Ségolène est désormais au pied du mur. Avec un peu d'élan, elle devrait pouvoir le franchir (et sans même un Bayrou pour lui faire la courte échelle).
Invité, dimanche soir, à expliquer les ressorts du ségolisme a, littéralement, la terre entière, je crains de m'être laissé légèrement emporter par mon enthousiasme militant. Promouvoir, après tout, la belle du Poitou comme « la meilleure chance de conversion de la gauche française à la social-démocratie moderne » était peut-être un poil aventureux, compte tenu de l'ambiguïté qui plane parfois sur ses choix dans le domaine économique.
Mais la vie vaudrait-elle la peine d'être vécue sans courir le risque d'être déçu ? Sans doute pas. Supporter de la candidate socialiste depuis les prémices de sa campagne d'investiture, j'ai régulièrement défendu l'idée qu'elle était ― plus qu'un DSK manifestement incapable de prendre le taureau par les cornes ― l'électron libre dont le PS avait besoin pour évoluer, l'iconoclaste dont les Français avaient besoin pour se réformer.
Il m'est arrivé, évidemment, de me demander si je ne m'étais pas fourvoyé, ses aller-retours, ses hésitations, ses contradictions m'ayant parfois refroidi. Était-elle prête à assumer un discours non-dogmatique sur les 35 heures ou pas ? Sa sortie sur l'organisation du temps de travail des profs était-elle fondée sur une réflexion véritable ? Son intérêt pour les expériences scandinaves de flexisécurité était-il authentique ? Son désir de réconcilier les Français avec l'idée que la création de richesse est le préalable à toute redistribution était-il suffisamment puissant ? La question des « valeurs », de la responsabilité individuelle, faisait également partie de mes interrogations : serait-elle en mesure d'imposer sa vision d'une société à la fois solidaire, équitable et efficace, cet « ordre juste » dont elle nous rebattait les oreilles ?
Je suis parfaitement conscient, en abordant ces questions, d'être à mille lieues de ce que la « Gauche » est censée représenter dans notre pays, voire de contribuer à la mauvaise réputation de Ségolène Royal, cette « fille de militaire catholique à l'habitus droitier » dénoncée d'outre-tombe par l'ami Bourdieu. Mais l'exposé de mes propres convictions n'étant pas susceptible d'être repris comme argumentaire de campagne par les militants qui piétinent près des bouches de métro, qu'importe...
Convaincu que les expériences conduites en Suède, au Danemark et en Grande-Bretagne ont été la clé de la résolution des crises sociales traversées par ces pays, mais persuadé que leur importation directe n'aurait aucun sens, j'ai fait le pari que cette petite bonne femme sans a priori saurait les accommoder à la sauce hexagonale, le débat sur son blairisme réel ou supposé n'ayant dès lors plus aucun sens. Bon, la référence au leader du New Labour reste malgré tout pertinente, compte tenu de la proximité culturelle, géographique, économique, historique, démographique de la France et de la Grande-Bretagne ― même si l'affaire irakienne est malheureusement venue brouiller les cartes. Une référence d'ailleurs réapparue à vingt-quatre heures du premier tour, lorsque Ségolène s'est souvenue, en direct sur France Inter, des succès obtenus par Tony Blair sur les fronts de l'éducation, de la santé ou de l'emploi ! Il ne s'agissait évidemment pas de faire allégeance à un modèle dont les défauts sont connus, mais d'insister, en femme libre, sur la marge de manoeuvre qu'elle s'accorderait en cas de victoire...
Encore une fois, ce type de discours semblera assez éloigné des consignes émises par la rue de Solferino, consignes visant surtout à donner des gages aux Laguiller et autres Besancenot ayant fait l'honneur au PS d'appeler à « barrer la route à la droite ». Mais c'est justement que ces derniers, comme une partie de l'électorat traditionnel de la gauche « de gouvernement », ne perçoivent la prochaine échéance qu'en termes de Tout Sauf Sarkozy ― Ségolène n'étant ici qu'un pis aller.
Je n'adhère pas, moi-même, à ce mouvement de bien-pensance à l'égard du patron de l'UMP : Nicolas Sarkozy n'est ni un danger pour la démocratie, ni un fou dangereux, ni un cruel eugéniste. Nicolas Sarkozy est, plus prosaïquement, l'héritier de la droite traditionnelle française, conservatrice et interventionniste, ses seules originalités résidant dans une vision communautariste de l'organisation de la société et un atlantisme confus. En tout état de cause, il n'est ni le réformateur, ni le rebelle qu'il prétend être : juste un ministre de l'Intérieur à la compétence discutable habité par une ambition dévorante.
