Avec Bernard Kouchner et Martin Hirsch, je me sentais déjà tout chose. Mais avec Jean-Marie Bockel et Fadela Amara, le doute n'est plus permis : je suis « troublé ».
Laurent Fabius nous avait offert un excellent exemple, en 1985, de ce que peut être le doute en politique. Celui qui n'était pas encore le chef de file de l'aile marxiste-léniniste du PS, mais bien le crâne d'œuf juvénile et élégant sur lequel François Mitterrand tablait pour moderniser la gauche, avait en effet bruyamment évoqué son « trouble » devant l'invitation lancée par l'Elysée au général polonais Jaruzelski...
C’est qu’il n’était pas anodin, pour un président français, de recevoir cette caricature de despote militaire occupé à réprimer les rebelles de Solidarność. Et si la plupart des éléphants de l’époque avaient préféré faire le dos rond, l’ancien Premier ministre, lui, était sorti du rang pour exprimer son point de vue, lâchant le célèbre « Lui c’est lui, moi c’est moi ».
J’ai décidé de me montrer digne de Laurent Fabius et d’avouer, à mon tour, mon « trouble » à l’annonce de la composition du second gouvernement Fillon ― un trouble de nature fort différente de l’embarras fabiusien, évidemment, mais un trouble tout de même. Il est d’ailleurs probable de voir les plus orthodoxes de mes lecteurs se réjouir à la lecture de ce qui suit, mon tropisme droitier leur étant toujours apparu comme évident : un blairiste, favorable à la mondialisation et au jeu du marché mais se reconnaissant dans les propositions de Ségolène Royal... Qu’attendre d’un engin pareil ? Bah, pas grave. Je suis comme Michel Rocard, moi, et je ne permets plus à quiconque de venir me dire ce qui est ou n’est pas de gauche en fonction de je ne sais quel critère issu de je ne sais quel congrès ou manifeste !
Les nominations de Bernard Kouchner et de Martin Hirsch m’avaient déjà ébranlé. Et si je n’avais aucun doute sur les motivations médiocres d’Eric Besson, mon respect pour le fondateur de MSF et le président d’Emmaüs restait intact. Pour l’un et l’autre, et au-delà de la satisfaction personnelle et égotiste d'appartenir à un gouvernement, le désir d’être à la barre, d'abandonner le ministère de la parole au profit d’un ministère tout court n’était pas déshonorant. L’histoire nous dira s’ils se sont trompés mais, clairement, rien n’est joué.
Ce second lot de « personnalités de gauche » s’apprécie différemment. Kouchner et Hirsch étaient des francs-tireurs (et Jean-Pierre Jouyet un obscur technocrate, puisqu’il faut bien le mentionner), quand Jean-Marie Bockel et Fadela Amara sont deux « vraies » figures du PS à la ligne politique clairement identifiée. Social-libéralisme pour l’un, antiracisme pragmatique et totalement a-angélique pour l’autre, ils font incontestablement partie des acteurs politiques avec lesquels je suis le plus en affinité. D’où ce fameux « trouble ».
Evidemment, je reste capable de saisir les aspects purement stratégiques de Nicolas Sarkozy dans cette affaire. Le PS est à terre et distribuer ainsi les banderilles fait partie de son job profile. Mais l’arrivée de tous ces gens présumés sincères, affirmant sur tous les tons qu’ils se sont vus promettre de conserver les coudées franches ; entendre les réactions indignées des ambitieux droitiers restés sur le banc de touche... Simple machiavélisme ?
Je peux comprendre qu’un Bockel, fatigué de jouer les utilités folkloriques au PS, ait envie de passer à autre chose. Mais je ne me réjouis pas de la disparition, concomitante à son « exclusion de fait », du seul courant socialiste en prise avec le vaste monde. Je ne me réjouis pas non plus de voir l'animatrice de « Ni putes, ni soumises » considérer qu’il sera plus facile de faire avancer le schmilblick dans les banlieues chez Sarkozy que rue de Solferino. Bref, je me dis qu’il est bien dommage de voir s’exiler ces talents « faute de mieux ».
