On dira ce qu'on voudra, there's still no such thing as a free lunch. C'est le moyen de paiement qui change.
Je viens de lire le petit essai de Denis Olivennes sur la diffusion des produits culturels à l'heure d'Internet (« La gratuité, c'est le vol ») et je dois dire que, si je suis à peu près d'accord avec sa thèse (s'il devient légitime de se procurer gratuitement un film ou une chanson, la création est ultimement menacée), je doute de sa capacité à en convaincre les foules.
Le patron de la Fnac s'agace de que la France soit aussi imperméable à cette évidence, à l’inverse des Etats-Unis, par exemple, qui assimilent placidement le téléchargement d’un morceau de musique sur BitTorrent au vol de sa version CD en magasin. Et il en conclut que c’est le biais archéoproudhonien de notre approche de la « Culture » qu’il convient d’incriminer, associer art et commerce étant chez nous perçu comme un crime contre l'âme humaine. Ses arguments ne me laissent pas insensible : le discours selon lequel l’art au sens large (très large même, puisqu’il s’étend du Gendarme à Saint-Tropez aux Variations Goldberg par Glenn Gould) n’est pas une marchandise et ne saurait être soumis aux terribles lois du marché est un classique. Mais je me permettrais de suggérer qu’il se fourvoie en associant le baratin théorique du Monde Diplo ou des Inrocks au comportement ultra-rationnel des ados qui téléchargent un tube de Mika après l’autre.
Quelle que soit la marge pratiquée sur la vente d’un disque ou d’un film payant, son prix sera toujours plus élevé que celui de son équivalent électronique gratuit. L’idée qu’il suffise de réduire cette marge à la portion congrue, histoire de rendre le produit le meilleur marché possible et de reprendre la main n’est donc pas valide, sauf à imaginer que l’exemple Radiohead puisse être reproduit à l’infini (ce que je ne crois pas, la notoriété initiale de ce groupe ayant été construite dans le monde réel, à la radio et dans les bacs des disquaires).
La question est donc moins philosophique que technique ou même bêtement marketing. Et il appartient effectivement à ces partenaires absolument indispensables de la création que sont les agents, producteurs, éditeurs, distributeurs, etc., de trouver les moyens de gagner de l’argent dans le monde qui vient. Mais je leur fais confiance, ils vont se débrouiller.
Il est toutefois amusant de signaler que la prose anti-gratuité de Denis Olivennes ne m’a rien coûté, où plutôt qu’elle ne m’a pas coûté d’argent. Son livre m’a été livré par coursier, avec une palanquée d’autres ouvrages « d’économie », en échange de la note que vous êtes en train de lire. Ou, plus exactement, en échange de la promotion du prix du livre d’économie organisé par le Sénat. Bon, le phénomène de l’envoi de bouquins en service de presse n’est pas nouveau et je mentirais en disant que, dans le cadre professionnel, il ne m’arrive pas de recevoir ceci ou cela dans la perspective d’une mention favorable auprès de mes lecteurs payants. Mais la fourniture gracieuse, par porteur spécial et en sus d’une invitation à un free lunch au Sénat, de ces dix kilos de réflexion sur papier à un blogueur devrait donner du grain à moudre à l’ami Olivennes.
Lorsqu’un créateur de contenu Internet gratuit (moi-même, ici même) se voir offrir un livre (normalement payant) dans lequel le patron du premier libraire de France vaticine sur le « vrai prix » de la culture, c’est bien qu’il se passe quelque chose de nouveau, mais ça n'est certainement pas l'indice d'un changement total de paradigme ― comme on dit désormais. Allez, encore une fois, la fin du monde n’est pas pour demain.
© Commentaires & vaticinations
Il y a un aspect du téléchargement qui reste une fois encore complètement mis de côté: la qualité du produit mis en vente. Je télécharge pas mal de choses, mais en général, je fini par acheter ce que j'ai téléchargé et ce malgré la possibilité d'avoir le produit pour rien. Je dis "en général" parce qu'il reste un certain nombre de cas où je ne passe pas à la caisse: quand le produit est introuvable en France ou quand la qualité (mauvais navet hollywoodien, bugs impardonnables dans un programme, etc...) ne justifie pas de dépense: je n'estime pas devoir payer pour les bévue du distributeur ou des créateurs de l'œuvre. On pourra toujours me rétorquer que je reste libre de ne pas regarder, écouter, utiliser des films, albums, programmes, jeux, de mauvaise qualité, sauf que la médiocrité du produit n'est pas forcément évidente avant l'achat, et que quelque part, je trouve que d'un point de vue plus général, l'idée que les marchands de mauvaise soupe se retrouvent à perdre leurs marges indues suite au dévelopement de bittorrent tiens un peu de la justice poétique.
Rédigé par : Laurent Weppe | mercredi 31 octobre 2007 à 12:19
Sur un grand nombre de sites de téléchargement gratuits, la publicité est à l'origine des recettes, autrement dit le consommateur paie en visionnant des pubs et en cliquant sur des liens. Pourquoi une partie de ces fonds ne seraient pas transférés vers les auteurs de matériel téléchargé?
Rédigé par : Damien | mercredi 31 octobre 2007 à 12:49
Sans me prononcer sur le fond du problème et uniquement en ce qui concerne la musique (pour le cinéma, c'est différent).
Votre phrase :"s'il devient légitime de se procurer gratuitement un film ou une chanson, la création est ultimement menacée" est bien évidemment fausse: l'immense majorité des artistes musiciens ne vivent pas des ventes FNAC de leurs albums (et je ne parle pas des groupes amateurs, mais d'artistes qui gagnent leur vie en composant des œuvres, en les jouant devant un public... et en espérant leur vendre des CD en sortie de salle. Les artistes vivants de leurs ventes de CD par la grande distribution sont aussi peu représentatif du mode de financement de la création musicale que Radiohead ne l'est de la faculté d'internet de générer des bénéfices substantiels.