François Bayrou peut-il ― doit-il ― être l'auxiliaire d'une victoire de Ségolène dans ce contexte ? Ses 18,5% lui confèrent-ils le statut de faiseur de roi auquel il prétend ? Je ne le pense plus. Incapable d'orienter ses électeurs dans un sens ou dans l'autre sans s'en aliéner la moitié, il doit compter sur l'hostilité à un virage à gauche de députés dont la réélection est basée sur des accords de désistement avec l'UMP. Et quel serait, en outre, la cohérence d'un accord avec Ségolène au regard de sa posture fondamentalement centriste ? De ce point de vue, un retour au bercail droitier est tout aussi délicat, même si résister au chant de la sirène Borloo lui sera difficile. Mais que le Béarnais se débrouille. Ses problèmes ne sont, de toute évidence, pas les nôtres.
Nos problèmes à nous, les problèmes de la gauche, seraient plutôt d'amener l'immense majorité des électeurs rêvant d'une France dynamique, à l'aise dans son siècle, mais soucieuse de préserver son modèle solidaire, à faire le choix le plus judicieux. A voter pour plutôt que contre. Il reste à Ségolène une quinzaine de jours pour emporter leur conviction. Mais la cruche, la bécassine, l'incompétente ayant déjà franchi, with flying colours, les obstacles de l'investiture interne et du premier tour, elle devrait s'en tirer sans encombre.
© Commentaires & vaticinations
Il n'en reste pas moins que cette "immense majorité" a convaincre, ce sont bel et bien les électeurs de Bayrou, car :
- l'électeur d'extrême gauche et les Verts ont déja reçu leur consignes de ralliement
- les gens qui ont voté Le Pen sont je crois peu sensible à la peur du grand mechant Sarkozy
- idem les debusqueurs de mosquée clandestines ayant apporté leur sac de grain dans le four banal de De Villiers
- j'imagine mal un electeur de sarkozy au premier tour etre touché par la révelation du poitou au second tour
Alors certes, personne n'est propriétaire de ses voix et parmi tous ceux que j'ai cités, le respect des consignes de votes (ou des non consignes) sera plus ou moins grand; mais si le ralliement ad hominen de Bayrou, Begag et Marielle de Sarnez n'est effectivement pas la clé du scrutin, le grand écart entre ne pas rebuffet les maigres troupes de l'extreme gauche et seduire ceux qui ont cru a l'amateur de poule au pot me semble une posture politiquement delicate.
Sans compter l'enthousiasme mesuré qu'elle suscite au sein meme du PS lui-meme (mais la je ne me fais que le coloporteur de vilaines rumeurs...)
Rédigé par : Scykhan | lundi 23 avril 2007 à 19:53
«- l'électeur d'extrême gauche et les Verts ont déja reçu leur consignes de ralliement»
l'électeur d'extrême gauche et des verts n'est pas le militant d'extrême gauche et des verts. en 2002, Laguillier avait appelé à voter blanc et les 3/4 de son électorat avaient voté Chirac. Les leaders de l'extrême-gauche ont appelé à voter Ségolène pour ne pas être pris en porte à faux avec leurs électeurs, qui ont très probablement déjà décidé de voter pour elle quelles que soient les consignes de vote.
« - les gens qui ont voté Le Pen sont je crois peu sensible à la peur du grand mechant Sarkozy
- idem les debusqueurs de mosquée clandestines ayant apporté leur sac de grain dans le four banal de De Villiers»
Le vote Le Pen et De Villier s'est toujours composé d'un mixage entre ceux qui veulent dirent merde dans l'urne et ceux qui sont véritablement racistes au point d'avoir des rêves de nettoyage ethnique. À la différence de ceux qui pensent et disent que Sarko a sauvé la république en faisant baisser Le Pen, je suis persuadé que c'est parmis les authentiques racistes, et non parmis les contestataires que Sarko a gagné des voix Lepénistes. En d'autre terme, ceux qui ont dit merde au système en votant Le Pen au premier tour risquent de ne pas avoir envie de voter Sarko au second (pas plus que de voter Ségolène d'ailleurs); et les racistes qui sont susceptibles de voter Sarko parce qu'ils le croient capable de nuir aux immigrés ont probablement déjà voté pour lui dès le premier tour, ce qui à mon sens limite les réserves de Sarko de ce côté là.
