A l'homéopathie ségoliste, les Français ont préféré l'huile de foie de morue du bon docteur Sarkozy. Dont acte (médical). Mais gare à la chimio insidieuse...
A ceux qui s'imaginent que com-vat va se transformer, pour les cinq années à venir, en adversaire systématique et borné du sarkozysme, je préfère annoncer la couleur : il n'en est pas question. J'ai soutenu Ségolène Royal sans aucune ambigüité dès le début de la campagne d’investiture ; je continue à penser qu’elle est, jusqu’à preuve du contraire, la mieux placée pour conduire la new-labourisation du PS ; je suis même convaincu qu’un engagement véritable des donneurs de leçons de social-démocratie aurait pu changer le cours de l'histoire, mais je ne vais pas pour autant mettre mon cerveau entre parenthèses pour une demi-décennie (au minimum).
Nicolas Sarkozy ― je l’ai tellement rabâché que j’ai l’impression que mon clavier pourrait se débrouiller pour taper tout ça en pilote automatique ― n’est ni un fasciste, ni un danger pour la République, ni un terrible bushiste impatient d’expédier le Charles-de-Gaulle dans le golfe persique. Et pour cause : même George Bush n’est plus un terrible bushiste impatient d’expédier l’Abraham-Lincoln dans le golfe persique... Non, Nicolas Sarkozy est un homme politique de droite, un conservateur dont la vision du monde s’est construite entre Neuilly et le « bon » dix-septième arrondissement. Spontanément sensible au discours d’un patronat plus soucieux de préservation du statu quo et de protection contre la concurrence que d’innovation et de dynamisme, il a su colorer son programme d'assez de baratin « libéral » (au sens où les lecteurs en charentaises d’Investir sont « libéraux ») pour séduire Loïc Le Meur et passer pour un « moderne ». Mais au final, son cocktail ultra-classique de réduction d’effectif des fonctionnaires, de baisse des impôts et de renforcement des forces de police, bien qu’auto-contradictoire, ne me semble pas de nature à provoquer la panique chez les gens raisonnables.
Néanmoins, et à l’exception notable d’un Jacques Chirac, prince de la nullité et de l’ineffectivité, un type en lequel près de vingt millions de personnes ont cru bon de placer leurs espoirs est toujours susceptible de se transcender. La France n’est pas dans l’état lamentable que les petits télégraphistes de l’UMP se sont ingéniés à décrire ces derniers mois, certes, mais elle fait effectivement face à un certain nombre de défis (emploi, mondialisation, construction européenne, dette, éducation, recherche, sécurité, immigration...) ― défis que Ségolène aurait vraisemblablement pu relever avec davantage de doigté que notre nouveau, hum, président. Mais les électeurs s'étant laissés convaincre de la nécessité d’absorber, trois fois par jour, cinq ans durant, une cuillérée à soupe d’huile de foie de morue quand quelques granules Boiron pouvaient faire l’affaire, acceptons le verdict des urnes, comme on dit...
Nous voici donc forcés, avant d’en arriver à l’étape Blair, de passer par la phase Thatcher : la société va devenir plus dure, moins coopérative, plus inégalitaire, moins solidaire pendant quelques années mais les grands équilibres finiront par être rétablis lorsque la gauche, recomposée autour d’un projet clairement social-démocrate, reprendra la main sur une droite ayant achevé le sale boulot. Nous aurions pu, évidemment, nous épargner cette pénitence mais, comme le rappellent régulièrement mes camarades Econoclastes, there’s no such thing as a free lunch...
Car la gauche est-elle capable de remporter les législatives qui s’annoncent ? Et sa victoire est-elle même souhaitable en l’état ? Au lendemain de l'élection présidentielle, je suis tenté de répondre non ― deux fois non. Il est probable de voir le PS exploser dans les jours qui viennent sous les coups de boutoirs des revanchards et des archéos, lesquels expliqueront à leurs clientèles respectives que Ségolène n’était pas assez centriste ou, au contraire, pas assez radicale. Une synthèse de fortune peut toujours, bien entendu, être bricolée en quelques jours, mais je vois mal comment les égos et les stratégies des uns et des autres pourront être conciliés au-delà de ce colmatage. Et quel serait le sens, dans ce contexte, d’une majorité socialiste à l’Assemblée, au-delà du bordel et de l’immobilisme découlant d’une nouvelle cohabitation ?