En résumé, rien ne m'insuporte plus que ces patrons de Majors (ou ici la FNAC) se vantant d'être la seule source de financement de la création musicale alors que de toute évidence, les premiers promoteurs de cette création sont les propriétaires de salles de concert qui proposent à des artistes de gagner leur vie (plus ou moins bien) en faisant leur boulot: de la musique devant un public.
Rédigé par : JaK | mercredi 31 octobre 2007 à 13:58
Laurent Weppe,
Lorsque tu achètes une baguette de pain qui te déçoit, décide-tu que, dorénavant, tu la voleras ?
Tu peux trouver tous les moyens du monde pour justifier l'idée de ne pas payer pour quelque chose qui a coûté de l'argent et du temps, mais c'est toujours du vol. C'est juste qu'il est plus facile et moins risqué de télécharger que de piquer à la Fnac.
Damien,
Ok, mais si tous les biens "virtualisables" sont financés par la pub, à quoi sert la pub si elle n'a plus rien à vendre ?
Je suis convaincu qu'un nouvel équilibre finira par émerger, mais je ne pense pas que la pub soit la panacée.
Jak,
Oui, oui, le spectacle vivant, les concerts... Mais je constate que les gens, ces derniers temps, se plaignent énormément de l'augmentation du prix des places de concert en oubliant que ce que les chanteurs et musiciens ne gagnent plus sur les ventes d'albums (-20% par an en moyenne), il faut bien qu'ils le gagnent quelque part (on a toujours le droit de gagner de l'argent, hein ?).
Mais Olivennes, dans son livre, démolit cette fausse solution de manière amusante : si les chanteurs peuvent effectivement faire des concerts, que devront faire les réalisateurs et les acteurs de cinéma : du théâtre de rue ?
Et n'est-il pas légitime, même pour un musicien, de ne pas faire de scène s'il n'en a pas envie. J'ai cité, comme Olivennes, le cas de Glenn Gould qui n'aimait pas la scène. La musique enregistrée n'étant pas moins "valide" que la musique live, qui dira au musicien qui préfère travailler comme en labo qu'il a tort : le gars qui veut profiter de son boulot sans payer ?
Rédigé par : Hugues | mercredi 31 octobre 2007 à 14:22
Tu dis que gloser sur le livre de Denis Olivennes ne t'a pas couté d'argent. Cependant, il y a derrière ce billet la valeur ajoutée de ton travail et de ton talent, donc une donnée économique. De cette valeur du billet tu choisis de ne pas en retirer directement les fruits (ni AdSense, ni rémunération directe). Mais ta notoriété de blogueur est mesurable : livres gratuits, gueuletons au Sénat, show sur CNN, carnet d'adresses, porte grande ouverte chez les éditeurs, etc. sont autant de paiements.
Écrire ce billet est un acte économique qui comporte un cout et un bénéfice, le fait qu'il n'y ait pas de prix établi ni de virement d'espèces — je présume ;-) — ne change rien à la donne, est la preuve qu'un bien culturel puisse créer ou cocréer (cf la thèse d'Alban Martin) de la valeur sans fixation de prix préalable ni système de distribution accordé aux biens possédant une rivalité d'usage (cf la thèse du vol de baguette de Pascal Nègre). L'ado agent économique rationnel qui télécharge Mika le transfèrera via bluetooth sur le portable du copain devant la porte du collège ; la taxe sur la mémoire flash du téléphone devrait suffire à rémunérer l'artiste.
Je pense qu'Olivennes n'a toujours pas compris ce qu'est Internet ni ce qu'est un réseau.
Rédigé par : all | mercredi 31 octobre 2007 à 14:29
All,
Je ne suis pas rémunéré pour ce blog, et je ne le fais certainement pour les gueuletons (que j'évite d'ailleurs autant que faire se peut dans le cadre du boulot) et les livres en services de presse (que je reçois ou que je peux solliciter, toujours dans le cadre du boulot).
Je considère que je "fabrique" effectivement du contenu gratuit, accessible par tout un chacun pour peu qu'il ait payé son abonnement à Free ou à Neuf, qui sont les vrais profiteurs du système puisque (exagération intentionnelle -- ne saute pas au plafond devant tant de suffisance), c'est pour moi et pour ceux qui produisent du contenu gratuit que les gens utilisent Internet.
C'est aussi la raison pour laquelle je pense, toujours comme Olivennes, que la taxe universelle sur les mémoires flash ou les disques durs n'est qu'une immense usine à gaz collectiviste dont on imagine assez mal la répartition du produit vers les artistes. Imagine-t-on d'arrêter de payer les salariés et de demander aux entreprises de cotiser à une grande caisse nationale qui reverserait sa quote-part à chacun ? Certains l'imaginent, mais pas moi.
Rédigé par : Hugues | mercredi 31 octobre 2007 à 14:48
Olivennes, Sirinelli, Nègre, c'est surveiller et punir. Je suis un partisan de la licence globale de téléchargement pour le P2P, une idée plus libérale que collectiviste à mon avis. Une idée que les éditeurs ont conspuée, puis reprise sous la même forme dans les plateformes de téléchargement légal : téléchargement illimité contre forfait mensuel.
Contrôler, légiférer, sanctionner n'aboutira à rien
http://www.ratiatum.com/news5942_The_Pirate_Bay_cree_un_protocole_P2P_pour_remplacer_BitTorrent.html
Rédigé par : all | mercredi 31 octobre 2007 à 15:12
Hughes, la majeure partie des biens de consommation ne sont pas digitalisables, nourriture, logement, moyens de transport... En fait, si vous regardez votre budget, c'est plutôt évident.
