Puisque François Bayrou est encore là, autant s'en servir : son point de vue sur l'euro étant le plus sensé qu'il nous soit donné d'entendre this side of the Quiévrain, souhaitons qu'il l'impose à Ségolène.
Tentant maladroitement, l'autre soir à la télévision, de nous convaincre de son immense maîtrise des dossiers ― de tous les dossiers ―, Nicolas Sarkozy ne s'est pas privé d'entonner sa petite chanson sur « l'euro fort, fossoyeur de l'emploi industriel en France ». Il faut dire qu'elle a du succès, cette chanson, au pays du Grand-Non. Tiens, même Ségolène la fredonne à l'occasion...
Rendez-vous compte : si les affreux petits comptables de Francfort n'étaient pas si obtus, s'ils rétablissaient une parité plus « raisonnable » entre l'euro et le dollar, s'ils acceptaient de placer la Banque Centrale Européenne au service d'une vision plus, comment dire, française, de la politique monétaire de l'Union, c'en serait fini de la crise et du chômage ! L'Europe redeviendrait compétitive, les délocalisations s'interrompraient et la Chine viendrait nous manger dans la main. Vraiment, quel crétin ce Jean-Claude Trichet ! On n'a pas idée ! Même le patron du bistrot où je prends mon café le matin le lui dirait, qu'il faut baisser ces fichus taux d'intérêt !
A l'appui de la démonstration sarkozyenne : la Banque d'Angleterre et sa légendaire soumission à l'interventionnisme blairiste. « Regardez Gordon Brown, devait-il expliquer à un correspondant du Times rendu muet par un tel aplomb, dès que la livre grimpe trop haut par rapport au dollar, bing, il baisse les taux d'intérêt ». Bon, que la Banque d'Angleterre soit, statutairement et depuis 1997, aussi indépendante du pouvoir politique que la BCE, que le sterling vienne de franchir le cap des deux dollars sans que personne ne s'en émeuve et que les taux britanniques soient très nettement supérieurs aux nôtres semble lui avoir échappé. Mais c'est sans doute que, n'ayant entendu aucun expat se plaindre de la vigueur de la monnaie lors de son dernier meeting londonien, il en a déduit que la devise locale s'échangeait contre des cacahouètes sur le FOREX...
Et d'ailleurs, qui fixe la parité des monnaies entre elles et, singulièrement, la valeur du dollar par rapport à l'euro, puisque c'est celle qui semble empêcher nos élites de dormir sans gober deux ou trois Mogadon ? Aussi incroyable que cela paraisse, c'est la mission des « marchés », c'est à dire d'investisseurs de toutes natures (fonds privés ou publics, Etats, entreprises, banques, traders...), lesquels achètent et vendent des devises pour des raisons qui leur sont propres (réserves liquides, spéculation sur l'évolution des parités, couverture de risque de change, bla bla bla...). Les banques centrales ont bien sûr la possibilité d'orienter ces crapules capitalistes dans une direction ou une autre en agissant sur les taux ― soit le niveau de rémunération associé à la détention d'une devise ― mais, au final, les marchés arbitrent toujours en fonction de leur perception de la santé et des perspectives d'une économie, les taux n'étant qu'un facteur parmi d'autres. Et dans l'affaire euro-dollar, les taux américains sont effectivement les plus élevés même si, à écouter Sarkozy et ses lieutenants, on pourrait croire que le billet vert a rejoint la livre et le brouzouf au paradis des monnaies en solde...
Mais quand bien même... Admettons que la BCE puisse être persuadée de jouer le jeu que la France voudrait bien lui imposer et qu'elle s'avise de provoquer la dégringolade de la monnaie commune, à « l'américaine ». Comment se débrouillera-t-elle, si nos amis yankees persistent dans leur attitude non-constructive et déloyale, pour que les deux principales devises de la planète soient affaiblies simultanément ? Comment atteindra-t-elle la parité idéale (sic) si la baisse des taux suffit aux uns et aux autres à relancer la course à l'échalote chaque fois que nécessaire ? Tiens, ça, même le patron de mon bistrot le comprendrait, lui qui connaît bien le problème de l'évolution du prix du petit noir et du sandwich aux rillettes au rade d'à coté...