Je reste attentif, toutefois, à ce que ces défections provoqueront à l’intérieur du Bureau National ― l’instance, incidemment, que DSK vient tout juste de quitter, vraisemblablement pour se consacrer plus avant au développement économique de sa bonne ville de Sarcelles. Les réactions entendues ici et là, de Bartolone à Aubry (« Hum, ces gens ont toujours été de droite de toute façon ! », ne sont pas de très bon augure mais souvenons-nous que nous avons cinq ans, peut-être plus, pour renouveler la totalité des instances dirigeantes du PS et rafraîchir le fameux « logiciel ». Qui sait si l’ouverture ne fonctionnera pas, alors, dans l’autre sens, les talents « de droite » rejoignant, sous les lazzis de l’UMP, le premier gouvernement d’une gauche française aussi moderne qu’à l’aise dans ses baskets ? Qui vivra verra.
© Commentaires & vaticinations
Autant je pouvais comprendre Kouchner (l’attrait des paillettes, de la Jet Set, du Quai combiné au côté, c’est ma dernière chance d’être ministre), autant je ne comprends pas Bockel : il a accepté un secrétariat d’Etat à la francophonie et à la coopération (Hortefeux étant par ailleurs chargé du codéveloppement à quoi peut bien correspondre la coopération ?), autant dire un strapontin dérisoire assez loin de ses champs d’expression habituels.
D'un autre côté, le spectacle offert par le PS est affligeant : les vieux mâles sexagénaires blancs qui s’accrochent et empêchent tout renouvellement ne serait-ce que de génération, Hollande qui n’en finit pas de se féliciter de ses échecs et va continuer à mener le bal encore un an, les histoires de fesses à la une, tout ça est très mal parti.
Rédigé par : mrk | mercredi 20 juin 2007 à 12:19
Je suis également ébranlé par l'entrée de JM Bockel au gouvernement.
En octobre, R. Enthoven, au Rendez-vous des politiques sur Fce Culture, lui demandait pourquoi il ne passait pas à l'UDF, qui l'accueillerait probablement et lui donnerait plus d'espace politique qu'il n'en a au PS, où il est marginalisé. JM Bockel avait répondu qu'il restait attaché au PS par stratégie de fond : ses racines et ses convictions sont à gauche et il estimait plus fructueux sur le long terme de peser, à l'intérieur du PS, pour son évolution, que de le quitter.
Et voilà qu'il passe à la stratégie contraire, précisément au moment où, à mon sentiment, le PS va avoir particulièrement besoin de gens comme lui : "en prise avec le vaste monde", comme vous dites, et également porteurs d'une culture de dialogue.
Je ne m'en réjouis pas du tout.
J'espère qu'au moins la Coopération française en tirera des fruits, et avec elle, pour part, les relations franco-africaines.
Rédigé par : Charles | mercredi 20 juin 2007 à 12:29
Bonjour,
je suis moins inquiété que vous par l'ouverture n°2.
Après tout, ce n'est pas la crème des socialistes que Sarkozy ramasse, mais plutôt tout ce que le PS compte d'aigris et de vaniteux.
Si vous me permettez, je dois dire que je parle un peu du nouveau gouvernement sur mon blog, http://caveantconsules.blogspot.com/
A mon avis, je pense que la composition du nouveau gouvernement est fort médiocre, mais relativement secondaire, étant donné l'importance que prend une administration directement branchée sur l'Elysée.
Bref, de l'ouverture pour la frime.
