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mercredi 14 mars 2007

Commentaires

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(pour que tu corriges très vite avant que ta meute d'admirateurs te l'ait fait observer...)

Le mandat présidentiel est désormais de cinq ans... Il n'y aura donc pas de troisième septennat chiraquien.

Ouais... Tout cela n'est pas faux, mais pas convaincant non plus. La prise de conscience des défauts de l'hypothèse centriste ne confère pas de qualités à l'hypothèse ségolénienne. Il ne faut pas seulement démontrer que Bayrou est mauvais, mais aussi que Ségolène est meilleure; or, ce n'est pas évident...

Au passage, le coup du plan B a toujours été d'une mauvaise foi totale: les nonistes ne disaient pas qu'il *existait* un plan B (ça, c'est Delors -- assez mal mis en forme par la rédaction du Nouvel Obs, il est vrai -- qui l'a laissé entendre!). Les nonistes disaient seulement qu'il *faudrait bien* élaborer un plan B. Ce qui reste tout à fait vrai en dépit des efforts des mauvais perdants de ouistes pour prétendre l'ignorer... Ça reste vrai, et de surcroît ça l'aurait été même si la France avait voté oui, on a un peu tendance à l'oublier: les Pays-Bas non plus n'ont pas voulu du TCE... et seule la méthode Coué pouvait laisser croire que les Britanniques l'accepteraient sans faire de la surenchère comme d'habitude.

Bref, Bayrou dit des conneries irréalistes, certes. Mais ce n'est pas le seul -- et il reste à démontrer qu'il est le pire.

Evidemment, il y a aussi ceux qui ont lu son programme, s'y retrouvent, approuvent son ton mesuré et compréhensible, et ne sont pas convaincus par les autres candidats. Un oubli, sans doute ?

4 bonnes raisons en somme...

J'attend toujours un billet exalté (ou seulement rationnel, d'ailleurs) sur les propositions de Royal. Taper sur l' "ennemi", c'est facile, mais pour mettre quoi à la place?

Et depuis quand "faut-il" élaborer un plan B ? Quant au "non" néerlandais, je ne le trouve pas vraiment estimable, et aucunement comparable à celui de la gauche du PS ; ajoutons aussi que d'autres "non" étaient probables, mais parce que cette CE était trop sociale et pas assez libérale...
Pour en revenir à Bayrou, sous la rubrique "nihilisme" : si voter pour lui fait exploser le PS et l'UMP, ça ne me semble pas "nul" du tout, très malin, au contraire (je parle évidemment pour ceux qui ne se retrouvent ni dans l'un ni dans l'autre)! Cela étant, je suis tout aussi dubitatif que notre hôte sur cette République des Meilleurs Techniciens... Ou alors, la France a bien changé !

Merci pour les explications, mais ca va on sait pourquoi on vote Bayrou, la question c’est pourquoi tu votes Royal ?
Moderniser le PS, en nationalisant Airbus ?

Eolas a raison de rappeler cette dernière catégorie. elle doit correspondre à peu près aux 7 ou 8% d'électeurs dont Bayrou avait le soutien au début.
Les autres se répartissent sans doutes entre les catégories décrites par Hugues. J'en ajouterai encore une, qui correspond aussi à une impasse, celle des Français qui seraient plutot favorable à des réformes mais qui ne veulent pas de désordre, de manifs, de grèves...

Sur la question des régimes spéciaux par exemple, ils anticipent qu'avec Sarkozy on va se taper une grève des cheminot dès qu'il va bouger un sourcil. Au contraire ils sont séduits par Bayrou qui dit qu'il traitera la question grâce à un consensus avec les partenaires sociaux. C'est evidemment une impasse: il n'y aura jamais de consensus et la démarche de Bayrou abouti à un immobilisme total. Mais c'est gentil, ça ne mange pas de pain... Qui ne rêve pas d'une société ou les gens se mettent tous d'accord pour oublier leur privilèges et ne penser qu'à l'intérêt général. Ne serait-ce pas formidable, l'absence de conflit?

Eolas, tu as déjà lu son bouquin ?