En fait, si il faut qu'une partie des électeurs de Bayrou votent pour Ségolène pour qu'elle l'emporte, je suis absolument certain que le meilleurs moyen de les convaincre de venir est de ne PAS se lancer dans des deals de dernière seconde entre notables.
Rédigé par : Laurent Weppe | lundi 23 avril 2007 à 20:39
Et que penser de la qualité de son discours très longtemps après celui de Nicolas Sarkozy qui a eu le mérite d'être très efficace ? Elle ne donnait VRAIMENT pas d'autre impression que celle d'être morte de trouille...
Que peux tu me dire pour me rassurer ? Je n'ai pas étudié cette campagne de manière aussi profonde que toi. (et c'est un euphémisme) Je ne m'y connais pas en matière d'histoire de la politique. Je trouve très honnête de ta part de dire que Nicolas Sarkozy n'est pas tout ce dont on veut bien dire qu'il est... peux tu de la même façon résumer en quelques mots ce que Ségolène Royal n'est pas ce que j'ai imaginé hier soir ?
Rédigé par : Matthieu | lundi 23 avril 2007 à 20:41
Il fallait s'en douter : sûre du vote "gauchiste" (héé oui ,TSS ,bien coincés les gauchistes), la ségolènerie peut se lâcher et nous ressortir Blair (pour vamper Bayrou sans doute).
Outre le fait qu'il n'est guère difficile d'obtenir des "succès" dans le domaine de l'éducation, de la santé ou de l'emploi quand on passe après Thatcher, j'attends toujours que l'on m'explique le lien entre la Suède et la Grande-Bretagne (privatisation des lits d'hôpital mise à part, mais c'est peut-être ça, la "social-démocratie" après tout).
Enfin bref. Non, ce qui est pénible, c'est le baratin sur la "nécessaire création de richesse" : on dirait du chef de PME pote à Sarkozy (qui, au fait, est AUSSI un fou dangereux). C'est vrai que le PIB n'a jamais que doublé en vingt ans...De crise marquée par le libéralisme.
Alors attention : si les vilains gauchistes nord-coréens s'abstiennent, douchés par l'épandage blairiste, les choses pourraient se gâter pour "Bécassine".
Love, comme on dit chez Tory Blair.
Rédigé par : manu | lundi 23 avril 2007 à 20:50
Choisir entre Ségo et Sarko, ce n'est pas choisir entre le socialisme et la droite fascisante (ni l'un ni l'autre), et ce n'est pas non plus le choix entre la peste et le choléra; ce serait plutôt entre la rubéole et la gastro-entérite... La République n'est pas (plus?) en danger, ni avec l'un ni avec l'autre. La réduction des inégalités n'est pas au programme, ni de l'un, ni de l'autre. En fait, on peut voter comme on le sent...
Moi, Sarko, je ne le sens pas. Ségo non plus, à vrai dire, mais je voterai quand même pour elle (pardon, excuse: contre l'autre). Mais objectivement, je pense que ça n'a pas grande importance: la paix civile est sauvée, et rien ne va changer fondamentalement ni en pire ni en mieux (notamment pas le déficit démocratique des institutions européennes, au sujet duquel nous nous sommes étripés avec tant de conviction sincère; mais qu'est-ce que j'y peux, moi?).
Et si on dédramatisait?
Rédigé par : Poil de lama | lundi 23 avril 2007 à 21:14
Ca je suis tellement dé-dramatisé qu'il est possible que je reste chez moi le 6 mai ...
Rédigé par : Eviv Bulgroz | lundi 23 avril 2007 à 22:56
C'est bien ce que tu dis ; est-elle prête ? Oui certainement. Mais a-t-elle une majorité qu'elle contrôle pour faire passer une espèce blairisme à la française : Non car le soutien populaire ne suffit pas pour légiférer.
Rédigé par : all | mardi 24 avril 2007 à 08:05
Royal est une Marie-Antoinette même pas grimée en pétroleuse, qui exsude le catéchisme à grande eau.
Si Sarko trône, elle se prochtronnera. Ainsi l’eau se changera-t-elle en vin.