Rédigé par : Scif | mercredi 20 juin 2007 à 13:09
Je comprends la lassitude d'un JM Bockel qui a obtenu 0.7% des votes militants au Congrès du Mans sur la motion qu'il proposait, de nombreuses personnes lui expliquant qu'elles étaient d'accord avec lui mais qu'elles allaient voter pour la motion majoritaire pour des raisons tactiques. Au bout d'un moment cela use. Et on n'a qu'une vie pour agir. par contre, le portefeuille parait assez dépourvu d'intérêt
Pour ce qui est de Fadela Amara, elle a pu faire le consta que le PS restait très paternaliste alors que le discours de Sarkozy sur la promotion du mérite est à certains égards très proche de celui de certains représentants des minorités visibles, qui veulent qu'on les juge sur les compétences et non sur la couleur de leur peau
La nomination de Rachida Dati et maintenant de Rama Yade n'est pas que de la poudre aux yeux, et ne serait ce que symboliquement, contribue à la lutte contre les discriminations
Rédigé par : verel | mercredi 20 juin 2007 à 13:38
La "récupération" de Fadela Amara est bien utile pour Sarkozy : semer la zizanie au PS et dans les mouvements associatifs anti-racistes, contre-balancer la présence de Boutin au gouvernement par celle d'une laïcarde de choc...
Elle tombe aussi à point pour éclipser un petit fait un peu passé inaperçu dimanche soir : l'élection pour la première fois, en métropole, d'une femme noire, George Pau-Langevin, sur une liste PS à Paris. Ancienne dirigeante du MRAP, elle vient elle aussi, comme Malek Boutih ou Fadela Amara, du mouvement associatif. Contrairement à Boutih, elle n'a pas été parachutée mais a pu se présenter dans la circonscription où elle militait depuis longtemps. Malgré la présence d'une candidature dissidente (par ailleurs également issue des "minorités visibles"), elle a été largement élue.
Et ce n'est pas tout : à Marseille, Henri Jibrayel, fils d'un immigré libanais, enfant des quartier nord, ancien syndicaliste et conseiller général des Bouches-du-Rhône, a été élu lui aussi sur une liste PS.
Comme quoi lorsqu'un parti de gauche s'en donne la peine, il peut faire élire des candidats à profils "différents". L'UMP s'est bien gardé d'envoyer au charbon Rachida Dati ou Rama Yade, que je sache... Leur nomination est le fait du prince, elle ne change pas d'un iota les mentalités du "peuple de droite".
Rédigé par : Irène Delse | mercredi 20 juin 2007 à 13:49
Mrk,
Sur Kouchner, ce n’est pas parce que tu entends répéter les mêmes banalités toute la journée qu’il faut t’en faire l’écho. Cette idée du jet-setter, d’où vient-elle ? Ou plutôt, en quoi Kouchner est-il plus ou moins jet-setter que n’importe quel autre politique français (compte tenu, bien entendu, des reserves que j’exprimais dans ma note précédente).
Son bilan, c’est la création de MSF, de MDM, son expérience ministérielle et son passage au Kosovo comme chef de la mission ONU... Excusez du peu. Quant à sa position sur le devoir d’ingérence, j’y souscris sans réserve. Mais je suppose que tu répliqueras qu’il a été pris en photo portant un sac de riz il y a 75 ans et que ça, mis en balance avec son parcours, bien sûr, ça casse tout... Et toi qui n’est pas jet-setter ou attiré vainement par les paillettes, qu’as-tu fais de ta vie ? Désolé pour l’agacement, mais bon...
Charles,
C’est ce que je dis : il va manquer. Il va donc falloir que je m’occupe de tout tout seul...
Scif,
Aigris et vaniteux ? Pas tous alors car il me semble que nous en ayons conservé quelques uns.
Verel,
Je suis presque d’accord, mais je reste circonspect. Il faudra bien quelques mois pour décider si cette ouverture est bidon ou pas. Pour l’instant, on est dans l’annonce et l’on peut bien accepter de ne pas faire de procès d’intention. Moi aussi je pense que le PS aurait pu pratiquer l’ouverture aux minorités que Sarkozy semble pratiquer (« semble », car Rama Yade, si elle a l’air plutôt calée, se situe plus dans la sarkolatrie que dans la réflexion politique, à l’inverse de Dati qui a plus de substance et qui devrait être au PS). Je regrette d’ailleurs que Malek Boutih ait toujours été cantonné aux questions de quartiers ou connexes. S’il y avait un gars à faire monter, c’était bien lui. D’ici à ce qu’il se retrouve chez Sarko...