Rédigé par : Damien | mercredi 31 octobre 2007 à 15:56
Telecharger un album ne revient pas exactement a le voler a la fnac, vu que ce n'est qu'une copie sans boitier, sans jacquette et sans cd imprime. Bref un prejudice deja moindre. Ca revient plus a le telecharger sur une plateforme payante ou li couterait moins chere qu'un cd sans le payer. Apres tout ce que je vole de creation musicale c'est ce que l'artiste touche sur sa vente d'un cd a la fnac, pas les marges des distributeurs.
Et puis les distributeur ou producteur (fnac, universal et compagnie) ont beau jeu de jouer les victimes mais je pense qu'ils sont un peu responsable egalement. Avec des budget publicite qui explose a tout va, des pubs partout pour le moinde cd de merde, de toute facon le consommateur qui n'est pas plus riche qu'avant ne pourrait pas acheter tout ce qu'il telecharge. Et si ils depensaient moins d'argent dans la pub peut-etre qu'ils pourraient proposer des albums mons chere. J'achete quelques vynils tout les moins, mais rarement pour un prix depassant les 10e et jamais pour plus de 14 ou 15e. Sachant que bien souvent j'ecoute le produit avant de l'acheter. Bon je pense que certains artisites peuvent se plaindre, mais qu'ils se plaignent aupres de leurs maison de prod et aupres des distributeur qui sont bien plus coupable que les internaute telechargeur. Si on remonte a quelques annes c'est bien l'arrogance de plusieurs grosses majors qui ne voulaient pas trouver un accord avec Napster considerant que cette histoire de p2p avait pas d'avenir qui les a foutu dans cette situation.
Rédigé par : bob | mercredi 31 octobre 2007 à 15:56
Hugues, si la baguette est rassie, je peux m'en rendre compte avant de passer à la caisse, si le contenu d'un DVD est mauvais, je ne m'en rends compte qu'après. De plus, un boulanger infichu de produire du pain de qualité ne restera pas longtemps ouvert, alors qu'un producteur de navet du genre Sony Pictures peut présenter un chiffre d'affaire de plusieurs milliards à coup de resident evil en série. À mon avis, la plupart des produits pouvant être téléchargés illégalement ne risquent pas grand chose s'ils sont de qualité, parce qu'en grattant un peu, on se rend vite compte que bon nombre de "pirates":
1. Finissent par acheter dans le commerce ce qu'ils ont téléchargé
2. À supposer que leur choix soit limité à payer ou ne pas consommer des produits susceptibles d'être mauvais, ils préféreront ne pas consommer.
Je reste très franchement très sceptique quant au postula selon lequel le téléchargement constituerait un manque à gagner pour les sociétés de divertissement: j'ai plutôt l'impression que les grands stratèges des dites sociétés cherchent à mettre sur le dos d''un autre leurs erreurs de gestion. Quant au danger que représente le fait de piquer quelque chose à la Fnac, tu m'excusera, mais il m'est déjà arrivé une fois de revenir en quatrième vitesse à la Fnac après avoir oublié de passer à la caisse pour un bouquin: aucune alarme, aucun vigile qui ne me court après, je suis passé avec le bouquin dans la main, et ce n'est qu'au bout de 500 mètres que je me suis rendu compte de ma bourde et que j'ai fait demi-tour pour aller payer le livre, alors bon, pour la sécurité Fnaquienne, on repassera.
Rédigé par : Laurent Weppe | mercredi 31 octobre 2007 à 16:03
Damien,
C'est la raison pour laquelle je ne parle que de ceux qui le sont. Et plutôt que de regarder mon propre budget, je préfère regarder celui des annonceurs : si les livres, les disques, les films, les chansons et les logiciels ne se vendent plus mais se diffusent gratuitement, qui fera de la pub pour ces produits ?
Je ne crois pas à un système où les chansons et les films sont gratuits parce que les constructeurs de voitures et les lessiviers paient pour leur diffusion sur YouTube. Et si c'était le cas, adieu Mozart et Kaurismaki.
Bob,
L'analogie avec le bac du disquaire a le mérite d'être claire. Mais ce n'est pas le boîtier en plastique ou le pressage d'un disque qui coûtent cher mais l'environnement artistique du musicien, l'enregistrement, la promotion, etc.
Lorsque tu achètes un disque, tu n'achètes pas un morceau de plastique mais une œuvre intellectuelle. C'est pour ça que tu payes.
Si les éditeurs dépensaient moins en promotion, tu ne connaitrais même pas les artistes que tu écoutes, qui ne seraient même pas en mesure d'enregistrer un disque.
Olivennes se trompe en pensant qu'il faut convaincre les ados que télécharger c'est mal, mais il a raison de dire que la base pseudo-morale du contexte français est absurde. Cette idée que gagner de l'argent avec de la culture est scandaleux, que les intermédiaires sont des crapules qui s'en mettent plein les poches, etc.
Dans ces conditions, ce n'est pas de l'Internet qu'il faut mais des troubadours faisant la manche dans les villages de France : pas d'intermédiaires mais du spectacle vivant !
Evidemment, que les maisons de disques ont mis du temps à comprendre qu'il se passait quelque chose, mais leur conservatisme n'est pas plus grand que celui qui nous conduit collectivement à refuser de faire évoluer notre société quand les paramètres démographiques, internationaux ou climatiques sont modifiés.