Bref, tout ça, c'est du baratin. Et même un magnifique exercice de démagogie si l'on part du principe qu'il doit bien se trouver, à l'UMP ou au PS, un type ayant lu un livre ou deux. Car l'idée qu'une monnaie anémique soit un atout pour une économie développée, en concurrence avec une tripotée de pays émergents bourrés d'une main d'oeuvre aussi volontaire que peu exigeante, est tellement inepte qu'elle ne devrait même plus être émise sans faire éclater de rire les cafetiers les moins éclairés.
François Bayrou, dialoguant vendredi avec Ségolène, s'est d'ailleurs permis de rappeler que non seulement la France est le seul membre de l'eurozone à se plaindre de Jean-Claude Trichet, mais que l'Allemagne est redevenue la première puissance exportatrice au monde devant les États-Unis, le Japon ou la Chine avec la même monnaie que les petits copains gaulois ! Il aurait tout aussi bien pu indiquer que les Pays-Bas et la Belgique jouissent également d'un solde commercial positif, voire que la France était membre du club de ceux qui vendent davantage qu'ils n'achètent jusqu'à ce que les chiraco-sarkozyens ne se mêlent de ce qui ne les regarde pas ― et tout ça malgré le « franc fort» cher à l'ami Bérégovoy !
Une monnaie forte, et l'impact de l'Endaka (la série de réévaluations historiques du yen nippon) sur l'industrie automobile japonaise en est la preuve, force les pays à réorienter leurs exportations vers des produits et services à « haute valeur ajoutée », dont le prix n'est pas le facteur déterminant du point de vue du client. Ainsi, lorsque vous faites l'acquisition d'une Porsche Cayenne, pour prendre un exemple extrême en matière d'ostentation voiturière, vous n'achetez pas un instrument de mobilité permettant d'aller faire les courses à Auchan mais un symbole statutaire chargé d'informer le reste du monde de votre niveau de revenus... De même, lorsque vous investissez dans une machine outil Trumpf pour découper de la tôle dans votre usine, vous achetez de la fiabilité, de la productivité, de la compétitivité avant de vous intéresser au prix relatif d'un tel engin. Geddit?
Assurément, une monnaie forte ne vous protégera pas de la concurrence salariale chinoise dès qu'il est question de fabriquer des seaux en plastique. Mais franchement, et sauf à ramener le niveau de l'euro à celui du yuan et les salaires lyonnais au niveau des rémunérations pékinoises, est-ce là toute l'ambition industrielle d'un pays comme le nôtre ?
Par le passé, Français ou Italiens avaient pris l'habitude de regagner de la compétitivité en dépréciant leur devise : votre inflation galopait, vos produits étaient si standards qu'ils ne séduisaient que par leurs tarifs, bing (comme dirait Sarkozy), une petite dévaluation et le tour était joué ! Mais ça n'est plus possible, maintenant que nous nous sommes dotés de biftons tellement robustes qu'ils résistent, non seulement à notre absence de croissance et à la dérive de notre dette publique, mais aussi à nos émeutes de banlieue et nos Le Pen au second tour... Il y a dix ans, aucun doute n'est permis, ce genre de plaisanteries aurait expédié le franc dans une tourmente telle que nous en serions réduits à mendier auprès du FMI de quoi assurer les dépenses courantes sans « default » sur le remboursement de la dette. Je galège ? Demandez aux Anglais : ils connaissent...
La France ― qui envoie de toute manière les deux-tiers de ses exportations vers le reste de l'Union sans aucun risque de change ― profite de l'euro fort pour réduire le coût de sa facture énergétique et de ses importations de matières premières ; accroître le pouvoir d'achat de ses investisseurs à l'étranger ; rendre plus difficile la prise de contrôle de ses entreprises par leurs concurrentes internationales ; forcer ses acteurs économiques à monter en gamme ; peser sur l'inflation importée ; réduire le poids de la dette exprimée en dollars ; augmenter le pouvoir d'achat de ses citoyens... Ca donnerait plutôt envie, ça, non ?
François Bayrou, je le disais, espère pouvoir influencer les choix économiques de Ségolène Royal. Ces choix seraient même, à en juger par le ton du débat de vendredi, le seul point d'achoppement majeur entre la doctrine du PS et celle de son futur « Parti Démocrate ». A une semaine du jour J, il serait bon de voir Number Three mettre son ambition personnelle au congélateur, histoire de réfléchir à une vision un peu plus pragmatique de la construction de la social-démocratie sous nos latitudes. La belle du Poitou s'étant courageusement engagée à compléter son fameux pacte, un aggiornamento sur l'euro n'est-il pas le meilleur des adjuvants ? Allez, les amis, encore un petit effort...