Bon petit soldat, je voterai tout de même pour mon camp en juin prochain, mais je le ferai par loyauté plus que par conviction. Pour le reste, je tâcherai de conserver à blog le ton ouvert et non dogmatique qui, je crois, est le sien depuis l'origine. J’avalerai donc, consciencieusement et si elle se révèle efficace, l’horrible potion du docteur Sarkozy, mais je ne me priverai évidemment pas de dénoncer, aussi souvent que nécessaire, l'éventuel recours à la chimiothérapie pour le traitement d’un rhume. En ces temps de contrôle des dépenses de santé, c’est bien la moindre des choses, non ?
© Commentaires & vaticinations
Tout cela n'est pas mal écrit, mon bon Hugues. Mais il aurait peut-être été élégant (voire intellectuellement honnête) d'admettre que les revanchards et les archéos ne sont pas les seuls à s'être trompés dans leurs analyses. Toi aussi, mon grand, tu t'es planté, et dans les grandes largeurs, excuse-moi d'avoir la cruauté de te le faire observer vu que tu n'as pas l'air de vouloir le faire tout seul...
Rédigé par : Poil de lama | lundi 07 mai 2007 à 15:16
As usual on est d'accord sur un certains nombre de points, sauf un !
tu as bien sûr lu le social-traitre Dupin ?
http://ericdupin.blogs.com/murmures/2007/05/sgocentrique_ro.html
Rédigé par : Eviv Bulgroz | lundi 07 mai 2007 à 15:42
les rumeurs sur Jean-Marie Bockel commence à m'inquièter sérieusement.
Rédigé par : mrk | lundi 07 mai 2007 à 16:21
Cher Hugues,
Peux-tu nous dire où tu as acheté ta super nouvelle boule de cristal ? :
"la société va devenir plus dure, moins coopérative, plus inégalitaire, moins solidaire pendant quelques années".
Hugues, tu nous sers là de l'idéologie bien grosse en bloc ! Tu connais le résultat avant même d'avoir vu le problème on dirait !
Si les choses sont si simples, je me demande pourquoi 53% des Français ont été aussi idiots pour voter pour une société plus dure...
Je ne sais pas non plus dans quelle France tu habites aujourd'hui, mais la France que je connais, celle d'aujourd'hui, est déjà une société dure, inégalitaire, et ni plus ni moins "cooperative" et "solidaire" qu'une autre société... Là encore tu fais preuve d'esprit idéologique en sous-entendant que la France d'aujourd'hui est super égalitaire, pas dure, etc...
Enfin, je crois que ton rêve de PS blairiste s'appelle aujourd'hui François Bayrou... et que le PS tel qu'on le connait est bel et bien mort.
Les législatives devraient nous le confirmer.
Rédigé par : Jules | lundi 07 mai 2007 à 16:24
Poil de lama,
Je me suis planté ? Vraiment ? Et comment ça ? En considérant que la victoire de Ségolène était possible et en utilisant ce blog pour convaincre ? C'est ça se planter ?
Eviv,
Hum, à ton avis, j'en pense quoi de ce qu'il dit ? On dirait du DSK amer et buté.
Mrk,
Je n'y crois pas mais, comme dit Poil de lama, je peux me planter.
Jules,
Je vends moi-même ces boules de cristal. Adresse-moi un chèque de 575 euros TTC seulement et tu recevras ta boule par retour de courrier.
Tu devrais savoir dans quelle France plus dure et plus inégalitaire je vais devoir habiter puisque c'est justement là que tu habites... Mais attention, c'est toujours les gentils qui gagnent à la fin.
Rédigé par : Hugues | lundi 07 mai 2007 à 16:45
" Bon petit soldat, je voterai tout de même pour mon camp en juin prochain, mais je le ferai par loyauté plus que par conviction."
Ben moi je pense que je vais tenter l'aventure MD aux législatives.
