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mardi 27 novembre 2007

Commentaires

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Je ne suis pas certain d'avoir compris : il n'y a pas de téléchargement aux états-unis ni en Suisse parce que les gens sont mieux élevés ?

GM,
Je vais faire comme s'il s'agissait d'une question et y répondre. En Suisse et aux Etats-Unis, on télécharge. Mais on télécharge moins et l'on ne fait pas semblant qu'il s'agit d'une activité révolutionnaire permettant à la culture et à la connaissance de se développer sans freins ni contraintes. Et les tribunaux n'hésitent pas à tomber sur les voleurs qui se font prendre comme sur les voleurs de blousons ou de quotidiens.

En gros, on ne camoufle pas une attitude incivique derrière l'écran de fumée du nouveau paradigme.

Une analogie plus correcte avec la copie de données serait de prendre le journal, le photocopier au tabac du coin et le remettre dans le distributeur, le tout en moins d'une seconde.

GM

Et encore, ce que Hughes ne dit pas, c'est que ce sont uniquement les expatriés français qui téléchargent aussi bien aux US qu'en Suisse. Il n'y a que des français pour voler aussi éhontément, n'est-il pas?

@pouet : ou plutôt de photocopier le journal à un tas d'exmplaire et de poser la pile de photocopie à côté du dsitributeur.

Lu en diagonale. Pas compris.

Un fichier mp3 n'est pas un blouson.

Copier = vol est d'une simplicité biblique. Sauf que c'est le prototype de l'idée reçue.

Pour qu'il y ait vol, il faut qu'il y ait dommage. Quel est le dommage à ne pas vendre un fichier qui n'aurait pas été acheté ? Mystère...

Par contre, accepter l'équation, c'est accepter la répression qui va avec, et en particulier le fichage/filtrage des internautes. Ce n'est matériellement pas possible, mais l'idée est déjà en elle-même suffisamment parlante.

Vous êtes un peu durs. C'est en tentant de protéger la valeur du don fait par les programmeurs de logiciels libres que les gauches ont trouvé leur meilleur thème fédérateur (du PCF à Rocard) depuis 1997. Ce qui implique une réelle conscience de la valeur de ce don (et donc, du travail qu'il aura fallu fournir pour le rendre possible).

En journaliste que vous êtes, vérifiez : la contestation tant de DADVSI que du rapport Olivennes ne fait pas du tout unanimité à gauche : surtout dans cette grande fraction de la gauche entre la bobogauche libérale et l'extrème gauche la plus démagogique.

Mon premier réflexe en lisant ta note a été de me dire que ça devenait gonflant de toujours lire la même chose, mais je constate avec plaisir que tu évolues un peu. Encore un effort et tu vas finir par te rendre compte que les chanteurs et musiciens ne gagnent pas des sous seulement en vendant des disques et en donnant des concerts, mais aussi quand leurs oeuvres passent à la radio et à la télé (mais sans doute ces moyens de diffusion à la technologie révolutionnaire te sont-ils encore mal connus).

Allez, encore un effort et tu finiras par parler de copie illégale au lieu de piratage (as-tu remarqué que personne n'a jamais traité de pirates les voleurs de journaux?). Cela étant, je maintiens ma position: la copie illégale des films, je suis totalement contre (because j'aime le cinéma); la copie illégale des chansons et des livres, je suis contre quand il s'agit d'auteurs et d'interprètes fauchés (si en plus ils sont talentueux, a fortiori, mais faudrait quand même pas oublier que c'est loin d'être toujours le cas), mais nettement moins indigné quand les dits auteurs et interprètes sont déjà pétés de thunes (et encore bien moins quand ce sont des marchands de soupe, ce qui n'est quand même pas vraiment rare); et quant à la perte de revenus des maisons de disques, ça m'inspire vraiment autant de peine que la paupérisation des mineurs en inspirait à Margaret Thatcher.

A part ça, j'ai bien l'impression que l'expérience de vente des journaux par distributeurs a été tentée dans le métro il y a quelques années, et assez vite abandonnée pour cause d'insuccès, mais tu vas sûrement m'expliquer que c'est dû à la pression conjuguée des NMPP, des buralistes et du Livre CGT -- ce qui est d'ailleurs très possible, mais passe à côté de la cause principale et de loin: les Français ne lisent pas les journaux parce qu'ils les trouvent, et à très juste titre, de mauvaise qualité.

Tiens, comme ça se trouve: je suis plutôt d'accord avec Poil de là-bas. Je vais prendre ma température.
En fait c'est la notion de propriété dans ses rapports avec l'économie de marché qui est en cause. J'y reviendrai quand je serai sûr que je n'ai pas la fièvre.

Veillez bien toutefois à ne pas considérer piratage de même que flibusterie.

Le premier n'est pas nécessairement du vol. Il concerne le détournement de mesures de sécurité à des fins diverses, du vol (évidemment) à la correction ou l'amélioration de ces mêmes mesures.

Pour ma part, tant pis pour ces pauvres artistes ayant signé dans de grandes maisons de disques et souffrant manifestement du syndrôme de Stockholm. Payés une misère sur leurs productions, ils crachent sur ceux qui ne payent pas plutôt que sur leurs employeurs qui ne payent pas assez.

Autoflagellation, car qui "pirate" est potentiellement un grand admirateur susceptible de consommer pléthore de produits dérivés, du t-shirt au concert.

A force de lire, au mieux, que de la gratuité naitra le juste modèle économique (et qu'on s'rait bien cons de s'priver en attendant), ou au pire, des arguties dont certains commentaires sont des modèles du genre, sincèrement, merci, ce billet est un grand bol d'air.

"...Et le chercheur..."

??!!!!

Tu te relis de temps en temps?

Depuis quand les chercheurs se font-ils payer leur production (leur papiers, en l'occurrence)?

Pas le temps de relever les autres perles.

Pour Poil de lama voler les riches c'est bien mais voler les pauvres c'est mal. Et voler la classe moyenne ? ;o)

Merdalors, il n'y adonc que la vente de la musique qui puisse rémunérer le musicien. j'avais cru un moment qu'on pouvait trouver d'autres sources, comme des millions d'initiatives qui le tentent se font, en ligne ou ailleurs.