Je pense que les majors finiront par trouver leur modèle économique, ou qu'elles seront remplacées par d'autres formes d'intermédiation, mais l'idée que la production intellectuelle numérisable puisse être gratuite et rester variée et complexe ne tient pas debout.
Laurent Weppe,
Mais enfin, Sony Pictures fera-t-il encore du Resident Evil pour gagner ses milliards si Resident Evil est téléchargeable gratuitement ? Et d’où sortent ces gens qui, "en grattant un peu", finissent par acheter les produits qu’ils téléchargent ? Si le CA des vendeurs de disque baisse de 20% par an, où réapparaissent ces 20%.
Je pense que toutes ces subtilités en carton empêchent de voir la vérité toute nue, qui est que lorsque que quelqu’un travaille de manière professionnelle et qu’une demande existe pour ce qu’il produit, il doit être payé. Plombier, chanteur ou concepteur publicitaire. Il faut donc réfléchir à des modes de paiement adaptés à la nature des nouveaux canaux de diffusion, c’est certain, mais il faut surtout arrêter le baratin sur la rapacerie des intermédiaires et la gratuité de la culture.
Rédigé par : Hugues | mercredi 31 octobre 2007 à 16:23
"Jak,
Oui, oui, le spectacle vivant, les concerts... Mais je constate que les gens, ces derniers temps, se plaignent énormément de l'augmentation du prix des places de concert en oubliant que ce que les chanteurs et musiciens ne gagnent plus sur les ventes d'albums (-20% par an en moyenne), il faut bien qu'ils le gagnent quelque part (on a toujours le droit de gagner de l'argent, hein ?)."
- oui, on a le droit de gagner de l'argent.
- je ne fais pas l'apologie du téléchargement dans mon commentaire (justement pour ne pas mélanger les remarques)
- l'immense majorité des artistes vivant de leur activité ne vivent pas du tout de la vente de disque (et encore moins de la vente en grande distribution): celle-ci pourrait baisser de 99% sans que leur revenu ne soit touché.
- l'augmentation du prix de vente des billet me semble concerner principalement les artistes qui en effet vendaient énormément de disque, on peut encore trouver des salles de concert fort sympatiques accueillant des artistes tout à fait professionnels sans payer le prix demander à l'entrée d'un zénith dans le cadre d'une tournée internationale.
En résumé, on peut discuter du fait que le téléchargement soit (ou non) assimilable à du vol, on peut disserter de l'influence néfaste du téléchargement sur la santé financière des maisons de disques... etc... mais affirmer que (cas extrême) la disparition du paysage économique des majors serait la fin de la création musicale est un sacré mensonge, l'immense majorité des créateurs n'ayant jamais gagné leur vie grâce à elles.
Rédigé par : JaK | mercredi 31 octobre 2007 à 16:42
C'est marrant qu'il y ait encore sur cette question des gens (dont un lecteur de journaux et d'Internet aussi assidu que toi, Hugues) qui semblent n'avoir jamais entendu quelques arguments pourtant mille fois ressassés...
Primo, non, la copie illégale d'une chanson et le vol d'un sac à main, ce n'est pas la même chose. Quand tu voles le sac à main d'une pauvre petite vieille, la pauvre petite vieille n'a plus son sac à main; tandis que quand un ado télécharge sur son baladeur MP3 une chanson de Madonna, la pauvre Madonna peut certes se plaindre d'un manque à gagner, mais elle n'a absolument pas perdu ses droits sur ladite musique, et continue de toucher plein de pognon quand elle passe à la radio, à la télé et en concert. Non, nenni-da, elle ne mérite pas la même considération que la petite vieille, et le salopard qui la prive du supplément de bénef qu'elle espérait ne mérite assurément pas la prison au même titre que le voleur de sac à main, non. Je ne dis pas que ce petit crétin ne mérite pas qu'on lui tire les oreilles, mais nenni-da, il ne mérite pas le même châtiment que s'il avait tiré le sac à main d'une petite vieille.
Deuxio, personne ne nie qu'il faut que les artistes touchent du pognon pour pouvoir continuer de vivre de leur art. Seulement, il y a une question qu'il n'y aucune raison de ne pas poser: quelle est la légitimité du bénéfice d'une maison de disques quand il n'y a plus de disques pressés et de jaquettes imprimées? Ces maisons font-elles vraiment autre chose que se payer sur le talent d'artistes qu'elles exploitent infiniment plus qu'elles ne les servent?
Il ne faut pas mélanger le problème des CD musicaux et celui des DVD. L'industrie du cinéma investit vraiment, prend vraiment des risques. L'industrie du CD musical, pour l'essentiel, vit d'une rente de situation qui ne se justifie plus par des investissements coûteux et risqués. Quand Madonna perd un tiers, une moitié, les trois quarts de ses revenus, ca me fait beaucoup de peine (mais si, mais si). Mais quand la maison de disques de Madonna fait faillite, JE M'EN BRANLE! Elle n'avait qu'à prendre conscience de l'évolution du monde, et investir son pognon ailleurs -- à supposer qu'elle ne l'ait pas fait, ce qui me surprendrait vraiment.
Quand l'évolution du monde envoie au chômage des milliers de mineurs de fond, tout le monde s'en fout. Quand l'évolution du monde diminue les bénéfices des actionnaires des majors, il faudrait pleurer? Eh bien non. Je le leur dis en toute amitié: qu'ils fassent comme les mineurs de fond, qu'ils trouvent un autre job, point à la ligne.
Encore une fois, ce que je dis pour les CD musicaux ne peut pas être transposé aux DVD de cinéma. La lutte contre le piratage des films est très légitime. Mais la conservation ad vitam aeternam du niveau de vie des actionnaires des maisons de disques, j'en ai strictement rien à secouer. Qu'ils crèvent, et que les dernières miettes de leurs sources de revenus aillent aux artistes qu'ils exploitent depuis Thomas Edison, pas à eux.