Sinon, d'accord sur l'état du PS actuel, d'accord pour dire que DSK méritait quelques claques hier soir, d'accord enfin (c'est un peu tard, mais bon) pour dire que Ségolène était la meilleure candidate possible et ques les deux autres auraient très probablement fait moins bien.
(Ah et ayant peu de gout pour l'huile de foie de morue j’ai tenté de la diluer dans une grande quantité de bière ; c'est assez efficace sur le coup mais la tête me fait un mal de chien aujourd'hui.)
Rédigé par : aymeric | lundi 07 mai 2007 à 17:04
Plus dure, sans doute, plus inégalitaire, certainement, et il est parfaitement imaginable que 53% des Français soient en faveur d'une France de ce type. Ce serait 80%, on se poserait des questions, mais à ce niveau, c'est très cohérent. Attention : plus dure et plus inégalitaire (dans le sens -) pour les autres, évidemment. En ce qui me concerne, je ne suis d'ailleurs pas un forcené de l'égalitarisme.
Le problème avec le scénario Thatcher/Blair, c'est que Thatcher a fait le sale boulot de virer des gens comme Scargyll, qui n'ont pas leur équivalent chez vous. Pour en rester aux médocs, Thatcher a administré une fameuse purge, de celle qu'on trouve chez l'oncle Sagamore... Reconnaissez tout de même que quand elle est partie, le pays était dans un sale état ; et je me méfie de la politique du pire.
Enfin, voilà qui est fait, et je me console en me disant que quand j'étais gosse, j'aimais bien l'huile de foie de morue. De gustibus...
Rédigé par : cdc | lundi 07 mai 2007 à 17:21
Je sympathise avec l'attitude annoncée par le billet et constate qu'ici non plus, l'idée qu'une victoire était possible "à l'italienne" n'effleure pas l'analyste.
Tout de même, deux objections :
"quelques granules Boiron pouvaient faire l’affaire" : eh non, elles ne l'auraient pas fait. L'Etat est enfoncé jusqu'aux oreilles dans le XXème siècle quand la société est dans le XXIème. Ne me demande pas pourquoi elle a nommé un orléano-bonapartiste tendance 1860, toujours est-il que la social-démocratie façon 1959 n'aurait en rien amélioré la situation du pays.
"une droite ayant achevé le sale boulot" [d'ici 2012] : si "sale" veut dire nécessaire, il fallait voter Sarkozy. Si "sale" veut dire nuisible et mal fait, je crains qu'il ne soit pas achevé en 2012 : plus on défait, plus il reste de travail à faire ...
Rédigé par : FrédéricLN | lundi 07 mai 2007 à 17:55
Oui-da, présenter jusque dans les tous derniers jours la victoire de Ségolène comme possible, c'était en effet se planter dans les grandes largeurs, et je suis un peu consterné qu'il soit nécessaire de te l'expliquer. Car 53-47, ce n'est pas une victoire ratée à un poil près, c'est une défaite d'une parfaite netteté. Si tu ne trouves pas ça assez clair (qu'est-ce qu'il te faut), reparlons-en le mois prochain, quand la chambre bleu horizon aura été élue.
Mais surtout, il s'en faut de beaucoup que tu te sois limité à présenter la victoire de Ségolène comme possible. Il n'y a pas si longtemps, tu la présentais bel et bien comme acquise (et je me souviens très bien de t'avoir à l'époque invité à un peu de modestie). Moi, j'appelle ça se planter.
C'est d'ailleurs un péché bien véniel. Mais un peu de lucidité a posteriori pourrait peut-être servir dans les combats à venir.
Rédigé par : Poil de lama | lundi 07 mai 2007 à 18:00
A propos de new-labourisation, Nicolas et le peuple français ont l'bonjour de Tony... http://www.koztoujours.fr/?p=300
Il semble qu'il compte surtout sur Nicolas, lui...
Oui, je sais. Je suis d'humeur badine. Et c'est indécent. J'en culpabilise beaucoup.