Je suis assez déçu de ta reprise, volontiers provoquante, j'imagine, de la définition de vol. Le vol prive autrui de l'usage du bien. Quand je vole un bouson en brisant une vitrine, je crée un préjudice. pas en téléchargeant une chanson que je découvre.

Et enfin : les journaux, sur internet, ne sont-ils pas tous gratuits (allez, même le WSJ s'y met) ? Y vole-t-on le contenu ?

Et enfin, pour reprendre les baskets. Si la technologie rendait tout le monde capable, à moindre frais, de designer et mettre sur le marché des dessins de baskets, une nouvelle économie se rendrait utile. Certes, elle ne ferait pas vivre des centaines de milliers d'ouvriers dans des usines. Mais tout le monde serait chaussé, oui, et ce pour rien du tout. C'est là que se crée la valeur, qu'elle se dégage. pas dans le fait de maintenir une chaine artificielle là où elle n'a plus d'utilité. Relis Schumpeter, coco, je te pensais justement plutôt favorable à ses thèses.

Loin de moi l'idée de légitimer le vol. Je pense juste qu'il y a une révolution à embrasser et de nouveaux modèles à chercher, liés à un éclatement de la chaine de valeur qui rend des maillons moins nécessaires qu'avant. Et que M. olivennes propose là une sorte de barrière bein temporaire, qui empêchera justement cette éclosion.

Déçu, donc. J'avais il y a quelques années la même attitude que toi. A force d'analsye, de lectures, de recherches, d'observation, j'ai compris qu'il y avait unnouveau monde en train de naitre, qu'il fallait plus aider que tenter de tuer dans l'oeuf, et que les petites lignes maginot ne servent pas à grand chose....

Tu y vuendras, mon fils ;)

Hé hé, bel unanimisme. Je dois avoir tort, alors, si je ne dis pas comme tout le monde. C'est d'ailleurs lorsque je ne dis pas comme tout le monde que l'on me taxe de propager de la pensée unique... ce qui est assez logique, en fait.

Pouet,
La question est plutôt : l'auteur des photocopies souhaite-t-il continuer à lire ce journal rédigé et fabriqué par des salariés (incidemment, photocopier tout le journal lui coûtera davantage que mettre des sous dans la boîte).


Damien,
Oui, oui, c'est ce que je dis exactement. Tu élimines ainsi chacun de mes arguments.


Fin stratège,
Ou plutôt de remplacer le distributeur par la pile de photocopies.

YR,
Uu fichier MP3, en hiver, c'est moins chaud qu'un blouson ? Je n'ai lu le commentaire qu'en diagonale et c'est ce que je crois comprendre.


Passant,
Le logiciel libre ? Formidable. J'utilise OpenOffice et Firefox moi-même. Mais je ne vois bien pas le rapport entre une démarche volontaire de concepteurs de logiciels et le pillage d'oeuvres intellectuelles dont les auteurs ne souhaitent pas qu'elles soient diffusées gratuitement.


Poil de lama,
Hey c'est de l'actu.
Les artistes passent à la télé et à la radio, c'est vrai : je crois savoir que, dans un cas comme dans l'autre, c'est pour assurer la promotion de leurs disques.

Et tu es hostile à la copie des films parce que tu aimes le cinéma ? Ah bon, mais comment fais-tu pour stopper ça puisque la technologie nous dit que c'est impossible ?

Quant à la distribution de journaux par distributeurs, figure-toi, ha ha ha !, qu'elle a bien été interrrompue sous la pression "pression conjuguée des NMPP et du Livre CGT" mais je ne savais pas que les buralistes étaient dans le coup. Remarque, ça ne m'étonne pas.


Melchior,
Tu es d'accord avec Poil de lama et ça te donne la fièvre ? Moi je ne comprends même pas où il veut en venir, un peu comme lorsqu'il votait Bayrou parce que le PS n'était pas assez à gauche. Contre la copie illégale, mais pour quand même.

Vince,
Oui, effectivement, le pirate préfère payer pour le T-shirt, puisqu'il demande à son artiste préféré de trouver un autre moyen de gagner sa vie qu'avec sa musique.


Calamo,
Aïe, si tu es d'accord avec moi, ce n'est plus de la pensée unique !

El,
Ah évidemment, je pensais aux chercheurs qui trouvent, et qui déposent des brevets, ou dont les entreprises déposent des brevets, lesquels défendent, ce me semble, la propriété intellectuelle avec une certaine évidence.

Mais n'hésite pas à pointer les perles. Ca me fait plaisir.

"je suis contre quand il s'agit d'auteurs et d'interprètes fauchés...."
monsieur lama, faudrait voir de ne pas nous enfumer!
des auteurs pétés de thunes comme vous le dîtes, il y en a trois ou quatre, dont la promotion est agréablement faîte sur le net, n'allez pas me dire le contraire!
si les français ne lisent pas les journaux, c'est parce que ce n'est pas dans leur culture, ils ne lisent même pas les gratuits

Versac,
Mais non, la vente de musique n'est pas le seul moyen de rémunérer le musicien, puisque la vente de T-shirts rapporte pas mal aussi. Mais un musicien est-il ou non propriétaire de son oeuvre et la diffuse-t-il de la manière qui lui convient ? En prenant la musique d'un musicien, en la plaçant à la dispostion de tous par un système de peer to peer, tu crées un préjudice évident, sauf à considérer qu'on ne télécharge que les choses que l'on aime pas et pour lesquelles on ne souhaite pas payer.

Quant au maintien d'une chaîne artificielle, et il est vrai, comme dirait Poil de lama, qu'il est agaçant de répéter la même chose en boucle, là n'est certainement pas mon propos. Je l'ai déjà dit ici, je me fiche éperdument de savoir si la Fnac ou Universal seront remplacées par trucmuche.com et si le support disque disparait. Je m'élève plus simplement contre le baratin sur une culture universelle et gratuite enfin débarrassée des rapports marchands et des vilains intermédaires. Oui, il faut payer ce qui a de la valeur.

Enfin, pour les journaux sur Internet, c'est un peu plus compliqué. Pour le moment, ils sont les émanations de journaux papiers ou ne gagnent pas d'argent. On ne peut pas dire que le modèle économique soit déjà d'une clarté si frappante.