Rédigé par : Poil de lama | mercredi 31 octobre 2007 à 16:43
Poil de lama, lorsque Madonna sera vieille, pourra-t-on lui piquer son sac à main ?
Rédigé par : Fin stratège | mercredi 31 octobre 2007 à 16:50
Je n'en suis pas fier mais je me réjouis sadiquement des difficultés de l'industrie du disque.
Permettez moi de m'expliquer en partageant avec vous mon expérience de consommateur de musique: Quand j'avais 12 ans et qu'une chanson me plaisait je pouvais l'acheter en 45 tours avec 5 francs de mon argent de poche. Trois ans plus tard, quand une chanson me plaisait, mon seul choix était d'acheter un album de 12 chansons sur cd pour environ 120 francs. Les acteurs de l'industrie du disque, par une scandaleuse entente illégale contraire à tous les principes de l'économie de marché, avaient en effet décidé de ne pas produire de CD 2 titres, espérant ansi maximiser leurs gains. Ce qui fut fait, avec pour conséquence évidente de diminuer la diversité des disques posséder par chacun.
Résultat: depuis mes 15 ans je n'ai plus jamais acheté un seul disque. Et je ne compte pas m'y remettre, grace au téléchargement légal ou illégal. Les malheurs (très relatifs, à ma connaissance aucune major n'a fait faillite) de l'industrie du disque ne sont qu'un juste retour des choses.
Je comprend l'inquiétude de Denis Olivennes et de ses pairs face au risque de perdre leur rente de situation (rien de nouveau sous le soleil, à chaque innovation, les profiteurs de l'ancienne technologie nous présentent la nouvelle comme diabolique) Mais la conclusion de leur thèse sur la menace sur la production artistique est totalement grotesque. Combien Beethoven a-t-il vendu de CD de son vivant? Et Edith Piaf?
Rédigé par : WS | mercredi 31 octobre 2007 à 16:53
Hugues, une remarque en passant: au cas où tu l'ignorerais, Mozart ne vivait pas de la vente de ses disques. Evidemment tu as bien choisi ton exemple puisque ce pauvre Wolfgang Amadeus est mort ruiné, mais enfin y a pas que lui chez les disquaires, et à ma connaissance, Bach et Haydn ont échappé à la fosse commune sans avoir eux non plus vendu une seule galette de vynile (ou vinyle?). Non, il n'y a pas que la vente des disques pour faire vivre un artiste, et les maisons de disques qui t'ont fait croire ca n'ont jamais cherché à protéger qui que ce soit d'autre qu'elles-mêmes.
Rédigé par : Poil de lama | mercredi 31 octobre 2007 à 16:54
Il n'y a pas de subtilité "en carton" dans l'histoire: Premièrement: si Sony arrête de faire du Resident Evil pour cause de rentabilité, ça fera autant de salles de cinéma chez moi qui ne seront plus squattées pendant 4 semaines par un navet, et deuxièmement, non seulement les 20% de pertes des vendeurs de disques ne sont pas perdues pour l'économie (ils passent dans d'autres secteurs) mais en plus il ne faut pas non plus pousser et faire comme si la propension des distributeurs à jeter sur le marché du disque des starlettes starcadémisées qui pourraient être remplacées par un programme informatique sans que l'on remarque la différence (sisi, le programme en question existe déjà :http://en.wikipedia.org/wiki/Vocaloid) n'avait rien à voir avec leur perte de chiffre d'affaire. Que je sache, la possibilité de mettre la main sur le dernier Harry Potter sur le net n'a pas empêché le dernier tome d'avoir du succès, on trouve encore des films qui attirent des millions de personnes dans les salles malgré les 8 euros de ticket et la facilité qu'il y a à se les procurer et ainsi de suite: au dernières nouvelles, les produits culturels de qualité ne sont pas brutalement devenu des produits vendus à perte.
Rédigé par : Laurent Weppe | mercredi 31 octobre 2007 à 17:15
Hugues, d'accord avec toi sur l'aspect moral. Prendre ce qu'on ne t'as pas donné n'est pas défendable moralement, même si le "copyright infingement" n'est pas exactement du vol.
Indépendamment de cela, je pense qu'on est dans un cas rare où ce qui était protégeable auparavant ne l'est plus. On peut le déplorer, mais si tu es incapable de contrôler la distribution de ce que tu produits, tu auras du mal à être payé. Imaginons que tu constuises une installation qui rafraîchit l'air au dessus de Paris. Si tu viens me voir après en me demandant de payer ma part, je risque de t'envoyer paître, même si ce serait moralement discutable. Je reconnais que mon analogie est imparfaite, mais le point important est qu'on ne peut pas espérer faire persister durablement un gros écart entre capacité de contrôle de la diffusion et volonté de facturation.
S'agissant de la valeur ajoutée des maisons de disque, je pense qu'elle n'est pas nulle, mais qu'elle réside en grande partie dans leur capacité de tri, de sélection. Du coup, je vois le marché évoluer vers un modèle dual. L'ado avec plein de temps libre et une passion pour ça, surfera le net pendant des jours entiers et ne paiera pas. Le mec comme moi sera content d'acheter des disques de temps en temps parce qu'il aura entendu un truc sympa à la radio.
Ce qu'on perdra, c'est le polissage des producteurs sur le talent brut des artistes. Et ça c'est dommage. Qu'aurait été David Bowie sans Tony Visconti?