Rédigé par : ferraille | mardi 24 avril 2007 à 10:33
Bon, il serait peut-être temps de passer un petit coup de fil à Strauss-Kahn maintenant, non?
Rédigé par : Mathieu | mardi 24 avril 2007 à 10:35
Mon cher Hughes, où est donc passé ta lucidité? Je ne voudrais pas jouer les Cassandre, mais ton analyse me semble planer bien loin de la réalité des urnes. Si l'affaire n'est pas tout à fait pliée, il s'en faut de bien peu!
La France sarkozyste est en marche.
Selon toutes probabilités, nous devrons dès ce beau mois de mai nous habituer à un président qui recycle allègrement les pratiques et les discours de ses mentors Chirac et Pasqua - sans oublier de fréquents emprunts au président du FN. Consolons-nous: cela te donnera l'occasion de faire encore pendant cinq ans d'excellentes notes critiques. Etre dans l'opposition serait, dit-on, un dopant pour le créativité.
Rédigé par : Marc | mardi 24 avril 2007 à 12:33
Au secours, où est le joli thème de Com-Vat ? :(
Rédigé par : Fr. | mardi 24 avril 2007 à 12:44
Hé, Hugues, si j'étais toi, j'attendrai prudemment de voir ce qu'elle dira au juste le 2 mai. Car plus dure serait la chute....
Je suis même prêt à parier un caramel mou qu'avec l'aide bienveillance de l'ami Nicolas, elle saura bien nous en remettre un couche de lustrage de drapeau, de casernement des délinquants précoces en 6ème, de service civil obligatoirement facultatif sauf pour les bons z'élèves qui n'auront un n'emploi dans la demi-nistration (dernier refuge des jeunes diplomés technophobes) et du suivi génétique par satellite des pédophiles présumés.
Vous savez, il est aisé de faire illusion de compétence en économie en se déclarant libéral, puisque cela se résume à énumérer les dysfonctionnements de l'existant d'une part, et proposer de laisser-faire de l'autre. Royal peut-elle faire plus en économie ? Je ne connais aucun économiste qui l'affirme.... Blair, au moins, aura réussi à cacher ses erreurs dans la gestion des régimes de retraite anglais pendant 10 ans.
Rédigé par : Celimene | mardi 24 avril 2007 à 14:29
Hugues, je te suis... au moins en partie puisque j'ai voté pour elle au premier tour et que je vais de nouveau le faire au deuxième.
L'homme ou la femme providentielle parées de toutes les vertus et de tous les dons n'existe pas.
Je préfère la "faiblesse" de la prestation télévisuelle au « brillant » jeu d'acteur, et s'il n'y avait rien de plus qu'un changement de genre, il suffirait à remporter mon suffrage du fait de l'inconnu qu'il représente face à la banalité prévisible du mâle opposé.
Rédigé par : Bruno | mardi 24 avril 2007 à 15:01
Scykhan,
Les électeurs, effectivement. De toute manière, Ségolène a déjà fait son boulot hier en proposant à Bayrou de discuter. On ne pourra pas dire qu’elle était réticente à un accord quelconque a priori. Mais je ne crois pas qu’il soit besoin de demander quoi que ce soit à un type dont le projet est à la fois trop personnel et trop différent. Soit il restera seul dans la perspective (illusoire) d’une survie au centre, soit il se vendra à Sarko sous la pression de ses élus.
Laurent Weppe,
Idéalement, pas de deal, nous sommes d’accord. Mais il me semble que la démarche de Ségolène devait malgré tout être faite, histoire de n’avoir aucun regret.
Matthieu,
Ce n’est pas pour jouer les défenseurs pavloviens, mais je ne suis pas d’accord avec cette idée que le discours était mauvais. Elle n’est pas la meilleure des oratrices, ok, mais on n’est pas non plus à la StarAc. Elle a évité le triomphalisme (qui ne se justifiait d’ailleurs pas puisque nous ne sommes qu’au milieu du gué), elle est restée sur les thèmes de campagne plutôt que sur l’émotion. En gros, elle disait, « c’est bon, on est sur les rails mais il y a du boulot ». Enfin, c’est mon avis.
Manu,
La Suède et la Grande-Bretagne sont des modèles différents, évidemment, mais c’est justement la beauté de la social-démocratie, sa capacité à s’adapter au terrain culturel. Dans la version française, encore à naître, on trouvera les spécificités qui te feront plaisir (un bureau de poste dans chacune des 36 000 communes, mêmes celles de moins de 10 habitants ? Un hôpital équipé d’un IRM et d’un service de chirurgie cardiaque dans toutes les communes de plus de 5 000 âmes ? Une université dans toutes les communes de plus de 10 habitants ? You name it...).