© Commentaires & vaticinations
Allons donc, Hugues, vous savez aussi bien que moi que ce n'est pas le marché qui fixe les parités, mais un conglomérat d'apatrides ploutocrates manipulant les finances internationales ! Bon, c'est vrai que NS était stupéfiant de mauvaise foi dans cette émission, mais je souhaite réellement que sur cette question (aussi...) FB parvienne à convaincre SR de faire marche arrière - il faudra que la France s'habitue au fait qu'elle n'est plus qu'un membre (même important) du club.
Rédigé par : cdc | lundi 30 avril 2007 à 14:14
Hugues, tu nous as avoué l'autre jour que tu étais nul en arithmétique... Ta sincérité t'honore, mais j'ai quand même peur que ça ne décrédibilise un peu ce brillant cours d'économie.
Par ailleurs, si Sarkozy est si nul en la matière, que pourrions-nous faire pour en convaincre la presse économique, qui n'arrête pas de l'encenser?
Je crains que la presse économique n'ait compris toute seule ce que tu feins d'ignorer, à savoir que Sarkozy redeviendra un ultra-orthodoxe de l'économie moderne dès que les électeurs auront le dos tourné (aux alentours du 1er juillet, donc). Tu penses que Ségo aidée de Bayrou pourrait faire encore mieux dans le genre, et cela se peut... n'empêche que le CAC 40 vote unanimement Sarkozy et que si de son côté le populo vote Ségo, ce ne sera sûrement pas principalement sur la base de sa lucidité blairistoïde.
Ainsi que je le disais la semaine dernière, je pense que l'entre-deux-tours n'est pas vraiment le moment idéal pour les clarifications nécessaires...
Rédigé par : Poil de lama | lundi 30 avril 2007 à 14:22
Cdc,
Si Bayrou ne sert pas à ça, à quoi sert-il ? Et la question n'est pas posée au second degré puisqu'elle est au centre (!) de toute cette histoire de dialogue PS/UDF.
Poil de lama,
Disons que j'avais besoin d'exagérer mon incompétence arithmétique la fois dernière, dans un évident souci propagando-pédagogique (encore que mes capacités en calcul mental ne soient pas exactement remarquables).
Mais je t'invite à réfléchir à ces arguments pour ce qu'ils sont : Sarkozy n'est pas nul, il est démago. L'Europe est un repoussoir et il s'en sert donc pour repousser. A gauche, c'est un peu différent, la perception de l'euro et des marchés est filtrée par une authentique et sincère incompréhension des enjeux. C'est la raison pour laquelle il faut voter à gauche : une fois les mécanismes convenablement appréhendés, et leur impact positif sur la situation des Français entériné, les choses devraient avancer. Avec les démagos, c'est une autre paire de manches.
Rédigé par : Hugues | lundi 30 avril 2007 à 14:35
Mais bien entendu quand il critique la BCE et l'€ fort Sarko ne croit pas un mot de ce qu'il raconte et veut simplement cajoler les voix FN et villieristes, souverainistes et noyau dur du 'non' au TCE ; du moins je veux croire qu'il ne croit pas ce qu'il affirme pour les raisons que tu as exposées et que j'approuve.
L'enjeu du deuxième tour est de se faire élire et ta belle poitevine semble également en accord sur ce point.
Rédigé par : all | lundi 30 avril 2007 à 14:38
que se passera-t-il si la BCE baisse ses taux, ne serait-ce qu'un peu : là c'est le dollar qui sera très mal, et ça la BCE a la courtoisie de ne pas y songer. donc à la place, on va se serrer un tout petit peu plus la ceinture. on va donc perdre non pas des millions de chomeurs, mais quelques milliers ou dizaines de milliers, qui iront s'ajouter à ceux entrainés par la rigueur budgétaire.
donc ton raisonnement martial est très sympathique et cohérent, il manque juste de la nuance nécessaire en économie.
par exemple, si la parité de pouvoir d'achat exigeait un dollar à 1,20, nous sommes à 1,36. cet écart a un coût certain, que tu ne peux pas balayer d'un revers de main.
Mais c'est pas grave, à défaut d'être convaincant pour ceux qui, sans être spécialistes, ont lu quelques articles, ça fait un billet martial qui impressionnera sans doute les lecteurs non avertis.
Les performances allemandes par exemple ont été obtenues grâce à un effort accru de rigueur salariale, un début de dumping fiscal et au final un effet déprimant sur le reste de la zone euro et une croissance pas si magnifique que cela pour l'Allemagne elle-même.