Rédigé par : koz | lundi 07 mai 2007 à 18:11
" Nous voici donc forcés, avant d’en arriver à l’étape Blair, de passer par la phase Thatcher ". A voir les sourires presque joyeux de Mme Royal hier, on comprend que la satisfaction de son égo et de son ambition, (2012) comptait plus pour elle que le sort de la France, des démunis, des banlieues oubliés, de ceux qu'elle prétendait défendre. Mme Royal ne voulait pas gagner. Elle voulait que le vilain Sarko fasse le sale travail pendant cinq ans, à la Tatcher, avant de rafler la mise au scrutin suivant, comme Tonny Blair. Merci.
Rédigé par : Pierre | lundi 07 mai 2007 à 18:39
Tu prends l'analogie de l'homéopathie, notoirement inefficace et scientifiquement prouvée comme tel ; par ailleurs spécialité française que seul le lobbying des laboratoires idoines permet encore de rembourser (en partie) malgré les avis de l'académie de médecine et n'ayant jamais subi les tests auxquels sont soumis les autres médicaments remboursés.
Sur le fond, « guérir par les semblables » est une lubie créée de toutes pièces par Hahnemann au XVIIIéme siècle, pseudoscience et faux savoir. Aux dilutions extrêmes des préparations homéopathiques et au de là de 15CH il n'y plus une seule molécule du principe restant dans l'excipient.
L'homéopathie prétend guérir des maladies qui sont en fait des affections bénignes et permet à chacun des utilisateurs du remède de prescrire et jouer au médecin en avalant ou faisant avaler des boulettes d'amidon magiques.
'tain ton gosse tousse donne lui occilococcinum (foie de canard pourri dilué à 10-23) tu verras ça ira mieux.
Et quand il est vraiment malade, on court vite le faire soigner chez un vrai docteur ; et si c'est une bronchiolite, vite, vite, à l'hôpital.
Rédigé par : all | lundi 07 mai 2007 à 18:52
Hugues, on pense la même chose à peu près. Moi je voterai MD aux législatives.
Rédigé par : lisette | lundi 07 mai 2007 à 19:00
Un peu de provincialisme :
Hugues n'était pas utopique dans son engagement puisqu'en Bretagne Ségolène devance Sarkozy avec 52,62% contre 57,38% du fait d'un bon report des voix centristes, de l'extrême gauche et des écologistes. Même des villes comme Quimper ayant un maire UMP ont voté majoritairement Royal!
Le Morbihan, seul département breton à mettre Sarkozy en tête, l'a fait avec parcimonie 51,12%, les centristes ayant moins qu'ailleurs reporté leurs voix sur le candidat de l'UMP : Vannes fief traditionnel de la droite fait avec 52,85% moins bien que le score national et à Lorient Ségolène arrive très largement en tête avec plus de 55% pour Ségolène, bien que le candidat UDF aux législatives ait, sans attendre l'avis de Bayrou, annoncé son ralliement à Sarkozy.
Les commentaires demandent donc à s'affiner et un regard sur la sociologie des électorats est intéressant :
Le 27 avril une enquête menée par IFOP pour le JDD et M6 sur les intentions de vote au deuxième tour donne gagnant Nicolas Sarkozy, avec 52,5% contre 47,5 pour Ségolène Royal, avec 9% d´indécis. Le résultat le plus surprenant de cette étude ne tient pas à ce chiffre, mais au détail de la répartition des votes par tranches d´âges.
Ventilation par classe d´âge du vote Royal
18/24 ans 53%
25/34 ans 54%
35/49 ans 56%
50/64 ans 51%
65 ans et plus 25%
La comparaison avec une étude de l'IFOP à la sortie des urnes du deuxième tour est intéressante
Ventilation par classe d´âge du vote Royal
18/24 ans 58%
25/34 ans 43%
35/44 ans 50%
45/59 ans 55%
60/69 ans 39%
70 ans et plus 32%
Les retraités ont un peu moins voté Sarkozy, mais il leur doit quand même largement sa victoire amplifiée avec le retournement de la tendance chez les 25/34 ans dont j'attends qu'on m'explique le pourquoi de ce choix tardif
Rédigé par : Bruno | lundi 07 mai 2007 à 20:05
Je vous recommande d'aller faire un tour sur le site www.voizon.fr qui est une sorte de république de dégénérés consanguins tout à fait réjouissante... Une alternative ?