Mais love à toi aussi...
Poil de lama,
Mais qui dramatise ? Tu as dis que tu votais Ségo, non ? Moi, je veux bien ne pas me poser de question sur tes motivations – d’ailleurs, je n’ai jamais compris pourquoi tu avais voté Bayrou au premier tour, alors...
Eviv,
Reprends-toi, ça va aller mieux... Tiens, pendant que j’y suis, très rigolo ton dernier papier (http://egoborone.free.fr/?p=120 ). Je l’ai lu hier soir, un peu tard pour laisser un commentaire, mais excellent dans le genre...
All,
Comme disait l’inoubliable Pierre Tornade, « Impossible n’est pas français » !
Mathieu,
Il serait aussi temps pour DSK de prendre les devants et de mouiller la chemise avec un peu plus d’énergie. Le D, c’est pour Dominique, pas pour Désiré.
Marc,
Si je m’amusais à reprendre tous les commentaires déposés ici depuis le début de l’aventure, les rappels à la réalité, à l’impossibilité de la voir investie, puis de la voir assurer pendant la campagne, puis de la voir au second tour, etc... Toutes les bonnes raisons de ne pas y croire sont excellentes, sauf que les choses restent ouvertes et que le projet (si je suis effectivement dans le vrai sur sa capacité à faire ce que je souhaite la voir faire, évidemment) en vaut la peine.
Mais si Sarko l’emporte, on fera avec. Et je ne pense pas me placer dans une optique d’opposition systématique. Je ne suis pas un politicien, je ne suis pas le défenseur du PS à travers les âges. Mais je suis réellement convaincu qu’il n’est pas l’homme de la situation et qu’elle est, elle, capable de faire bouger les choses.
Fr.
Il est là : http://hugues.blogs.com/commvat/2007/04/lheure_du_chang.html
Célimène,
Le laisser-faire n’est pas exactement sa doctrine, ni même celle d’aucun gouvernement social-démo en Europe. Quand au 2 mai, tu as des infos secrètes sur ce qu’elle va dire ? Hum, le contrôle par satellite des pédophiles... C’est intéressant, ça. Ca marche aussi sur GSM ?
Bruno,
Les hommes providentiels, effectivement, on a peut-être passé l’âge :
http://hugues.blogs.com/commvat/2006/03/le_retour_de_lh.html
Rédigé par : Hugues | mardi 24 avril 2007 à 15:21
Mes raisons pour voter Bayrou, tout le monde s'en tape et tout le monde a bien raison, d'autant que je ne crois même pas avoir le profil classique de l'électeur-socialiste-qui-ce-coup-ci-n'a-pas-voté-pour-son-parti. Mais bon, il n'y a pas non plus de raison d'en faire mystère. J'ai voté Bayrou:
1) parce que le PS me fait chier depuis une éternité avec son absence de convictions et de moralité, et tout particulièrement depuis son ralliement pas critique du tout au TCE amendé par Blair; ce même TCE que le même PS jugeait beaucoup trop libéral avant que Blair ne s'en mêle -- alors que justement, c'était avant et avant seulement qu'il représentait un compromis acceptable (because votes à la majorité qualifiée et non à l'unanimité);
2) parce que j'ai trouvé la rhétorique de Ségo creuse, droitière, parfois carrément stupide (encadrement militaire, petits drapeaux) et marquée par un ego aussi surdimensionné que puant -- tandis que dans le même temps je trouvais les accents républicains de la rhétorique de Bayrou relativement convaincants, mais oui.
Voilà. Je pourrais résumer en disant "parce que je crois Ségo plus à droite que Bayrou", et ça ne serait pas faux, mais je pense que mon vote a été plus affectif (il s'agit de désamour) qu'idéologique. Et j'ai pas honte du tout.
Camus aimait la justice mais aurait défendu sa mère avant la justice. Ben moi j'aime la gauche (un peu) mais j'essaie d'élire des républicains avant que de penser à faire progresser la gauche -- surtout quand elle est censée s'incarner dans un parti d'arrivistes à la moralité hautement douteuse (je ne dis pas particulièrement ça pour Ségo, mais pour un paquet de neveux de Tonton Mitterrand).