Irène Delse,
Fadela Amara est-elle récupérée ? Est-elle suffisamment vaine et idiote pour ne pas voir ce que tu décèles aussi aisément ? Moi, en ce moment, j’en suis au doute, pas à ces certitudes.
Rédigé par : Hugues | mercredi 20 juin 2007 à 14:12
Présenter Fabius comme l'hydre de l'extrême-gauche marxiste-léniniste est, a été et sera toujours totalement ridicule. Puisque tu te souviens de l'époque où Fafa était un jeune Premier ministre, aie la bonté de me rappeler ce qu'il a fait à l'époque qui te permette de le prendre aujourd'hui pour Jules Guesde ou Rosa Luxembourg...
Personnellement moi-je, ça ne t'étonnera pas, je n'ai absolument jamais compris ce que Bockel foutait au PS. Jamais. Bockel n'est pas un blairiste, c'est un madeliniste de la plus belle eau. Si sa motion "robinet d'eau tiède" -- celle qui a fait 0,64% des voix au congrès du PS -- était en effet relativement modérée, le monsieur et ses partisans ont toujours tenu loin des micros des propos totalement hystériques contre le service public et l'économie mixte sous toutes leurs formes. Je n'ai donc pas le sentiment que ce monsieur "jette le masque": honnêtement, il ne l'a jamais porté. Si tu es sincèrement surpris de son positionnement actuel, eh bien j'ai le regret de devoir te suggérer de t'interroger sur ta propre lucidité, camarade!
Pour ce qui est de Fadela Amara, je pense que c'est différent, et que c'est tout simplement quelqu'un qui se trompe dans les grandes largeurs, mais qu'on peut très largement excuser en prenant en compte le fait que le PS n'a jamais rien fait de sérieux pour la promotion des minorités -- de sorte que même Sarko a l'air sincère sur la question, en comparaison de la bande de faux-culs qu'on appelle les éléphants. Cela dit, je pense que les écailles ne tarderont pas à tomber des yeux de cette femme sympathique et respectable, et que sa démission est une affaire de semaines; avec Azouz Begag, ils pourront alors fonder le club des cocus de l'intégration.
Rédigé par : Poil de lama | mercredi 20 juin 2007 à 14:18
Bizarre ce pétage de câble sur Kouchner. Je trouve simplement que c'est une personnalité assez ambigüe avec des aspects positifs et des aspects plus troubles aussi(de ses débuts au Biaffra jusqu'à son engagement en Birmanie en passant, en politique intérieure par son pas de deux PRG, Tapie et maitenant NS) Et en tout cas quelqu'un qu'on a le droit de critiquer voire de ne pas apprécier plus que ça.
Cela dit ma remarque portait plutôt sur Bockel et son strapontin anedoctique.
Rédigé par : mrk | mercredi 20 juin 2007 à 14:27
J'avoue que j'ai du mal à comprendre la logique de tout ça, et je trouve qu'on se moque un peu des électeurs. C'est un peu étrange d'être élu et investi par un parti (Bockel) et de rentrer dans le gouvernement des opposants de ce parti. Si Fillon critiquait les (premiers) ministres ne se présentant pas au suffrage du peuple, que penser de ceux qui s'assoient dessus pour retourner leur veste ? C'est tout aussi étrange de voir DSK déplorer la défaite de Juppé. Si on voulait alimenter le côté connivence entre les partis de gouvernement, voire "UMPS", on ne s'y prendrait guère mieux. Je ne suis pas du tout sûr que ce flou artistique soit très bon pour la démocratie.
