjamin | mardi 12 décembre 2006 à 16:35
j aime bien la philo quand meme (mais liberale). Et pour remunerer les auteurs j achetent leurs livres.
Rédigé par : nicolas | mardi 12 décembre 2006 à 17:15
Je me permets d'informer mes honorables lecteurs de la présence, dans Le Monde de ce soir (mercredi 13, daté jeudi 13), d'une double page reprenant les arguments exposés ci-dessus. N'achetez plus Le Monde, lisez www.com-vat.com !
Rédigé par : Hugues | mercredi 13 décembre 2006 à 14:04
L'article du Monde est là :
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-845140@51-827136,0.html
avec des cartes aussi :-)
Rédigé par : polluxe | mercredi 13 décembre 2006 à 17:05
Bonjour,
Je me raccroche tardivement à la discussion que je découvre. Elle m'intéresse au plus haut point car enseignant à l'Université de Nîmes. J'ai bien noté les arguments des uns et des autres. Ils sont parfois surprenants et témoignent à mon sens d'une mauvaise connaissance du dossier. D'un point de vue matériel, la création d'une université ne va pas changer grand chose. Personnellement, j'enseigne à Nîmes depuis 15 ans. Nous n'étions pas une université mais nous existions en tant que pôle d'enseignement (cela fait plus d'une trentaine d'années d'ailleurs). Personne ne s'en est jamais ému. Sauf que ce système coûtait terriblement cher. Tous les enseignants et administratifs rattachés à Montpellier se faisaient prendre en charge leurs frais de déplacements (comme le permettent d'ailleurs les textes), les navettes avec les universités de Montpellier étaient quotidiennes : matériel, copies, documents administratifs ... La création d'une université va donc simplifier cela et réduire les coûts de manière substantielle.
Concernant nos étudiants, plusieurs remarques : nous les connaissons bien, un des avantages de la petite taille. Nous nous efforçons de les suivre le plus précisément possible. Lorsqu'ils quittent Nîmes - en général pour suivre un M1 spécialisé dans d'autres universités - leurs résultats sont particulièrement bons. Pour ce qui est de la recherche, laissez-nous quelques mois vous serez surpris. J'ajoute au passage que l'initiative http://facsdedroit.blogspirit.com est pilotée par Nîmes.
Voilà, j'espère avoir apporté quelques éclairages locaux. Notez au passage que je n'ai pas évoqué le cas des étudiants peu fortunés qui vivent chez les parents et n'ont pas les moyens de se loger dans une autre ville. Ils sont finalement nombreux et rien que pour eux, je suis assez heureux du statut nimois et de la proximité offerte. L'université pour tous.
Rédigé par : Stéphane Darmaisin | mardi 22 mai 2007 à 09:34
Je ne suis pas intervenu sur ce sujet, car j'ai une légère disclosure sur ce sujet.
Et je ne suis pas spécialement d'accord avec Hugues : les choses peuvent également être appréhendé à la manière de Stéphane.
Ceci précisé c'est de l'histoire ancienne. Le président d'Unimes, porteur de ce projet, a sauté (je ne connais la raison, je ne sais si il est resté fidèle à Bayrou -ça m'étonnerait-)
"Par arrêté de la ministre de l'enseignement supérieur de la recherche en date du 27 juin 2007, M. le Recteur Jean-Marie CARBASSE, professeur des universités, est nommé administrateur provisoire de l'université de Nîmes."
http://www.unimes.fr/
glups
Rédigé par : Eviv Bulgroz | lundi 09 juillet 2007 à 09:45