Rédigé par : Liberal | mercredi 31 octobre 2007 à 17:56
C'est marrant que vous tapiez sur les dockers marseillais pour voler à la rescousse de sieur Olivenne , les deux se vautrant dans la même réaction. Olivenne défend surtout son industrie culturelle qui est devenue obsolète comme l'ont été les mines de charbon en leur temps (quoique, avec un baril à 100 $, certaines pourraient bien rouvrir, mais je m'égare). Et, tel un preneur d'otage désespéré, affirme de son sort dépend celui de l'art en général, ce qui semble vous convaincre. Mais il ne me semble pas, primo, que l'art se soit mal porté avant l'avènement du phonogramme et du taylorisme culturel, (qui est somme toute un phénomène récent), secundo, que le XX° siècle ne nous a it abreuvé que de chef-d'oeuvres inoubliables...Olivenne ne s'est pas adapté, son catalogue numérique est lamentable (je ne pense pas y trouver 10 % de ma MP3tèque, et je n'écoute pas des choses hyper absconses), la qualité est nulle (entre 128 kbps et 192 kbps, parfait pour Mika, pour Bach, c'est heu...moins bien) et la tirade contre la licence globale est très crédible quand la FNAC propose une offre illimitée mensuelle contre le paiement de 9,99 €...Je serais bien idiot d'affirmer savoir de quoi l'avenir sera fait en matière d'art, mais conjoncturer à partir des angoisses d'un industriel qui voit son fond de commerce (sa rente de situation ?) se lézarder n'est pas plus pertinent. Peut-être reviendrons-nous à une forme de mécénat, en décorrellant l'artiste de la vente de son art ? Peut-être disparaîtra surtout l'illusion que propage le show-business, à savoir que l'artiste peut revendiquer son art facilement (au passage supprimons aussi le statut d'intermittant)? Peut-être (et c'est le plus probable) pendant qu'Olivenne gémit sur son sort, qu'un autre Olivenne inventera un nouveau système adapté aux nouvelles données du temps...
Rédigé par : deadbydawn | jeudi 01 novembre 2007 à 00:02
Deadbydawn,
Il faut apprendre à lire, ou au moins à lire la note située au-dessus de commentaires dont la teneur s'éloigne fréquemment du texte initial avant de déposer le sien.
Donc, tu me diras quand, précisément, je vole à la rescousse d'Olivennes. Je suis d'accord avec lui pour dire que l'intermédiation dans la création n'est pas qu'un parasitage mais apporte souvent une valeur ajoutée, je suis également d'accord avec lui pour dire que la gratuité est intenable si la création doit perdurer, mais je dis surtout que les nouveaux modes de paiement par l'utilisateur restent à inventer.
Je me fiche de savoir si Universal et la Fnac resteront les acteurs de cette intermédiation : ils peuvent bien être remplacés par trucmuche.com. Je me cite moi-même, si tu permets :
"La question est donc moins philosophique que technique ou même bêtement marketing. Et il appartient effectivement à ces partenaires absolument indispensables de la création que sont les agents, producteurs, éditeurs, distributeurs, etc., de trouver les moyens de gagner de l’argent dans le monde qui vient. Mais je leur fais confiance, ils vont se débrouiller."
Enfin, et même si ça n'a pas grand chose à voir avec la choucroute, je trouve qu'expliquer que la musique et les arts se portaient très bien avant le taylorisme et le phonographe est assez déconcertant de la part de quelqu'un qui explique que même le fond de la Fnac ne saurait couvrir 10% de sa phonotèque.
Avant ces horreurs techniques ayant démocratisé la culture, qui écoutait du Mozart à la maison, lisait un roman de gare (y avait-il seulement des gares ?) ou allait au cinoche ? La technique et le commerce ont justement été les vecteurs de l'universalisation de l'accès à la culture. Ca continue donc avec Internet, il faudra continuer à payer pour ça. On ne sait juste pas encore comment.
Rédigé par : Hugues | jeudi 01 novembre 2007 à 11:08
@ Hugues: tu reprends à ton compte cette thèse:
"s'il devient légitime de se procurer gratuitement un film ou une chanson, la création est ultimement menacée"
Il se trouve que concernant la musique c'est faux: cela pose un certain nombre de problèmes (et pas des moindres) mais cela ne menace pas ultimement la création, mais 'simplement' les maisons de disques ce qui n'est pas du tout la même chose (même si ça arrange évidemment la FNAC de dire le contraire).
Voilà, AMHA comment on peut comprendre dès l'introduction du billet que tu 'voles à la rescousse d'Olivennes'.
Cependant, je ne pense pas que dans l'état actuel du marché, le producteur (et autres intermédiaires) soient inutiles: il faut en effet concevoir que le métier de la maison de disque n'est pas simplement de sortir des galettes, mais bien de faire travailler un certain nombre de personnes autour d'un projet artistique... et c'est un sacré boulot. La tendance sur internet à penser que les intermédiaires sont des sangsues est condamnable: si je continue à affirmer que la création n'a pas besoin de maisons de disques pour perdurer, il ne fait aucun doute qu'elle ne se passera pas d'impressarios, de tourneurs, d'attachés de presse.... qu'il faut bien payer (les artistes ne sont souvent pas les meilleurs pour se vendre et trouver des concerts est un métier compliqué que des professionnels payés feront toujours bien mieux que l'artiste).
Le fait est que le PDG de la FNAC n'est pas forcément le mieux placé pour défendre 'la création musicale' et surtout qu'il a la très mauvaise habitude de se prendre pour le seul soutient à cette création.
A titre personnel, je pense que la création a tout à gagner à un marché plus concurrentiels, c'est à dire sans maisons de disques avec des contrats d'exclusivités, des droits sur les oeuvres, choisissant les supports de distribution, et même les distributeurs... etc...