Maria,
Les Français ont longtemps eu la lecture des journaux dans leur culture et pourraient en retrouver le goût si la presse quotidienne était moins chère, mieux diffusée, plus variée, plus exhaustive. Le fait qu'ils ne s'intéressent pas particulièrement aux gratuits prouve seulement que les gratuits ne sont pas très intéressants.

Cher Hugues,

J'apprécie généralement beaucoup la pertinence de vos écrits mais là, je trouve que vous exagérez franchement en faisant mine d'ignorer que les opposants à Olivennes (et consorts) n'ont pas *tous* pour seul cheval de bataille la justification du piratage le plus éhonté ou le refus pur et simple de la propriété intellectuelle.

Personnellement, que les pirates se fassent dûment condamner ne me gêne absolument pas, j'applaudis même des deux mains.

En revanche, qu'on crée taxe sur taxe (celle sur les fameux supports vierges et maintenant proposition d'Olivennes de taxer les accès Internet) pour assurer une rente à une industrie qui, quoiqu'on en dise, ne crève pas spécialement la dalle, me semble difficile à avaler. Je n'ai pas envie d'être taxé pour compenser la perte supposément due au piratage par d'autres de produits que personnellement j'achète le plus régulièrement du monde. Je trouve assez culotté par ailleurs que malgré les taxes en question le piratage reste illégal.

Que, de plus, le rapport Olivennes propose froidement d'enlever aux adresses IP la qualité de donnée à caractère nominatif pour ne plus tomber sous le coup de la fort ennuyeuse loi Informatique et Libertés et récupérer les identités des internautes sans passer par de fort pénibles intermédiaires judiciaires me semble tout bonnement ahurissant.

Hugues, -

(1) Ton exemple sur les chercheurs qui ne pourraient plus être payés pour leurs brevets est particulièrement mal choisi. Le contenu des brevets est public ; ce n'est que leur utilisation à des fins commerciales qui est interdite. Les brevets défendent la propriété intellectuelle, certes, mais tout en prenant en compte le fait que l'information en tant que telle est un bien public (non-rivalité, non-exclusitivité) qu'il est bon de partager pour stimuler l'innovation et la créativité. Les pirates qui téléchargent des chansons ne vont pas les utiliser pour produire des médicaments.

(2) Je crois que tu passes à côté de quelque chose lorsque tu affirmes que les artistes ne passent à la radio et à la télé que pour promouvoir leurs disques. La diffusion à des fins commerciales est au contraire une source importante de revenus pour les majors. Si tu regardes par exemple le dernier rapport annuel du groupe EMI, tu verras que si leur division EMI Music, qui nous sert les Robbie Williams et autres Utada Hikaru, subit une chute de revenus vertigineuse, leur autre division, EMI Music Publishing, qui ne fait que vendre des licences commerciales pour le catalogue (très étendu) d'oeuvres en possession d'EMI, se porte très bien.

(3) Je suis en désaccord de principe avec l'équation "piratage = vol" ; on ne peut pas voler un bien non-exclusif et non-rival. Je crois que c'est une erreur que de croire que ces biens fonctionnent comme tous les autres ; avec la gratuité du support (virtuel), on est dans une situation de coût marginal nul et rendements d'échelle croissants, ce qui est une situation économique inédite. Je dis inédite malgré la comparaison intuitive avec les entreprises comme Microsoft. Celles-ci vendent avec leurs licences non seulement le logiciel (coût marginal nul) mais aussi le support technique qui, lui, est très onéreux. Ce n'est pas toujours le cas pour les petites entreprises mais à partir d'une certaine taille ça devient indispensable, ce qui n'est pas du tout le cas pour les majors.

Ce qui m'irrite dans ton post c'est que tu sembles vouloir dire que la question est banale, alors qu'elle est au contraire complexe, non seulement dans Libé mais pour n'importe quel économiste qui étudie les biens publics.

Merci Hugues,

Comme je le disais sur le site de Versac, qui ferait à mon sens bien mieux de pointer ses propres perles, nombreuses et distrayantes, dans ses "billets", le débat autour de ce problème de Propriété Intellectuel est un enjeu de société, un vrai.

Rémunère-t-on ceux qui distribuent ou ceux qui créent ?

Que les FAI aient fourgué leurs abonnements de toute sorte en voilant à peine l'argument principal, qui était d'accèder à TOUTE la musique GRATUITE, aux logiciels (jeux, applications et autres) et aux films n'obère en rien l'évidence manifeste de leur escroquerie (et je pèse mes mots).

Le plus marrant c'est que le législateur, toujours aussi lâche, a reculé a taxer les fautifs, c'est à dire les FAI, pour se rabattre sur les producteurs d'unité de stockage (on croit rêver, mon entreprise utilise 10 PC je défie quiconque de trouver la trace d'un seul MP3 dessus).

Comme la Grande Distrubution, qui écrase les producteurs (agriculteurs, marins pêcheurs tient) pour maximiser ses marges, ces gens (les FAI) doivent être mis en face de leurs responsabilités, ET chacun d'entre nous doit accepter de considérer que la propriété intellectuelle, certes plus intangible que la propriété tout court, n'en est pas moins réelle, et qu'elle est donc garantie par notre constitution.

Sinon Versac donnez-moi votre adresse, je vais habiter chez vous et je vous fous dehors (ben quoi, vous êtes propriétaire ? ben j'en ai rien à cirer !).

La quantité et la diversité des argument énumérés pour justifier l'impunité pour des voleurs agissant parfois en bande organisée me laisse, je l'avoue pantois.

Comme quoi, l'imagination dans l'argumentaire n'est plus le monopole de l'extrème gauche. Je crois que nous avons des leçons à prendre.

Sauf exceptions (exple : ESPCI), les chercheurs ne sont pas propriétaires des brevets qu'ils "déposent" (voir loi sur les inventions des salariés). Ils ne reçoivent donc strictement aucune redevance en cas de licensing.

Quant aux "chercheurs qui trouvent", j'imagine que c'est du second degré. Mais comme le reste et du même acabit, je crains bien que non.

Au bout du compte, tu devrais te limiter aux sujets que tu maîtrises, si tu ne souhaites pas ressembler aux éditorialistes pontifiant qui font le charme de la presse française. Mais peut-être est-ce ton ambition?