C'est l'élément humain. Un truc à quoi la gauche moderne devrait penser davantage, à mon avis.
Rédigé par : Poil de lama | mardi 24 avril 2007 à 16:42
Bayrou ? Vous parlez bien du premier non-classé de la course ?
Si je ne m'abuse, il a la vidange de son tracteur à faire. Avec ce printemps précoce, il ne faut point trop trainer pour rouler les foins. Car il n'est point de bon cheval sans bon foin, foi de béarniais !
Rédigé par : Go Go Danser | mardi 24 avril 2007 à 18:23
@ Hugues:
je voudrais attirer ton attention sur un point: dans l'économie de marché moderne, c'est bel et bien la redistribution, comme moyen contra-cyclique, qui est devenue le préalable de la production...
Rédigé par : melchior griset-labûche | mardi 24 avril 2007 à 20:56
@ Hugues:
je voudrais attirer ton attention sur un point: dans l'économie de marché moderne, c'est bel et bien la redistribution, comme moyen contra-cyclique, qui est devenue le préalable de la production...
Rédigé par : melchior griset-labûche | mardi 24 avril 2007 à 20:58
Hum, même si tu le répètes deux fois pour être certain de faire passer ce message, ce n'est pas exactement de l'économie de marché "moderne" dont tu parles, juste de la capacité à faire du déficit pour relancer la consommation lorsque les choses vont mal. Mais au bout du bout, anciens et modernes se retrouvent toujours confrontés à l'impossibilité de donner de l'argent que l'on n'a pas. Ou plutôt, dans le cas de la France, confrontés à l'impossibilité de continuer à donner de l'argent que l'on n'a pas, après des années passées à la faire de manière aussi, ha ha ha, libérale.
Rédigé par : Hugues | mardi 24 avril 2007 à 21:22
Hugues,
Le "bis": la faute à ton antispasme qui me réclame une deuxième fois mes papiers alors qu'il m'a déjà laissé passer à l'insu de mon plein gré.
Ce n'est pas "l'argent" qui circule, mais "la valeur", sous forme marchandise et sous forme monnaie-crédit. Je maintiens que la répartition, y compris redistributive,sous formes de monnaie et crédit, précède la production physique. Les entrepreneurs ont appris à anticiper la demande solvable (son montant mais aussi sa structure). On ne produit pas de l'automobile abstraite qui se transformera en ferrari ou en logan au moment de la vente, mais d'emblée des ferrari et des logan, prédestinées...
Rédigé par : melchior griset-labûche | mercredi 25 avril 2007 à 09:27
Voter pour ne pas avoir à défiler en criant au mégaphone:
libérez nos camarades !
est aussi une option à considerer pour ceux qui n'adherent pas forcément au programme social-démocrate de la candidate.
Rédigé par : borneo | mercredi 25 avril 2007 à 09:45
Finalement, ce sera comme en 2002 : un duel droite (Chirac ou un tandem Royal/Bayrou) molle contre extrême droite (Le Pen ou son fils spirituel, : Sarkozy).
La consigne du PS sera-t-elle de voter Royal au second tour avec une pince à linge sur le nez ?
Rédigé par : F | mercredi 25 avril 2007 à 09:58
J'en étais sûr ! Il y a des tas de gens qui, comme F, veulent ramener l'inconnu au connu et sont pressés de revivre ce qu'ils ont déjà vécu. Non, Sarko n'est pas Le Pen, et non, Royal n'est pas Supermenteur qualifié par défaut. L'analyse demande beaucoup plus de sérieux dans l'approche. Tout les sépare, mais dans un cadre défini: l'économie de marché (diversement) régulée.
Rédigé par : melchior griset-labûche | mercredi 25 avril 2007 à 10:58
melchior griset-labûche: Une remarque : Sarkozy a *déjà* mis en oeuvre 14 des 20 propositions du FN de 2002 concernant la sécurité et l'immigration.
Et je suppose que la récente passion du PS pour le thème de l'identité nationale, du lustrage de drapeau, du maintien de l'ordre dans les établissements scolaires est certainement une Blairisation des esprits ?
On parle aujourd'hui de récupération des électeurs centristes ? C'est oublier qu'on croyait jusqu'à il y a à peine 7 jours que c'était ceux du FN qu'"il fallait récupérer. Et force est de constater que depuis 5 ans, PS et UMP s'y emploient, à 'lévidence, avec talent, et au prix de fuites dans leurs propres troupes.