Poil de lama,
C’est fait. Et il y a des gens qui disent que les SR ne servent à rien dans les nouveaux médias...

Mais il ne s’agissait pas de démontrer que Bayrou est mauvais. Il ne l’est pas. Mais de réfléchir à la dynamique de sa montée en puissance et aux conséquences éventuelles de son élection. Quant aux « nonistes » de la présidentielle, ils n’évoquent pas non plus un plan B mais semblent ne se pas préoccuper beaucoup des aspects pratiques de leur choix.

Eolas,
Non, pas d’oubli. Cette hypothèse est envisagée en point 2. Mais la question n’est pas de savoir si Bayrou a de bonnes idées (il en a) ou s’il séduit chez les centristes (c’est le cas), mais de comprendre les motivations d’électeurs qui n’appartiennent pas à sa sphère naturelle.

Vinvin,
!?

CDC,
Si voter pour lui fait exploser les partis majoritaires à gauche et à droite, soit les point d’ancrage du paysage politique français, je me demande ce qui sortira du chapeau et il me semble effectivement que nous sommes en plein nonisme nihiliste : « faites-moi péter tout ça bordel de merde ! ».

Locke, Scope,
S’il y en a encore un qui me demande pourquoi je vote Royal, je ... Je... Je l’envoie relire la vingtaine de notes consacrées à ce sujet, bon sang de bonsoir ! Ceci-dit en toute gentillesse, évidemment.

WS,
CQFD.

Je rajouterai deux possibilités:

Première, propre à l'univers militant: Mix entre le Tous sauf Ségolène et l'élitisme.
Je vais finir par me faire accuser d'être redondant, mais bon, j'ai largement constaté que les plus anti-ségolène au sein du PS étaient également les plus élitistes, les plus adeptes à la conception du "Few command Many". Bayrou est du point de vue institutionnel beaucoup plus confortable pour ce genre d'individu qu'une Ségolène qui cherche à institutionnaliser toutes une série de contres-pouvoirs limitant l'absolutisme de la classe politique et à utiliser la régionalisation pour dégonfler l'hypertrophie qui a fait de Paris l'Urbs de l'imaginaire collectif des Français. J'ai trop souvent entendu en petit comité des phrases du type "la sociale-démocratie c'est l'avenir mais les français sont trop cons pour le comprendre, donc il faut leur demander le moins possible leur avis et leur filer du boniment si nécessaire" pour me faire des illusions sur certains membres du PS qui ne souhaitent pas voir celle qui est de facto leur leader gagner la présidentielle.

Deuxième, pas propre à l'univers militant: l'idée que l'outsider sorti du bois est forcément meilleur que les gros calibres présenté comme les plus crédibles en début de campagne. C'est comme ça: dès lors qu'on dit que "untel n'a aucune chance d'être le prochain président", il y aura toujours des gens pour se dire que si untel se présente malgré tout, c'est forcément par idéalisme, par conviction profonde, pour que ses idées portent et qu'un beau jour la France se porte mieux par la grâce du magnifique combat perdu d'avant de l'altruiste idéaliste, bref, être un outsider en début de campagne (ce que ni Ségo, ni Sarko n'ont jamais été, favoris de leur camps dès que les cendres du référendum eurent fini de refroidir), c'est avoir d'office la sympathie offerte à la geste chevaleresque, le politique sans peur et sans reproche façon Bayard qui s'en va au combat par désintéressement total.

Ha, et au chapitre "plan B" l'un des projet de la candidate (soyons rationnellement exaltés en donnant des arguments en faveur de celle-ci) était de proposer un nouveau traité, différent de l'ancien, et proposé le même jour à l'ensemble des européens, histoire de ne pas parasiter le prochain projet de réforme de l'Europe avec les guéguerres locales entre politiciens (type TCE) et de ne pas court-circuiter toute évolution dans un huit-clos entre édiles (type traité de Nice).