Rédigé par : christine | lundi 07 mai 2007 à 20:05
désolé il faut lire 52,62 contre 47,36...
Sarkozy serait-il le génie de mon clavier?
Rédigé par : Bruno | lundi 07 mai 2007 à 20:07
Bruno,
Oui, j'ai vu ça. Cette belle carte uniforme de la Bretagne avec une terrible zone d'ombre. C'est la honte pour le Morbihan. Je renonce à ma nationalité !
Rédigé par : Hugues | lundi 07 mai 2007 à 20:57
@jules
"Si les choses sont si simples, je me demande pourquoi 53% des Français ont été aussi idiots pour voter pour une société plus dure..."
Dans l'Ancien regime et la Revolution, Tocqueville decrivait deja la France comme "indocile par temperament, et s'accomodant mieux toutefois de l'empire arbitraire d'un prince que du gouvernement regulier et libre des principaux citoyens". (cite par Thomas Philippon dans "le capitalisme d'heritiers", ouvrage que je ne peux que recommander comme piste de reflexion). Cela fait 10 ans que les journalistes et chroniqueurs nous racontent que la France va mal, qu'elle est en declin, qu'elle n'est pas adaptee au monde moderne, qu'on ne peut pas la reformer... Certes, c'est en partie vrai, mais il est faux de dire qu'il n'y a eu aucune evolution en France depuis 10 ans. Ca n'incite pas non plus a entreprendre et a se bouger, et ca devient ainsi de plus en plus auto-realisateur... Pour citer Tocqueville encore "Ce ne sont pas les paysans, les bourgeois, les boutiquiers seulement, qui, pourvu qu'on leur assure la tranquilite et la vente de leurs denrees ou de leurs marchandises, sacrifient avec plaisir la liberte, la dignite et l'honneur de leurs pays" (tire d'une lettre ecrite peu apres le coup d'Etat de Louis-Napoleon Bonaparte, cite par A. Jardin dans sa biographie de Tocqueville). Je n'entends pas comparer Sarkozy a Louis-Napoleon, et je suis d'accord avec la description d'Hugues sur Sarkozy. Mais cette phrase est la pour rappeler que "liberte, egalite, fraternite", c'est bon pour les frontons des mairies, l'histoire de France n'est pas si simple, mais aussi que les gens font des choix en fonction de leurs positions et de ce qu'ils attendent d'un nouveau regime, pas en fonction de grands principes, meme s'ils peuvent s'en mordre les doigts. Je ne crois pas non plus au determinisme historique, chaque electeur a fait son choix en fonction de ses criteres, choix qu'il considere comme le meilleur, mais je pense qu'il y a des constantes malgre tout : l'homme providentiel est un vieux classique de la vie politique francaise, le changement de regime aussi (meme si Sarkozy est oppose au changement de constitution, il promet la rupture et le changement de mentalites), et probablement un certain gout pour l'autoritarisme et le paternalisme (cf a nouveau l'ouvrage de Philippon pour son influence nefaste sur l'economie), ...
Une raison qui explique le bon score de Sarkozy : jusqu'aux electeurs de 60 ans, de moins de 60 ans sont a peu pres bien repartis entre Royal et Sarkozy. Au dela de 60 ans (soit 20% de la population, et ce sont donc les baby-boomers), ils votent massivement (chez le sondage sorties des urnes d'IPSOS, c'est 60 % et plus) pour Sarkozy. La aussi, c'est une constante sociologique, qu'Ellul decrivait deja en 1966 (donc avant 1968) dans son exegese des nouveaux lieux communs. Apres avoir cru pouvoir changer le monde, chaque generation en veillissant se met a hair la suivante pour ne pas se hair elle-meme de ses echec, tout en pretendant lui faire une petite place et placer en celle-ci l'espoir du changement. Et je pense que le gouvernement
va plutot s'en occuper de cette generation (c'est pourquoi il va etre interessant de voir quelles vont etre la future politique de sante par exemple).
Au final, je pense qu'il y a dans cette elections un certain nombre de constantes qui ont plus a voir avec la sociologie qu'avec l'intelligence ou l'idiotie supposee des electeurs, quelque soit les qualites et defauts des candidats et leur capacite (inegale ici) a faire campagne.