Rédigé par : F | mercredi 25 avril 2007 à 11:36
@ F:
la "récente passion du PS": ça remonte quand même à Jaurès... Quant aux établissements scolaires, que proposes-tu ? Le désordre injuste ?
Au fait, à propos de l'encadrement militaire des jeunes délinquants, je rappelle que ça a été proposé explicitement comme alternative à la prison-pourrissoir. Qui peut être contre ?
Rédigé par : melchior griset-labûche | mercredi 25 avril 2007 à 14:59
Je n'avais pas vu l'explication de vote de Poil de Lama. Ah, je comprends maintenant où sont passés les 55% de nom de nom de non dits "de gauche"... Chez Bayrou, ça je ne m'en serais jamais douté. "ô mère confusion, que tu as d'enfants !" (vieille citation trotskiste)
Rédigé par : melchior griset-labûche | mercredi 25 avril 2007 à 16:07
Melchior Griset-Labûche: Si le vote Bayrou d'un noniste peut vous faire rire, ne vous en privez pas. A voir la tronche de Ségolène et des éléphants du PS dimanche soir, je ne suis pas sûr qu'eux riaient d'aussi bon coeur que vous (mais je vous promets de réessayer de les faire rire aux législatives).
Traitez-moi de "dit de gauche" tant que vous voulez, j'en ai autant au service du parti "dit socialiste". En revanche, je vous signale qu'en insinuant que je suis trotskiste, d'une part vous m'insultez -- ce qui est très mal élevé --, d'autre part vous manifestez que vous n'avez rien compris, ni à mon vote (dont tout le monde se fiche), ni à celui des 55% de nonistes -- qui n'étaient que très marginalement des fachos, très marginalement des trotskards, et dans l'immense majorité des cas de simples démocrates authentiquement exaspérés du déficit démocratique dans les institutions européennes.
Au PS, on persiste à nier ce déficit démocratique -- avec un beau mépris de l'électeur très apte à susciter la sympathie et le vote d'adhésion. Chez Bayrou, où on est sans doute plus hypocrite mais en tout cas moins méprisant, il arrive fréquemment qu'on promette au moins d'essayer d'y remédier... Ca ne mange pas de pain, mais notre amie Ségolène, pourtant rarement en retard d'une vacuité démagogique, n'a même pas réussi à proférer celle-là.
Vous auriez préféré que je vote pour les fascistes rouges au non de la cohérence? Ben pas moi. J'aime mieux être un démocrate incohérent qu'un trotskiste cohérent, un sarkoziste cohérent ou un ségoléniste co... non, ça, je ne suis pas sûr que ce soit concevable.
Rédigé par : Poil de lama | jeudi 26 avril 2007 à 00:39
Eh eh eh Hugues.
Je crois qu'il te faut féliciter le vote de gôche Bayrou, qui va (peut être) permettre une refondation accélérée du PS :-)
Je dois reconnaître que sur ce coup miss Royal joue une belle partition.
Le seul truc qui m'embête est que cela me force pratiquement à voter pour elle, pour éviter un délétère "à gauche toute" en cas de large victoire de sarko...
Rédigé par : Eviv Bulgroz | jeudi 26 avril 2007 à 09:21
A propos du "délétère à gauche toute en cas de large victoire de Sarko", Tlön avait relevé cette réflexion intéressante venant, je crois, d'un commentaire laissé sur le site de Libé : "c'est toujours le même discours: si les Français votent de plus en plus à droite, c'est parce que la gauche n'est pas assez à gauche. D'une logique implacable! Le problème c'est que tant que les dirigeants socialistes seront sensibles à ce type de discours, ils ne se réformeront pas, et les Français continueront à voter de plus en plus à droite. Désespérant"
Rédigé par : aymeric | jeudi 26 avril 2007 à 09:49
@ Poil de Lama:
sincèrement désolé de vous avoir piqué au vif. Petite précision: je ne suis pas au PS. Et je ne voulais rien insinuer du tout. Mais vraiment, voir un (gros) bout du non de gauche naguère triomphant et trompettant venir s'échouer aux chaussettes de Poule-au-pot, non, c'est trop drô.. hi hi himph, excusez-moi, c'est nerveux...
Rédigé par : melchior griset-labûche | jeudi 26 avril 2007 à 10:37