Sinon, au chapitre "nihilisme" il y a bien des militants d'extrême gauche qui s'apprêtent à voter Bayrou ou Sarkozy en espérant que cela détruira le PS et leur permettra de devenir d'indéboulonnables notables en lieu et place des indéboulonnables du PS. Sauf que là ce n'est plus du nihilisme, mais du "maintenons des nuls au pouvoir ça facilitera nos plan de carrière", bref, que de hautes considération stratégico-idéologiques. Bien sûr, cela risque surtout de créer un scénario à la Kadima, avec de vieux notables de gauche mis à la même table que de (pas forcément) moins vieux arrivistes d'extrême droite, et une gestion assez lamentable des affaires politiques.

Tes posts ont les a lu, c'est juste qu'ils ont - majoritairement - ete ecrit avant les 100 propositons et donc ne sont plus vraiment d'actualite.
Tu votes pour "l'ancienne" Segolene, la candidate a la candidature, celle qui n'existe plus (si elle a jamais un jour existe). Royal est revenu a du Mitterand, helas pour elle, les electeurs ont deja donne.

Admettons que le vote Bayrou se nourisse de la méfiance à l'endroit de Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. Admettons encore que la solution Bayou soit vouée à l'échec.

Il reste que le risque du Plan B (comme Bayrou) n'a pas la même portée que le refus du TCE. En effet, il est certainement immossible aux nonistes d'imposer un Traité qui conviendraient mieux à leurs voeux. Ils ne peuvent contraindre les autres états membres.

En revanche l'hypothèse Bayrou peut être purgée dans cinq ans par les mêmes électeurs qui l'auraient porté au pouvoir en 2007.

@Hugues = Permets-moi de revenir modestement sur la remarque d'Eolas.

Tu lui réponds :

"Eolas,
Non, pas d’oubli. Cette hypothèse est envisagée en point 2. Mais la question n’est pas de savoir si Bayrou a de bonnes idées (il en a) ou s’il séduit chez les centristes (c’est le cas)"

Ce en quoi tu fusionnes, un peu vite à mon avis, le projet propre à François Bayrou (projet démocrate) dont parle Eolas, et l'ambition de réunir sur ce projet une majorité venant de la gauche et la droite, dont tu parles dans ton billet.

Certes, François Bayrou a, notamment au long du mois de décembre, mis l'accent sur ce second aspect.

Mais pas seulement !

Par exemple, s'il ne s'agissait que de réunir gauche et droite sur un moyen terme :
* il aurait une prudence de sioux sur la fiscalité écologique
* il aurait des formulations contournées sur le service civique
* il promettrait pour 50 à 60 milliards de dépenses nouvelles
* il ne parlerait nullement de fusionner des échelons des collectivités territoriales
* et ce n'est que le début de la liste

Or, il fait l'inverse ... et n'est-ce pas cela aussi qui convainc des millions de citoyen(ne)s en ce moment ?

Youpi, un Le Pen acceptable...
Mais le Bayrou-nihilsme "respectable" revient, in fine, à l'aboutissement de ton point 2 : si un magmas centriste social-libéral se crée, comment exprimera-t-on son mécontentement? N'oublions pas que dans 5 ans, la redoutable Marine Le Pen sera probablement postulante...
Alors, pourquoi pas direct Le Pen ou Besancenot ? L'isoloir permet d'esquiver l'opprobre.

Si encore Bayrou voulait fédérer à partir d'un programme précis, la question de la viabilité de l'"union nationale" se poserait. Mais ce n'est pas le cas, il propose l'union des coeurs et des cerveaux contre les méchants qui ont fait trop de mal. Bisouquoi? Et encore, un bisounours est candide...

Jules,
c'est vrai que tout va si bien et que 5 ans de +, après 12 ans de Chirac, ça ne sera qu'un pied de plus sous l'eau.

Quel est l'enjeu de cette élection ? Des réformes profondes de notre modèle économique et social ou un nouveau trip pour les passionnés/professionnels de la politique ?

L'ennui, c'est que "purger" une hypothèse après cinq ans, c'est lui laisser le pouvoir pour cinq ans, cinq ans durant lesquels il peut faire pas mal de dégâts.