Rédigé par : Antoine | lundi 07 mai 2007 à 21:28
Royal aura-t-elle le bon goût de bien vouloir assumer une partie de son échec ? Je crains qu'à ses yeux, l'intérêt du pays, de ses électeurs, voire même, celui de son parti soient de peu d'importance en regard de son amour-propre.
Qui votera désormais Royal n'est pas socialiste, à Melle ou en Poitou-Charentes.
Rédigé par : Passant | lundi 07 mai 2007 à 22:17
@Hugues
A tous les coups tu gagnes :-).
Sego a été investi sur un argument unique : elle doit gagner contre Sarko et c'est la seule capable de cet exploit.
Aucun discours concurrent ne fut réellement toléré (je te raconterais si tu le désire le comment dans ma section), chacun, dans la grande diversité du PS se reconnaissant dans le flou de la dame.
A aucun, mais aucun, moment elle ne fut en position de menacer même de loin Sarko, sa mauvaise campagne provoquant même l'emergence du vote Bayrou. Je ne connais que vraiement peu de gens qui ont voté pour elle par adhésion...
Et maintenant que l'echec est puissant, cuisant (perdre contre quelqu'un d'aussi peu populaire que Sarko !) que la "bataille idéologique" est perdue (qui peut expliquer en quoin sego est de gauche, voire ce qu'rest maintenant la gauche ?) et bien il faudrait accepter la prééminence de celle qui en porte (au moins une large part de) la responsabilité ?
N'est ce pas un peu facile ? Y en a marre de l'immobillisme à la Hollande ? N'y a t'il pas, au contraire une formidable fenétre de tir ?
Rédigé par : Eviv Bulgroz | lundi 07 mai 2007 à 22:19
"comme disent mes camarades Econoclastes, there’s no such thing as a free lunch..."
Oh, oui, c'est ce que nous disons. Mais précisons que :
1 - le contexte est généralement différent
2 - il ne faut pas en conclure pour autant qu'il faut payer le repas plus cher que ce qu'il ne vaut.
3 - bref, on verra bien...
Rédigé par : éconoclaste-sm | lundi 07 mai 2007 à 23:48
"les grands équilibres finiront par être rétablis lorsque la gauche, recomposée autour d’un projet clairement social-démocrate, reprendra la main sur une droite ayant achevé le sale boulot."
avec ça tu enterres la gauche pour pas mal de temps. n'y perds pas ton temps, adhère directement à l'UMP ce sera plus efficace. Tu pourras plus facilement y apporter le petit supplément d'âme à quoi tu réduis la gauche.
Tu fais un parallèle avec l'enchaînement Thatcher puis Blair, dont on voit assez tout le bien dont pensent aujourd'hui les britanniques.
Pour finir, je te rassure, tu as toujours un ton ouvert et non dogmatique. Avec la droite libérale. Avec ce qui est un poil plus à gauche, c'est plus difficile.
Bien cordialement.
Rédigé par : edgar | mardi 08 mai 2007 à 00:34
Blair a duré 10 ans, c'est un phénomène universel que l'usure du pouvoir ; et les dernières élections ont bien montré que le parti travailliste n'était pas aussi au bout de son rouleau que certains voulaient le dire. Et le Royaume Uni est dans une forme éblouissante (sauf pour le réseau ferré...), allez-y faire un tour, Edgar.
Rédigé par : cdc | mardi 08 mai 2007 à 09:42
J'aime beaucoup, cher CDC, le sous-entendu implicite : les gauchistes un peu critiques sont des troglodytes.
Londres est une ville fascinante, ok. Le reste du Royaume-Uni est déjà moins flambard.
Jetez un oeil chez moi aux notes sur "le royaume enchanté de tony blair", il y a quelques données intéressantes.
Rédigé par : edgar | mardi 08 mai 2007 à 10:07
"A l'homéopathie ségoliste, les Français ont préféré l'huile de foie de morue [...]"
l'homéopathie, dont les magazines scientifiques dénoncent le côté charlatanesque, l'huile de foie de Morue, pleine de bons omega 3 et de vitamines, que doit-on en conclure ?