Excellent post, de bout en bout, rien à redire.
J'adore le ton vaguement condescendant du commentaire de Versac, genre « moi aussi, j'ai été jeune, mais depuis j'ai lu ».
Ouaih, moi aussi avant je calquais tout type de raisonnement sur mon évolution personnelle, mais depuis je me suis dit que me prendre pour le modèle de l'humanité était un prétexte insuffisant pour traiter tout le monde de crétin ;)

Le problème Hugues, ce n'est pas qu'un blouson de cuir musical excite la convoitise du voleur de propriété intellectuelle: s'il est possible de voler la création d'autrui aujourd'hui par live box interposée, la chose était tout aussi possible autrefois: il y a dix ans, quelques collégiens débrouillards pouvaient diffuser les CD copiés à tire larigot, et il y a 20 ans, à l'époque où les cassettes régnaient en souveraines encore absolues, mon grand-père était suffisamment équipé pour saccager les marges de bénèf de Barclay, en d'autre termes, casser la vitre du magasin était déjà possible à l'époque où Sarkozy était encore un obscur petit conseiller municipal occupé à faire de la lèche au maire de Neuilly sur Seine.

Le problème, c'est qu'aujourd'hui il arrive qu'on mette dans la vitrine un blouson en carton mâché avec sur l'étiquette du "100% cuir" marqué et le prix correspondant, ce qui peut donner au client potentiel l'envie de ne pas se laisser prendre pour un demeuré par le vendeur qui semble plus séduit par l'idée d'une prospère oisiveté que par celle de diriger un commerce.

De même pour prendre un exemple: oui, un réalisateur comme Peter Buchman à qui on doit les ineffables Eragon et Jurassik Park 3 devrait s'essayer à l'animation de super-marchés et ne jamais plus s'approcher d'une scène de tournage.

Après, si tu veux que le piratage diminue, je te conseille de défendre le développement de puissants réseaux d'information critiques sur les produits numérisables, qui permettront aux téléchargeurs potentiels dans mon genre d'être sûr à l'avance de la qualité du produit.

On peut arguer que le droit (patrimonial) de propriété intellectuelle n'est pas un droit fondamental mais un droit instrumental : il existe afin de favoriser le progrès technologique et la création artistique. A partir de là, il est légitime de raisonner en terme d'efficacité et non plus en terme moral...

Ben non, le piratage c'est pas du vol, c'est de la contrefaçon. C'est un délit, ok, mais pourquoi créer une autorité publique spéciale pour le réprimer en priorité par rapport aux autres délits ? On a déjà la justice, non, comme autorité publique.

Kerba, il s'agit - a maxima - de résilier un contrat, pas de noircir le casier judiciaire de chaque internaute.

ce qui est genant c'est le sentiment de passer a cote des vraies questions (et donc des vraies reponses). Ca a deja ete souligne, mais a part quelques excites, pas grand monde ne plaide pour une abolition de la propriete intellectuelle (surtout que le copyleft et autres sont egalement des formes de propriete intellectuelle). Il s'agit moins de droits d'auteurs que de droits d'exploitation.
Un commentaire soulignait le role ambigu pour le moins des FAI, arguant qu'il s'agit la de distribution et non de creation. Que je sache, le rapport Olivennes (rappelez moi qui l'emploi) s'interesse aussi et surtout a la distribution. La remuneration des auteurs ma foi, ca n'est pas l'essentiel de son propos, loin de la.
Le fait est que ni les majors, ni les distributeurs classiques n'ont vu venir le coup, et qu'ils ont perdu la main sur la distribution. Les FAI et editeurs de logiciels sont les acteurs importants, et plus les distributeurs classiques. Je comprends que ca ne leur plaise pas, mais bon...

On rappelera, au risque d'en faire une marotte que beaucoup d'artistes ne vivaient deja pas de leur musique, meme avant internet et que par consequent, si le combat est veritablement de trouver un fonctionnement qui leur permette d'en vivre, alors reproduire les anciens mecanismes sur internet ne me semble pas pouvoir etre la solution, et en tout cas, surtout ne pas laisser la seule main aux maisons de disques (et aux organismes de gestion des droits, au fonctionnement parfois tres peu clair). Mais de tout ca il n'est pas question dans le rapport Olivennes, qui met le doigt uniquement sur l'internaute pirate (on attend toujours des chiffres etayes liant le piratage aux pertes), et fait bonne figure en suggerant des vagues injonctions molles du cote fournisseur ("ca serait pas mal que ce soit interoperable, dis").

Hugues : Sans rire, on télécharge moins au EU et en Suisse ? C'est une étude OpinionWay/Le Figaro ?

(Notez que sur le fond, je suis assez d'accord avec vous : si le monde entier est plus vertueux que le français moyen, le président de la fnac locale l'est aussi : il assume militer pour sa paroisse et ne fait pas semblant de défendre la création ou un quelconque modèle culturel)

En ce moment j'ai beau parcourir amazon ou l'itunes store, je ne trouve pas grand chose d'actuel qui me satisfasse. Alors je télécharge de vieux albums des années 70, souvent non réédités, parfois même carrément inédits, et je découvre des merveilles.
Mais j'oubliais, cela fait de moi un affreux criminel...
Ce qui me frappe dans ce dossier, au delà du sujet lui même, c'est la facilité avec laquelle certains s'érigent en procureur. Et cette facilité là m'affole.

Le Journal acheté peut être donné à un autre lecteur qui le donnera à un autre qui pourra en faire des photocopies qu'il distribuera (c'est légal).
Il existe un modèle gratuit de presse papier et de presse Internet qui fonctionne bien, très viable, financé par la pub.
Des producteurs indépendants font du journalisme amateur sans rien demander à personne.

Je suis un ignoble télé-chargeur fou ( ma mule et mon torrent sont régulièrement présents sur le réseau ).

Je télécharge notamment à partir des liens disponibles sur le site suivant : Jamendo, je télécharge des images cd de logiciels libres, des oeuvres en partage, est-ce que ça me met hors la loi ?