Rédigé par : JaK | jeudi 01 novembre 2007 à 11:38
petit problème technique : les DRM, hier ma fille de 10 ans voulait je ne sais plus quel titre pour son baladeur, son MP3 est basique et ne se débrouille pas avec les DRM, donc, pas moyen de le télécharger de manière payante, elle était pourtant prête à payer ses 0,99€, résultat des courses?? e-baudet lui a fourni ce qu'elle voulait...
Rédigé par : denis | jeudi 01 novembre 2007 à 21:07
JaK, nous souffrons tous deux de graves problèmes de lecture. (diantre, on est bien reçu ici)
Hugues, le fait est que vous faites vôtre les principales analyses d'Olivenne sur l'état de la création musicale, bien que vous vous en défendiez en les maquillant derrière une petite anecdote sensée marquer votre différence. Vous assimilez création artistique et industrie culturelle, en faisant dépendre la première de la seconde. C'est ici que se loge l'escroquerie rhétorique d'Olivenne. Avec pour corrolaire le fait que l'absence de rémunération directe ne suscite plus de vocations ou étouffent les talents. Ou voudriez-vous me faire croire qu'avant le XX°s, la création artistique, et plus précisément musicale fût inexistante ? Il y eut d'autres modes de financement, les artistes n'aspirèrent pas forcément à vivre de leur art, l'exercèrent avant tout comme une passion, en sus d'un autre métier (Coppola dans le Télérama de cette semaine, évoque Borodine qui était chimiste et médecin). Je me répète, je ne sais pas de quoi l'art de demain sera fait, mais il est clair que ce n'est pas la création in se qui pâtit de la montée de la gratuité, mais bien seulement l'industrie musicale et culturelle.
Maintenant, qu'elle ait permis la démocratisation de son accès, j'en conviens. Mais la qualité de la création qui en a découlé, pour autant qu'on puisse en juger, ne s'est pas amélioré (ou détérioré). (je n'oppose pas Josquin Desprez à Sonic Youth)
Pour finir, votre tentative de dénicher un paradoxe dans mon post pour le ridiculiser est un peu mesquine : je pointais seulement le fait que la FNAC hurle sur le P2P, mais ne propose rien en regard pour tenter d'appâter le chaland. Un peu comme si on restreignait les voies réservées aux automobilistes sans améliorer le service de transport en commun (non, ce n'est pas une pique anti-Delanoë !).
Et honnêtement, avec une très bonne qualité de compression, voire du .wav, un catalogue qui ressemble à peu près à ce qui peut se trouver sur le réseau P2P, et non pas aux bacs de Carrefour, un pricing intelligent, et pas de DRM, pourquoi pas.
Rédigé par : deadbydawn | jeudi 01 novembre 2007 à 22:05
en limite de sujet mais qui en dit long sur l'ambiance dans le secteur : selon le Financial Times, le patron d'EMI se dit prêt à laisser tomber les artistes qui ne travaillent pas assez...
encore un partisan du travailler plus pour gagner plus.
Rédigé par : David | vendredi 02 novembre 2007 à 13:56
le problème n'est pas la gratuité en soi,
c'est qu'olivennes est un vendeur de disques, c'et son métier, et c'est justement pour ça que la ministre l'a choisi pour sa commission contre le téléchargement.
or les analystes, économistes, spécialistes d'internet, le savent et le disent depuis quelques temps : le modèle économique de la musique que nous connaissons, qui repose sur une économie du disque, est mourant. Or le chiffre d'affaire du secteur musique continue d'augmenter bien que les ventes de CD baissent (plus ou moins selon les pays).
Or on ne sait pas encore très bien de quelle manière trouver à financer la création (les artistes qui n'ont encore rien vendu, en particulier) et plus largement les artistes.
La pub sur les sites d'écoute (deezer a signé avec EMI et Sony, par exemple) suppose de toute façon une économie payante à côté. Les internautes sont pointés du doigt alors que l'offre des majors est franchement déraisonnable (fichiers protégés, extrèmement chers, etc.). Les internautes sont capables de payer lorsque l'offre présente un rapport qualité-prix raisonnable. On connait moins emusic.com, mais le catalogue est bon, les prix très bas (5 fois moins cher que itunes pour des fichiers de meilleure qualité), et comme par hasard ce site de vente en ligne talonne déjà itunes en nombre de ventes alors qu'il ne fait aucune pub. Une pierre dans le jardin d'olivennes, je trouve.
Ce que je reproche à Olivennes c'est de réfléchir à partir du disque (c'est logique, mais ça réduit l'intérêt de son livre et ses propos), ce qui limite férocement la réflexion.
On vient de voir, ces denriers mois, que les majors du disque finissent par s'adapter aux nouveaux moyens d'écoute. Mais, à la manière des industriels du pétrole, ils maintiennent des prix très élevés pour les CDs et les mp3, parce que ça sécurise leur trésorerie.
la vérité c'est que l'économie de la musique a devant elle un avenir encore flou (en effet on ne peut pas tout miser sur la scène, entre autres problèmes), et que le plus flou là-dedans c'est d'où va venir l'argent. Grave problème, il y a déjà tant d'artistes qui crèvent la dalle, ils sont au moins aussi anxieux que Pascal Nègre d'avoir la réponse à cette question.
désolé pour l'auto-promo, mais j'ai fait des billets assez développés sur ces questions et qui renvoient vers pas mal de liens et de rapports.
http://arbobo.over-blog.com/categorie-10169591.html
(de manière moins condensée donc plus claire et moins cryptée ;-)
Rédigé par : arbobo | mardi 06 novembre 2007 à 12:58
Il faut jouer franc-jeu. Si vous n'aimez pas les maisons de disques, n'achetez pas. Mais ne volez pas non plus : en volant, tout ce que vous montrez, c'est que vous ne pouvez pas vous en passer; et vous appelez une réponse de type "protection", au lieu de la réponse de type "changement de système" que vous espérez. Or la réaction de protection a au moins une victime collatérale que la majorité des pirates ignorent : Linux et les logiciles libres en général. En tant qu'utilisateur de Linux, je suis personnellement exclu du téléchargement légal pour cause de protections. Idem pour les DVD : il y a certains films que l'ai légalement loué à la médiathèque que je ne peux pas voir parce que je suis incapables de craquer les protections. Donc, merci les pirates ! Si vous ne vous souciez pas des maisons de disques, sachez que vos actes me sont nuisibles à moi aussi.