Rédigé par : âne | mardi 08 mai 2007 à 14:03
Le soir des résultats Ségolène, Dray et Bianco pensaient semble t-il que nous avions gagné... Je trouve cette attitude étrange.
Mon analyse est celle développé par Mosco plus que par Dray, qui impute une part de la défaite à la moins forte mobilisation et cohésion du PS.
Non, il y a un handicap propre au PS, qui n'avait pas une ligne idéologique claire et cohérente, et un projet encombrant. Mais aussi des critiques propres à la campagne, à la candidate...
SEGOLENE ROYAL a été notre candidate. Je ne vois pas en quoi sa défaite démontre sa capacité à mener le parti, comme l'affirment certains. La campagne était difficile, elle a été menée de manière cahotique, même si la candidate a su montrer sa capacité d'initiative et son pragmatisme entre les deux tours.
DOMINIQUE STRAUSS-KAHN a contribué à la dynamique en menant plus de trente meeting de soutien qui ont surement pesé pour la qualifier au premier tour. Il a une aura et une crédibilité forte chez tous les réformistes. Il a donc sa place dans le mouvement qui va se définir.
Mais peut m'importe pour l'instant, il ne s'agit pas de personnes. D'ailleurs, si Ségolène crée un courant, libre à elle, après les législatives. Et Bianco, Savary ou Airault peuvent prétendre reprendre le flambeau ségoléno-réformiste. Mais Ségolène avait elle-même dit qu'elle assumerait la responsabilité de la défaite comme de la victoire.
Pour les LEGISLATIVES, il me semble qu'un consensus mou conduira à une défaite sévère.
Seul un consensus de combat éventuellement peut sauver les meubles, mais je n'y crois pas trop, une nouvelle direction de rénovation soft rapidement, de transition (rebsamen, Ayrault).
Quand on voit les sondages sur les législatives, on constate que le PS fait bien plus au premier tour que ce qu'il a fait à la présidentielle malgré le vote utile.
C'est en ça que je dis que LE FACTEUR SEGOLENE ROYAL a plutôt pesé négativement que positivement électoralement. Par contre elle a réussi à mener, contrainte, une partie du renouvellement nécessaire.
L'idéal serait de trancher une ligne idéologique avant les législatives. Mais ce n'est pas possible. Donc peut-être que Ségolène a seule la légitimité de prolonger sa campagne par la rénovation des idées. Mais les gens n'ont pas votés contre elle d'abord pour l'avoir premier ministre ensuite.
Donc surement a t'elle un rôle à jouer dans l'impulsion de la rénovation, tout en s'effaçant au profit d'autres personnalités dans l'hypothèse de la victoire.
Rédigé par : jani-rah | mardi 08 mai 2007 à 14:26
Qui a écrit:
« Ségolène Royal doit proposer une alliance à Bayrou »
« Sarkozy a fait une excellente campagne. Il a réussi à réunifier la droite et à devenir incontournable. Ce n'était pas évident, car il était considéré comme un intrus par quantité de gens de droite ».
« On n'aime pas Ségolène avec ses tripes mais on peut l’admirer avec sa tête. Elle a fait la meilleure campagne possible dans les conditions innommables où on l'a placée. On lui a tout fait. Elle a dû s'imposer elle-même. Le parti ne voulait pas d'elle. Elle a aussi des torts. Elle n'avait pas de programme et pas de majorité. Elle n'a pas su s'adresser aux Français, elle s'est adressée aux minorités. C'est pas avec les communistes et les Verts qu'elle allait gouverner. Or, ce n'est qu'après le premier tour qu'elle a proposé une alliance à Bayrou. Dans ces conditions, elle est allée aussi loin qu'elle pouvait aller ».
« Le parti socialiste a passé deux ans à se chamailler avec l'extrême gauche, la gauche au sein du PS, etc. Ce n'est qu'à la fin qu'ils ont donné carte blanche à Ségolène. Et encore. Il paraît que le parti a fait campagne. Moi, je ne les ai pas vus, ici, non plus ».