Rédigé par : Tom Roud | mercredi 20 juin 2007 à 14:35
Poil de lama,
Je ne dis pas que Fabius est un born again ML authentique, je dis qu'il est convaincu que c'est en prétendant l'être qu'il se remettra en selle.
Quant au blairisme, disons simplement que tu n'y connais pas grand chose et que si tu lisais le livre d'Anthony Giddens dont je parlais l'autre jour, tes cheveux de néo-bayrouiste se dresseraient sur ta tête et tu te mettrais à hurler : "Quoi, ça du socialisme ! Salauds, salauds, salauds !" (mais tu peux me lire ça revient au même).
Enfin, Fadela Amera aura bientôt les yeux dessillés ? Tu es comme Irène plus haut alors, tu préfères la prendre pour une imbécile plutôt que pour une aigrie (cf. Scif) ?
Mrk,
Non non, pas bizarre du tout. Lorsque tu commences par postuler que le gars n’est qu’un jet-setter attiré par les paillettes, il faut que tu élabores. Dans le cas contraire, tu ne fais que poser une sorte de "vérité" préemptant toute analyse ou point de vue spécifique.
Et tu en rajoutes avec son « ambigüité ». Ok, argumente. Quant à « l’engagement » en Birmanie, on lui reproche un rapport controversé sur les salariés de Total dans ce pays. Je suppose que tu connais bien ce dossier, que tu as lu ce rapport, et que tu en connais les faiblesses coupables.
On peut critiquer tout le monde ici, mais avec des arguments, pas avec des lieux communs de ce genre. Chaque fois qu’un petit malin, voyant que je ne porte pas Fabius dans mon coeur, vient finement commenter sur le thème du sang contaminé, je vire le commentaire parce que c’est de la diffamation pure et simple ou, au minimum, de l’ignorance. On peut parler de celui-ci ou de celui-là, mais avec des ar-gu-ments.
Tom Roud,
Pour DSK déplorant la défaite de Juppé, je te suis à 100%. Ca donne surtout l'impression du cacique de gauche se projetant dans le sort du cacique de droite après avoir lui-même frôlé la défaite et déplorant la victoire de son propre camp.
Mais pour le reste, et je ne veux pas me faire l'avocat des transfuges, je pense qu'il faut leur accorder le bénéfice du doute et juger sur pièces. Les municipales ont lieu en 2008. Si les électeurs de Mulhouse ne sont pas contents de Bockel, ils l'enverront paitre.
Mais je n'en suis pas non plus à souhaiter la disparition du PS dans un grand UMPS. Au contraire. Je suis pour la rénovation du PS et sa transformation en un grand parti solide, capable d'affronter le monde et ses réalités.
Rédigé par : Hugues | mercredi 20 juin 2007 à 14:42
Irène Delse : je ne vois pas en quoi le "peuple de droite" aurait la moindre prévention à voter pour Rachida Dati, Rama Yade (ou Boutih s'il osait se départir du bien-pensisme PS). Par voie de sondage, il apparaît même que ledit peuple, malgré son racisme atavique et viscéral, est absolument enthousiaste de la première nommée.
Hugues n'est pas dupe, évidemment, de la dimension stratégique de l'ouverture number 2. Mais au-delà, ce qui est très positif pour le pays, c'est que cette deuxième vague d'ouverture va ancrer le gouvernement dans le réformisme pragmatique et modéré et nous prémunir contre la tentation un peu vaine de penser que le mieux, c'est d'être le plus à droite possible.
Rédigé par : François X | mercredi 20 juin 2007 à 14:48
Une tendance des temps ?
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-925810@51-925821,0.html
Rédigé par : aymeric | mercredi 20 juin 2007 à 14:56
D'accord avec toi, Hugues: il faudra juger sur pièces.
Le ralliement de Bockel aura eu au moins une conséquence réjouissante: les étranglements de fureur des élus UMP d'Alsace; ça au moins c'est rigolo.
Pour Fabius, j'attends encore l'explication de son "entre le marché et le plan il y a le socialisme". En attendant je ne peux pas le prendre au sérieux.