D'abord, je ne crois pas au scénario de l'immobilisme, je crois plutôt à un mix entre l'UMP et le cas Kadima pour la majorité de Bayrou:

D'abord, à supposer qu'il se fasse élire, tout à son état de grâce, il permet à un groupe UDF important de rentrer à l'assemblée nationale. Ce groupe, qu'il a déjà baptisé "majorité présidentielle" sera probablement aussi docile que l'UMP actuelle (90% de ses députés votent toujours pareil): voilà donc pour l'aspect "continuons la même chose sous un autre logo".

Ensuite, s'il son UMP centriste n'a pas la majorité absolue, il débauche tout ou partie du PS et de l'UMP en échange de divers avantages, statuts, portefeuilles, accès aux médias, etc..., et on se retrouve avec un gouvernement composé d'un noyau obéissant et de marges qui s'annulent mutuellement. Bayrou a les mains à peu près libres (en tout cas dans un premier temps) et il gouverne comme bon lui semble.

L'ennui, c'est qu'une fois qu'il peut gouverner comme bon lui semble, il ne donnera pas de bons résultats. Et pas de bons résultats pendant 5 ans, ça veut dire un plus gros poids de la dette à la sortie, plus de précarité dans le travail, plus de repas aux restos du cœur, etc, etc, etc, etc. 5 ans ce n'est pas rien: si le nombre d'emplois précaires augmente à la même vitesse que lors du deuxième mandat de Chirac, on aura 750.000 travailleurs pauvres de plus en 2012, qui ne rentreront pas dans les données de grande pauvreté parce qu'il seront très légèrement au dessus du seuil de 60% du salaire médian, et qui feront donc dire au pouvoir en place qu'il n'y a pas de problème, que la pauvreté recule, qu'on passera bientôt sous la barre des x% ou des y millions, et qu'il n'y a pas à s'inquiéter des histoires de précarité en hausse qui ne sont bien entendu que de l'agit-prop d'une opposition composée de ceux qui étaient de toute manière bien trop sectaires pour faire semblant de croire à l'union nationale made in Béarn.

De plus, si on prend son lightmotiv sur "je ne ferai pas augmenter la dette" il faut noter que:

1. Même en refusant de dépenser davantage, il y aura quand même les 40 milliards d'emprunts de cette année qui se répercuteront sur les autres années.

2. À supposer que la croissance ne diminue pas sous Bayrou, et que les rentrées fiscales augmentent à la même vitesses que les dépenses de l'état (parce que les dépenses augmenteront, du simple fait de l'inflation), on se retrouvera dans 5 ans avec 1400 milliards de dette sur un PIB de 2000 milliards et on aura franchi le cap des 70% du PIB dans le poids de la dette, c'est à dire que même dans une hypothèse plutôt optimiste (Bayrou tient sa promesse de ne pas augmenter les dépenses et ne masque pas de nouvelles dépenses par des astuces comptables, l'économie ne souffre pas trop de l'auto-bridage de l'action de l'état), la dette battra de nouveaux records.

3. À brider ainsi ce qui est le premier acteur économique de la France, il est n'aidera pas au retour de la croissance, et il n'aidera pas non plus à la diminution des inégalités, ce qui signifie que la dette augmentera quand même, et probablement plus vite que ce que je donne comme hypothèse en 2, que la croissance ne sera pas suffisante pour contrecarrer la dette, et que le coût social au bout de 5 ans se chiffrera en centaines de milliers de précaires et d'exclus supplémentaires.

Toutes cet article (fort divertissant au demeurant) se base sur une seule idee: les electeurs sont des simplets qui ne savent pas ce qu'ils font.

Le reste est pur speculation car il est bien difficile de prevoir ce qui restera du paysage politique Francais si Bayrou etait elu.

La solution a tous ces problemes est simple: supprimons la democratie et laissons les militants du PS et de l'UMP decider (a l'aube) de notre futur chef.

D'où voyez-vous que le bipartisme est nécessairement l'expression d'une démocratie appaisée ? Le bipartisme actuel qui résulte du scrutin majoritaire conduit à une sur-représentation des deux parties dominants par rapport à leur poids électoral réel. Ce décalage grandissant et l'impression de ne plus pouvoir influer sur le corps politique conduisent au vote protestaire et nihiliste. L'installation d'une troisième force capable de gouverner, avec tout ce que cela implique en terme de négociation et de compromis, réduirait au contraire ces tentations de "péter le système".
Pour le dire autrement : 3 candidats sérieux qui régroupent entre 75% et 85% des électeurs, me semblent préférables que 2 n'arrivant pas à 50% (35% pour Chirac et Jospin). Ensuite, une réforme du mode de scrutin pour les législatives sera sans doute nécessaire.