« Il ne faut pas se prêter aux règlements de compte maintenant. DSK a été trop agressif dimanche soir et je le condamne. Certains responsables me paraissent déjà hors course par leur positionnement : Mélenchon, Emmanuelli et Fabius. Leur analyse est fausse depuis le référendum sur l'Europe. Fabius est complément largué. Qui après les législatives ? Pour le moment il y aurait Ségolène Royal médaille d'or et DSK médaille d'argent. Médaille de bronze Bianco ? Un quatrième comparse qui peut sortir? On a encore une chance sur quatre de les gagner, en offrant une vraie alternative de gouvernement. Ségolène doit proposer à Bayrou une alliance, avec un programme de gouvernement, dès que ce dernier a créé son Mouvement des démocrates. Des désistements entre le PS et son parti doivent être mis en place pour le deuxième tour des législatives. »
« Une alliance avec les forces de gauche uniquement ? Tout cela est obsolète. L'extrême gauche est stérilisée. Ces gens, il ne leur reste une seule chose à faire, rejoindre le PS à 45 ans, comme l'ont fait les 3 / 4 de ses dirigeants actuels. Les Verts peuvent encore remonter aux législatives, mais pas à leur niveau d'il y a dix ans. Quant au PC, c'est fini ! Ils ont changé le XXe siècle mais leur cycle historique est terminé. »
« Bayrou doit regagner en crédibilité : ou il franchit le Rubicon ou il rejoint la majorité actuelle. Il a quinze jours pour le faire. Son parti est trop écartelé et ses électeurs aussi.
« S'il franchit le pas, il sera inclus dans la majorité régionale. Aux législatives idem. Ce pourrait être un bon moyen de reconquérir les circonscriptions. »
Ma prochaine liste sera composée à 80 % de gens de gauche, PC et Verts compris, et pour le reste, je proposerai l'alliance au Mouvement des démocrates de Bayrou. Si cela gêne le PC et les Verts, ils n'ont qu'à pas venir, ils feront une liste à part. »
« On a raté la marche de la social-démocratie. Les Suédois, eux, l'ont franchie en 1932, les Allemands plus tard. Car, désormais, la social-démocratie est déjà terminée. Il faut passer à l'étape du parti démocrate américain, en regroupant le PS et le parti de Bayrou. Car, c'est inéluctable, on tend vers un bipartisme à l'Américaine. Sinon on repart pour 25 ans de pouvoir de Sarkozy et les siens. »
« Sarkozy a mis en avant les valeurs de la nation. Il a raison, ce sont les miennes aussi.
« Je me suis payé sa tête mais je l'ai toujours pris pour un type intelligent. Il a un certain ego. Mais qui ne l'a pas en politique ? Sarkozy est un vrai mec de droite. Un dur de droite. Tous les ouvriers qui ont voté pour lui vont s'en apercevoir dans les ans qui viennent. Ça ne m'empêchera pas de dormir.
Je suis un démocrate. Je n'ai pas voté pour lui, mais c'est mon président. Je viens de gagner un procès contre lui, j'aurais mauvaise grâce de lui en vouloir. D'ailleurs, je vais l'inviter officiellement pour évoquer les grands dossiers régionaux dont celui du TGV. »
QUI A ECRIT CES LIGNES DURES MAIS EXPERTES ?
Rédigé par : Fred Personne | mardi 08 mai 2007 à 18:17
Cher Hugues, un détail. La Citation que tu prêtes à Econonclaste est de Milton Friedman :-)
Rédigé par : Toréador | mardi 08 mai 2007 à 19:05
Je pense que ces chiffres parus dans Libération peuvent éclairer un peu le débat. En fait ce problème d'adhésion date des primaires du PS non ? http://www.liberation.fr/actualite/politiques/elections2007/252397.FR.php
Je ne crois pas que SR puisse continuer à incarner le leadership au PS.
Rédigé par : Matthieu | mardi 08 mai 2007 à 19:36
FOI DE MORUE!
Bravo Hugues pour le choix de cette image au message subliminal, où norvégien est accordé avec foie, et non avec huile. Or le foie appartient à la morue, pas à la Norvège. Ou bien par assimilation.
Moralité, la confusion idéologique mène à la grimace.
Rédigé par : Charles' | mercredi 09 mai 2007 à 01:41