Je trouve la logique de ce rapport assez discutable, sous prétexte que tous les trafiquants de drogues empruntent l'autoroute doit-on interdire l'usage des autoroutes ? Le principe du filtrage à la source ne me satisfait pas non plus, ça revient à dire ( je sais que c'est extrême ) "tant que vous n'êtes pas castré vous êtes un violeur potentiel"

La culture est-elle en danger ? Non, de nos jours un artiste peut à moindre coût ( merci les logiciels libres ) produire ses oeuvres sans l'aide d'une maison de disque et grâce à internet ce même artiste peut diffuser ses oeuvres et en vivre ( pen of chaos, radiohead, ... )

Ce type d'expériences permet d'affirmer que le modèle économique des maisons de disques est obsolète, or plutôt que d'accompagner le changement, les pouvoirs publics freinent des quatre fers.

Dernier sujet de ras le bol : la taxe sur les supports, je suis honnête, je produis des images de synthèse pour mes loisirs, ces fichiers et leurs sources, sont parfois lourds et j'ai donc fait l'acquisition d'un disque dur externe, une partie de mon argent est partie dans une taxe sur la copie privée et ce pour avoir le droit de stocker mes oeuvres, c'est assez space non ?

De toutes façons quand je veux écouter un artiste légalement, je vais sur dezzer, quand je veux le soutenir, j'achète son cd ( je lui verse entre 0.5 € et 1.5 € le reste va à la maison de disques )...

à All :
je pense que vous vous moquez là non ? le gratuit financé par la pub comme un eldorado d'indépendance vous m'excuserez mais c'est parfaitement ridicule.

Ou plutôt cela verse dans le sens que je crains deviner dans cette histoire de piratage (allez hop encore une couche) : la société de consomation se mord la queue, et même si je n'en ai pas fait l'expérience gageons que ca fait mal !

Le schéma devient : le contenu ne vaut rien (musique, film, logiciels) ca crée juste de l'audience/audimat/traffic pour les distributeurs qui ne payent rien, mais peuvent ainsi mettre de la pub partout pour se financer et être "indépendant"... On marche sur la tête.

Vous avez l'impression qu'en rémunérant un créateur de contenu vous la perdez votre indépendance peut etre ??

Par contre quand vous voudrez faire un article un peu fouillé (ça n'arrive pas souvent, mais bon soyons fou, imaginons) qui heurte frontalement les intérets économiques de vos régies publicitaires, vous m'en reparlerez de votre indépendance à deux balles (pardon, deux euros, inflation oblige), quand votre directeur de publication viendra vous taper sur les doigts avec la règle en fer.

La boucle de ce système absurde n'est pas loin de se refermer. Faites attention de retirer vos doigts...

un autre exemple de modele viable, ce coup ci du cote litterature (absolument pas prise en compte dans le rapport Olivennes)
http://infos.samizdat.net/article261.html

Bien entendu, il ne s'agit pas d'imposer un modele, mais au moins ca ouvre des portes. Et cela suppose comme ailleurs un comportement proactif de la part du consommateur.
On en est peut-etre pas si loin que ca, du paradigme ;)

Le Hibou : gardez vos insultes. Hugues est un ami que je connais depuis pas mal de temps, c'est le sens de ce commentaire. Loin de moi l'idée de me placer en surplomb. C'est bien parce que je l'apprécie que je trouve dommage d'en rester au niveau "propriété", vol et autres sujets, là où la rupture technologique impose très certainement de penser les choses autrement.

Sulimo : je ne sais pas ce que je vous ai fait non plus, mais je ne comprends pas très bien le sujet. LEs FAI ne m'ont jamais proposé de musique gratuite, dans aucun argumentaire commercial. Et les distributeurs qui se sucrent sur le dos des artistes, ce me semblent tout autant être les maisons de disques que les FAI (plus, même). Je ne comprends pas un instant votre raisonnement.

Ceci dit, c'est vrai : la PI est le sujet de l'internet. Comment l'assurer quand tout est copiable simplement ? Premières pistes : il faut changer de mode de définition de la PI, d'équilibres entre les acteurs, et parfois oser d'autres systèmes. Exemple du logiciel libre : mais alors, on peut générer du business et des externalités globales positives pour la société sans brevet ? OMG !

Si je comprends bien votre argumentaire, Mr Weppe, vous suggérez que pour que les voleurs volent moins, un service d'intérêt général leur fournisse des indications pertinentes sur la valeur pour l'usage personnel ou la revente de ce qu'ils volent ?

Mais à quoi sert donc la propriété selon vous ? Par exemple, acceptez-vous par avance de laisser autrui jouir aussi librement que vous-mêmes du fruit de votre travail ? Certains, les communistes, l'ont proposé en leur temps. Non pas que l'idée soit si absurde, mais vous conviendrez que plaider d'un côté pour la mise au pot commun de du travail des uns et le maintien de l'autre du travail de certains autres sous régime de propriété mértie certainement une réflexion à un niveau dépassant le débat sur la valeur des produits Vivendi Universal.

Voyez-vous, Mr Weppe : la propriété et le capitalisme ne se résument pas à de simples régimes applicables à différents produits : c'est, avant tout, un principe fondateur de société : disposer du droit de propriété sur une maison, c'est avoir la possibilité d'interdire à d'autres de l'habiter. Disposer du droit de propriété sur une voiture, c'est avoir le droit d'interdire à toute autre personne de l'employer même s'il est en danger de mort. Choisir, en portant à la connaissance du vaste monde, de révéler qu'on est le créateur d'une superbe chanson, c'est revendiquer le droit de se voir attribuer l'ensemble des revenus pouvant provenir de la commercialisation de tous les produits et formes en dérivant, pour pouvoir en contrepartie disposer, dans le cadre des règles ordinaires de propriété du commerce, du capital et de la monnaie, de l'ensemble des autres services vitaux et pourtant marchands fournis par la société (santé, éducation, notamment, qui ne sont pas "gratuits").

Pourquoi faut-il donc payer pour aller à l'école et se faire soigner alors qu'on pourrait ne rien payer... pour de la musique ?

A Mathieu.
Entièrement d'accord avec vous sur ce point : le rapport de l'Olive incrimine les logiciels de PtoP et c'est très illogique, car ce n'est pas eux qui sont en cause mais les gens qui s'en servent pour enfraindre la PI. Clairement emule et ses "coupaings" sont des systèmes de diffusion tout à faire honorable POUR TOUT FICHIER LIBRE DE DROIT.

Dans ce débat il est intéressant de noter que ce point est rarement soulevé d'ailleurs, dans le grand flou artistique où certains tâchent de laisser la question.