Et si ce qui intéresse un certain nombre d'électeurs est de voir justement imploser et le PS et l'UMP ? N'est-ce pas la seule voie d'un véritable changement ?

Personnellement, je fais partie de ces libertaires de gauche tentés par le vote Bayrou, même si j'attends néanmoins un certain nombre d'éclaircissements et d'engagements de sa part sur la manière dont il compte refonder la démocratie française.

Je ne suis pas plus à l'aise que certains commentateures ici, avec cette idée d'un grand parti majoritaire au centre qui ne ferait face à aucune opposition constituée.

En revanche, je suis sensible à sa référence au Conseil national de la Résistance, qui a su aboutir à la fin de la deuxième guerre mondiale à une plateforme politique porteuse de nombreuses innovations sociales et politiques.

Pour rappel, Jean Moulin a réussi le tour de force, à la demande du Général De Gaulle, de réunir au sein du CNR pas moins de huit grands mouvements de résistance, deux syndicats d'avant-guerre et six partis politiques de la Troisième République, du PC à a Fédération républicaine (droite conservatrice et catholique).

Et si les défis que nous avons à relever aujourd'hui (résorber la dette, certes, mais également réduire les inégalités, à l'échelle nationale et internationale, corriger les dérives de la mondialisation, ou plutôt celles de l'absolutisme financier, réduire le déficit démocratique à l'échelle locale, régionale, nationale, européenne et mondiale, s'orienter résolument vers des modèles de développement durables, etc.), relevaient d'un tel effort d'union nationale ?

Se fixer, pendant cinq ans, l'objectif de réfléchir tous ensemble, au delà des clivages idéologiques, aux moyens de sortir de l'impasse politique dans laquelle nous sommes, ne me paraît pas une mauvaise idée. J'ai même très envie de tenter le coup.

La seule chose sur laquelle je m'interroge, pour être franc, c'est la volonté de Bayrou de favoriser un large débat public sur toutes les réformes à mener, comme celui qui a eu lieu à l'occasion du référendum de mai 2005.

Je crois sincèrement à la possibilité de voir émerger une démocratie en réseau, plus mûre et plus directe, plus participative. Et à la possibilité de voir se dégager des majorités éclairées sur les sujets les plus sensibles, comme ce fut le cas en mai 2005.

J'ai beau avoir voté oui au TCE (et même fait résoluent campagne dans ce sens), le non m'a beaucoup fait réfléchir, j'en ai pris acte et je ne raisonne plus de la même manière depuis, même si je reste convaincu qu'il faut construire une Europe politique.

Simplement, j'ai pris conscience du déficit démocratique qui caractérise la construction européenne. Un déficit démocratique qu'on retrouve également dans la conduite des affaires en France, de mon point de vue. Et ni le PS, ni l'UMP ne me laissent entrevoir qu'ils aient la volonté de le comblert et de gouverner autrement. Ils ne proposent rien d'autre que de continuer à faire de la politique comme ils en font depuis trente ans. Chacun peut constater où cela nous a menés.

Philippe Astor, Gro-Gro,

La question est : pour faire quoi?

On a compris pour le contenant. Mais Bayrou ne donne pas le moindre contenu, pas la moindre direction.

Il ne nous faut pas 5 ans de réflexion, il nous faut 5 ans d'action résolue !

Il s'agit de mettre en oeuvre ce que l'on sait depuis maintenant longtemps.

Carolus,

Il ne s'agit pas de dormir ou de réfléchir pendant cinq ans mais de débattre tous ensemble et d'agir, au delà des clivages. Je viens de faire un tour sur ton blog et entre parenthèses, je ne me serais pas posé la question de voter Bayrou si le PS avait choisi DSK comme candidat.