Sujet du jour qui me paraît plus important (et peut-être non sans rapport avec les nouvelles occupations de Bockel): que se passe-t-il avec Bongo et Nguesso ?
Rédigé par : melchior griset-labûche | mercredi 20 juin 2007 à 15:02
Je n'ai jamais dit que Fadela Amara était une imbécile plutôt qu'une aigrie, à vrai dire j'aurais plutôt dit exactement le contraire en ajoutant qu'il est fort compréhensible qu'elle soit aigrie (d'ailleurs, je ne serais pas étonné de l'être encore plus qu'elle).
Quant à Scif et Irene, eux c'est eux et moi c'est moi et je te serais reconnaissant de ne pas m'amalgamer à des gens à qui je n'ai pas l'honneur d'avoir été présenté -- mais cela dit je n'ai pas l'impression que ta critique soit tellement pertinente en ce qui les concerne non plus (je pense que tu as une légère tendance à confondre tes contradicteurs, et pas seulement par facilité rhétorique).
Quant à ton passage sur Blair (dont je te concède de bonne grâce qu'il ne m'intéresse pas autant que toi), je ne t'interdis pas du tout de me démontrer qu'il s'écarte encore plus des ornières du marxisme-léninisme que Bayrou, Bockel et Madelin réunis. Toutefois, je doute que ça me fasse hurler "salauds salauds salauds": il est assez rare que je traite les gens de salauds tant qu'ils ne tuent personne.
Il est hautement probable, en revanche, que ça me fera dire "faux culs faux culs faux culs": ce qui me gêne, ce n'est pas que les gens aient des convictions de droite, c'est seulement qu'ils essayent de nous faire avaler qu'elles s'inscrivent dans la continuité des combats de Jaurès -- ou même seulement de Lincoln.
Pour en revenir à çui dont on causait, je ne reproche pas du tout à Bockel d'exécrer l'économie mixte; je lui reproche de se prétendre le seul héritier légitime de Blum au nom même de cette exécration. Poussons-le encore un tout petit peu et il finira par nous dire qu'il a choisi Sarkozy parce que Fabius et Ségolène sont trop à droite pour lui... Or il y a des limites au tolérable en matière de foutage de gueule.
Rédigé par : Poil de lama | mercredi 20 juin 2007 à 15:23
Supposez un moment que vous ayez 35 ou 40 ans au PS, peut être en plus vous êtes "issus de l'immigration".
Vous pensez quoi? Vivement 2020?
Rédigé par : Merlin | mercredi 20 juin 2007 à 16:08
Je partage ton trouble. Je pensais que le premier lot c'était pour envahir le Soudan. Mais le second c'est plus bizarre...
Rédigé par : Stet | mercredi 20 juin 2007 à 16:27
J'avoue que je n'ai pas votre science des axes politiques et historiques de ceux qui dernièrement ont rejoint le gouvernement de Sarkozy (et non pas de Fillon)
Mais il y une chose qui me frappe, c'est que d'une manière, ou d'une autre toutes ces personnes ont eu un lien "personnel" avec Sarkozy. (Kouchner dinait fréquemment avec Sarkozy, Jouyent a travailler avec Sarkozy, Besson ets un presque proche de Sarkozy, Bockel connait Sarkozy depuis des lustres, ...) Il s'agit, je crois de relation d'humain, "envouté" par un personnage qui les fascine: Sarkozy. Ils et elles sont venus pour lui Sarkozy. Ils et elles ne se sentaient pas "considérés" à leur juste valeur au sein du PS, ou affiliés.
Au fond, aucun ne semble se poser la question, à propos du fameux "intérêt général", si ce sens véritable du collectif national n'a pas une place indispensable et primordiale dans une reconstruction d'une Gauche en marmelade.
En effet qu'est ce qu'un pays démocratique qui n'aurait qu'un groupe, ou qu'un seul parti? Plus que la Gauche, c'est la capacité d'opposition, l'équilibre démocratique qu'ils et elles fragilisent.