Ceci dit si vous faites cette utilisation légale du PtoP vous ne risquez rien et le filtrage ne vous gênera en rien, puisqu'il se fera pour rechercher le hash des fichiers soumis à des droits d'auteur.

Concernant la capacité technique offerte à tous les créateurs de publier sur le net, vous êtes par contre d'un optimisme dont je suspecte qu'il cache un brin de mauvaise foi : supprimer les intermédiaires entre "créateurs" et "utilisateurs" est sans doute un idéal dont beaucoup de gens rêvent, mais on en est encore très loin. De plus, les geeks ont peut être un peu tendance à l'oublier mais il existe un monde en dehors de leur PC (OMG comme dirait Versac) et tout le monde n'a pas d'accès internet haut débit (re OMG, documentez-vous sur les zones éligibles à l'ADSL c'est édifiant, tout le monde n'habite pas Paris même si c'est le centre de l'univers hein).

Donc comme je le disais sur le site de Versac inventez vous une croisade contre les majors si ca vous chante mais c'est bel et bien les créateurs qui sont pénalisés lorsque l'on bafoue leurs droits.

Concernant l'open source je vous rappelle qu'il s'agit d'une action volontaire (je travaille sur des projets open source aussi, comme beaucoup d'informaticien) mais je ne peux le faire que parce que j'ai des revenus par ailleurs. Donc arrêtez de brandir cet étendard simpliste et intéressez vous à ce que fait IBM dans le domaine de l'open source, vous vous rendrez compte que c'est beaucoup moins idyllique que vous le fantasmez.

A Versac :
"externalités globales positives" c'est sublime, j'en suis tout tremblant tellement c'est beau. C'est déposé ? non ? C'est libre de droit ? Je peux ré-utiliser alors ? Ce serait gentil je vais faire se gondoler de rire un paquet de gens avec ce genre de perle.

@ Sulimo

"Donc comme je le disais sur le site de Versac inventez vous une croisade contre les majors si ca vous chante mais c'est bel et bien les créateurs qui sont pénalisés lorsque l'on bafoue leurs droits."

Il restera a chiffrer l'impact negatif. On enleve d'emblee ceux qui n'auraient pas achete de toute facon, ceux qui decouvrent gratuitement puis achetent, etc... et on termine avec un grand flou puisqu'aucune etude n'a reussi a determiner serieusement la part de chacun.
La comparaison avec l'open source est trompeuse sur plusieurs points. D'abord la confusion open source/gratuit. Ca se recoupe mais pas toujours completement. De plus les pratiques sont variees, de Sun, IBM a Mandriva en passant par Mozilla, il y a de l'open source la dedans, du gratuit, on se remunere de differentes manieres, etc, etc...
Mais je suis d'accord n'en faisons pas un conbat contre les majors. La SACEM merite tout autant :)

@Versac :

Je ne comprends pas tes arguments.

Une précision, en amont. "Les FAI ne m'ont jamais proposé de musique gratuite". Outre que FT ait été condamnée pour un slogan qui y incitait, ce ne sont pas les FAI qui constituent l'enjeu, mais les hébergeurs version LCEN, qui sont les "distributeurs" du net, et, je reprends tes mots, "qui se sucrent sur le dos des artistes", nécessairement + que les "maisons de disques", puisqu'ils ne payent rien, ou à leur bon vouloir (ce qui explique d'ailleurs que les principaux "nouveaux hébergeurs" n'aient pas signé l'accord Olivennes, cf. mon dernier billet).

Sur le fond, conceptuellement, ca m'amuse que tu évoques un modèle inspiré du logiciel libre, qui est l'anti-oeuvre par excellence : c'est utile, c'est efficace, ca permet de vendre de la maintenance, bref, c'est nettement plus proche de la paire de basket que d'un bouquin, une musique, ou un film.

Après, qu'il faille repenser les modèles économiques, tout le monde est d'accord, même les majors (Universal en teste plusieurs en ce moment même), mais quelle est la raison fondamentale pour laquelle ce serait à ceux que la loi protège de s'adapter à l'offre des nouveaux diffuseurs, et pas l'inverse ?

Hugues,
Si je puis me permettre, tu commets une erreur de communication en continuant à écrire contrefaçon = vol. Ton raisonnement est tout aussi valable si tu t'en tiens à contrefaçon, mais le fait de parler de vol donne des arguments faciles à tes contradicteurs.

Pour le reste, Versac a au moins raison sur un point, le problème de la PI est LE problème majeur d'Internet. En revanche, je serais moins optimiste que lui sur les pistes de solution. Pour la plupart, elles ne tiennent que s'il subsiste une forme de PI.

La vente de t-shirt n'est pas une source de revenu si n'importe qui peut copier le modèle. L'open source repose sur un contrat de license qui doit être respecté par l'utilisateur. GPL, LGPL, BSD, Apache, Creative Commons sont des licenses très différentes et leur respect est primordial pour garantir la survie des projets open source.

Paradoxalement, l'afaiblissement de la PI transfère le pouvoir du créateur au businessman. Le principal bénéficiaire de Linux est IBM. Idem, si les brevets devaient tomber, le pouvoir passerait de celui qui contrôle la techno à celui qui contrôle le client.

Au final, tu as raison de dire que la possibilité d'une infraction ne la rend pas légitime. Dire qu'on est prêt à payer pour les pauvres et pas pour les riches revient à n'autoriser aux créateurs que la mendicité.

versac: on peut concevoir qu'une certaine gauche refuse le modèle de l'économie de marché pour ce qu'il est. Je suis cependant surpris que ce soit au sein de cette partie de l'opinion qui soutient l'idée d'un ralliement de l'ensemble de l'opinion à l'économie de marché qu'on trouve également les plus vifs partisans de la mise hors-marché d'un secteur dont la nature marchande n'échappe à personne.

D'une certaine manière, refuser l'économie de marché, c'est aussi cela : prétendre que l'économie de marché concerne tout le monde sauf soi-même.

Encore une fois, on a droit au couplet "le téléchargement c'est du vol", avec cette fois DEUX démonstrations :

"si le fait de pouvoir faire quelque chose dont ''tout'' nous dit qu’il s’agit d’un vol"
"mais le piratage ''est'' du vol"

La mise en italique d'un mot ne suffit pas à me convaincre... :|

Merci aussi pour la comparaison "copier des fichiers informatiques" / "casser une vitrine", digne des meilleurs ''press releases'' de la MPAA.