Tout ce qui pourrait se passer après une hypothétique victoire de Bayrou est aujourd'hui de l'ordre de la politique-fiction. Il n'empêche que je ne trouve guère sérieux un argument souvent opposé à Bayrou, à savoir que son goût réel ou supposé du compromis ferait paradoxalement le jeu des extrémistes.

On nous dit: si un gouvernement d'union nationale rassemblant tous les partis non extrémistes prend le pouvoir et déplaît (son échec, ou au moins la perte rapide de sa popularité, est très possible sinon même quasi certain), les électeurs désespérés n'auront plus d'autre solution alternative que les extrêmes: pour exprimer la détestation de Bayrou allié à DSK et Sarkozy, il ne restera que Laguiller et Le Pen.

La bonne blague. Tous les partis ont leurs minoritaires, qui ne demandent pas mieux que de devenir califes à la place du calife. Si Bayrou déplaît à l'UDF, l'UDF se souviendra de l'existence de Robien. Si Sarkozy déplaît à l'UMP, l'UMP se souviendra de l'existence de Juppé et Villepin. Si DSK déplaît au PS, le PS se souviendra de l'existence de Fabius. Il n'y aura vraiment aucun besoin d'aller frapper chez Arlette et Jean-Marie pour trouver des figures de proue de la contestation.

Pour reprendre une formule du grand Charles, après l'échec de Bayrou ce ne serait pas le vide mais au contraire le trop-plein... Sauf à faire semblant de croire que Fabius, Robien et Juppé sont tous de dangereux extrémistes, farouchement ennemis de la démocratie et déterminer à anihiler dans les plus brefs délais la compétitivité de nos entreprises. Un peu de sérieux.

"Au secours, Bayrou attaque"... Y a quand même de quoi rigoler.

Gasp, damned, hell, pardon pour l'abomiffreuse faute... Merci de lire "déterminés" et non "déterminer".

Poil de lama,
si le grand parti centriste est au pouvoir et que les électeurs veulent sanctionner ce parti, ils voteront pour ceux qui n'appartiennent pas à ce magmas. Donc, dans la perpective Bayrou, pour les anti-libéraux et autres conservateurs et extrémistes, en gros.

Il ne s'agit pas ici de remaniements ministériels mais d'envisager les modalités de la sanction par les électeurs.

C'est ça où la 4ème, avec la recomposition permanente des gouvernements et une permanence de facto du personnel politique encore plus importante qu'actuellement...

« En revanche, je suis sensible à sa référence au Conseil national de la Résistance, qui a su aboutir à la fin de la deuxième guerre mondiale à une plateforme politique porteuse de nombreuses innovations sociales et politiques.»

Sauf qu'on est pas au sortir d'une guerre mondiale et que Bayrou n'est pas un résistant qui s'interroge sur comment organiser la France après le départ de la tyrannie, mais un politicien qui fait des combinaisons à la calculette. (Et à la différence de Jean Moulin, il ne l'aura jamais sa place au panthéon)

***

«ni le PS, ni l'UMP ne me laissent entrevoir qu'ils aient la volonté de le comblert et de gouverner autrement»

Y a même pas 6 mois, on accusait Ségolène de vouloir foutre le bordel en diminuant le pouvoir représentatif au bénéfice de ses projets de régionalisation, de budgets participatifs de jury citoyen, et de syndicats boostés. Quand on reproche une chose à une personne, on ne vient pas ensuite lui reprocher tout le contraire.

Franchement, on a vu une présidentiable se décider à attaquer le déficit démocratique par le seul angle qui vaille, c'est à dire l'angle institutionnel, de sorte que le règlement de la crise démocratique ne se retrouve pas tributaire de la très mauvaise volonté de certains élus en la matière. Et on l'a alors traité de populiste, d'antiparlementaire (un comble pour quelqu'un qui veut supprimer le 49-3, mesure authentiquement antiparlementaire puisqu'elle permet de tenir la majorité par le chantage), de démagogue, de pouffiasse, même (et ce, en marge des débats de la primaire du PS).

Et maintenant, après l'avoir traitée de tout, brutalement, on lui reproche l'exact INVERSE de ce qu'on lui reprochait un trimestre plus tôt? Et en plus en votant pour un type qui veut faire une UMP bis centrée autour de sa personne? Bravo la contradiction.