Donc si au lieu de râler sur les très méchantes maisons de disques qui font des bénéfices très injustes en vendant de la musique très mauvaise, vous vous atteliez à *construire* un nouveau modèle, on avancerait. Or ce que vous attendez existe déjà.
http://www.magnatune.com/
http://www.jamendo.com/fr/
Si à chaque fois que vous piratiez de la musique, au lieu de pirater, vous achetiez un CD sur un de ces deux sites, dans un an tous les problèmes sont règlés : ce mode de publication de musique sera reconnu comme étant le mode de l'avenir. Les maisons de disques qui le comprendront survivront pour notre plus grand plaisir, et les autres disparaîtront dans notre plus grande indifférence.
La balle est dans le camp des pirates. Qu'ils prennent leurs responsabilités; qu'ils agissent pour construire un monde meilleur au lieu de se plaindre du monde actuel.
Rédigé par : Laurent | mardi 06 novembre 2007 à 15:38
Un sujet qui soulève toujours des passions.
Les industries culturelles sont menacés par le telechargement illegal.Et alors?Qu'elles crevent!De toute façon la nature ayant horreure du vide, un autre système les remplacera.
Personnelement je me place du coté des telechargeur.Il y a quelque chose de jouissif à voir une industrie entière s'effondrer.La suite c'est le chaos, l'incertitude.
Une chose est sur, on va vivre des temps interessants.
Rédigé par : Antipatros | mercredi 07 novembre 2007 à 17:19
Antipatros Et à moi, tu me dis quoi ? Que je crève aussi ? Je paye des impôts pour que ma médiathèque me loue des films pas trop chers, et par la faute des pirates, je ne suis pas capable de les lire. Je suis censé penser quoi de ton commentaire ?
Rédigé par : Laurent | mercredi 07 novembre 2007 à 20:07
Sait-on aussi qui pénalise vraiment le téléchargement illégal parmi les artistes ?
Mon sentiment est que ce sont les artistes les plus connus qui y perdent le plus; les artistes les moins célèbres ayant plutôt tout à y gagner...
Par ailleurs pour protéger la création, il me semble que la diffusion de celle-ci est au moins aussi importante que sa rémunération. Comment créer sans aucun bagage culturel ?
IL n'y a surement pas tout à jeter dans ce système d'échange totalement gratuit...
Rédigé par : Scalpa | mercredi 07 novembre 2007 à 23:46
Bjr,
Monsieur Olivennes c'est bien celui qui parle de sauver la culture pour tous en vendant des CD a mini 15€ et des DVD a mini 20€ ??
Lamentable on nous rabache de démocratie et on nous pond un couveau texte ou seuls les "ayant droit" on eu leur mot a dire, ou sont les représentants des utilisateur du net? ou sont les associations de surfeurs???
C'est tout de même hallucinant que les CD et DVD soient aujourd'hui des produits que l'on ne peut découvrir qu'après être passé a la caisse et sans possibilité de le rapporter si c'est une daube. Pourquoi n'y a t'il pas d'offre en Streaming par exemple pour les CD et DVD? Je suis un gros acheteur de produits audio video (plus de 1500 Cd et 587 DVD originaux ) mais je n'ai jamais pu ne serait ce qu'une fois, ecouter un cd et visionner un dvd (même en qualité réduite) avant d'acheter. Par exemple ce Monsieur Olivennes sait il que sur le site de sa Sté il n'est possible que d'écouter des extrait de 30 secondes pour se faire une idée de la qulité d'un album? Sait il encore que lorsque, comme moi, on est sur Mac on ne peut meme pas télécharger légalement sur son site? Non mais de toute façon il s'en fout, il fait partie de ces gens qui partent du prioncipe que la culture n'ai, et ne doit être qu'une histoire de gros sous. Les maisons de disques qui disent ne plus pouvoir soutenir les 'jeunes talents" ont arrêté de le faire bien avant l'arrivée du P2P. En fait leur "soutient" se résume aujourd'hui a presser des CD, les mettre en boite, les fourguer à Monsieur Olivennes.
Et bien pour ma part la presque totalité de mes cd et dvd viennent de ses magasins...j'acheterais les prochain sur le net a d'autre enseignes... ma réponse a ce Monsieur sera donc le Boyotte de sa Sté...si nous pouvions etre quelques milliers (dizaines de milliers??) a faire de même, je pense qu'il essayerait de faire interdire la vente de CD et DVD par d'autres Sté sur le Net...
J'allais aussi oublié l'annulation du texte voté il y quelque temps par nos députés pour la License globale qui pour le coup aurait permis de rénumérer les artistes....ha oui mais forcémment du coup la Sté de Monsieur Olivennes et les majors compagnies etaient "hors jeux" donc notre chers dirigeants, censés représenter le pleuple se sont, une fois de plus, assis sur nos droits et on fait annuler ce texte sans plus de discution.
Rédigé par : Hegi45 | samedi 24 novembre 2007 à 11:10