à Sulimo,

J'avoue être parti un peu vite sur le thème de l'auto production, j'avoue qu'il m'arrive parfois de voir que le verre est à moitié plein... Disons que c'est une tendance de fond du paysage de la réforme. Le principal de mon propos est que le coeur de métiers des "majors" disparaît progressivement au profit de "l'artisanat indépendant". Les "majors" en sont conscientes, il suffit de voir le nombre croissant d'artistes issus d'internet qui apparaissent dans les rares élus du lobotomiseur cathodique...

Vous ne relevez aucune de mes autres remarques : taxe sur la copie privée, existence (certes discutable) d'alternatives au téléchargement illégal et répartition des profits entre artistes et "majors"... Nous sommes donc d'accord sur ces points ?

Pour ce qui est de l'open source je n'en fais pas mention, je parle de logiciels libres (nuance) en indiquant que ce mouvement fourni des outils libres et gratuits de création multimédia ( par exemple l'inégalable blender ).

Je suis tout de même plus septique sur le filtrage ( sans parler de faisabilité ) je suis en train d'étudier des solutions ( privoxy, tor ) pour contourner à la source ce genre d'atteinte à ma vie privée ( ça me froisse particulièrement qu'un individu juge et partie lise systématiquement mon courrier ou écoute mon téléphone)

Sil: je part du principe qu'un individu ne devient pas malhonnête simplement parce que le passage à l'acte est possible, et que dans le cas du téléchargement nétien, les cas les plus visibles de téléchargeurs boulimiques qui se donnent de fausses excuses idéologico-culturelles sont négligeables en terme de perte de chiffre d'affaire.

On pourra toujours me répondre que mon expérience n'a pas valeur d'étude sociologique, mais la totalité des personnes que je connais et qui s'adonnent au téléchargement sont prêtes à payer, et de fait PAYENT pour des produits qu'elles pourraient télécharger gratuitement à partir du moment où elles sont certaines de la qualité dudit produit. De la même manière pour prendre ma petite personne en exemple, j'ai téléchargé les séries Rome et Heroes, mais une fois certain de leur qualité, j'ai acheté les coffrets de DVD à la Fnac: HBO et la Rai n'ont donc aucune raison d'envoyer leurs avocats chez moi, puisqu'au final je suis passé à la caisse, bien que les fichiers avi soient toujours sur mon disque dur. Je pense au contraire que les marchands de produits numérisables ne font que perdre du temps et de l'énergie à postuler que celui qui télécharge fera preuve de mauvaise volonté et refusera de payer pour un produit qui lui plaît.

La question de la "jouissance des fruits de mon travail" est d'ailleurs de ce point de vue totalement perverse: dans de nombreux médias, un nombre certain d'œuvres réalisées et mises en vente sont médiocres voire mauvaise, mais leurs distributeurs espèrent malgré tout rentrer dans leur frais: j'avais déjà pris l'exemple de Sony qui a ces dernières années produit bon nombre de films mauvais puis les a rendus rentables à coups de diffusion massive et de bande-annonces récurrentes, voire de fausses critiques élogieuses. Un producteur inepte ou paresseux qui espère rentabiliser malgré tout une œuvre désastreuse en profitant du manque d'information des clients qu'il arnaque ne mérite pas d'obtenir une rémunération: au nom de quelle morale l'impéritie devrait-elle être rentable?

Versac, où vous ai-je insulté ?
Allons bon, je ne vous en veux pas, j'étais comme vous avant (j'utilisais des procédés rhétoriques condescendants), mais depuis j'essaye de penser autrement… (je mets des smileys).

Gageons que vous y viendrez ;)

Bon, plus sérieusement, ok pour le vocable "vol", qui pourrait être remplacé par "contrefaçon".
Pour le reste du raisonnement, tout est déjà dans le billet d'Hugues dont il est dommage (mais pas imprévisible) qu'il soit pris à parti de tous les côtés.

L'argument de fond du billet, c'est tout de même que la technique est, à soi seule, insuffisante pour légitimer une pratique (a plus fort raison quand elle pose problème au regard du droit et de la morale [pardon d'utiliser des gros mots, mais c'est de cela qu'il s'agit]).
C'est une pensée d'ingénieur : on peut le faire, donc le monde doit s'adapter. On est dans le World2.0, man, et Gogol est notre Dieu.
Ça fait pas cher l'argument — Hugues (qui n'est pas mon ami mais celui de Versac, quoi tout le monde s'en fout et ça n'a aucun rapport avec la choucroute ?) a mis le doigt dessus, la réponse fuse : « mais Hugues, tu penses comme au XXe siècle ! » cqfd.

Le rapport Olivennes n'est évidemment pas parfait, mais il rappelle heureusement que le fait ne crée pas le droit.

Le Hibou: et qu'est-ce qui doit créer le droit alors? le lobbying?

Et si toutes ces leçons de morale pouvaient servir à autre chose que de cache-sexe des intérêts corporatistes face à l'intérêt public? Oui le fameux intérêt public! (soyons théatraux 5 minutes)

Et si on était un peu utilitariste, pour le coup, à l'anglo-saxonne, hein? Parce que sur ce blog on dit beaucoup de bien du pragmatisme anglo-saxon mais pour ce qui est de l'appliquer tout à coup, on semble l'oublier.

Qu'est-ce qu'on paye (collectivement) à maintenir le status-quo? Pas mal d'énergie, de moyen pour controler, ficher, avertir et punir, sans compter une litanie sans fin de messages publicitaires pour dire que voler un disque=voler un boeuf. On mobilise toute une administration, des moyens judiciaires (mais c'est vrai que l'institution judiciaire n'a que ça à faire), on taxe au passage tout ce qui pourrait contenir un mp3, et des milliers de gens se retrouvent régulièrement à devoir changer de FAI parce qu'on aura coupé leur compte, sans compter qu'on coupe le sifflet au passage à des techniques comme le P2P qui ont un sérieux potentiel pour d'autres usages (demandez à Monsieur Skype). La question n'est pas de dire que c'est bien fait pour eux parce que c'est illégal et que leurs mères n'avaient qu'à leur expliquer les bonnes manières, mais bien de voir que c'est un coût pour la société, tout ce bordel.