Rédigé par : edgar | lundi 30 avril 2007 à 14:44
En même temps, non ou pas non, la partie économique de l'Europe est suffisamment bien ficelée pour que - tant qu'on y reste - les promesses/propositions absurdes de l'un ou de l'autre aient assez peu de chances d'êtres suivies d'effet... à part peut être pour avoir l'air un peu plus ridicules auprès de nos partenaires.
...Reste à savoir lequel des deux à le plus de chances de faire avancer le schmilblick.
@Hughes: Euh, malgré les critiques, Bremner "vote" assez fortement Sarko dans son article, là... Je ne suis pas sur que ce soit la meilleure illustration de l'utilité du vote Ségo. Bon, je ne parle que de mon cas personnel, mais tout de même...
Rédigé par : Nollipap | lundi 30 avril 2007 à 14:49
Voilà, les nains de Francfort ont la courtoisie de laisser le dollar où les méchants Américains veulent qu'il reste, c'est bien ce que je disais ! Sans parler du dumping fiscal qui a toujours bon dos... (il commence où, ce fameux dumping ?)
Rédigé par : cdc | lundi 30 avril 2007 à 14:53
@cdc : vous avez un warning sur la hausse de l'euro dans les échos de ce matin, par christian de boissieu.
mais vous pouvez continuer à vous la jouer j'me la pète en économie et tous les autres sont des nazes, ça distrait.
Rédigé par : edgar | lundi 30 avril 2007 à 15:17
@edgar : je ne voudrais pas abuser du blog de notre hôte, mais après tout, ceci n'est pas HS. En fait d'Echos, je n'ai lu que l'éditorial de Pierre-Angel Gay sur le sujet : http://www.lesechos.fr/info/analyses/4570395.htm
mais c'est probalement un naze, lui aussi ?
Rédigé par : cdc | lundi 30 avril 2007 à 16:29
Vous avez raison CDC, lisez les journalistes, ils en savent plus que les profs d'économie.
Pour de Boissieu, c'est page 7.
PA Gay, il est gentil, oui, c'est ce que Keynes appelait "la pensée du Trésor", dans toute sa splendeur. Il suffira de quelques ajustements structurels et tout ira bien.
Rédigé par : edgar | lundi 30 avril 2007 à 17:12
@edgar:je ne dispose que de la version e- des Echos et le texte de de Boissieu n'y était pas encore, d'où l'éditorial. Et je ne vois de nouveau pas de quoi faire démartialiser le propos de Hugues, mais pour se faire une opinion, c'est simple : http://www.lesechos.fr/journal20070430/lec1_international/4570210.htm
Quant à JM Keynes, après tout il visait le Trésor et n'a eu que le Bureau indien... Il ne l'a pas digéré !
Rédigé par : cdc | lundi 30 avril 2007 à 17:23
Ah oui, et puis, c'est vrai, je lis plus souvent les journalistes que les profs. Un éditorialiste des Echos, il en a lu, lui, des profs, et pas seulement des français, d'ailleurs. Ca existe, de bons journalistes, vous savez, il n'y a pas que des gratte-papier dans le métier.
Rédigé par : cdc | lundi 30 avril 2007 à 17:57
Comme on disait le fakir de l'Indre en 1981: "Vous avez économiquement tort car vous êtes politiquement minoritaire".
La seule différence, sur ce sujet, en NS et SR, c'est que lui sait, peut être, qu'il a tort et pas elle.
Rédigé par : Merlin | lundi 30 avril 2007 à 18:40
Edgar, Cdc,
Hum, c'est intéressant, ce que dit Boissieu de l'Allemagne dans l'article des Echos que vous citez :
"Le niveau actuel de l'euro n'affecte pas la compétitivité industrielle de l'Allemagne - il suffit de voir le niveau de son excédent commercial - alors qu'il gêne la France, dont il révèle les faiblesses à l'exportation. Déjà, avec un mark surévalué, l'Allemagne était une puissance fortement exportatrice grâce à une compétitivité structurelle élevée pour des raisons de positionnement sur les marchés internationaux, de gamme, et grâce à la densité de son tissu de moyennes entreprises performantes."
En d'autres termes, au lieu d'en déduire que la France doit réorienter ses exportations en fonction de la demande réelle et rediriger ses aides dans le sens d'une consolidation des PME permettant de développer l'équivalent du Mittelstand, il préconise de baisser les taux pour protéger des entreprises inefficaces...