Ce type d'attitude ne mérite, à mon sens, aucune estime. Cela ne présage pas de leur capacité à faire avancer les dossiers. Mais assurément dessert l'intérêt général.
zeloise
Rédigé par : zeloise | mercredi 20 juin 2007 à 16:28
En ce qui concerne Kouchner, cet article d'Anne Vallaeys paru le 29/5 dans Libération
http://www.liberation.fr/rebonds/256659.FR.php
me parait une bonne synthèse de divers arguments qui relativisent son action. Cela dit, au risque de me répéter et de vous énerver d'avantage, c'est de Bockel dont je voulais parler : à quoi rime ce secrétariat d'Etat à la francophonie ? en quoi le fait d'accepter ce poste va lui permettre de faire progresser ses idées ?
(Et puisque vous semblez être un spécialiste de Kouchner (ce que je ne suis pas en effet je l'avoue) vous devriez veiller à ne pas confondre "devoir d'ingérence" et "droit d'ingérence" ce qui n'est pas tout à fait la même chose, non ?)
Rédigé par : mrk | mercredi 20 juin 2007 à 16:47
J'oubliais : Entre "paillettes" et "sang contaminé" il y a une marge. Je vous garantis que vu ce que j'ai "fait de ma vie" comme vous dites, je ne risque pas de confondre.
Rédigé par : mrk | mercredi 20 juin 2007 à 16:51
Je suis membre du groupe de pensée inspiré de Bockel au PS.
J'avoue être déçu.
Je pourrai reprendre tous les arguments que j'élevais contre l'entrée de Kouchner dans ce gouvernement.
Pire, Jean-Marie Bockel est un élu PS. C'est là une réelle trahison, de ses électeurs en premier lieu. C'est très grave je pense.
A titre personnel, je peux comprendre : une réelle opportunité de carrière, de visibilité et d'action dans une moindre mesure. Il sort du domaine politique, se justifie comme il peut.
Mais je ne l'excuse pas. Je ne continuerai pas à le suivre. On peut faire des choix, mais pas à ce moment, pas là. Faire-valoir d'un gouvernement de droite qui a remplis ses cases... jusqu'à ce qu'un accepte.
On brouille encore les cartes. Ce n'était déjà pas simple. On se roule allègrement dans la fange. Tout ça pour un poste peu politique.
R2 ? ...
Difficile à dire, abandonner les références à notre fondateur ? Se dissoudre ? Se transformer ?
En interne : se rapprocher de SD ou de Royal... Je ne sais pas. A titre personnel, chacun est libre de le faire. A titre collectif, si nous sommes un lieu de débat et de réflexion-production, cela doit être tranché : une base de production ouverte à tous, ou plutôt affilié à un courant qui nous semble le plus proche.
En l'occurence pour moi, celui de DSK, même si une alliance avec celui de Royal sera surement nécessaire et intéressante à l'issue du congrès sur des bases bien plus proches de nous qu'aux derniers congrès.
DSK n'abandonne rien, il se retire du BN pour laisser place à un jeune, c'est surtout symbolique du message de renouveau aussi générationnel.
Quant au Modem, je ne pense pas que cela soit le bon choix. Il refuse tout positionnement centre-gauche, pour rester dans une démagogie centre-centre; apolitique presque, technocratique, des spécialistes pour gouverner, des alliances texte par texte (chèque en blanc des électeurs..).
Je ne pense pas qu'il faille se couper de la gauche, dans un parti restreint et élitiste, sans moyens d'action, qui aurait trouvé la vérité qui ne souffre plus de compromissions...
Au contraire, le contact de la gauche du parti m'enrichit souvent, c'est souvent moins caricatural que l'on ne le pense. C'est là que l'on est utile, pédagogiquement aussi.