Et tout ça indéfiniment, car la technique, oui, la fameuse technique contre laquelle il ne faut pas se coucher parce que la morale merde c'est important, ben elle aura toujours un train d'avance. Je vais même faire un pari audacieux: il y aura toujours un moyen de télécharger librement de la musique de manière simple et de plus en plus anonyme, tant que Internet vivra, quelque soient les coups portés aux différentes technologies qui rendent cela possible. Même avec un surveillance à la Chinoise.

Face à cela que va-t-il se passer? Au rapport Olivennes succèdera le rapport Nègre qui sera suivi du rapport EMI, tous proposant une aggravation supplémentaire de la répression. Donc un coût au sens large toujours plus grand, en vain.

Et tout ça pour quoi? Pour protéger la création? Il est loin d'être évident que la création se porte mieux dans le système actuel que dans un système où tout serrait copiable légalement à merci. Protéger les créateurs? Mais lesquels? Certains s'en porteraient moins bien, d'autres mieux. Protéger les distributeurs? Ah oui là je vois en quoi ils seraient protégés, mais pourquoi les protéger? Pourquoi n'essayerait-il pas de se faire à ce modèle économique émergent comme le marin-pécheur essaye de se faire à la mondialisation et au prix du pétrole, par exemple en changeant de métier, pour faire un truc qui, pour changer, apporterait une véritable valeur ajoutée?

Bref le bilan utilitariste est assez univoque: les coûts sont importants, le gain est nul (voire négatif). C'est mon point de vue bien sûr.

La moralité n'est pas un argument qui porte. (surtout qu'il ne convaincra personne qui ne voit pas le coté immoral de la chose) L'alcool, la cigarette, les casinos, la pornographie (entre adultes), ne sont pas des choses morales selon les critères de beaucoup de gens. Mais on ne les interdit pas... dans le meilleur des cas on les encadre (taxe, license, monopole d'état, limitation d'âge et que sais-je encore...)

A Mathieu,

En fait j'avais déjà parlé de cette taxe dans mon premier commentaire, donc j'évite de trop radoter n'ayant pas encore l'âge qui sert d'alibi pour ce faire.

Sinon en ce qui concerne le pourcentage des recettes qui échoit aux écrivains ou aux artistes, il est évident qu'il est bien trop bas, presque "anecdotique", mais à voir comment les gens traitent "moralement" (oula ca va pas faire plaisir à Cyrille ca) les oeuvres en les copiant sans vergogne, les majors ont sans doute raison (partant du principe qu'on a raison quand le plus grand nombre dit pareil que nous).

Je me rappelle encore quand j'étais à la fac, la polémique soutenue par la société des écrivains pour que les photocopieuses ne fassent pas leur entrée dans les bibliothèques.

Enfin j'apprends (sic) que les créateurs sont des privilégiés sur le blog d'éconoclaste, qu'ils abusent de la rente que la société leur consent, et la je me dis que les économistes sont vraiment une drôle d'espèce à laquelle il faut régulièrement mettre des baffes pour les ramener à la raison.

Va falloir s'employer à remettre un peu de sens dans tout ça !

Je me permets un rétrolien manuel à la limite du spam (Hugues, tu peux virer) pour signaler mon vieux billet sur les précédentes prises de position de M. Olivennes. Tellement denses en ignorance que ça me dissuade de lire son rapport.

Pas assez de l’ineptie de nommer une partie (très) prenante à la tête d’une commission destinée à évaluer la situation d’un marché, on y nomme une personnalité qui, par ailleurs, brave les lois qui ne lui conviennent pas. La vente liée est interdite et la cours européenne se bat avec ferveur pour faire appliquer cette réglementation dans le monde informatique. Allez donc à la fnac et demandez à acheter un ordinateur, n’importer lequel, sans OS…

Bref, Denis Olivennes devrait balayer devant sa porte avant de se permettre de donner des leçons de moralité à une partie de la population en la traitant de voleurs. Ca rendrait ses affirmations infondées et non étayées (on télécharge plus en France, le marché de la musique risque de disparaître à cause du téléchargement … etc) un petit peu plus crédibles.

En ce qui concerne le billet, voilà un vrai exercice de parti pris. Aucune allusion sur une gestion monopolistique, sur la manifeste entente illicite sur les prix, sur le taux de rémunération ridicule des artistes (qui est pourtant le chiffon rouge agité en permanence !), sur l’escroquerie permettant de vendre un album dématérialisé (amputé de tous ses coûts liés au support et de la logistique de distribution matérielle) quasiment au même prix que le même album sur CD (sans que, étrangement, l’artiste ne gagne plus dans l’affaire alors que les marges ont plus que doublé). Non, on ne cherche pas à essayer de comprendre pourquoi la copie illicite prend une telle ampleur en se disant que, peut-être, cette industrie paye aujourd’hui pour toutes ces années d’abus.

Prétendre défendre les artistes et la propriété intellectuelle en défendant le rapport Olivennes me fait, au mieux, sourire. C’est, en tout cas, une flagrante preuve de méconnaissance absolue du milieu (je ne parle pas des « artistes » du top 50). Ce rapport ne défend que 2 seules choses : la fnac (et les autres réseaux de distribution de musique sur support physique) et les majors. Ce rapport nie l’inadaptation de l’industrie et de la distribution musicale à la nouvelle donne technologique et numérique. Ce rapport incite à penser que cette inadaptation peut être résolue par la loi au détriment de l’évolution et de l’innovation technologique.

La culture est un bien public et elle devrait bénéficier d’un financement public (qui existe d’ailleurs déjà au travers du CNC, des diverses taxes sur les supports numériques, de la rémunération pour diffusion … etc). Elle ne devrait pas faire l’objet de profits en cascade et de spéculation. Elle ne devrait pas être accessible aux seules couches de la société qui peuvent se la payer (souvent à prix d’or … ). Le commerce de la culture est son cancer. La technologie numérique devrait permettre, enfin, de l’éradiquer, avant la phase terminale.

Hugues, vous pourrez, s’ils vous manquent trop, aller pleurer sur la tombe des majors pendant que l’on écoutera des artistes, libres de créer selon leurs envies et justement rémunérés, pour un tarif accessible à tous.

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