Je ne suis peut-être qu'un gratte-papier mais je sais reconnaître une impasse quand j'en vois une.
Rédigé par : Hugues | lundi 30 avril 2007 à 18:46
Hugues, avec ce seul extrait vous faites dire à de Boissieu plus de choses que je n'en lis. Mais peut-être devrais-je rentrer chez moi.
N'allez pas croire que j'aie un quelconque mépris pour les journalistes, certains font du boulot brillant - et certains profs d'éco sont désespérants.
Il y a quand même des objectifs de long terme en matière de changes, qui devraient conduire à des ajustements par priorite du dollar, du yen et du yuan. Avoir construit l'euro, qui pouvait être une arme formidable pour forcer notamment les USA à rééquilibrer leur déficit commercial (jamais un mot là dessus chez les déclinistes, c'est comme Bruxelles, c'est toujours magnifique), et n'en rien faire, est une absurdité.
Maintenant il est bien connu que chanter notre propre nullité est un sport national, continuons donc.
Mais si l'euro atteint 1,70, sait-on jamais, changerons-nous de passe-temps ?
Rédigé par : edgar | lundi 30 avril 2007 à 19:20
Je comprend pas qu'à chaque fois l'on nous parle de l'Allemagne. L'Europe est un tout, avec des pays qui se spécialisent. On ne peut pas apprécier les effets de l'Euro en fonction des résultats du seul premier de la classe (dont par ailleurs la performance en terme de VA du secteur exportateur est plus que médiocre).
Le bilan de l'euro fort depuis 2001, c'est un solde extérieur nul malgré une croissance anémique et une demande extérieure forte. Et pour l'E27 qui forme un tout en terme d'arrimage des monnaies et de spécialisation, c'est le gros déficit.
NB: La banque centrale anglaise est certe indépendante mais n'à pas la responsabilité du taux de change qui est entre les mains du gouvernement (comme en zone euro à l'existence du pouvoir politique près).
Les résultats des Pays-Bas en matière d'exportations sont les plus mauvais de la zone euro. La VA dégagée par le secteur exportateur batave a baissé depuis 2000. Ce n'est plus que le port de l'Europe.
Les Belges, eux sont le réel premier de la classe européenne.
Le Japon a payé très très cher l'endaka. Les capitaux ont afflué, les bulles ont gonflé (on pouvait acheter les USA en vendant Tokyo) puis se sont dégonflées. Réduire au secteur automobile un phénomène qui a produit 15ans de quasi-dépression, c'est un peu abuser. D'autre part, la BOJ est par la suite devenue la championne des interventions sur le marché des changes.
Rédigé par : Eric Lauriac | lundi 30 avril 2007 à 20:28
@ Poil de Lama :
Vous écrivez :
"Je crains que la presse économique n'ait compris toute seule ce que tu feins d'ignorer, à savoir que Sarkozy redeviendra un ultra-orthodoxe de l'économie moderne dès que les électeurs auront le dos tourné (aux alentours du 1er juillet, donc)."
D'un certain côté je l'espère mais je crains que la presse économique ne se trompe.
On aurait alors un candidat qui a axé toute sa campagne sur la confiance, sur le fait que "je ne vous trahirai pas".... et qui changerai de fusil une fois son élection passée.
Mais dans ce cas, il décridibiliserait pour longtemps la politique et livrerait l'élection de la présidentielle 2012 à Marine LE PEN sur un plateau !
Je pense plutôt que la presse économique se trompe sur un nouveau "changement" de NS après les élections. :o(
Rédigé par : Laukar | mardi 01 mai 2007 à 02:49
Comme c'est un billet très long il traite plein de sujets à la fois ...
1) Le talent de M. Sarkozy pour apparaître "compétent" sur tous sujets en débitant avec aplomb des canulars plus-c'est-gros-plus-ça passe (ici sur le Royaume-Uni).
2) L'argumentaire "il y a des avantages à un euro fort" : évidemment. Nous sommes d'autant plus riches, avec nos salaires en euros, sur le marché mondial. Mais avec l'inconvénient symétrique : si nous sommes plus à l'aise pour acheter, c'est que nous sommes moins à l'aise pour vendre.