ça vous fait toujours aussi bobo...

mais bon, un jour ou l'autre, Bad Godesberg passera en France

et si le PS ne peut le faire de son propre chef, il sera imposé par les électeurs...

Bayrou ne propose pas une union de toute la gauche avec toute la droite. Quand il parle des "meilleurs" ce sont les meilleurs de son point de vue de social-démocrate, ceux dont les idées se ressemblent mais qui actuellement son muselés au sein des deux grands partis : il a un jour (en 2004 ou 2005) évoqué un grand parti du centre de Balladur à Delors, c'est à dire européen. De façon plus claire, disons que les atermoiements et les appels de gens comme Delors ou Borloo montrent qu'ils sentent bien une communauté d'idée avec Bayrou, mais ne croient pas à son projet. S'il est élu, il est permis de croire qu'ils changeront d'avis, ou bien que des gens qui pensent comme eux changeront d'avis. Autrement dit, il restera une opposition. Et oui le PS comme l'UMP seront obligés de reconnaître en leur sein des courants et ne pourront plus exister de la même façon.

Il manque une cinquième hypothèse : destin messianique. La Vierge serait apparue à F. Bayrou et lui aurait intimé l'ordre de bouter l'anglois hors de terre, et surtout Nicolas Sans Terre. Voilà pourquoi Bayrou croierait dur comme fer être élu et ne s'embarrasserait pas de préoccupations idéologiques !

Toreador

Réflexion faite. C'est une tendance qu'il ne faut pas ignorer. De nombreux supporters de Bayrou aujourd'hui reviendront dans le giron de la gauche. C'est mon cas (même si je n'ai jamais été franchement décidé à voter Bayrou au premier tour), puisqu'à l'issue du passage de Ségolène Royal à l'émission "A vous de juger" sur France 2, je suis beaucoup plus tenté - et avec moi de nombreux électeurs de gauche de mon proche entourage prêts à voter Bayrou jusque là, en se demandant comment l'avouer à leur mère -, de lui accorder ma confiance. Je fais donc partie de ces indécis (60 % d'entre nous ?) qui vont agiter la balance des sondages dans les semaines qui viennent. Bayrou, à mon avis, qui va ratisser plus large à droite désormais (voir le ralliement récent et désiormais désinhibé des chiraquiens), va perdre une partie de ce qu'il a gagné à gauche et rester à mon avis au même niveau qu'aujourd'hui. C'est la vraie fracture politique entre Ségo et Sarko qui va parler dans les jours qui viennent, ce qui ne va pas sécuriser la position de Bayrou, qui va peut-être tout simplement faire barrage à la montée du FN.

cf. plus en détail http://djbox.typepad.com/poilagratter/2007/03/retour_au_berca.html

S'il y a bien une hose que je n'ai jamais crue, c'est l'idée d'un Bayrou qui ferait barrage au FN et finirait par le réexpédier à son score de 74.

La proportion d'inscrit ayant voter Le Pen était, d'après la documentation française:

en 88: de 11,46%
en 95: de 11,43%
en 2002: de 11,66%

Bel régularité, hein?

Bref, ça fait maintenant 20 ans qu'à chaque élection présidentielle, environ 11,5% des inscrits dit merde en votant Lepen. Au vu de la stabilité de son score, je pense que les mêmes vont récidiver (ce sera jamais que la quatrième fois) et qu'il va faire dans les mêmes eaux cette année: ni plus, ni moins. Bien sûr, son score définitif dépendra certainement de l'abstention, qui pourrait (souhaitons le) être plus faible cette année, ainsi que des nouveaux inscrits, qui seront probablement peu nombreux à voter pour lui, mais l'un dans l'autre, je pense hélas qu'il fera quand même un très gros score, une dernière fois.

@ Toréador,
bien vu!
Pour Nicolas, c'est le fantôme de Charles Martel qui lui a récemment fait des clins d'oeil?

:))

Entre Bayrou et la vierge, Nicolas et Martel et Segolene et Jeanne d'arc, ca nous promet une présidentielle inspirée.

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