Enfin, ceux qui invoquent l'immobilisme du PS, ce n'est pas ce que je vois : de nombreux militants que je fréquentent, qui ont soutenu Ségolène par exemple et en ont épousé les visées réformatrices; ou encore chez des membres de Socialisme et démocratie , sont proches de nos idées. Tout est en train de changer, il y aura des déceptions et des réussites.
Ce n'est pas le moment de partir, de fuir, d'affaiblir les rénovations.
Rédigé par : jani-rah | mercredi 20 juin 2007 à 18:40
"un blairiste, favorable à la mondialisation et au jeu du marché mais se reconnaissant dans les propositions de Ségolène Royal... Qu’attendre d’un engin pareil ?"
Essentiellement, une éventuelle prise de conscience de certaines des possibles contradictions dans l'ensemble de vos positions : au pire, une aide à l'éventuelle prise de conscience de certaines de nos contradictions.
Rédigé par : Passant | mercredi 20 juin 2007 à 21:33
Ouf, Hugues !
Vous pouvez être soulagé : Ségolène Royal vient de déclarer qu'elle avait dit des bêtises, pour le SMIC à 1500 euros et les 35 heures, qu'elle n'avait pas réfléchi, tout ça...Finalement vous ne vous étiez pas trompé de candidate ! (à défaut de Jean-Marie Bockel, veux-je dire).
Toujours amusant de voir la future patronne du Parti socialiste courir après un Modem à 7%.
Ou alors, une suggestion : maintenant qu'elle a fait son Bad-Godesberg (comme dirait Alain Duhamel), pourquoi S.R. ne rejoindrait-elle pas le gouvernement Sarkozy ?
Il est encore temps, c'est encore tendance.
Rédigé par : manu | mercredi 20 juin 2007 à 21:47
sur les “minorités visibles ” bravo l’artiste: promotion de personnalités avec une effet “vues à la télé”, mais non élues…
rappellons quand même que le seul député noir élu depuis 50 ans à l’assemblée (en dehors des DOM) était kofi yamgam, du PS du morbihan, qui vient d’être rejoint par Mme pau langevin, du PS parisien.
l’UMP n’a pas été capable de faire élire (de donner une cirsconscription gagnable) un candidat issu de l’immigration black ou beur.
sur le gouvernement lui même j’entendais ce matin à la radio une remarque qui m’a semblé pertinente: pas de secrétariat d’état aux personnes âgées, alors que c’est un défi majeur des années à venir…*
on pourra y mettre yama rade quand elle se sera fâchée avec son collégue ministre de l’intérieur sur le traitement des immigrés…
*on a fait du "jeunisme", cest à la mode
quel est d'ailleurs le doyen? kouchner avec ses 67 ans?
Rédigé par : francis | jeudi 21 juin 2007 à 10:45
C'est très facile de se renseigner sur les péripéties de Kouchner en Birmanie. Le rapport est téléchargeable sur le site de Total. Il s'agit de déterminer si oui ou non il y a du travail forcé. Les conclusions de Kouchner sont teintées d'angélisme, les personnes concernées, elles, font des procès à Total quand elles le peuvent.
Je n'ai rien, à la base, contre Kouchner, mais ce rapport, que j'ai lu, ça me mine.
Désolée de ne pa "argumenter" Hugues mais je suis super fatiguée. faites l'effort d'aller lire ce document et de vous renseigner sur le contexte. Je vous assure que ce n'est pas agréable à lire.
Rédigé par : coco | jeudi 21 juin 2007 à 13:05
La vraie question est, au delà du symbole de telle ou telle nomination : pourront-ils réellement peser? Parce que la légitimité d'un gouvernement se tire de l'assemblée. Or ceux qui voteront le sprojets gouvernementaux ne seront pas le PS ni le MoDem, ni Les Verts, ni les communistes, mais les députés UMP. Je m'interroge donc sur l'utilité d'une telle ouverture... N'a-t-elle pas pour seul but de déstabiliser la gauche?
Rédigé par : le chafouin | jeudi 21 juin 2007 à 16:04