3) La question : y a-t-il un niveau idéal des monnaies ? correspond-il à la parité des pouvoirs d'achat ? j'aurais tendance à penser que oui (auquel cas l'euro est surévalué, ou "plutôt" le dollar, le yen et le yuan sont sous-évalués), mais à vrai dire je n'en sais rien. Y a-t-il une doctrine des historiens de l'économie sur la "plus saine valeur de la monnaie" ?
Rédigé par : FrédéricLN | mardi 01 mai 2007 à 08:27
Ne vous cassez pas trop la tête à propos de la parité €/$ et de ses conséquences, le but du billet de Hugues est de faire passer NS pour un démagogue, diabolisation soft de fin de campagne. Car il est trop bien éduqué pour entonner les refrains 'fascisation-droite dure-ultra libéral-brutalité-tyran' des TSS
Rédigé par : all | mardi 01 mai 2007 à 08:46
...Suite et fin :
Souviens toi de la campagne "demon eyes" contre Tony Blair
ah !ah !ah! ah!
Rédigé par : all | mardi 01 mai 2007 à 08:53
@frederic LN:
sur ton point 3, il est certain qu'il y a des réflexions sur les taux de change optimaux.
L'idée est que les variations de la valeur externe d'une monnaie doivent équilibrer sa balance des paiements.
A l'équilibre, on doit avoir globalement une parité de pouvoirs d'achat entre les monnaies : un même bien doit avoir le même prix partout après conversion.
Pour tendre vers cela, au moment de Bretton Woods, Keynes prônait l'instauration d'un étalon monétaire commun, le bancor, et de règles de rééquilibrage des balances commerciales dans les deux sens : les taux de change devraient être dévalués en cas de déficit, et réévalués en cas d'excédent. Il était très ambitieux de faire peser le rééquilibrage sur les pays excédentaires, keynes pointant ainsi que l'excédent n'est guère plus vertueux qu'un déficit, il signifie notamment que les salariés du pays concerné sont privés d'un pouvoir d'achat accru.
C'est, en 1944, le plan de l'américain White qui a été retenu, nettement moins ambitieux : le dollar comme étalon, et des obligations de rééquilibrage uniquement pour les pays en déficit.
Aujourd'hui, les ajustements reposent sur le marché (lorsqu'il joue, en Chine par exemple ce n'est pas le cas) et sur les réflexions plus ou moins coordonnées du FMI et du G8.
c'est certainement grossier, mais l'idée est là : il y a bien des taux de change d'équilibre.
Rédigé par : edgar | mardi 01 mai 2007 à 09:03
Je vous invite à compléter cette discussion par un petit tour chez mon camarade Alexandre (des Econoclastes), lequel s'est également penché sur la question de l'euro fort : les conclusions du gratte-papier et de l'économiste étant assez proches, félicitons-nous de l'indépendance de la BCE.
http://econoclaste.org.free.fr/dotclear/index.php/?2007/05/01/898-l-euro-est-il-trop-fort
Rédigé par : Hugues | mardi 01 mai 2007 à 18:29
Très intéressant en effet. Dans les commentaires, on trouve une référence à un papier de l'OFCE, signé Créel, Leroi et le Cacheux, qui contient ceci :
éL’euro n’est pas seulement une monnaie sans État. C’est une monnaie sans
souveraineté. Faute de gouvernement politique, l’euro ne sert pas le projet européen.
La responsabilité de facto univoque de la Banque centrale européenne à l’égard
de la politique de change européenne a conduit à une gestion contre-productive
de celle-ci, d’autant plus préjudiciable que les douloureuses transformations structurelles
induites par la mondialisation contemporaine appellent en retour, de la part
des politiques économiques, une facilitation et non un handicap supplémentaire.
Combinée à l’absence de stratégie de croissance commune et d’instruments de
coordination macroéconomique, l’auto-sanction européenne résultant d’une politique
de change accaparée par l’objectif de stabilité des prix, a donné lieu à la mise
en place de politiques de concurrence sociale préjudiciables à la croissance interne
et à la stabilité régionale."
Merci !
Rédigé par : edgar | mardi 01 mai 2007 à 22:48
Lien vers cet article dans mon blog
Rédigé par : Youp12 | mercredi 02 mai 2007 à 18:00
Bonus :
"la flambée de l'euro est une catastrophe", par Patrick Artus (un trotskyste inculte quelconque ?)
http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2218/articles/a343440-PATRICK_ARTUS__%AB_La_flamb%E9e_de_l_EURO_est_une_catastrophe.html
Rédigé par : edgar | mercredi 09 mai 2007 à 01:56